Il est l’heure. Je trépigne d’impatience. Il est presque vingt heures et j’ai mon premier match dans quelques instants. Je porte juste un short large, des baskets, torse nu, visiblement c’est la tradition faut qu’on montre nos muscles. Je sautille sur place, trop pressé de pouvoir aller sur le ring. Je me suis entraîné, assez selon les coachs, je dis les parce que finalement Zad fait parti aussi de la bande, enfin de mon entraînement, il a été là très souvent et j’ai eu beaucoup de mal à refouler ce que je ressentais pour lui. Je crois que je sais maintenant, mais j’ai encore du mal à me le dire, enfin peu importe. Il est là. Il va me regarder combattre comme d’autres, mais c’est son attention que je capterais. Et la cloche retentie, c’est l’heure. J’avance, on me présente, je suis le petit nouveau alors. Je vais leur montrer. Je frappe un premier coup, puis un deuxième. Il me frappe aussi, le combat est intense et intéressant, on n’est pas prêt à se faire avoir, ni l’un ni l’autre, on ne cède pas de terrain, un vrai combat de coq. Je lui donne autant de coups qu’il m’en donne et je le fais tomber une première fois à terre, mais il se relève tout de suite. Ça aurait été trop beau. Je l’ai mis en colère. Je le vois à sa tête, il a la rage et je l’ai aussi. Je ne sais pas combien de temps s’écoule, je le fais tomber une seconde fois mais pareil que la première il se relève vite et viens le coup fatal, mais c’est lui qui le donne et c’est moi qui suis mis à tapis. Je crois que je l’ai un peu trop énervé. Il m’a donné tellement un grand coup sur la tête que j’ai senti le sang dans ma bouche et que je suis tombé presque tout de suite, je me suis écroulé. Tête la première sur le tapis. Le choc à été rude, tellement que je reste inerte.

Je ne sais pas tellement ce qu’il s’est passé ensuite. J’étais à moitié conscient, quand on m’a mis sur un brancard, minerve, respirateur, j’ai entendu les sirènes des ambulances, j’ai vu Zad près de moi et je suis retombé dans les vapes.

On s’est occupé de moi, ils m’ont transféré aux urgences, traumatisme crânien, ils ont dû me mettre sous coma artificiel et ils ont même appelé mes grands-parents. J’avais laissé des instructions au cas où il m’arriverait quelque chose de grave, les appeler eux, ils sont ma seule famille mais je ne veux pas en entendre parler. Pourtant ils sont venus. Ils étaient à mon chevet quand je me suis réveillé et ils m’ont expliqué. Ils m’ont aussi demandé qui était cet homme qui est resté là près de moi. Je leur ai répondu que c’était un ami. Ils m’ont aussi dit que ça faisait deux jours que je dormais, enfin que j’avais été sorti du coma hier. Et c’est le mur des lamentations ou des reproches, comme vous voudrez :

« Non mais vraiment de la boxe, Lesli ! Qu’est-ce que tu as encore trouvé pour te faire remarquer ? Tu ne pouvais pas faire de la natation ou de la course comme tout le monde ? Il faut que tu choisisse un sport dangereux. C’est pas croyable, si tes parents avaient eu ne serait-ce qu’une once de bonne éducations ils ne t’auraient pas dit que tu avais le droit de faire tout ce que tu voulais, j’ai toujours dis qu’ils vous avait mal éduqué et … »

« Sa suffit ! Arrête de parler d’eux! Ils sont mort ! Il sont mort OK ! Et je vous interdit de dire du mal d’eux. D’ailleurs depuis quand on ne s’était pas vu hein ? Vous vous demandez pourquoi je ne veux plus vous voir, vous êtes chiants vraiment, sortez. »

« Mais enfin Lesli … »

« DEHORS ! »

Ils se lèvent, j’en ai assez entendu, j’ai besoin de calme pas de les voirs. Qui a eu cette idée de les faire venir. Je vois Zad qui reviens en même temps que j’ai hurlé Dehors et je lui dis :

« Non, non pas toi, eux ils partent, toi tu peux rester. »

Je me suis redressé, on m’a retiré le respirateur et je peux respirer par moi-même. Je suis encore secoué et je n’avais pas besoin que mes grands parents viennent.

« Désolé que tu ais fait leur connaissance. Je ne pensais pas qu’ils viendraient vraiment. Alors ce match, j’ai perdu hein ? »

Je demande, mais c’est une évidence même. Je suis certains d’avoir perdu maintenant.

