Comment ça a pu dégénérer autant ? Je ne sais même pas par où ça a commencer. Ils étaient là à me regarder, a parler à voix basse en me dévisageant. Je déteste ça et je ne voulais pas qu’ils puissent dire n’importe quoi. Je n’ai rien fait. Je ne fais que le répété depuis déjà cinq ans. J’ai vingt-cinq ans. J’ai passé déjà cinq ans ici, je suis dans ma sixième année et je ne m’y fais pas. Je ne sais pas comment je vais pouvoir tenir. Mon père viens me voir, mes frères aussi, mais je ne peux pas voir ma fille. Je ne peux pas la voir, mais j’ai une photo sous mon oreiller que mon pète m’a donné. Une photo d’elle et je garde ma bague, caché aussi sous mon oreiller parce que je n’avais pas le droit de l’avoir. C’est mon père aussi qui a réussis à la récupéré et me la donner. Quand je les ai vu me regarder dans la cour à voir basse et quand je les ai vu me suivre, j’ai compris que quelque chose clochait. Hier je leur ai répondu, on s’est pris la tête pour une connerie et ils n’ont pas apprécié que je réponde. Je suis jeune, selon eux je n’ai pas à l’ouvrir, leur connerie de hiérarchie. Ils vont me le faire payer, je le sais. Je le sens dans leur regard et ça ne loupe pas alors que j’essaie de marcher plus vite vers l’intérieur de l’établissement, on est dans la cour, mais ils sont plusieurs et ils me choppent avant. Je ne sais pas comment ils fait pour faire leur lame, mais après les coups ils me la plante dans le ventre, plusieurs fois. C’est un des gardiens qui les arrêtent et qui m’emmène à l’infirmerie, mais ils décident d’appeler les secours, jugeant mon état trop grave visiblement.

Je me suis évanoui avant qu’on m’emmène, je ne sais pas tellement ce qu’il s’est passé. Je me suis juste réveillé dans une chambre d’hôpital, les deux mains menottées au barreau du lit. Super, même ici je ne suis pas quelqu’un de normal. J’entre-aperçois des policiers devant ma porte. Je soupire. Ce n’est vraiment pas juste. Je vois entrer Axel, un ami de mon frère et je me demande ce qu’il fait là, mais il porte un uniforme. Mince il est devenu infirmier ?

« Salut, qu’est-ce qu’ils se sont passé ? Ils sont obligés de m’attacher comme ça ? Je ne vais pas m’enfuir. »

Il le sait, du moins je pense.

Il y a eu un nouveau patient aujourd’hui. En fait, il y en a eu plusieurs, on ne va pas se mentir. On est quand même à New-York. Mais, parmi tous ces nouveaux patients, il y en a eu un de spécial. Et pas juste parce qu’il arrive de la prison et qu’il y a deux policiers postés devant sa chambre en tout temps. C’est plutôt parce qu’il est le petit frère de mon meilleur ami. Je ne sais pas si je suis trop naïf ou que j’ai trop un grand cœur, mais je le crois lorsqu’il dit qu’il est innocent dans toute cette histoire. Je le crois parce que je le voyais regarder sa femme avec tant d’amour que je ne peux pas croire qu’il a pu la tuer. Non, c’est impossible. Alors ça me tue de le voir pourrir en prison alors qu’il est innocent. Encore plus lorsque je le vois à l’infirmerie ou, pire, à l’hôpital comme aujourd’hui. J’ai fait un stage à la prison du coin et j’y travaille encore quelques fois. Ça me permet de gagner de l’expérience plus vite et, surtout, je fais des semaines plus complète puisque je n’ai pas encore un poste officiel à l’hôpital. Je ne veux pas baser ma carrière sur mon nom de famille et par extension sur la carrière de mes parents. Je veux faire mes preuves par moi-même. Montrer aux autres de quoi je suis capable. Alors oui, je travaille comme un fou, mais ça ne me dérange pas vraiment puisque j’adore ce que je fais.

