Il est tard comme toujours et la soirée est loin d’être terminé, au contraire. Elle ne fait que commencer. Si j’ai consommé ? Oui un peu, je ne vais pas le cacher, j’en ai encore besoin, c’est plus fort que moi, chaque fois que je dis j’arrête je reprends et ça me permet d’oublier certaines choses, déjà que je suis seul et que je le serais sans doute un long moment et surtout ça me permet d’oublier beaucoup de traumatismes que j’ai vécu ces dernières années. J’ai plongé facilement dans ça et si ça n’avait pas été dans ça, ça aurait été autrement, mais je ne veux pas que mon bar devienne un réseau de dealer, alors j’évite que ça s’apprenne et j’évite de laisser trainer trop de poudre. J’en retrouve régulièrement pourtant dans le bar et ça a le don de m’agacer parce que les gens ne font pas attention à ce qu’ils laissent trainer. J’aurais beau essayer d’éviter que ça devienne un passage, les bars le son souvent malgré eux. Mais j’ai du monde tous les soirs et certains soirs il y a la file pour rentrer, alors je ne dis rien, parce que c’est ce que je voulais attirer du monde. Mes loves rooms fonctionnent bien, on me les loue régulièrement, mais ce soir c’est moi qui aie un rencard avec un gars que j’ai rencontré récemment, parce qu’il vient souvent, il est mignon, un peu chiant sur les bords quand il parle trop, mais je l’aime bien. On se voit surtout pour s’envoyer en l’air et c’est bien ce qu’on va faire. J’ai prévenu le gars de la sécurité et le chef des employés que je serais occupé, ils n’ont pas posé de questions. Ils ont l’habitude que je sois occupé. Je me fous pas mal de ce qu’ils peuvent en penser et je sais qu’ils s’en fichent d’ailleurs, tant qu’ils sont payés. Je rejoins donc Brad dans la love room, il est arrivé à l’heure comme toujours, dans son beau petit costume blanc, que je mets peu de temps à lui retirer. On s’amuse un peu avant les choses sérieuses, bien entendu, c’est facile avec lui, c’est pour ça que je l’apprécie. Il ne veut pas d’attache non plus. Je crois qu’il est un peu dans mon cas, il essaie d’oublier quelqu’un sans aucun doute. On s’embrasse, presque à moitié dévêtu quand j’entends frapper à la porte. Je soupire, je croyais avoir dit de ne pas me déranger. Je m’excuse auprès de Brad qui attends sagement et je vais ouvrir, torse nu, ils ont vu bien pire, je pose une main sur la porte d’un air de dire que je vais les tuer, le tuer, c’est le gars de la sécurité. Il me dit que quelqu’un veut voir un certain Lilian qui serait propriétaire du bar. Merde. Je deviens tout blanc.

« Qu… Quoi ? »

Et puis je vois Criss. Je me pince les lèvres et sort un gros mot en espagnol. Je suis con. J’ai oublié de lui dire que j’avais changé d’identité. Je demande au gars de la sécurité de ne rien dire et je remets ma chemise pour sortir. Je laisse Brad là, désolé et je vais vers Criss avant de l’entraîner dans la love room vide d’à côté.

« Je ne m’attendais pas à te voir ici. Tu aurais dû me prévenir. J’ai oublié de te dire que je ne m’appelais plus Lilian. C’est Leeroy maintenant. »

Je suis un peu gêné qu’il m’ait vu avec quelqu’un d’autre, je crois qu’il a comprit ce qu’on faisait juste avant. C’est un peu gênant encore une fois. Je me passe une main dans les cheveux. Il a l’air un peu en colère. Merde.

« Ils ne savent pas que je suis sensé être mort. Je ne l’ai dit à personne sauf à mon meilleur ami et à une de mes amies aussi c’était différent, je l’ai connu en Californie, enfin bref, personne d’autre ne doit savoir. »

J’espère qu’il comprendra et qu’il ne m’en voudra pas trop, parce que je n’ai pas envie de le perdre alors que je viens de le retrouver. Il a toujours été important pour moi et il si il savait qu’il l’était bien plus … je m’en mordrais les doigts qu’il m’ait vu comme ça. Ce que je peux être con des fois.

Aujourd’hui a été une grosse et longue journée ! Mais qu’est-ce que j’ai adoré ma journée ! Mon nouvel agent est vraiment fantastique ! Je dois une fière chandelle à Clay pour ce coup de main. Je vois enfin mon rêve être atteignable. Je crois aussi que je vais devoir faire un choix important rapidement parce que, avec tous les contrats et propositions que mon agent me trouve, je ne pourrais pas continuer mon master en même temps. Et pour être honnête… je ne sais même pas si j’ai envie de continuer à être sur les bancs d’école. Mais je repousse ce moment où je devrais faire un choix puisque j’ai peur que ça fasse en sorte que ma grand-mère arrête de financer ma vie à New-York puisqu’elle croit que je fais de grandes études pour reprendre le business familial. Alors je vis dans le déni pour continuer à être sur mon petit nuage de bonheur grâce à ces nouvelles. Et ces nouvelles, c’est que mon agent m’a trouvé un rôle principal pour une nouvelle série ! Et en plus, elle se passe à New-York ! Et il m’a même trouvé un contrat de mannequinat pour une marque. Je vais faire un vrai shooting photo pour une marque ! Je suis vraiment trop heureux !