Je stress. Dans quelques instants, Lesli va monter sur le ring pour la première fois pour un vrai combat. Je sais qu’il a la capacité de battre son adversaire, j’ai participé grandement à son entraînement. Je ne pouvais pas m’empêcher d’être présent. Pour m’assurer que tout allait bien pour lui. Pour voir s’il dormait assez. Qu’il mangeait assez. Quand je voyais que ce n’était pas trop le cas – ou que je jugeais que ce n’était pas assez, je l’invitais à manger et je lui offrais tout ce qu’il voulait à manger. Mon père m’a averti à plusieurs reprises de faire attention à moi. Il ne connait pas réellement l’univers BDSM, il le connait que par ce que je lui ai dis et par ses recherches. Car, oui, c’est le genre de mon père de faire des recherches pour apprendre à connaître ce que ses enfants aiment. Au début, ça me faisait bizarre de parler de tout ça avec lui, mais maintenant, il me prodigue de précieux conseil. Comme celui de faire attention avec mon avis et besoin de prendre soin de Lesli. Je ne suis que son entraîneur en quelque sorte. Peut-être quelque chose qui se rapproche un peu d’un ami. Mais rien qui se rapprocherait d’une relation Dom/soumis. Et le pire ! C’est qu’il a dix ans de moins que moi et que je ne sais même pas s’il pourrait être intéressé par moi, dans un premier temps. Dans un second temps, ça serait de savoir s’il pourrait être intéresser par l’univers BDSM. Mais, jamais je ne le saurais parce qu’il ne se passera jamais rien entre nous. Il est trop jeune. Bref, tout ça pour dire que j’ai été très présent dans sa vie ces dernières semaines alors je sais de quoi il est capable. Pourtant, je ne peux pas m’empêcher de stresser face aux scénarios catastrophes qui se bousculent dans ma tête. J’ai même quitté Lesli quelques instants plus tôt puisque je ne voulais pas que mon stress commence à l’affecter. Il semble tellement impatient d’embarquer sur le ring que je ne veux pas briser cette belle impatience. C’est comme ça que je me retrouve, depuis un bon moment, assis dans les gradins à attendre l’arriver de Lesli. Au son de la cloche, mon cœur se sert un instant. Et Max se pointe à mes côtés en me faisant un clin d’œil.

- T’inquiètes, tu as bien entraîné ton protégé, tout va bien se passer.

Il tente de me rassurer et ça me fait plaisir qu’il ait pris deux instants pendant que l’annonciateur présente Lesli. Qu’est-ce que j’aimerais qu’il soit réellement mon protégé. Que j’aie des droits dessus. Que je puisse lui ordonner de dormir plus. De manger plus. De prendre soin de lui. Mais, il n’est pas tout ça. Il est plus le protégé de Max, comme il est son nouveau boxeur, que le mien. Pourtant, lorsque mon regard se pose sur mon Lesli, cette envie de l’avoir que pour moi s’agrandit. À chaque coup qu’il donne, ma fierté pour lui s’agrandit. Mais, à chaque coup qu’il reçoit, ma peur gonfle dans ma poitrine. Mon regard ne le quitte pas une seule seconde. Je note même mentalement ce qu’il devrait travailler et améliorer pour le prochain combat. À chaque fois qu’il met l’autre gars à terre, je saute sur mes pieds pour l’encourager plus fort. Puis, je me fige, livide, lorsque je vois tomber Lesli inconscient après un coup à la tête. C’est Max qui a dû me brasser de longues secondes pour que je revienne à moi. Dans un état second, j’ai embarqué dans l’ambulance et, tout le trajet, j’ai tenu la main de mon petit Lesli.

Lorsque le médecin m’a annoncé qu’il devait mettre Lesli sous coma artificiel, j’ai senti la panique prendre possession de moi. Alors ça veut dire que c’est grave. Ça veut aussi dire qu’il n’était pas prêt pour ce combat. Il aurait dû s’entraîner plus longtemps. On s’est trop précipité. Le médecin, voyant dans quel état j’étais, il a tenté de me rassurer en me disant que ce n’était que pour aider le corps de Lesli à se remettre plus vite. Ça m’a un peu aidé, mais je n’ai pas été capable de quitter le chevet de mon protégé quand même. Et ce malgré le fait que ses grands-parents me regardaient d’un œil mauvais. Ça serait plutôt à moi de les regarder de cette façon puisqu’ils laissent leur petit-fils galérer avec ses finances. Il ne mange même pas à sa faim parce qu’il n’a pas assez d’argent ! Et ce même s’il travaille beaucoup à côté de ses études pour avoir de l’argent. Alors en plus de ne pas manger à sa faim, il ne dort même pas assez ! Et, eux, ils osent me regarder comme ça alors que, moi, j’aide leur petit-fils autant que je le peux. Et pas autant que je le voudrais parce qu’il habiterait déjà chez moi et je veillerais à ce qu’il dorme au minimum 7h par nuit et qu’il mange au moins trois repas par jour jusqu’à ce qu’il n’ait plus faim.

