J’ai besoin de me changer les idées, ce début d’année scolaire est vraiment compliqué à gérer. Comment est-ce que je suis sensé faire pour allier mes deux emplois du temps, celui du droit et celui de Julliard. Qu’est-ce qu’il m’a prit de m’inscrire là-bas ? Comment je vais faire pour que mes parents ne se rendent pas compte que je vais de moins en moins à Columbia ? J’y suis allé ce matin, parce que j’avais deux heures de libre à Julliard ou je suis sensé m’entraîner, mais j’ai voulu aller à Columbia, au moins faire acte de présence pour la première semaine de rentrée. Je suis bien sur arrivé en retard, je ne savais même pas ma salle et j’ai cherché un moment avant de trouvé on était déjà à la moitié du cours et le professeur de droit m’a fait remarqué encore plus, moi qui pensait arriver discrètement pour le coup. Il ne me donne clairement pas envie de rester et je sais qu’il ne m’apprécie surement pas. Il a du entendre toutes ces rumeurs à mon sujet. Finalement à la fin du cours il m’a demandé d’aller le voir et m’a donné le programme de l’année, vu que j’étais absent à la première séance du cours. Je n’avais qu’une envie fuir Columbia et c’est ce que j’ai fait. Je n’ai même pas croisé Daniel. Il m’évite toujours et pourtant je ne peux pas l’oublier. Je déteste ça de ne pas réussir à le sortir de ma tête. J’ai fini la journée à Julliard et j’ai eu envie de passer la fin de journée au Ranch.

J’ai pris la voiture, j’ai laissé mes cours de droits dans mon sac à dos et mon sac de sport sur la place arrière, j’ai bien caché mes chaussons de danse, oui j’en ai vu que je fais de la danse classique et moi qui pensait qu’il en existait que des roses, je me suis trompé, il y en a des beiges et des noirs. Je ne suis pas encore habitué à la tenue de danse classique, mais ça viendra, elle est là aussi dans mon sac avec mon jogging, vu que je fais aussi de la danse moderne et bien sur j’ai été cherché mes bottes et mes affaires pour l’équitation. Je roule une petite heure avant d’arriver dans le ranch de mes parents et je salue les employés que je connais bien, le chef, je ne sais jamais s’il aime bien quand je viens ou pas, j’ai l’impression qu’il croit que je l’inspecte alors que non. Je veux juste m’occuper de mes chevaux et c’est ce que je fais. Je vais dans un des deux boxes voire Shadow, ma jument grise, elle a cinq ans, je m’en suis occupé depuis qu’elle est arrivée ici. Je m’occupe d’elle et de son boxe avant de lui mettre une selle et de monter à cheval. Elle a besoin de courir aussi et je vais vers le terrain de saut d’obstacles au galop. Jusqu’à ce que je voie une voiture se garer sur le parking, pendant un instant j’ai presque espéré que ça soit Daniel, mais ça ne l’est pas.

Shadow à l’air d’avoir senti que je n’étais pas attentif et elle me désarçonne. Je me retrouve sur les fesses elle à l’air de m’en vouloir que je ne vienne pas plus souvent c’est comme ça que je l’interprète moi qui pensait avoir un peu de réconfort ici, je me casse la figure et me retrouve sur le dos. Ca fait bien mal. Mon cheval part un peu plus loin, plus décidée à vouloir faire de l’exercice. Je me redresse sur les coudes et soupire. C’est Sidonie que je vois arriver. Une habituée, jolie fille, mais je ne suis pas d’humeur à draguer aujourd’hui.

