26 ans. Qui aurait cru qu'un jour j'arriverai jusque là ? Pas moi. J'ai échappé à la mort ça s'est fait. J'ai revu mon père ça aussi c'est fait. J'ai encore du mal à croire qu'il soit venu chez moi après que je sois revenu de l'hôpital. Il est passé à l'improviste.  Je ne sais pas non plus pourquoi j'ai ouvert. Il s'est excusé, maladroitement. Il n'a pas parlé beaucoup finalement. Il a été plutôt évasif mais au moins il s'est excusé. Je pensais qu'il demanderais à ce qu'on se voit un peu histoire de se connaître peut être, mais qu'est-ce que j'ai pu me tromper. Il ne veut plus avoir de contact avec moi et si il est venu c'était surtout pour que je ne revois pas sa fille, une de mes amies. La blague. Je l'ai regardé sans comprendre avant de le mettre dehors. Il ose venir jusqu'ici pour me dire ça. Que je ne suis pas assez bien pour faire parti de sa famille. Qu'il aille se faire foutre. Une fois qu'il est parti j'ai pris un verre, puis je me suis pris un rail. Joyeux anniversaire Aiden. Je suis déchiré quand j'entends la porte sonner de nouveau. Non je ne veux pas qu'il me fiche la paix. Je n'ouvre pas. Je suis à moitié affalé sur le canapé. Il ne m'en faut pas beaucoup plus pour que j'entende des coups sourd contre la porte. Laissez-moi tranquille. Barrez-vous. Je n'arrive pas à me lever alors je reste là. J'ai mal au cœur. La porte fini par s'ouvrir brusquement et c'est Clay que je vois. Je lance un :

-ah c'est que toi.

Il a une bouteille à la main et il a l'air inquiet. Il s'est précipité vers moi.

-Que moi? Merci .. qu'est ce que tu as foutu. Tu as pris quoi. Aiden!

Je l'entends à moitié. J'ai peut-être un peu abusé. Il passe une main sur mon front brûlant. J'ai la nausée. Je sens que je m'endors.

-Merde! Pourquoi tu n'as pas appellé? Allez reste avec moi. Je t'emmène.

Je sens qu'il me prend dans ses bras. Je proteste. Je veux juste rester là. Qu'on me laisse tranquille mais évidement je suis trop déchiré pour dire quoi que se soit. J'ai du m'endormir. J'ouvre les yeux à moitié dans sa voiture, ça me donne de nouveau la nausée. Désolé pour la voiture. Il va râler.

Je l'entends me dire qu'il était venu pour me souhaiter mon anniversaire. Qu'il avait un cadeau pour moi. Il essaie de me faire tenir je le sais. Mais je suis fatigué et je fini par sombrer encore une fois.

--
Merde merde et re merde. Pas une seconde fois. S'il vous plaît. Ne me faite pas ça encore une fois. Je veux qu'il vive. J'ai senti que quelque chose n'allait pas. Ce n'est pas son style de ne pas répondre aux SMS ou aux appels. Je voulais lui souhaiter son anniversaire et me faire pardonner pour l'autre jour. Il ne repondait pas. J'ai bien fait de venir. Il est brûlant. Je vois bien le sachet de coke sur la table. Cette même merde qui a tué mon frère. La même pour laquelle j'ai dû payer ce type qui m'a cassé la gueule y a quelques semaines.

Fais chier putain. Je lui dis que ça va aller et sans réfléchir je le prends dans mes bras. Je l'emmène jusqu'à la voiture pour le ramener aux urgences avant de me rappeler ce qu'il m'avait dit. Il n'a pas d'assurance. Je sais qu'il ne veut pas aller là-bas encore. Alors j'appelle Axel et je lui demande si il peut venir.

J'essaie de le garder éveiller de lui parler. Il a l'air à moitié conscient. Bordel et je le vois fermer les yeux. Merde. Je roule plus vite. Sans me rendre compte que j'ai pris la voiture alors que je n'ai pas roulé depuis mon accident.