Les seules choses qui pouvaient me faire sortir de sa chambre était un appel de mon père concernant la mafia, un appel de mon fils et un besoin intense de me fumer une cigarette. Et c’est bien un appel de mon fils qui a fait en sorte que j’ai manqué le réveil de Lesli. Mais, je n’en voudrais jamais à mon fils pour ça ! Il était tellement inquiet pour mon ami que je ne pourrais jamais lui en vouloir.

À quelques pas de la chambre de Lesli, je me fige en l’attendant crier. Il est réveillé et il est déjà dans cet état ?! Je refuse ! Mais, comme j’allais pour rentrer dans la chambre, il cri à nouveau, mais cette fois, je comprends parfaitement ce qu’il dit. « Dehors ! » Est-ce qu’il veut que je partes aussi ? Je ne sais pas à quoi je ressemblais, surement à quelqu’un qui refuse de le laisser seul, mais qui le fera si c’est ce qu’il veut vraiment. Alors c’est avec un grand soulagement que je rentre dans la chambre pour retrouver mon fauteuil de l’autre côté de lit, très proche de ce dernier, lorsqu’il me dire que je peux rester.

Sans même y réfléchir vraiment, je prends sa main dans l’une des miennes et je viens lui caresser les cheveux et la joue de l’autre question de tenter de le calmer.

- Il n’y a aucun soucis. Tout ce qui comptait pour moi, c’était d’être à ton chevet. Malheureusement oui… Mais, ce n’était qu’un match, on fera mieux la prochaine fois.

Un doux sourire se dessine sur mes lèvres. Je viens même m’assoir sur le lit pour me rapprocher un peu plus de lui. Je devrais vraiment me contrôler plus, mais j’ai tellement envie de le protéger et de prendre soin de lui que c’est trop dur de résister.

@Lesli Waldorf

Je n’arrive pas à croire que mes grands-parents sont ici. C’est fou quand même. Ils ne sont jamais venus à ma remise de diplôme l’an passé, jamais venu à aucun de mes anniversaires et là ils viennent. J’étais dans le coma certes … ils ont surement dû avoir peur de me perdre, mais pourquoi ne sont-ils pas venus plutôt s’ils avaient peur hein ? Pourquoi faut-il toujours que ça soit dans des moments comme celui-ci que les gens viennent nous voir ? Je ne veux pas d’eux ici et mon message est clair. Dehors. Je me suis redressé, légèrement secoué et fatigué par cette prise de bec, j’imagine que c’est normal après être sorti du coma. Je fais un sourire à Zad et lui dit qu’il peut rester. Mes grands-parents s’en vont non sans lui lancer un regard mauvais, oh mais ceux-là je les découperais bien en deux. Je me retiens de ne pas exploser et je m’excuse auprès de Zad alors qu’il vient près de moi et qu’il me prend la main, ce qui me fait tout de suite une drôle de sensation, comme quelque chose qui vient jusque dans ma poitrine, au niveau de mon cœur. Je sens mes battements de cœur s’accélérer un peu et je ne les sens pas seulement, je les vois sur le cardiogramme, merde … J’étais branché là-dessus. J’essais de me calmer un peu, sans doute qu’il se dira que c’est à cause de mes grands-parents.

« Je suis désolé qu’ils t’aient regardé comme ça. Ils ne sont pas très … sympathique. Je ne sais pas pourquoi ils sont venus. »

Je m’étais déjà excusé mais peu importe, je n’ai pas aimé la façon dont ils l’ont observé. Il m’affirme que j’ai perdu et je suis un peu déçu de moi-même. J’étais pourtant bien parti. Je n’ai pas vu venir son crochet du droit mais je l’ai bien senti.

« Je suis désolé … je pensais qu’il serait facile à le battre, j’étais pourtant en bonne position non ? »

Je demande, parce que je me remets toujours en question, mais on ne peut pas toujours gagner, surtout pour un premier match. C’est déjà bien que je l’aie mis à terre deux fois, mais j’aurais préféré le mettre KO.