Je peux dire que je suis en vacances. En quelques sortes. Ça fait quelques jours que je suis rentrée du Texas où j’ai infiltré un réseau qui faisait du trafic humain. Ça m’a bien pris plus d’un an pour récolter un maximum de preuves pour qu’on puisse le faire tomber. Un an et demi, pour être précis, à travailler comme serveuse dans un bar miteux à me laisser draguer par des hommes qui me dégoûtaient au plus au point. Par des hommes ? J’ai vraiment osé les qualifié d’hommes ? Je dois être plus fatiguer que ce que je pensais. C’étaient plutôt des monstres. Des êtres immondes qui ne reconnaissaient aucune valeur chez les femmes et les enfants. Pour eux, les femmes, c’étaient que des salopes que bonnes à ouvrir les jambes et à les servir. Et en ce qui concerne les enfants ? Je préfère oublier le traitement qu’ils leur réservaient. Mon supérieur a bien tenté, à plusieurs reprises, de faire en sorte que j’arrête de faire ce genre de mission, mais je ne peux pas. J’ai vraiment l’impression que c’est ce que je dois faire de ma vie : aider les personnes sans défenses comme les policiers ont fait en me sortant du réseau de trafic humain dans lequel mon père m’avait vendu lorsque j’avais 5 ans. Si je ne fais pas tout ça, comment je vais pouvoir redonner la chance que j’ai eu ? Alors, je tiens mon bout face à mon supérieur pour continuer ce que je fais le mieux : infiltrer des réseaux pour les détruire de l’intérieur. Peut-être que ça me tue un peu plus à chaque fois de l’intérieur, mais lorsque je vois toutes ses personnes libres à nouveau grâce à mon travail, ça compense largement.

Puis, je peux toujours me ressource, à mon retour à New-York, au ranch où j’ai mis Spirit, mon cheval, en pension. L’odeur d’une écurie, aussi étrange que ça puisse paraître, m’apaise toujours et me fait sentir comme à la maison. J’adore prendre soin de mon cheval et d’être entourer de cette atmosphère si paisible d’une écurie. Faire une promenade sur le dos de mon étalon, il n’y a rien de mieux pour se remettre d’une mission d’infiltration comme je viens de terminer. Il n’y a pas une journée où je ne suis pas venue au ranch pour voir mon cheval depuis que je suis rentrée. Et aujourd’hui n’en fait pas l’exception.

En fin de journée, je stationne ma voiture dans le stationnement prête à passer la soirée ici avec Spirit. Pourtant, en voyant un jeune homme se faire désarçonner par son cheval alors que je coupe le moteur me dit que ma soirée ne se déroulera pas totalement de la façon que j’avais imaginé. Je me dépêche à sortir de la voiture pour me rendre rapidement sur le terrain de saut d’obstacles, laissant mon équipement d’équitation dans la voiture. Je vais aller les chercher plus tard. C’est en arrivant proche que je reconnais Brad, le fils des propriétaires du ranch.

- Tu vas bien ? Rien de casser ? Je t’ai vu tombé de ton cheval.

Passer un an et demi à ne vouvoyer personne pour ne pas passer pour une snob, ça laisse des marques. Et comme ça ne fait pas encore une semaine que je suis rentrée, je n’ai pas repris l’habitude de vouvoyer lorsqu’il le faudrait. Mais tant pis, ce n’est pas si grave quand même.

Je me relève un poil agacé d’être tombé, mais c’est le lot de beaucoup de cavaliers. Je ne suis pas le premier, je ne serais pas le dernier. J’ai entendu des pas venir vers moi et je reconnais Sidonie, une habituée du Ranch. Je la regarde en me relevant et en m’époussetant un peu avant de lui dire :

« Ouai, ça va, non rien de cassé, je ne crois pas. C’est ma faute, je n’étais pas concentré, elle l’a sentie. »

Je parle du cheval évidement, elle est partie au bout du manège et me regarde d’un air qui signifie « bien fait ». Shadow est ma première jument, elle commence à avoir de l’âge, mais j’ai un peu grandis avec elle, je l’ai eu quand j’avais une dizaine d’année, on a grandit ensemble pour ainsi dire.