Je me gare en catastrophe devant l appartement et je l'emmène jusque dans la chambre me fichant pas mal de mes propres douleurs. Je le dépose sur le lit et je vieille à ce qu'il respire toujours et j'attends. Moi qui voulait lui faire un cadeau. Je descend garrer ma voiture sur ma place de parking et me rend compte là, que j'ai pris le volant et tout me reviens. L'accident. Je ferme les yeux. Je sens des larmes couler sur mes joues et je me reprends vite parce que je ne veux pas le laisser seul. Je prend la guitare dans le coffre que j'avais trouvé pour lui et je monte les escaliers quatre à quatre oubliant l'ascenseur ca ne serait pas une bonne idée que je me retrouve coincé dedans. On ne sait jamais. J'ouvre la porte et dépose la guitare dans la chambre. Il respire encore il a l'air de s'être endormi. Je me suis installé dans le fauteuil que j ai poussé pour être à ses côtés et j'attends.

---

Ce n'est pas à l'hôpital que je me réveille mais dans la chambre de Clay. Il est tard et il s'est assoupi sur la fauteuil à côté de son lit. J'ai dormi toute la journée ? Je me passe une main dans les cheveux. Je me lève. Je vois un paquet sur l'autre chose avec un ruban et mon prénom. C'est une guitare ça ? Électrique ? Celle du magasin ou je travaillais. Comment il a su?

Je me sens quelques peu idiot et encore nauséeux. Je me lève et je vais jusqu'a la cuisine sans faire de bruit. Je commence à connaître un peu cet appartement. Différent du mien, luxueux, ils à beau être de la haute société il a toujours tout fait pour moi. Il faudra que je le remercie un jour. Il y a laisse des cachets pour les maux de têtes sur la table, il se doutait que j'en aurais eu besoin. J'en prend un et me sert un verre de jus de fruit et j'entends la porte s'ouvrir. Je sursaute m'attendant à ce que ça soit Clay. Mais ce n'est pas lui. C'est Clara, sa soeur. La psy que j'ai vu après mon accident.

-Vous  m'avez-fait peur. Je prenais juste un truc pour la tête.

Je ne sais même plus comment je suis arrivé chez lui, tout me semble flou.

-On ne fait que se croiser hein ces temps-ci. Si ça peut vous rassurez on n'a pas ... enfin on a rien fait ... je n'étais pas très bien .. il m'a juste aidé ...

J'essaie de la rassurer je ne sais pas trop pourquoi mais ça me semble important de lui dire que je n'ai pas été payé ce soir, ni plus jamais.

-J'ai arrêté.. je veux dire ... je ne veux plus faire ça, mais j'étais...

Je ne sais pas quoi dire de plus, lui avouer que j'étais drogué que j'aurais pu faire une overdose si il ne m'avait pas arrêté à temps. Peut être bien que j ai besoin de parler maintenant, mais je ne sais pas si j'ai bien choisi mon moment.

Une autre journée de terminer à l’hôpital. Une autre journée où j’ai fait au mieux pour aider des patients à voir la lumière au bout du tunnel. Une autre journée où j’ai fait des aller-retours dans l’hôpital pour honorer mes rendez-vous dans mon bureau et pour aider des patients admis à l’hôpital avec différents problèmes. Finalement, ce sont surtout mes collègues que je finissais par aider et conseiller. J’adore mon boulot, mais maudit que je suis contente d’être enfin à la maison. Je pense de plus en plus à prendre une pause, une année sabbatique pour me concentrer un peu plus sur ma musique et la danse. Avec les cours, je n’avais pas énormément de temps à consacrer à ces deux passions. Et j’ai enchaîné directe avec le poste qu’on m’offrait alors je n’ai pas réfléchi réellement à cette option qui me donnait envie depuis un moment. Est-ce que je devrais le faire ou pas ? Je ne sais vraiment pas. J’ai encore le temps d’y penser de toute façon. Rien ne presse.

Je rentre enfin dans l’appartement que je partage avec ma sœur et mon frère et je laisse mes clés que je viens d’utiliser sur la petite console de l’entrée lorsque j’entends quelqu’un me parler. Je relève la tête pour trouver Aiden non loin de la cuisine alors que j’étais en train d’enlever mes Louboutin. Si je suis surprise ? Oui vraiment. Je ne m’attendais vraiment pas à voir Aiden chez moi. Aussitôt, je me demande où se trouver Clay et s’il l’a repayé une nouvelle fois pour coucher avec lui. Est-ce que notre dernière conversation est passée inaperçue ? Je n’espère pas. En tout cas, j’offre un doux sourire à Aiden alors que je m’approche de lui, laissant mon sac et mes Louboutin à l’entrée.