« Ça n’arrivera plus, je m’entraînerais plus souvent. Je ferais le maximum. »

Je ne veux pas le décevoir. Ça me fait drôle qu’il soit près de moi comme ça et qu’il me tienne toujours la même. Je sens que je me calme un peu, mais je ne sais pas pourquoi j’ai très envie qu’il s’approche encore un peu plus. Je voudrais qu’il m’embrasse, alors que je n’ai jamais eu cette envie là avec quelqu’un d’autre, du moins avec un autre garçon, enfin pas aussi fortement et je me mords légèrement la lèvre.

Je déteste voir Lesli dans cet état. Il sort d’un coma, il n’a pas besoin de vivre d’émotions aussi fortes aussi rapidement ! Qu’est-ce que j’aurais aimé faire sortir ses grands-parents bien avant qu’il ne se réveille, mais je n’avais aucun pouvoir. Ils sont de sa famille et ils sont les personnes à contacter en cas d’urgence, c’est tout ce que j’avais le droit comme réponse. Et ce malgré toutes les fois où j’ai proclamé qu’ils n’ont jamais rien fait pour lui alors qu’ils ne méritaient même pas d’attendre le réveil de Lesli dans sa chambre. Qu’est-ce que ça me mettait en colère ! Les regards noirs ou mauvais qu’ils me lançaient, je n’en avais rien à foutre. C’était leur présence dans cette chambre qui me faisait vriller. Ils laissaient leur petit-fils se démerder et se ruiner la santé pour réussir à tout faire sans qu’ils ne daignent prendre soin de lui. Puis, je suis bien trop heureux du fait que Lesli ait dit devant eux que, moi, je pouvais rester alors leur regard mauvais, je n’en ai rien à foutre. J’ai juste besoin de me calmer et c’est bien ce que je fais en prenant la main de Lesli dans la mienne. Je sais que je suis totalement foutu face à lui alors autant ne plus me priver de tout avec lui, dans la mesure du raisonnable bien sûr. Je finis enfin par remarquer que son cœur bat plus vite qu’il ne le devrait, ce qui me fait froncer les sourcils. Je déteste encore plus ses grands-parents de l’avoir mis dans cet état à peine sorti du coma.

- T’as pas besoin de t’excuser pour ça. Je crois que dès qu’ils m’ont vu à tes côtés, ils m’ont détesté. Je fais cet effet là par moment. J’en suis habitué maintenant. Tu n’as vraiment pas à t’en faire Lesli. Selon ce que les médecins m’ont dit, ce sont les personnes à contacter en cas d’urgence… Mais, on s’en fou d’eux maintenant. Ils sont partis et, toi, tu dois te calmer. Je ne crois pas que ce soit bon que tu te mettes dans cet état dès le réveil.

Je finis par prendre un petit coin de son lit pour m’assoir sur ce dernier question d’être plus proche de lui. Surtout après lui avoir annoncé qu’il avait bel et bien perdu. Je fronce les sourcils lorsqu’il me dit qu’il est désolé. Mais pourquoi ? Parce qu’il a perdu ? C’est complètement ridicule. Il a fait un super de premier match ! Je secoue la tête aux paroles qu’il me dit ensuite. Puis, sans même y penser, j’attrape son menton entre mes doigts pour qu’il ne détourne pas le regard pendant que je lui parle.

- Tu ne vas pas t’entraîner plus souvent, Lesli, car, si tu te rajoutes des entraînements avec tes cours et ton boulot, ça va empiéter sur tes heures de sommeil et tes heures de repas. Et je te l’ai déjà dit, un boxer à besoin de bonne nuit de sommeil et d’une bonne diète. Tu fais déjà le maximum. Même si j’aurais adoré que tu gagnes ton premier combat, c’était presque du domaine du rêve. C’est rare les boxeurs débutant qui gagnent leur premier match. Cependant, tu as fait un très bon match. J’ai noté à peine quelques corrections à faire. Et oublie pas que tu l’as mis deux fois au tapis, c’est pas rien ça ! Peut-être que le combat était juste trop tôt ou que tu avais besoin d’apprendre quelques trucs pendant un vrai combat. Tout ça pour dire que tu as fait un super match et que je suis vraiment fier de toi. Max aussi.

Sur mes dernières paroles, je lâche son menton pour lui caresser la joue. Puis, je me penche vers lui et dépose un baiser sur son front. Je ne devrais surement pas, mais c’était plus fort que moi. Tant pis.