Cependant, je ne suis jamais vraiment fâché lorsque ma journée se termine, comme maintenant. Pourtant, je ne me dirige pas vers le vestiaire pour attraper mes choses et me changer pour rentrer enfin chez moi. Eh non. Je retourne plutôt sur l’étage que j’ai quitté il n’y a pas si longtemps pour trouver une chambre en particulier. La chambre à Silas. Autant profiter de ce changement de décor pour le voir. Puis, surtout, pour m’assurer qu’il est traité comme un être humain et non comme une menace pour la protection du monde. Et j’ai bien fait de passer faire mon tour puisque je fronce les sourcils en le voyant les deux mains attachées. Expression que je tente de repousser pour offrir un doux et vrai sourire à Silas.

- Salut Sisi. Tu t’es fait frapper, puis poignarder, mais tout est correct maintenant. Ce n’était que des coups superficiels.

Je lui explique en lisant son dossier, puis je regarde les deux menottes d’un air mauvais avant de lever un doigt dans les airs.

- Bouges pas, je m’en occupe.

Je tourne aussitôt les talons pour ouvrir la porte et faire face aux policiers.

- J’ai besoin que mon patient ait un bras au moins de libre pour lui offrir les soins qu’il mérite. Alors, enlevez-lui une menotte sinon je porte plainte contre vous puisque vous m’empêcher de faire mon travail. Et si vous avez trop peur d’un homme blessé et dans un lit d’hôpital malgré votre équipement, je me porte totalement garant de ses agissements.

Je les vois s’échanger un regard surpris, puis l’un d’eux rentre dans la pièce pour enlever l’une des menottes qui retenaient le bras de Silas contre le barreau du lit. Je souris fier de mon coup puisque je n’étais vraiment pas sûr que ça allait fonctionner comme plan. Je remercie donc les policiers avant de fermer la porte derrière eux et de venir m’assoir à côté de Silas après y avoir placer une chaise.

- C’est mieux comme ça ? Enfin… Je me doute que ça serait mieux d’en avoir aucune, encore plus d’être à nouveau un homme libre, mais je crois pas qu’ils accepteraient de faire plus que ça…

Je lui fais un petit sourire contrit pour accompagner mes paroles.

Le réveil est compliqué, comment je me suis retrouvé là ? Et en plus je suis attaché. C’est Axel que je vois, un ami de mon frère. Je déteste tout ça, je devrais être avec ma fille, pas en prison. Je n’ai rien fait, j’ai beau le répéter personne ne me croit toutes les preuves m’accablent et mon patron à bien jouer son petit jeu. Je sais que c’est lui. Elle m’avait dit qu’il lui faisait des avances depuis un moment. J’aurais pu empêcher ça, j’aurais peut-être vraiment tué quelqu’un mais surement pas ma femme et j’aurais sans doute pu inventer quelque chose pour ne pas me retrouvé ici, mon père aurait trouvé une solution. Mon père … c’est à cause de lui que je suis là finalement, je veux dire que je me sois fait poignarder. Tous ces types qui sont en prisons, ils le sont à cause de mon père, à cause de leur trafic et ils jugent que si quelqu’un doit payer c’est moi.

« Encore … décidément ils ont chic pour me prendre pour cible et si je réponds je risque d’aggraver encore ma peine, je ne peux pas me défendre sans qu’on me dise que c’est de ma faute. Ils font tout pour me rendre coupable. »

Et je n’ai rien fait. Je sais que tout est contre moi, il y a toutes les preuves. Je fronce un sourcil lorsqu’il demande au policier de m’enlever les menottes et qu’il fini par accepter, enfin une seule mais c’est déjà ça. C’est quand même dingue qu’ils me considèrent autant comme un dangereux criminel. Ils n’ont pas pris la bonne personne, je ne voulais pas de toute ça. Je voulais seulement avoir une vie de famille, s’ils se rendaient compte de ça … ils comprendraient que je n’aurais jamais pu faire de mal à celle que j’aimais et que j’aime toujours. Il revient vers moi et me demande si c’est mieux. J’acquiesce avant de lui demander :

« Pourquoi est-ce que tu fais ça pour moi ? Tout le monde croit que je suis coupable … pourquoi tu me crois ? »

Je demande, même si ça me touche qu’il le croie. C’est bien le seul avec mon père et mes frères.