- Aucun soucis Aiden. Tu fais comme chez toi et, bien sûr, tutoies moi. Je crois bien qu’on est rendu à cette étape. Et désolée, je ne voulais pas te faire peur.

Dis-je avec un peu d’amusement dans la voix puisque, après tout, je n’ai fait que rentrer chez moi. Est-il a ce point nerveux de se retrouver ici ? Je rigole légèrement à sa première phrase avant de froncer les sourcils essayant de comprendre et suivre ce qu’il me dit. Il m’aura vu sous toutes mes facettes puisque, comme il le dit, on ne fait que se croiser ces temps-ci. La première fois et aujourd’hui, j’ai une tenue professionnelle que je porte lorsque je travaille à l’hôpital, c’est-à-dire un pantalon propre et une chemise ou une robe classe, comme aujourd’hui. Et la dernière fois, je revenais de travailler au bar alors comme dire que ma tenue était complètement à l’inverse de celle que je porte aujourd’hui. Jupe en similicuir rouge et un top. Juste assez sexy pour un job de barmaid. Bref, je m’égare. Je suis soulagée lorsqu’il m’assure, maladroitement et surement avec beaucoup de malaise, qu’il n’a pas couché avec mon frère, qu’il l’a juste aidé. Puis, je tente de contenir ma joie lorsqu’il m’annonce qu’il a arrêté la prostitution. Qu’il ne veut plus faire ça.

- Ce que vous faites dans un lit, tant que c’est réellement consenti, ça ne me regarde pas, je t’assure Aiden. Mais, je suis contente que tu ais arrêté tout ça. Tu pourras te reconstruire et ce sera plus sécuritaire pour toi.

J’accompagne mes paroles d’un doux sourire et d’un « serrage » d’épaule. Puis, je fais quelques pas vers la cuisine avant de me tourner vers lui en mettant la bouilloire en marche.

- Je me fais un thé, en veux tu un ? Ou un café ? Ou quelque chose d’autre ?

Autant qu’il se sente vraiment à l’aise maintenant. En entendant que mon frère daigne sortir de sa cachette. Puis, si Aiden ressent le besoin de parler, peut-être qu’autour d’un thé, ça sera plus facile et moins… « officiel ».

Ça me fait drôle de la croiser encore ici, pourtant c’est moi qui ne devrais pas être là. Elle est chez elle, je suis seulement de passage, invité plus ou moins, je ne me souviens même pas de comment j’ai atterri ici. Je sais juste que je me suis réveillé dans le lit d’Aiden et il était assis endormi sur le fauteuil près du lit, donc on n’a rien fait. Je me sens toujours un peu idiot quand je me remets d’une cuite ou d’un trop plein de drogue, comme maintenant, un peu à l’ouest et fatigué. Elle me demande de la tutoyer et ça me fait bizarre alors je lui dis :

« Je vais essayer, mais ça me fait bizarre, parce que vous … enfin tu … après ce que j’ai dis l’autre fois … Tu sais plus de choses sur moi que Clay et c’est un peu bizarre qu’on soit encore là tous les deux. Déjà l’autre fois c’était très gênant, ça l’est encore plus maintenant. »

Oui, si elle savait pourquoi je suis là, je crois qu’elle ne serait pas très contente de savoir que je me suis drogué. Elle est psy après tout, elle le sait cela dit, je l’ai avoué que je me droguais. J’ai d’ailleurs tout avoué, tout sur tout et je ne pensais pas le faire aussi facilement.