Que je me calme sera assez compliqué, je n’ai jamais beaucoup aimé mes grands-parents alors forcément les voir débarquer ici à New-York me fait beaucoup de mal et voir la façon dont ils l’ont regardé aussi. Comment est-ce qu’on peut avoir autant de haine envers les autres ? Ils ne le connaissent même pas. Il me dit que je n’ai pas à être désolé, mais si, je le suis quand même. Je ne peux pas m’en empêcher, parce que c’est ma famille malgré tout.

« Si, ils n’avaient pas à faire ça. Ils ne viennent jamais me voir et ils se permettent de juger mes amis sans les connaître, je trouve ça vraiment bas de leur part, mais je suis habitué, mais tu n’avais pas à subir ça. Contrairement à eux, tu es exemplaire. »

Je lui fais un sourire. Il a toujours été là depuis le début. C’est grâce à lui si j’ai enfin pu concrétiser mon rêve, même si je me retrouve là aujourd’hui, je savais ce que j’encourais. Il me dis qu’ils sont mes personnes à contacté en cas de problèmes et je me pince la lèvre avant de dire :

« Ils ne le seront plus pour très longtemps. »

Oh non, ça ils peuvent aller se faire voir comme on dit. Tant pis pour eux. J’ai un sourire encore quand il s’inquiète pour moi et je rougis un peu, je ne sais pas vraiment pourquoi mais ça me touche. Encore plus quand il est juste à côté de moi et qu’il tourne mon visage vers lui pour que je le regarde. Mince pourquoi mon cœur s’accélère encore autant. Il va me cramer tout de suite. Ce n’est pas juste ça. Lui n’a pas de monitoring. Je ne peux pas entendre le sien et j’ai un grand sourire à ses paroles. Je suis rassuré qu’il ne m’en veuille pas, rassuré qu’il me dise que c’était un beau match. Ca aurait été beau que je gagne le premier, mais je ferais mieux la prochaine fois. J’apprends, c’est l’essentiel.

« Merci Zad … Je … »

Je quoi ? Je me pince la lèvre, j’aimerais tellement l’embrasser là pour voir, mais j’ai bien trop peu que je me fasse des idées et que ça ne soit pas réciproque alors je ne fais rien du tout et je suis encore plus tourneboulé quand il me fait un bisous sur le front, mince, je m’attendais presque à ce qu’il viennent m’embrasser sur la bouche, mon cœur fait des bons dans ma poitrine pour finalement être un peu déçu bien que je dois être plutôt tout rouge, tellement je m’attendais réellement à ce qu’il m’embrasse, mais visiblement il ne doit pas éprouver la même chose que moi, heureusement que je n’ai rien fait. Je suis un peu déçu, mais je m’y attendais au fond.

Je suis réellement contrarié de savoir qu’il est dans tous ses états à cause de ses grands-parents. Il sort du coma, il n’a pas besoin de voir son cœur battre la chamade à cause de la colère. Je suis bien content que Lesli les ait mis dehors, même si ça ne me dit pas quoi faire pour le calmer. Il y a bien une chose qui me tenterait, mais je ne suis pas sûr qu’il voudrait que je le touche aussi… intimement. Mais, ce qui me retient le plus est bien le fait qu’il soit bien plus jeune que moi. Il me laisse lui caresser les joues, les bras et je passe mon temps proche de lui lorsque j’aide Max à l’entraîner. Ce que Max a bien compris la motivation. Je ne l’aide jamais autant habituellement. Mais, je ne peux pas laisser aller mon instinct faire ce qu’il veut. On a plus de 10 ans de différences. C’est impossible. Alors je contente mon instinct du mieux que je peux en étant présent pour lui du mieux que je peux. Sans envahir trop sa vie. Sans trop envahir son corps non plus. Je ne voudrais pas qu’il prenne peur de moi, qu’il porte plainte ou juste qu’il fuit le club, donc Max et son rêve de devenir boxeur pro. Si jamais Max arrivait et qu’il me disait que Lesli n’était plus à l’aise que je sois présent et qu’il voulait quitter le club, ce serait moi qui m’éloignerais. Ça serait de la torture de ne plus le voir, mais moins que de savoir que j’étais la cause de son rêve brisé. Tout ça pour dire que je ne sais aucunement quoi faire pour l’aider à se calmer. Même le fait de lui dire qu’il n’a pas à être désolé ne fonctionne pas.

- Lesli, arrêtes ça. Tu n’es pas responsable de l’agissement de tes grands-parents. Si tu savais à quel point je n’en ai rien à foutre de leur regard ou de leur mépris, tu ne t’en ferais pas autant. Alors arrêtes ça, compris ?