Silas, je ne le connais pas juste par le biais de son frère. C’est vrai que, de base, c’est comme ça que je le connais, mais j’ai appris à le connaître pour vrai lorsque je faisais un stage à la prison où il se trouve et où j’ai continué à travailler ici et là. Puis, je le vois – trop souvent à mon goût – à l’hôpital alors je peux dire que je le connais à cause des agressions qu’il subi et qui l’envoie à l’infirmerie ou à l’hôpital. Et ça me rend tellement triste. Je n’ai jamais cru à sa culpabilité. Il n’agissait pas comme un homme qui a réellement tué sa femme. Il l’aime et sa mort lui pèse encore. Alors je suis convaincu qu’il n’y est pour rien dans la mort de sa femme. Et merde que je voudrais faire quelque chose pour l’aider, mais je suis impuissant. Je ne suis qu’un infirmier qui le soigne après les agressions qu’il subit. Il ne riposte jamais parce qu’il ne veut pas alourdir sa peine. Tout ça parce qu’il veut retrouver sa fille le plus vite possible. Alors c’est pour ça que je me mordille la lèvre à ses paroles. Le « encore » me brise le cœur. J’arrive habituellement à mettre une distance entre les patients et moi, mais Silas n’est pas un patient comme les autres alors bien sûr que ça vient me toucher encore plus.

- J’aimerais tellement t’aider… Connaître quelqu’un dans le monde carcéral, je ferais en sorte de tirer sur des ficelles pour t’aider à finir ta peine. Mais je suis impuissant et j’aime pas ça.

C’est vrai, je déteste me sentir impuissant. Et on peut très bien le voir avec la façon dont j’agis avec Finnick et Clay. Je fais tout pour les aider, au point de presque m’oublier pour les aider. Alors je fais ce que je peux pour l’aider dans la mesure de ce que je peux faire présentement, c’est-à-dire de jouer de mon rôle d’infirmier pour obliger les policiers à lui enlever une menotte. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais c’est déjà ça au moins. Une fois fait, je m’installe à ses côtés en lui demandant si c’est mieux. Lorsqu’il acquiesce, je lui fais un doux sourire. Je sais que ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà ça de gagner. Il a au moins une main de libre. Mais mon sourire se transforme rapidement en froncement de sourcil. C’est si surprenant que je le crois ?

- Parce que je te connais. Je vois comment tu es, comment tu agis. Si tu avais réellement tué ta femme, tu te défendrais. Si tu l’avais vraiment fait, tu ne semblerais pas porter le poids du monde sur tes épaules et tu ne voudrais pas retrouver ta liberté pour retrouver ta fille le plus rapidement possible. Je sais reconnaître quelqu’un qui est amoureux et clairement tu es encore fou amoureux de ta défunte femme. Alors, oui, je crois en ton innocence. J’y ai toujours cru.

Je ne fais qu’hausser les épaules pour accompagner mes paroles. Quoi dire d’autre ? C’est la strict vérité.

Je hausse les épaules, ce n’est pas de sa faute si j’ai fait les mauvais choix. Je n’ai jamais tué ma femme évidement mais quand même traîner avec les hommes de mon père, je ne pensais pas que je serais autant pris pour cible, ni qu’il avait autant d’ennemis. Je déteste être là-bas. Je ne sais pas si je supporterais tout ça longtemps. Je comprends que certains mettent fin à leur jours là-bas. Je veux prouver que je ne suis pas responsable et mon père est apparemment sur l’affaire, mais je ne sais pas ce qu’il pourra trouver. Mon patron à tout monté contre moi. Je ne sais pas comment il s’y ait pris. Je n'ai aucune preuves.