« Tu ne m’as pas fait si peur, c’est juste que je ne m’attendais pas à voir quelqu’un, même si c’est moi qui ne devrais pas être là. »

Encore et toujours ce sentiment que je ne suis pas à mal place. Je ne devrais pas être là. Elle sait à quel point cette phrase est à double sens pour moi. Ça aussi j’en ai parlé. Je me sens du coup bien plus vulnérable quand elle est là, parce qu’elle sait. Les mots qu’elle à choisi pour me dire qu’on fait ce qu’on veut, tant que c’est « réellement consenti » on un drôle d’effet sur moi. « Réellement consenti ». Je vais avoir encore bien mal au crâne. Je ne veux pas repenser à ça. Je ferme les yeux un instant me sentant sur le point de craquer. Ce n’est pas Clay le souci, oh non, il n’a jamais été comme ça, si ça peut la rassurer, lui à toujours été parfait, l’homme idéal qu’on voudrait tous avoir (ouai je m’auto-jette des fleurs), non ce n’est pas ça. C’est seulement … que je n’ai jamais dit d’où venait réellement les coups que j’ai eu avant l’accident et je n’ai pas envie de le dire, mais je ne sais pas pourquoi je sens encore une fois des larmes qui coulent le long de mes joues alors je me tourne, parce que je n’aime pas qu’on me voit comme ça. Je n’aime pas qu’on me sente … faible. Elle me propose un thé, ou autre chose. Je fais non de la tête. J’essuie mes larmes et me tourne de nouveau vers elle. Ça ne sert à rien de pleurer de toute manière. Ça n’effacera rien, ni la douleur, ni la colère, ni la honte. Rien et je ne sais pas pourquoi mais je commence à lui expliquer ce qu’il s’est passé hier, histoire de noyer un peu le poisson, de ne pas revenir sur le fait que j’ai encore craqué face à elle alors que je ne l’a connais pas plus que ça et je lui dis :

« C’était mon anniversaire hier. Je l’ai fêté comme toujours chez moi, seul, parce que je déteste ce jour-là. Je pensais que je serais tranquille, mon père est revenu. Il m’a fait comprendre qu’il n’en voulait pas que je revoie ma demi-sœur, que je n’étais pas le bienvenu chez eux, ni dans sa vie … Je lui ai demandé de partir et quand il est parti … je me suis enfilé des rails, je sais que ça ne résous rien et je voudrais arrêter ça aussi. Je voudrais vraiment. Je ne veux pas qu’ils aient un moyen de me mettre dehors quand je ferais l’émission. Mais c’était trop … et j’ai un peu trop pris de poudre … Clay est venu, je ne sais pas comment il a su que c’était mon anniversaire. Il s’est endormi, il m’a laissé son lit. Il va me haïr de dire ça mais … je crois qu’il a aussi un problème … il y a pleins de bouteilles qu’il planque. J’en ai vu dans sa caisse, dans sa table de chevet, il doit y en avoir de planqué partout … J’ai déjà vu ça, dans une des familles d’accueille ou j’ai été, le père était alcoolique, il en planquait partout … Rassure-t-il, il n’a jamais rien fait de mal, il était souvent trop bourré pour faire quoi que soit, je le laissais dormir. Je crois qu’il va mal aussi … C’est peut-être pour ça qu’on s’entends si bien. »

Je ne sais pas pourquoi je lui dis tout ça, je crois que j’ai besoin de parler à quelqu’un, pour ne pas totalement sombrer. Ça fait du bien de se confier et je me sens encore mal, comme si j’allais faire une crise. Non, je n’ai pas envie que ça arrive, vraiment pas. Je sais pourtant que je ne peux pas lutter contre ça. Ils m’ont dit que mon cerveau avait été endommagé pendant l’accident, un nerf à été touché et c’est ce qui provoque mes crises d’épilepsie. Je ne sais jamais quand ça vient, mais je commence à sentir un peu quand ça commence, c’est comme un aura qui me signale que je vais être mal et ça ne loupe pas. Je sens mes mains qui se mettent à trembler doucement, puis je perds l’équilibre et me retrouve à terre. Fait chier, je voudrais crier, je voudrais demander que ça s’arrête mais je n’y arrive pas et je crois que je perds connaissance.