Est-ce que le Dom autoritaire qui n’aime pas se faire contredire vient de s’exprimer ? Très certainement. J’espère qu’il ne le prendra pas mal. Surtout que le fait qu’il me qualifie d’exemplaire me perturbe bien plus que ce que je voudrais bien admettre. S’il savait que j’ai les mains pleines de sang, il ne dirait plus que je suis exemplaire. C’est bien la preuve qu’il ne pourra jamais rien se passer entre nous. J’ai les mains bien trop rouge pour Lesli. Je suis bien trop vieux pour lui. Je suis bien trop sombre et dangereux pour lui. Pourtant, je n’arrive pas à m’éloigner pour qu’il reste en sécurité. Pourquoi j’y arrive avec mon fils, même si c’est de plus en plus dure, mais pas avec Lesli que je connais que depuis peu ?

Je réagis à peine lorsqu’il déclare que ses grands-parents ne seront plus les personnes à contacter très longtemps. Je ne fais que hocher la tête en pinçant mes lèvres encore trop perturbé par l’image qu’il a de moi.

Mais je me ressaisi lorsqu’il dit qu’il va travailler encore plus gagner son prochain combat. Je n’accepterais aucunement qu’il fasse ça et c’est bien ce que je lui fais comprendre en attrapant son menton pour qu’il me regarde et qu’il voit à quel point je suis sérieux. C’est bien après lui avoir débouler mon monologue que je remarque qu’il a rougis… beaucoup et que son rythme cardiaque a subi le même sort. Pourquoi il est dans cet état cette fois-ci ? Je fronce les sourcils à ce questionnement. Est-ce moi qui le met dans cet état ? Non. Non. Non. Il ne faut pas. J’arrête de caresser sa joue lorsque je remarque le tout – et que j’ai envie de descendre ma main sur sa gorge pour voir si la peau qui s’y trouve est tout aussi douce et de voir quel effet ça lui ferait. Je finis même par descendre du lit pour faire quelques pas nerveux cherchant quoi faire maintenant. Il ne peut pas réagir de cette façon à cause de moi. Ça serait trop dangereux pour lui.

- Tu veux regarder un film ? Manger quelque chose ? Je peux aller te chercher tout ce que tu veux.

Autant détourner la conversation. Et je réalise à ce moment-là que je n’ai pas répliqué à ses paroles, mais tant pis. Il faut que je trouve une solution pour que ça ne se reproduise pas. Il ne peut vraiment pas réagir comme ça à cause de moi. Même si toutes les fibres de mon corps sont ravies de voir dans quel état de je peux le mettre. Ce n’est pas dans son intérêt.

Je ne peux pas m’empêcher d’être mal à l’aise face à l’attitude de mes grands-parents, que des cons quand même. Ils n’ont jamais été là pour moi et ils se permettent de venir et de juger mes amis, enfin Zad est un peu plus qu’un ami, bien que je ne sache pas encore exactement ce qu’il est réellement, mais il évident qu’il est quelque chose. Il me dit qu’il s’en fiche. Je me calme un peu, bien qu’il vienne tout prêt de moi et qu’il mon cœur s’emballe de nouveau. Je ne sais pas contrôler ça et je me sens rougir, m’attendant presque à ce qu’il m’embrasse, mais non. On ne ressens donc vraiment pas la même chose et quelque part ça me déçois, mais à quoi je m’attendais aussi ? Je suis vraiment idiot. On dirait un adolescent … je ne sais pas vraiment pourquoi je réagis comme ça. Enfin si je crois que je sais, mais je ne sais pas si je suis prêt à l’admettre. Je crois que je suis amoureux de lui, je m’en rends compte de plus en plus et quand il s’éloigne je sens mon les battements de mon cœur revenir à la normale alors qu’il s’éloigne, si avec ça je ne suis pas grillé, pourtant il n’a pas l’air d’avoir remarqué. Il me demande si je veux quelque chose. J’admet que j’ai un peu faim et que ça me ferait plaisir qu’il reste. Je fini donc par lui répondre :

« J’ai un peu faim oui, je ne sais pas pour le film, je n’ai pas mon ordinateur portable avec moi … »

En même temps je n’avais pas prévu de fini dans le coma à cause du combat, d’ailleurs je me doute que mes affaires sont là, mais je n’ai rien pour me changer après alors je lui demander un peu gêné :

« Est-ce que ça t’embêterais d’aller me chercher quelques vêtements chez moi ? Enfin dans la résidence universitaire ou je dors ? »

J’aurais pu demander à un ami après tout, mais je ne sais pas pourquoi je lui demande, peut-être parce qu’il est là, il verra ou je vis, mon petit bordel, enfin ce n’est pas tant le bordel, je peux être ordonné quand je veux. C’est juste une petite chambre après tout mais j’en ai entassé des choses depuis mes dix-huit ans. Je m’y suis habitué. Je ne sais pas si il acceptera mais autant demander.