« C’est gentil, mais je préfère autant ne pas avoir d’aide, je ne voudrais pas qu’on dise encore que je suis un vendu. »

Oui je pense à ce qu’on dit, parce que c’est à cause de ça que je me fais taper dessus, ou poignardé pour le coup.

Je suis touché par ce qu’il me dit, il est bien le seul à voir ça. Si seulement tout le monde pouvait voir comme lui. Oui je suis toujours amoureux et on m’a retiré ce que j’avais de plus cher au monde, comment est-ce que je peux vivre après ça ? Elle n’avait rien demandé. Je ferme les yeux et acquiesce.

« Elle est tombée dans un piège … Si j’avais pu … »

J’aurais préféré qu’il me tue moi plutôt qu’elle. Je me passe ma main libre sur mon visage. Je ne pourrais jamais voir ma fille grandir, qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour mériter ça ?

« Mon patron était jaloux, il est tombé amoureux d’elle. Elle a toujours refusé de sortir avec lui, ça l’a rendu furieux. »

Furieux au point qu’elle en est morte. Si seulement j’avais compris les choses plutôt, elle serait encore là.

Moi qui me sentais déjà impuissant, ses paroles n’aident aucunement. Pire, elles me donnent une vision du futur que je préfère ne pas être vraie. J’ai peur de ce qui pourrait arriver à Silas si tout continue comme ça. Et si, un jour, il se fait poignarder, mais que cette fois-là ce n’est pas superficiel ? Que ses agresseurs atteignent un organe et qu’il meurt ? Sa fille ne connaitra jamais réellement son seul parent encore en vie ? La vie ne peut pas être aussi cruel que ça, non ?

- Pourtant, j’ai peur que sans aide la situation empire et que tu te retrouves à l’hôpital pour quelque chose de réellement grave, voire de dangereux pour ta vie.

Comment je peux craindre autant quelque chose de ce genre pour un gars que je connais, principalement, que parce que je l’ai soigné à quelques reprises ? Suis-je vraiment trop empathique ? Voire même sympathique ? Ou justement, sa situation et son histoire me touchent et que je ne veux pas qu’il lui arrive malheur ?

Je lui explique pourquoi je le crois innocent avec toute ma compassion. C’est bien pour ça que je suis surpris des révélations qu’il me fait ensuite.

- C’est la faute de ton patron. Tu ne pouvais pas savoir. Tu peux pas te culpabiliser pour une chose qui ne te concerne pas. Je…

Ça me tue de le voir dans cet état. Il ne mérite pas de pourrir en prison. Ça serait à son patron de s’y retrouver à sa place !

- Je connais une fille qui a un frère avocat. Je pourrais lui demander si elle connaîtrait un bon avocat pour prouver ton innocence ? Le genre d’avocat qui ne perd jamais et qui creuse tellement qu’il trouve tout ce que les autres n’ont jamais vu.

Peut-être que je me donne trop, mais il mérite de faire le deuil de sa femme loin d’une cellule de prison et en étant avec sa fille.

Je le regarde et regarde ma blessure, parce que ça n’est pas déjà assez grave ? Ils ont réussis à me poignarder avec je ne sais quel truc coupant qu’ils ont fabriqué. On n’a pas le droit d’avoir quoi que se soit de l’extérieur, pourtant ils arrivent quand même à se faire donner des affaires en cachette, je ne me risque pas à ça. La seule chose que j’ai eu c’est la photo de ma fille et de ma femme avant le drame.

« Ouai je crois que c’est déjà plus ou moins fait. Je ne sais pas ce que je leur ai fait. »

Enfin si je sais à peu près. Je suis le fils d’un des bras droit de la mafia, ça devrait leur faire peur, pas les pousser à m’attaquer, mais mon père s’est fait tellement d’ennemis. Il en a sans doute plus que je ne l’imagine, pour eux je suis le parfait bouc émissaire.