Je ne pensais pas recroiser Aiden de sitôt, mais j’aime bien savoir qu’il reprend du poil de la bête. C’est bien le premier « patient » que j’ai eu à l’hôpital que je reviens dans ma vie personnelle. Et savoir qu’il est proche de mon frère fait en sorte de créer un lien encore plus personnel et donc que j’apprécie avoir des nouvelles de l’avancement de sa vie. C’est bien l’une des principales raisons qui me poussent à lui proposer qu’on se tutoie. Après tout, il n’y a plus rien de professionnel entre nous. Et, il m’a tellement dévoilé de choses sur lui que je trouve ça normale d’enlever cette barrière entre nous.

- C’est bien pour ça que je trouve ça normal si on se tutoie. Je suis certaine que tu ne dois pas vouvoyer mon frère lorsque tu lui parles. Mais, pourquoi ça serait plus gênant cette fois ?

Je demande sérieusement puisque je ne vois pas en quoi aujourd’hui, c’est plus gênant que l’autre fois. Après tout, cette fois-là, je les ai pratiquement surpris en train de s’envoyer en l’air, ce qui, pour moi, est bien plus gênant que de retrouver Aiden en train de prendre quelque chose contre le mal de tête. Mais, peut-être qu’Aiden ne voit pas les choses de la même façon qui sait. Puis, les paroles qui me dit après me serre le cœur et fait naitre un léger sourire triste sur mes lèvres.

- Tu seras toujours le bienvenu ici Aiden, promis. Jamais quelqu’un ne pourra dire que tu ne devrais être ici. Prends cet appartement comme un refuge contre le monde extérieur si ça te convient.

Il n’est plus mon patient alors je fais ce que je veux avec lui. S’il le souhaite, je pourrais même lui offrir une clé de l’appartement. Bien sûr, il faudra que j’en parle avec Clay et Cléo pour être certaine que ça leur convient. Bon, je doute que Clay me dise non en sachant ce qui les lie, mais on ne sait jamais. En tout cas, je veux juste que Aiden se sente accueilli au moins à un endroit sur cette terre. Et qu’il n’ait pas l’impression d’être de trop.

Je mets de l’eau à bouillir et me sors une tasse pour mon thé lorsque je lance un regard vers Aiden. Et je le vois de dos, très certainement pour se cacher. Clay fait la même chose lorsqu’il pleure puisqu’il ne veut pas qu’on le voit vulnérable. Mon visage se teinte de tristesse à cette vue et mon cœur se serre. Qu’est-ce que j’aimerais l’aider ! Puis, il se livre une nouvelle fois à moi. Je garde le silence, ne voulant pas le couper dans son élan. Je ne termine même pas mon thé pour garder toute mon attention sur lui. Au fil et à mesure que ses paroles franchissent ses lèvres, une tonne d’émotion se succède sur mon visage. De la surprise, de la tristesse, de l’incompréhension, de la colère et finalement quelque chose qui se rapproche surement du désespoir.

- Ça en fait des choses tout ça. Merci Aiden pour ta confiance et joyeux anniversaire. Je peux t’aider à arrêter si tu veux. Avec de l’aide, c’est toujours plus facile. On pourrait regarder pour des centres de désintox si tu le souhaites. De quelle émission tu parles ? Je ne savais pas que tu-

Et j’en oublie ce que j’étais en train de dire lorsque je vois Aiden se mettre à trembler, puis perdre l’équilibre pour finalement se retrouver par terre. Je me précipite à ses côtés en attrapant un coussin au passage que je mets sous sa tête.

- CLARENCE !

Je cris le nom de mon frère espérant que ce soit assez pour le réveiller et le faire venir dans le salon. Je sais gérer des crises d’épilepsie, mais… j’ai pas envie de gérer ça seule cette fois. Je ramène Aiden sur le côté pour éviter qu’il s’étouffe avec un liquide qui pourrait se retrouver dans sa bouche.

- CLARENCE !

Que je recris ne voyant pas mon frère arriver. Mon téléphone est trop loin pour que je l’attrape pour appeler les urgences et je ne veux pas laisser Aiden seul pendant sa crise. Je sais qu’Aiden déteste les hôpitaux, mais si c’est trop grave, je préfère ne pas prendre de chance.