Je me retiens de faire les cent pas à côté de son lit pour éviter de montrer que c’est le bordel dans ma tête. Déjà que j’ai pu me retenir dans faire quelques un. Il ne peut pas me trouver exemplaire. Il ne peut pas m’idéaliser comme ça. Il ne peut pas réagir de la sorte lorsque je lui porte de l’attention. Il ne peut pas rougir. Il ne peut pas avoir le cœur qui débat. Il ne peut pas tomber amoureux de moi. Et c’est ma faute si c’est ce qui arrive. C’est totalement et entièrement de ma faute. C’est moi qui n’ai pas réussi à garder une attitude professionnelle avec lui. C’est moi qui ai été trop tactile avec moi, trop attentionné, trop protecteur alors que je disais l’inverse. Ou plutôt que je ne disais rien. Comment j’ai pu laisser aller tout ça ? Comment j’ai pu ne rien voir plutôt. En plus, Max qui me disait de faire attention puisque j’étais sur un terrain glissant ! Je lui disais que je gérais alors que j’étais en train de glisser déjà. Et je me rends compte qu’il n’est pas le seul dans cet état. Moi aussi je le suis. Max avait totalement raison. Je suis tombé sous son charme dès le premier regard que je lui ai porté. Mon besoin de le protéger, de le toucher, de prendre soin de lui n'étaient pas sans raison. Mais, c’est impossible. Ces sentiments n’ont pas lieu d’être. Il est trop jeune et moi je suis loin d’être l’être exemplaire qu’il s’imagine en me regardant. Je ne suis pas bon pour lui. Il devrait trouver quelqu’un de son âge et qui n’a pas autant de secret et une vie sombre comme moi. C’est pour toutes ces raisons que je tente de garder une expression… non stressée, disons. Je ne veux pas perdre le contrôle sur mes émotions, encore plus, maintenant, même si ça grandit de plus en plus en moi. Même si l’envie de me traiter de tous les noms en me tirant les cheveux me démange. Ce n’est pas le moment. Alors je préfère lui demander s’il veut regarder un film ou manger quelque chose. Sortir, m’éloigner quelques instants ne pourra que m’aider à reprendre le contrôle de moi-même. Je hoche la tête à sa première phrase et comme j’allais lui demander ce qu’il voudrait manger, il me fait une demande.

- Ça m’aurait fait plaisir, mais ton meilleur ami, Cristiano il me semble, t’a déjà ramené un sac avec des vêtements. J’sais juste pas s’il a pensé à t’amener ton ordi. Je peux aller chercher le mien en allant te chercher quelque chose à manger si tu veux. Tu veux manger quoi ?

Je lui demande enfilant ma veste de cuir que j’avais laissé sur un chaise de sa chambre. J’ai peur d’être trop froid avec lui, mais j’ai vraiment besoin de réfléchir à ce que je vais faire maintenant avant de faire une grosse bêtise. Comme l’embrasser sauvagement dans son lit d’hôpital alors qu’il vient de se réveiller d’un coma et que ça serait vraiment la pire des idées.

Et moi qui pensait qu’il allait m’embrasser, qu’est-ce que j’avais dans la tête ? Si je suis déçu ? Evidement, mais j’espère que ça ne se voit pas et que ça ne s’entends pas. Je me sens vraiment con d’avoir pensé un seul instant que je pouvais lui plaire.

« Oh … Oui c’est bien Criss. Je n’avais pas vu … »

Je regarde le sac posé, c’est vrai que ça lui ressemble bien d’être passé, là encore je ne sais pas pourquoi je suis déçu. J’avais envie qu’il aille chez moi, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais ce n’est pas plus mal, il ne verra pas à quel point c’est petit, ni à quel point je suis plutôt maniaque sur certaines choses et à la fois bordélique sur d’autres. Je le regarde et je fini par acquiescer avant de dire :

« Je ne savais même pas qu’on pouvait amener un pc, mais je ne devrais pas trop m’éterniser ici, enfin j’espère, ne t’embête pas pour moi. »

Je ne voudrais pas que ça l’embête de faire un détour, ni de me prêter son ordinateur, qui sait ce que je pourrais y découvrir et à vrai dire, maintenant que j’y pense ça me donne plutôt envie de savoir ce qu’il peut avoir sur son pc, mais je ne suis pas contre l’idée de manger quelque chose. Je ne me rappelle pas de mon dernier repas, j’ai pris un coup entre temps, un gros coup sur la tête.