Je fini par raconter à Axel la vérité, est-ce qu’il me croira ? Est-ce qu’il voudra me croire ? Je fais pourtant un très bon coupable, tout avait été parfaitement calculé, c’est mon arme qu’ils ont trouvé, forcément avec mes empruntes, il avait mis des gants exprès pour m’accuser. Je ne pourrais jamais me pardonner d’être arrivé trop tard, de ne pas avoir tout de suite appelé la police, mais même si je l’avais fait ils m’auraient quand même accusé et étonnement il me croit. Je suis surpris. Je suis surpris qu’il me dise qu’il connait un avocat et je me demande pourquoi il tient tant à m’aider, mais il me l’a déjà dit. Je lui fais un sourire et lui dit :

« Pourquoi pas, mon père essaie de faire son enquête, je crois qu’il a engagé un détective, il me croit, il sait que je n’aurais jamais pu tuer quelqu’un … »

Ce qui est assez étonnant quand on sait que lui a tué plusieurs personnes. Mais je lui ai toujours dis que je ne voulais pas faire ça. Il le sait. Je ne suis pas pour les armes, j’en avais une par sécurité.

« Il faudrait voir avec lui directement, je ne pourrais pas faire grand-chose, je vais retourner là-bas … »

Je le sais, ce n’est qu’un court moment de répit pour moi.

Je vois son regard passer de moi à sa blessure. Est-ce qu’il juge que c’est déjà réellement grave ce qui lui est arrivé ? Oui, bien sûr que c’est grave ! Ce n’est pas ce que je voulais dire. C’est juste que j’imagine tellement pire que cette blessure me paraît… moins grave. Je soupire et me passe une main sur le visage avant d’hocher la tête à ses paroles.

- Oui bien sûr que c’est grave ce qu’ils t’ont fait. Seulement… la blessure est presque superficielle. Ils n’ont touché aucun organe vital et ils ne t’ont pas tué. C’est pour ça que je parlais de plus grave que ça.

J’aimerais tellement comprendre pourquoi ces gars s’acharnent autant sur Silas. Il est tellement doux comme gars que je ne vois vraiment pas comment on pourrait venir à vouloir lui faire du mal. La vie est tellement injuste!

Déjà que j’étais certain de son innocence, tout ce qu’il me raconte ne fait que me confirmer que j’ai raison. Je vais parler avec Asgard pour voir si elle peut réellement me faire cette faveur. La connaissant un peu, je suis certaine qu’elle voudra, elle aussi, tout faire pour faire sortir un innocent de prison. Je vais appeler tous les avocats qu’elle pourra me référer pour trouver celui qui voudra remuer ciel et terre pour faire sortir Silas de prison alors qu’il n’y a pas sa place. Je crois même que je ferais en sorte qu’il trouve une façon de faire pour que Silas soit en sécurité le temps de le faire sortir de là. Est-ce qu’il pourrait le faire changer de prison ? Ou de le mettre sous haute protection ? Je ne veux plus le voir blesser moi! Je ne peux m’empêcher de sourire grandement lorsqu’il me donne son accord pour l’avocat, mais surtout par le fait qu’il me sourit réellement.

- Plus qu’on est pour te rendre ton innocence, plus vite tu sortiras de cet enfer !

Tout d’un coup, j’ai un peu plus espoir en l’avenir. Même si le présent m’éclate tout aussi vite au visage après le retour à la réalité que Silas me fait.

- Je vais trouver son numéro dans ton dossier et je vais communiquer avec lui alors. Puis, je vais faire en sorte de te garder le plus longtemps possible ici question de gagner du temps.

Je ne devrais pas, c’est contre le règlement, mais je ne peux pas le laisser retourner là-bas consciemment. Je ne peux pas le laisser retourner là où le danger le guète sans rien faire. Et tout ce que je peux faire est de lui faire gagner du temps ici, en sécurité.