Je l’ai veillé toute la nuit. Je ne sais pas vraiment à quel moment je me suis endormi, sans doute quand j’étais sur qu’il s’en remettrait, mais est-ce qu’on est toujours sur ? Je ne voulais pas fermer l’œil. J’avais bien trop peur de devoir appeler quelqu’un pour l’aider, parce que je ne connais pas les gestes de premiers secours, parce que je ne suis pas médecin, ni infirmier, je n’ai vu que des séries comme grey’s anatomy, très peu fiable comme expérience médicale, mais je sais qu’il ne voulait pas aller à l’hôpital ça je sais. Je veux juste qu’il aille bien. Comment est-ce que je peux vouloir ça pour les autres et pas pour moi ? J’ai du m’endormir à un moment donné, mais je ne sais pas vraiment quand et je n’ai pas entendu qu’il se levait. Je n’ai pas vu le soleil se lever parce que j’avais fermé les rideaux occultant des grandes fenêtres qui donnent sur la ville.

Je rêvais, ou du moins je cauchemardais encore, une fois de plus mes rêves mêlent mon accident et l’overdose de mon frère et j’entends des cris autour de moi. Je ne veux pas vraiment me réveiller parce que je peux encore voir mon frère, mais ces cris m’alertent et je fini par ouvrir brusquement les yeux sentant le danger arriver. C’est la voix de ma sœur qui m’a appelé. Il s’est peut-être passé quelque chose et je remarque qu’Aiden n’est plus dans mon lit. Merde. Je me précipite jusqu’à la cuisine d’où j’ai entendu l’appel et je vois mon ami à terre, Clara qui lui pose une oreille sur la tête. Je la regarde sans comprendre et je m’agenouille avant de lui demander :

« Qu’est-ce qu’il lui arrive ? Il fait une rechute ? Pourquoi est-ce qu’il … »

Je suis un peu tétanisé par la peur, la peur de le voir comme ça, la peur qu’il ne meurt et qu’on ne puisse rien faire. Je ne supporterais pas de perdre quelqu’un d’autre, pas comme ça. Pas à cause de la drogue.

« Tu veux que je fasse quoi ? »

Je demande parce qu’elle sait surement mieux que moi, elle a fait des études de médecine, puis de psychologie alors je me dis qu’elle dois savoir non ?

« Il avait l’air d’aller mieux tout à l’heure. Je ne comprends pas. »

Je suis inquiet évidement parce que je ne sais pas quoi faire.

Je suis soulagée de voir mon frère arrivé enfin. Ce genre de situation est toujours stressante alors ne pas être seule à y faire face, c’est rassurant. Puis, je veux que mon frère soit là, comme ça il pourra savoir quoi faire si ça arrive à nouveau à Aiden alors qu’il est seul avec lui. Je ne peux pas empêcher Clay de le voir, et ce n’est pas vraiment ce que je veux non plus, alors autant qu’il sache quoi faire si la situation se reproduit alors qu’il est seul. Alors c’est pour tout ça que je suis soulagée de le voir arriver enfin.

Je me rends vite compte que mon grand frère est paniqué de voir son ami dans cet état. Ses paroles me le confirment en même temps que je crois comprendre qu’il s’imagine que c’est dû à de la drogue. Je me tourne vers lui et lui prends les mains dans les miennes pour qu’il se concentre sur moi quelques instants.

- Eh eh eh ! Clay, regardes moi. C’est plus impressionnant que ça l’est en réalité. Il fait une crise d’épilepsie, d’accord ? Il n’est pas en danger. Je suis là pour veiller sur lui et tu vas m’aider ok ?

Je serre ses mains une dernière fois entre les miennes, puis je lui fais un doux sourire lorsqu’il me demande ce que je veux qu’il fasse.

- Tu as ton téléphone sur toi ? Il faut que je sache quelle heure il est pour savoir combien de temps dur sa crise. Puis, quand elle sera terminée, il faudra que tu restes avec lui pour le rassurer, d’accord ?

Je tente de parle le plus clairement possible, mais aussi le plus calmement possible pour aider Clay à retrouver son calme. Puis, je lui fais un doux sourire compatissant avant de lui caresser le dos à ses paroles.

- Les crises d’épilepsie peuvent arriver n’importe quand. Ça ne veut pas dire que Aiden ne va pas bien. C’est neurologique. Ça doit être dû soit à cause de son accident ou c’est de naissance. Tu lui as très certainement sauver la vie en allant chez lui hier soir, tu sais ?

