Une soirée tranquille en perspective s’annonce. Je me suis fait un petit plaisir et j’ai pris une place au théâtre. J’aime assez le théâtre, tout dépends de comment est jouée la pièce mais pour pouvoir juger si j’aime ou non il faut bien aller la voir. Il y avait longtemps que je n’y avais plus été, étant en arrêt forcé de travail, j’ai plus de temps libre, j’en profite donc un peu et finalement c’est ce que tout le monde veut. La première partie est plutôt intéressante, mais je suis content d’entendre l’entracte arrivé. J’ai besoin d’air. Je n’aime plus beaucoup la foule depuis quelque temps et c’est la première fois depuis très longtemps que je reviens dans des salles avec du monde, alors j’ai besoin de sortir, fumer une cigarette. Je m’y suis mis tard, je sais que ce n’est pas bon pour la santé, mais ma santé est déjà bien mal en point alors un petit peu plus ou un peu moins, après tout, qu’est-ce que ça change. J’étais sur le point d’éteindre ma cigarette et de retourner dans la salle quand j’entends un bruit venant de la ruelle à côté. Je n’ai pas rêvé, je reconnaitrais ce genre de bruit entre mille et au lieu de faire comme si je n’avais pas entendu, je vais vers la gueule du loup. Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que ça tombe sur moi ? Un gars me suis, on a eu le même de regard qui en dit long sur ce qu’on pense. Et puis je les vois à terre, l’instinct militaire reprend immédiatement le dessus, je cours vers l’homme étendu et je lance au gars à côté de moi :

« Est-ce que vous pouvez appeler une ambulance et la police ? »

Il y a sans doute encore une chance que ce type ne meurt pas, alors autant la saisir. Je porte secours, ca a toujours été plus ou moins ça mon rôle dans toute cette histoire, aussi bien en tant que militaire qu’en tant que garde du corps.

@Min-Kyung Lim

Le théâtre et Min, toute une histoire. Min n'avait pas une bonne impression de cet art, il y a encore quelques années. Forcer à participer, plus jeune, à ces moments interactions. À être envahi par l'ennui quand on est obligé d'avoir le derrière collait à une chaise, à l'âge de ces douze ans, ça marque. Alors que très clairement, il préférait aller s'amuser avec ses amis, passer des soirées devant des jeux, ou même ces dessins. Min a été vacciné, très jeune de ces pièces. Prétextant souvent une excuse, qui ne marchait jamais. Un bras de fer quotidien, un plus qu'il avait eu avec son père.

Ça ne faisait pas si longtemps qu'il avait renoué les liens avec cette forme d'art. Depuis qu'il avait posé les pieds à New-York. Par hasard, sur une invitation. Aujourd'hui, il essayait d'en voir, au moins une dans le mois, comme ce soir. Il a eu des déceptions, comme de merveilleuses découvertes. Ce soir, cependant, il était assez mitigé. Il avait un doute sur le fait, le premier acte était une mise en scène pour installer l'intrigue. Si ce n'était pas le cas... la pièce ne le visait pas. L'entracte était la bienvenue, Min ne fumait pas, mais il n'était pas contre à prendre un peu l'air. Il faisait assez chaud la dedans. Tout le monde n'était pas du même avis, ils étaient un petit groupe seulement... Ils commençaient déjà à rentrer. Il aurait dû faire de même, mais un bruit éveilla l’inquiétude. Et il n'était pas le seul. Un regard échangeait avec l'homme qui se trouvait pas loin. Ces pas comme les siens, s'activaient vers les lieux. Ils ne s'étaient pas posé de questions, embuscade ou simple aide. Un homme était allongé là, inconscient. L'autre homme était bien plus réactif que lui, comme s'il avait déjà eu à faire à ce genre de cas. On ne doit pas attendre les secours ? Question qui se posa dans sa tête. Pourtant, ils n'avaient pas le temps. « Est-ce que vous pouvez appeler une ambulance et la police ? » Min touchait ces poches à la recherche de son portable, avec empressement. Portable qu'il ne trouvait décidément pas avant de se souvenir... Qu'il avait laissé ces affaires dans la salle. Peur qu'on lui vole, Min s'en fout un peu. Il n'était pas du genre matière. « Je peux vous emprunter le vôtre ? » Peut-être que ça allait, lui semblait irréel de sa part. Parce qu'aujourd'hui tout le monde, avait un portable sur lui. Et il n'allait pas fouiller dans ces poches. Il avait une certaine culture bien différente.

@Dallas Davenport

Je me demande pourquoi ce genre de chose m’arrive sans arrêt, je veux dire … je ne suis plus militaire, je suis garde du corps, mon rôle c’est de protéger mes clients, mais même en dehors de ça j’ai l’impression que c’est toujours mon rôle d’aider les autres que ce genre de situations m’est bien trop familière. J’essaie de ne pas trop penser à tout ce que j’ai vécu avant. Je me concentre sur ce type qui est à terre. Je ne suis pas médecin, mais j’ai des bases et j’ai vu bien pire. Je m’en suis toujours sorti. Je crois savoir quoi faire. Je presse donc sur la blessure pour essayer d’arrêter l’hémorragie, mais je doute que ça soit suffisant. Le jeune homme qui m’a accompagné me demande s’il peut m’emprunter le mien. Je fronce les sourcils, un peu intrigué, mais je ne pose pas de questions. Il n’y en a pas à se poser dans ce genre de situations. Je sors mon téléphone de ma poche et lui tends, j’ai pris soin de le débloquer, mais de toute façon il aurait fonctionné avec les appels d’urgences et je lui dis :

« Bien sûr, s’ils peuvent se dépêcher ça serait bien, je ne suis pas médecin. Simplement militaire … »

Je préfère ne pas lui dire tout de suite que je suis à la retraite mais de toute manière je n’aurais pas pu rester là sans rien faire. Je ne suis pas ce genre de personne qui ne porte pas secours et visiblement ce jeune homme non plus.