« Ouai je veux bien quelque chose à manger, un burger ça peut être bien, tu crois que les médecins voudront bien ? »

Je ne sais pas si je peux manger autre chose que ce qu’ils donnent, je ne sais pas trop comment ça fonctionne, je n’ai pas beaucoup mis les pieds dans les hôpitaux, contrairement à ce qu’on pourrait croire, quand mes parents et mon frère son mère ils ont été brûlé, il ne restait pas grand-chose d’eux. J’ai été reçu par un psychologue mais ce n’était pas dans un hôpital. Ca doit bien être la première fois que j’y viens en tant que patient.

Lire la déception dans son regard et l’entendre dans sa voix me brisent plus le cœur que se a quoi je m’attendais. Je me passe une main dans mes cheveux essayant de trouver une solution à ce problème. La seule que je trouve est simplement de m’éloigner de lui, ce que je n’arrive même pas à imaginer. Il m’a rendu accro à lui sans même le remarquer et sans que je ne le remarque. Ce n’est pas pour rien que j’ai passé les trois derniers jours dans cette chambre à subir le jugement de ses grands-parents sans rien dire. Mais, c’est juste impossible.

Je lui fais un petit sourire, légèrement crispé, lorsqu’il confirme que c’est bien Criss. Et pourquoi je me sens finalement déçu de ne pas pouvoir voir où il vit ? Je suis vraiment une cause perdue, mais je dois tout faire pour que Lesli arrête de m’idéaliser. Ça sera moins douloureux pour lui. Je vais fouiller dans son sac pour voir si son meilleur ami lui a rapporté son ordi et je ne peux empêcher un petit rire de franchir mes lèvres lorsque je vois le petit post-it coller sur ce dernier. Je lui apporter toujours autant amuser.

- Alors, tu t’acharnes autant sur tes cours qu’à l’entraînement ?

Car, oui, sur le mot, Cristiano lui a écrit ceci : « Je sais que tu voudras étudier pour rattraper ton « regard », mais pitié, regarde un film. Ou même du porno si tu veux. Fais n’importe quoi plutôt qu’étudier ».

- Pourquoi on ne pourrait pas ? C’est déjà assez chiant comme ça d’être pris dans un lit. Avoir un certain divertissement, ça permet de passer le temps plus vite.

Et je sais de quoi je parle ! J’ai déjà été hospitalisé après une mission qui a mal tourné il y a quelques années.

- Mais, à bien y penser, si ton meilleur ami a pris la peine de t’écrire de ne pas étudier, je ne devrais pas te laisser ton portable et t’amener le mien pour être sûr que tu te reposes.

Je le regarde en haussant un sourcil et en reprenant son ordinateur dans ses mains. Je n’arrive vraiment pas à être distant et froid avec lui ! Pourquoi je n’y arrive pas ? J’ai juste envie de prendre soin de lui ! Puis, à ce qu’il veut manger, je hoche la tête reposant son pc sur le dessus de son sac.

- Ça marche. Donc, je te prends deux burger et je te ramène mon ordi. T’en fais pas pour les médecins, je m’en occupe s’ils ne veulent pas.

J’attrape mon casque de moto et m’approche de la porte avant de lui lancer un dernier coup d’œil.

- Je fais ça vite.

Je lui lance un sourire et quitte la chambre rapidement ayant besoin de remettre de l’ordre dans mes pensées. J’ai quand même failli l’embrasser !

Quarante-cinq minutes plus tard, je suis de retour avec un sachet rempli de deux burger, une frite et un coca et de l’autre je tiens t’en bien que mal mon casque et mon ordi portable. Je dépose le sachet sur la table devant Lesli et dépose le reste de mes choses sur une commode.

- Mange ça va te faire du bien. Je vais connecter mon ordi au Wifi et je vais trouver un film qu’on pourra regarder.

Je lui dis avec un sourire. J’ai décidé de continuer à m’occuper de lui, mais je serais juste moins tactile avec lui. Moins proche physiquement. En espérant que ça suffise a Lesli pour se désintéresser de moi.