« Je ne savais pas que tu venais aujourd’hui, tu as tout ce qu’il te faut ? Tu sais que tu peux te servir dans les écuries. »

Je lui redis au cas ou elle aurait oublié qu’elle est chez elle. C’est un peu moi le patron ici à vrai dire, depuis que mes parents nous ont laissé le ranch, ils ne viennent pas souvent, ils me font confiance et j’ai l’habitude d’être ici, je sais ce qu’il faut que je fasse. Je fais en sorte que nos employés se sente bien ici, qu’il n’y ai pas de problèmes et que tout le monde soit bien traité, surtout les chevaux qui sont là en pension. Ca me plairait finalement d’en faire mon métier, je crois que mes parents seraient content que je prenne la relève, même si ils préféraient bien sur que je sois avocat, mais un ranch, ça rapporte plutôt bien. Ils ne seraient pas contre, contrairement à l’idée que soit danseur, ça serait mieux pour eux, mais je ne sais plus très bien ce que j’ai envie de faire.

Une fois que je suis sûr qu’il n’a rien, je laisse un sourire amusé se dessiner sur mes lèvres. Le nombre de fois que je suis tombé de Spirit… je n’ai même pas assez de mes dix doigts et de mes dix orteils pour les compter ! Et pourtant, je ne pourrais jamais lui en vouloir. Je l’aime trop !

- Ça peut être autant de mignons petits bébés que de grands têtes de mules, je connais avec Spirit.

Je me doute bien que mon cheval risque de me faire encore un peu la tête malgré le fait que je sois venue les deux derniers jours. Mais, je n’étais pas venue depuis un an et demi et c’est très long. Il me manquait tellement ! Et je sais que je lui manquais aussi. Ma seule consolation était de savoir qu’il était entre de bonnes mains dans ce ranch-ci.

- Je viens de revenir en ville, donc j’en profite pour venir voir à tous les jours Spirit question qu’il ne me fasse pas tomber comme Shadow vient de le faire avec toi.

Je ne peux m’empêcher de le taquiner un peu. Bien sûr, je suis totalement compatissante avec sa chute puisque Spirit me fait le coup à chaque fois que je reviens d’une longue mission. Puis, je lui fais un grand sourire en hochant la tête.

- Oui, oui, j’ai tout ce qu’il me faut. Tout est encore dans ma voiture. Je voulais m’assurer que tout allait bien pour toi, comme je t’ai vu tombé. Ma conscience ne m’aurait pas laissé tranquille sinon.

Je m’accoude sur la barrière qui nous sépare nonchalamment. Qu’est-ce que je me sens bien dans ce genre d’endroit ! Je pourrais littéralement y passer toutes mes journées sans aucun problème. Faire une rando sur le dos de mon étalon, il n’y a rien de mieux pour se sentir bien, apaisée et en accord avec la nature. C’est si dommage que mon travail m’amène si loin de cet endroit. Mais, c’est bien le seul problème que j’y trouve !

Je me sens ridicule d’être tombé ainsi. Ce n’est pas du tout mes habitudes de chuter, de ne pas être concentré sur ce que je fais, mais je suis assez énervé, pour ne pas changer. Je ne sais plus tellement ce que je suis sensé faire. J’ai trop de choses en tête. Je n’étais pas réellement à ce que je faisais et ma jument l’a sentie. C’est comme si elle me reprochait quelque part d’être trop éparpillé. Elle est d’ailleurs partie faire un tour à l’autre bout du manège. Je soupire alors que Sidonie , une habituée arrive.

« Ouai, ils savent y faire. »

Je la regarde un peu intrigué quand elle me dit qu’elle est revenue de mission, c’est vrai que je ne l’avais pas vu depuis longtemps. Je me relève doucement et m’époussète et je demande par curiosité :

« Tu reviens pour de bon ? »

Ce n’était pas vraiment la question que je voulais poser. Je voulais lui demander plutôt ce qu’elle faisait comme métier, je ne crois pas lui avoir déjà posé la question.