« Je m’appelle Dallas. »

Je lui dis ça comme ça, qu’il sache comment m’appeler, même si faire les présentations ce n’est pas la chose la plus simple. J’étais venu passer une soirée tranquille à la base. C’est complètement raté, je vais devoir encore passer par la case ambulances, police, enquêtes, pas de chance. Ils vont finir par croire que j’ai un abonnement, ce n’est pas comme si j’étais déjà passé par là il y a quelques semaines, c’était moi qui me faisais tirer dessus, mais parce que je protégeais mon client. J’en garde une belle cicatrice dans le cou. J’essaie toujours de la cacher un peu, mais je vois bien certains regards parfois, plutôt des curieux je dirais, ils doivent se demander ce qu’il m’ait arrivé. J’en ai vu d’autre comme je disais.

Je lui dis ça comme ça, qu’il sache comment m’appeler, même si faire les présentations ce n’est pas la chose la plus simple. J’étais venu passer une soirée tranquille à la base. C’est complètement raté, je vais devoir encore passer par la case ambulances, police, enquêtes, pas de chance. Ils vont finir par croire que j’ai un abonnement, ce n’est pas comme si j’étais déjà passé par là il y a quelques semaines, c’était moi qui me faisais tirer dessus, mais parce que je protégeais mon client. J’en garde une belle cicatrice dans le cou. J’essaie toujours de la cacher un peu, mais je vois bien certains regards parfois, plutôt des curieux, je dirais, ils doivent se demander ce qu’il m’ait arrivé. J’en ai vu d’autres comme je disais.

Ces gestes... C'était quelqu'un qui s'y connaissait. Min n'était pas spécialiste dans le domaine. Il avait vu des reportages, et l'homme à terre ne semblait pas souffrir... Enfin dans le sens ou les gestes empiraient pas les choses. Parce que son cri, il y a quelques minutes, résonnait encore dans son oreille. « Je ne suis pas médecin, simplement militaire... » Cela expliquait beaucoup de choses, il connaissait au moins les premiers gestes de secours à prodiguer. Une bonne chose, parce que si... il n'y avait que Min. L'homme à terre à cet instant, serait certainement dans de beaux draps. Avec une côte peut-être cassée à ne pas savoir faire le massage cardiaque. Il avait pris le portable, composant le code puis... Le numéro des urgences. Bien sûr, il avait plein de questions à répondre avant qu'ils n'envoient quelqu'un. De quoi perdre du temps... Sérieusement ? « Ils demandent son état ? Ces pouls ? S'il réagit... » Il avait eu une minute de silence, face toutes ces questions. À vrai dire, ils commençaient à perdre patience, et à être un peu paniqué. « Au lieu de perdre du temps avec des questions... Vous feriez de venir et constater par vous-même. On n'est pas médecin et il aurait de chance de mourir sur un trottoir ! » Un blanc se faisait entendre, peut-être qu'ils ne viendraient pas qu'ils penseraient que c'était une blague ou simplement, ils allaient lui dire démerdez vous. Ils peuvent faire ça ? Non pas au risque d'en patient. Si ? Quand elle reprit la parole. « Ils arrivent, ne quittez pas » Une chance sur deux. Visiblement ici, ça marche aux menaces. Il regarda... Dallas, puisqu'il s'était présenté. « Désolez-moi, c'est Min-Kyung. Je ne dis pas enchanté, je pense qu'il y a d'autres contextes pour... Faire connaissance. Je ne voulais pas être... Désagréable... » Il donnait une mauvaise image, non ?

@Dallas Davenport

Je en sais pas pourquoi il faut que je tombe toujours sur des situations étranges, quand je n’ai pas à faire des détectives bourré, j’ai à faire à des scènes de crimes, super. J’aurais du être flic peut-être, ça m’aurait éviter de devoir faire les premiers soins, d’avoir encore les mains pleines de sang, ça devient trop une habitude. Lorsque je lui dit être ancien militaire, il n’a pas l’air étonné, du moins ça doit lui sembler logique que je connaisse tout ça. Une chance pour nous et pour ce type. Je l’entends parler au téléphone avec les secours et je sens qu’il est paniqué, je comprends, n’importe qui le serait et il n’a pas tort, ils feraient mieux de venir. Je reste un peu suspendu à la fin de la conversation et suis soulagé que les secours arrivent. Je reste près du type, on ne sait jamais, il est encore vivant, mais il ne faudrait pas qu’il meurt. On ne saura jamais la fin de l’histoire finalement, celle du théâtre. J’ai fini par me présenter, pour qu’il sache au moins mon prénom et il fait de même.

« Il n’y a pas de mal, je suis d’accord avec vous. Je n’avais pas prévu de faire le secouriste cette nuit. »

Je regarde mes mains et pendant quelques instants les voir pleines de sang me ramène à mon passé, des images qui surviennent les unes après les autres comme un film, comme toujours, pourquoi faut-il toujours que ça soit quand je le veux le moins ? Je suis sensé faire comment pour arrêter ça ? C’est finalement sa voix qui me ramène à la réalité, désagréable.

« Il faut parfois être un peu ferme, ils voient tellement de choses aussi … enfin ils ne vont plus tarder j’imagine. »

Je suis un peu troublé comme d’habitude, ces flash-backs deviennent vraiment épuisant. Il faudra que je trouve une solution pour ne plus les avoir.