Je tente de rassurer mon frère tout en lui montrant qu’il vient de sauver la vie de quelqu’un. Il n’a peut-être pas réussi pour Charles, mais cette fois, il a réussi.

Elle me rassure, elle sent que je suis un peu paniqué, un peu beaucoup. Je ne comprends pas ce qui y a bien pu se passer. Il dormait dans la chambre, tout allait bien et maintenant il est là, je ne comprends pas. Je le tends les mains, et la regarde comme elle me demande de le faire. Elle sait mieux que moi ce qu’elle fait. Une crise d’épilepsie … pourquoi est-ce que je suis toujours le dernier des crétins au courant de ce genre de trucs ? Merde ! C’est impressionnant ça oui. Je n’en avais encore jamais vu et je ne sais pas très bien ce que je dois faire. Elle me rassure et me dit que sa vie n’est pas en danger. Je fais ce qu’elle me dit et je sors mon téléphone de ma poche. Je regarde l’heure et lui demande :

« Ca peut durer combien de temps ? »

Je ne sais pas du tout si ces crises durent longtemps ou non, j’avais déjà entendu parler de ça avant, mais je n’en avais jamais vu. Je fais une petite moue quand elle me dit que ça ne veut pas dire qu’il ne va pas bien. Je la regarde et lui dit, sans vraiment savoir pourquoi je lui parle de ça :

« Non, il ne va pas bien, si tu voyais les cicatrices qu’il a un peu partout … je suis presque sur qu’il se fait ça tout seul et il n’allait pas bien non plus quand je suis allé le voir hier soir. C’était son anniversaire. Je ne sais pas ce qu’il a pris, mais il a forcément une raison pour faire ça … »

Elle est psy, peut-être qu’elle le sait au fond, mais peut-être aussi qu’elle n’a pas le droit de m’en parler non plus. Je la regarde sans trop savoir quoi dire, puis je fais un tout petit sourire quand elle me dit que je lui ai sans doute sauvé la vie en le ramener hier soir ici. Ça me remonte un peu le moral ça, mais je sais que ce n’est pas suffisant. Je le sais très bien qu’il m’en faudra plus pour oublier que j’ai perdu mon frère pour le même genre de raisons, parce que je n’ai pas vu à temps ce qu’il se passait, parce que je n’ai pas su aider. Au moins j’aurais réussi à le sauver lui. Ce n’est pas si mal, mais ça n’enlèvera pas totalement le poids de la culpabilité que je ressens depuis la mort de mon frère. Ce n’est pas le moment de craquer. Je la laisse me réconforter comme elle peut et en réalité ça me fait de bien. Je prends ma main dans la sienne.

« Qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider ? »

Je serais capable d’aider n’importe qui à aller mieux et le plus étrange dans tout ça c’est que je serais incapable de m’aider moi. C’est assez triste en un sens, mais c’est comme ça, je fais souvent passer les autres avant moi. Je crois que c’est une façon de me punir en quelque sorte, de tout ce que je n’ai pas pu faire avant.

Je suis soulagée de voir que j’ai réussi à rassurer mon grand frère sur la situation. Mais, j’espère que ce n’est pas juste le fait que je sois là qui le rassure. Je veux qu’il sache quoi faire si ça lui arrive et que je ne suis pas là. Même s’il pourra toujours m’appeler pour que je lui dise quoi faire et pour le rassurer. Je lui fais un doux sourire avant de regarder Aiden pour surveiller son état. Qu’est-ce que j’aimerais faire quelque chose pour lui, mais tout ce que je peux faire présentement est de laisser la crise se faire.

- Ça peut durée quelques minutes, mais si ça dure plus de 5 minutes, il va falloir appeler les ambulances. C’est pour ça que je voulais que tu regardes l’heure.