« Je viens moins qu’avant c’est vrai aussi, j’ai un peu trop de choses en tête à vrai dire. »

Je ne sais pas pourquoi je lui dis ça, peut-être que j’avais besoin de le dire à quelqu’un, je sais qu’elle ne me jugera pas, elle n’est pas comme mes parents à qui ne je peux pas dire réellement ce que je pense, ni ce qu’il se passe dans ma tête. C’est un peu compliqué avec eux, ça l’a toujours été, étrangement d’ailleurs, ils ne sont pas comme ça avec mes frères, est-ce que c’est parce que je suis adopté ? Ca aussi c’est toute une histoire.
J’acquiesce quand elle me dit qu’elle a tout dans sa voiture. Elle sait de toute manière qu’il y a tout ce qu’il faut ici. Elle est une membre habituée, mais c’est aussi important de garder de bon liens avec les clients. Je suis un peu le « chef » ici, si on veut, quand mes parents ne sont pas là. Ils nous ont carrément offert la maison à côté du ranch à mon frère et moi, mon plus grand frère n’étant pas en Amérique elle lui appartient aussi un peu, mais il ne vient jamais et ça me va très bien comme ça.

« N’hésite pas si jamais, tu sais ou c’est. »

Je préfère largement faire mon travail ici que celui pour l’université, c’est bien plus compliqué quand on fait quelque chose que l’on aime pas, même si je le fais de moins en moins. J’ai commencé déjà les cours à Julliard et je m’y plait vraiment, mais le droit je n’y arrive plus, seulement je ne peux pas dire à mes parents que j’abandonne. Ils ne le supporterais pas.

C’est fou à quel point d’avoir comme passe-temps de monter ces grosses bêtes qui pourraient nous tuer en un seul coup de sabot. Et pourtant, ce ne sont que de douces bêtes remplis d’amour et d’affection. Avec un sale caractère, je l’accorde, mais tout de même. Alors je ne peux que rigoler doucement en hochant la tête aux paroles de Brad.

- Mais qu’est-ce qu’on les aime tout de même !

Puis, je lui parle du fait que je viens de revenir en ville, donc que je profite de chaque jour pour venir voir mon merveilleux cheval. Sa curiosité m’amuse. Avant de lui répondre, je secoue la tête négativement.

- Non. Mon métier m’amène à quitter la ville régulièrement, mais je suis tranquille pour un petit moment. Comme ça fait plus d’un an que j’étais en dehors de la ville, j’ai le droit à quelques semaines tranquilles. Du moins, à rester à New-York pour préparer ma prochaine enquête. Même si j’ai une vraie bonne semaine de vacances avant ça.

Je parle trop ? Peut-être bien. Mais, c’est ce qui fait mon charme non ? Puis, c’est lui qui était curieux, donc on peut dire que je ne fais qu’assouvir sa curiosité.

- Pourtant, il n’y a rien de mieux qu’une randonnée avec son cheval pour se ressourcer et pour mettre de l’ordre dans ses pensées. Du moins, à mon avis !

Je rigole doucement en me rendant compte que j’allais presque l’obliger à avoir la même avis que moi alors que ce n’était tellement pas ce que je voulais dire.

- Sinon, il y a toujours la possibilité de partager tout ce qui se bouscule dans ta tête à un ami ou même à une inconnue pour tenter d’y voir plus clair, lui dis-je doucement en haussant les épaules.

Je ne veux rien l’obliger à faire bien sûr. Sauf que s’il est assez pris dans sa tête pour que sa jument le fasse tomber de son dos parce qu’il n’est pas concentré, ça doit vraiment être qu’il est vraiment très préoccupé.

Je hoche la tête avec un grand sourire lorsqu’il insiste sur le fait qu’il y a tout le nécessaire si jamais j’ai besoin.

- T’inquiètes, je ne me gênerais pas si j’ai besoin !

J’accompagne mes paroles d’un clin d’œil, puis je me redresse en tapant dans mes mains.

- Aller ! Va chercher ta jument, je prépare Spirit puis on va faire une randonnée. Ça va nous faire du bien à tous les quatre. Et il n’y a pas de discussion possible !

Je rajoute en lui faisant un grand sourire avant de commencer à faire quelques pas de reculons pour me rapprocher de ma voiture.