Je ne m’attendais pas à ce qu’il comprenne, pourtant il n’y a pas que la blessure, il y a les coups, les bleus, ils ont décidé de me prendre pour cible et je suis une bonne cible, je me laisse faire, je les laisse faire et je ne sais pas réellement pourquoi. Ils ne m’ont pas tué parce que ça les amuse de me voir souffrir et que j’imagine que ça doit me faire quelque chose aussi de souffrir. Je le mérite sans doute. Je soupire et je lui dis :

« Ils ne m’ont pas eu là, mais ce n’est pas la première fois, je suis celui à abattre … »

Ils connaissent mon père, mais lui ne sait pas qui il est, il y a des choses que je ne peux pas dire, c’est plus facile pour eux de s’en prendre à moi parce que je suis là et que mon père est bien planqué derrière son entreprise. Personne ne croirait qu’il ne soit pas sincère. Il a de l’espoir, mais je doute que mon père lui fasse réellement confiance. Il a ses propres hommes au cœur de l’affaire, si il l’avait voulu, il m’aurait déjà fait sortir, mais visiblement il veut que je vois ce que ça fait. Peut-être que c’est juste une mise à l’épreuve et je trouve ça odieux bien sûr. C’est de sa faute. Il n’aurait jamais du faire tout ça.

« Merci, je ne sais pas si ça sera vraiment utile, il y a déjà eu un procès. Si je me conduis bien je pourrais sortir plutôt. »

C’est bien pour ça que je ne défends pas, je veux voir ma fille. Je sens qu’il a vraiment envie de m’aider, pourtant il ne devrait pas, il y a trop de choses en jeu et je lui dis :

« Il ne vous connait pas, il est très méfiant avec les personnes qu’il ne connait pas, c’est mieux comme ça, ne vous en faite pas. Il est sur le coup. »

J’essaie de le dissuader, je ne voudrais pas qu’il prenne conscience de tout ce qu’il se trame, de qui est vraiment mon père.

Je me sens tellement maladroit présentement. Je tente de remonter le moral de Silas, de l’aider au mieux, mais j’ai la terrible impression que j’empire le tout. C’est tellement rare que ça m’arrive que je ne sais pas trop comment gérer le tout, ce qui transparaît dans ma façon de mordiller ma lèvre inférieure. Du moins, ça s’était jusqu’à ce que les paroles de Silas me mettent dans un état d’incompréhension.

- Pourquoi tu es celui à abattre ? C’est n’importe quoi. Tu es un innocent en prison.

Je tente de comprendre et le froncement de mes sourcils le démontre très bien. Vraiment, je ne vois vraiment pas ce qui ferait de Silas celui à abattre. Il ne fait aucune vague en prison tout simplement parce qu’il veut sortir le plus vite possible pour retrouver sa fille. Et le froncement de sourcils s’accentue lorsqu’il change d’avis sur mon aide pour le sortir de là. L’instant d’avant, il était d’accord pourtant. Et là il me dit qu’il ne sait même pas si ça sera utile alors qu’il semblait penser le contraire.

- Tu es innocent. Tu n’as pas à faire de prison. Tu n’as pas à endurer tout ça, sans rien faire, en te disant que tu sortiras plus tôt pour bonne conduite. C’est du délire, Silas !

Sans m’en rendre compte, je me suis relevé sentant trop d’émotion se propager en moi pour réussir à rester assis. Je passe une main dans mes cheveux tentant de me calmer lorsqu’il me sort encore l’inverse de ce qu’il vient de me dit un instant plus tôt.

- Clairement, tu me caches des choses. Et je comprends. On ne se connait pas réellement. Puis, j’ai besoin de m’associer à votre père. J’ai juste à trouver un avocat qui sera capable de trouver une faille dans ton précédent procès pour prouver ton innocence. Pas besoin d’impliquer ton père dans tout ça.

Je remarque que l’émotion m’a fait oublier de vouvoyer Silas. Merde. Tant pis. Il est trop tard. Je prends une grande inspiration pour retrouver mon calme avant de reposer mon regard sur Silas.

- Que voudriez-vous pour vrai ? Un instant, vous êtes d’accord pour que je vous aide et, l’instant d’après, vous ne voulez plus en prétendant que votre père est méfiant avec les personnes qu’il ne connait pas. Que voulez vous vraiment alors ?

Autant lui demander directement avant de virer fou à ne pas comprendre ces changements d’avis.