J’espère que ça ne fera pas paniquer Clay cette information. Tout comme j’espère ne pas arriver là sachant très bien à quel point Aiden déteste se retrouver à l’hôpital. Bien sûr, je ne lui laisserais payer la facture. Il a besoin d’être soutenu et je compte bien le soutenir. Puis, comme je ne suis pas sa psychiatre, j’en ai amplement le droit. De toute façon, si je le prendrais comme client, je serais en conflit d’intérêt puisqu’il est proche de mon frère. Puis, les paroles de mon frère me ramener à l’instant présent. Je pince mes lèvres en hochant la tête à ses paroles. C’est vrai, il ne va pas bien. Qu’est-ce que je pourrais lui dire sans briser le secret professionnel de notre seule rencontre ? Ou juste pour ne pas briser la confiance que Aiden a envers moi lorsqu’il me fait des confidences ?

- Je sais… Son père est allé le voir hier soir et lui a dit, en gros, de se tenir loin de sa famille. Il n’a vraiment pas eu une vie facile. Il a besoin de se sentir soutenu et apprécier. Et je sais qu’il t’apprécie, qu’il veut faire attention a toi. Il prend surement de la coke, mais il veut arrêter. Comme il veut arrêter la prostitution. Tu pourrais l’aider. Il veut participer à The Voice, c’est cool non ?

Je ne crois pas en disant tout ça que je brise sa confiance ni le secret professionnel. Puis, si ça peut aider Clay et Aiden à s’en sortir s’ils se soutiennent mutuellement, je crois que ça ne peut qu’être bénéfique. À voir le sourire de Clay lorsque je lui dis qu’il lui a sauvé la vie, je ne peux retenir mon sourire. Ce n’est peut-être pas grand-chose, mais c’est déjà un petit pansement j’en suis certaine. Il faut fêter chaque petites victoires comme si elles étaient d’énormes victoires au début. Et pour accompagner mon sourire, je viens ébouriffer ses cheveux de ma main. Quelques fois j’ai l’impression d’être la grande sœur de Clay et, chaque fois, ça me fait bizarre. En serrant sa main dans la mienne, je lui offre un sourire en ayant ma petite idée de quoi faire pour l’aider.

- Pour l’instant, on ne peut rien faire. Il faut laisser passer la crise. Puis, après, il faudra rassurer Aiden jusqu’à ce qu’il retrouve son état normal. Après, on pourrait lui organiser une petite fête pour son anniversaire ? Je pourrais aller chercher un gâteau lorsque la crise sera terminée et on lui fera une petite fête d’anniversaire. Tu en penses quoi ? Tu as une idée d’un cadeau que je pourrais trouver rapidement ?

J’en envie de prendre soin d’Aiden, comme si c’était l’un de mes frères. Alors bien sûr que je ne laisserais pas son anniversaire être fêter seul dans un mauvais état d’esprit. Bien sûr, ça ne sera pas le même genre de fête que j’organise pour ma fratrie habituellement puisque je n’aurais pas autant de temps pour l’organiser, mais le simple fait de la fêter avec des gens qui t’aiment, ça fait plaisir non?

Je regarde ma sœur, elle a visiblement plus l’habitude que moi, je me sens complètement perdu. Il ne m’avait pas dit qu’il avait ce genre de problèmes. Je vois qu’on est un peu pareil finalement, on ne parle pas de ce qui ne va pas. Je ne savais pas non plus pour son père, pour le reste je me doutais un peu. Je me passe une main derrière les cheveux, c’est beaucoup d’informations tout ça.

« Je … on n’a jamais vraiment parlé de tout ça … »

On parle un peu, mais pas de ça, ni de moi, j’évite le sujet, il évite aussi. Je comprends donc qu’on est sur la même longueur d’ondes. On veut éviter de parler de nos problèmes. Je comprends ça. Je reste près de lui et j’écoute ce qu’elle me dit. C’est elle le médecin … Il m’a un peu parlé de the voice.

« Oui je sais pour the voice, il m’en a parlé, je crois que je sais pour le cadeau d’anniversaire. Il m’a parlé d’une guitare dans le magasin ou il bosse. Une guitare bleu électrique. Je crois que ça lui ferait plaisir. »

Puis je vois Aiden se réveiller et tente de bafouiller, je fais comme Clara m’a dit, je le laisse reprendre conscience et le rassure un peu. Je crois que ça va aller. Il reste allongé un peu et je lui donne un verre d’eau. Je ne sais pas vraiment quoi dire. Il n’y a sans doute rien à dire. Je crois qu’il va s’en sortir.