Après avoir passée la matinée avec mon agent à signer des contrats et à discuter de comment allait se dérouler la suite, je ne vois vraiment pas comment j’aurais pu être concentrer pendant mes cours de l’après-midi. C’était une telle torture ! En plus, je n’avais qu’une hâte : partager la nouvelle avec Lilian. Il semblait tellement vouloir que je réussisse et j’avais vraiment envie de lui dire que j’étais sur le point de commencer à réussir ! Et, accessoirement, lui demander pardon pour mon comportement de la dernière fois. Je ne pensais vraiment pas qu’il allait réagir de la sorte. Je n’ai tellement pas compris pourquoi il a fui comme ça… Alors j’espère vraiment qu’il allait me pardonner. Je ne veux vraiment pas le perdre, pas maintenant que je l’ai enfin retrouvé ! Mais, on est en journée et je me souviens qu’il m’ait dit qu’il dormait dans la journée comme il travaillait toute la nuit. Alors j’attends que la journée se finisse en tentant de me concentrer sur mes cours, ce qui n’est pas un grand succès. Puis, je tente de continuer ma dernière création pour faire passer le temps et, comme toujours, je finis totalement absorber par l’activité. Résultat ? Je sors de ma transe bien plus tard et je m’en veux parce que c’est sûr que Lilian est rendu au bar à cette heure. Mais, après tout, il m’a bien dit que je pouvais aller le voir à son bar n'importe quand, non ? Alors c’est bien ce que je vais faire ! Je me change pour une tenue bien plus approprié pour ce genre d’endroit puis je quitte l’appartement pour retrouver Lili en surprise.

La seule chose à laquelle je n’avais pas pensé était que personne n’allait connaître de Lilian parmi les employés. Pourtant, je sais que Lili ne m’aurait pas menti sur ce point. Alors, c’est bien pour ça que j’insiste. Je me fâche même à la limite. Je finis par dire :

- Je veux voir le propriétaire et je vais vous prouver que j’ai raison.

Je vois bien que je pousse à bout l’agent de sécurité, mais je n’en ai rien à branler. Je veux voir Lili. Et je sais qu’il est le proprio. Je suis soulagé lorsqu’il me fait signe de le suivre. Du moins, jusqu’à ce que Lili ouvre la porte d’une sorte de chambre, torse nu, les cheveux en bataille et clairement énervé d’avoir été dérangé. Je n’aurais pas dû venir. J’aurais pu lui écrire tout simplement à la place de vouloir lui dire en face à face. Mais non ! Je peux être stupide quand je le veux… Je fronce les sourcils lorsque je l’entends jurer. Après tout, je suis polyglotte comme je parle le portugais, l’anglais, mais aussi l’espagnol. Alors je le comprends très bien. Ça le dérange tant que ça que je sois venu le voir ? Pourtant, je me laisse entraîner par lui jusqu’à la pièce d’à côté. Alors ce sont vraiment des chambres… Il était réellement dans une chambre avec quelqu’un d’autre… Je suis vraiment stupide d’avoir cru que le gamin que je suis pouvait avoir une chance avec Lili… Comme une armure de protection ou pour montrer ma contrariété, je croise les bras contre mon torse. Ou c’est peut-être un peu des deux. Et clairement, je me mets à bouder tellement je suis contrarié lorsqu’il me dit qu’il ne s’attendait pas à me voir ici. Que j’aurais dû le prévenir. Et sa révélation sur son identité, je ne sais pas ce que je ressens face à elle. Je tombe des nues, ça s’est sûr. Comment mon Lilian ne s’appelle plus Lilian ? Mais bien Leeroy maintenant ? Et comment il peut me lancer ça comme ça ? Sans préambule. Juste comme s’il m’annonçait qu’il allait faire beau demain finalement. Je me renfrogne un peu plus.

- Tu m’as dit que je pouvais venir n’importe quand… mais je vois bien que je dérange alors je ne reviendrai plus.

Est-ce qu’il m’en veut pour la façon que nos retrouvailles se sont terminées ? Et que c’est pour ça qu’il agit comme ça ? Qu’il ne voulait plus me voir ? Arg ! C’est de la merde ! Et je n’arrive même pas à comprendre pourquoi je suis si en colère de l’avoir vu torse nu parce qu’il était avec quelqu’un d’autre prêt à faire plus que de simples câlins. Je veux que ce soit de moi qui s’occupe comme ça ! Mais ses paroles m’ont blessé. C’est comme si je n’avais pas le droit d’être ici pour le voir alors qu’il m’a dit l’inverse. Puis, il tente de m’expliquer que personne ne sait qu’il est sensé être mort. Pourtant, il y a deux personnes qui le savent et, moi, il me le dit simplement parce que je suis arrivé ici en voulant voir Lilian. Est-ce qu’il me l’aurait dit autrement ? Je suis vexé. C’est peut-être enfantin, mais je m’en fous. Je suis vexé.

- C’est bon. Je ne dirais rien. Je vais même te laisser retrouver… la personne avec qui tu étais… Je ne voulais pas déranger…

Je marque une pause avant de tourner les talons pour sortir de la pièce et ainsi le laisser retrouver ses occupations précédente.

Mon ton n’était sans doute pas très chaleur et je m’en rends compte en allant dans l’autre pièce à côté, c’est à peu près la même que celle ou j’étais avec Brad, les couleurs sont simplement différentes, j’ai changé les néons pour qu’elles ne soient pas tout à fait pareil, qu’il y ait deux ambiances. Je n’arrive pas à croire que je sois en peignoir presque nu face à Criss, pourtant il en a vu d’autre venant de moi, mais c’est différent ce coup-ci, je sens qu’il est agacé.

« Non c’est vrai, tu peux venir quand tu veux, je ne m’attendais simplement pas que tu me vois … Comme ça …même si tu as vu pire au fond. »

Je me passe une main derrière la tête, ça me met toujours mal à l’aise qu’il m’ait vu avec un autre, avant ça ne m’aurait pas tant dérangé, j’étais avec Luis et au début je l’aimais, mais maintenant c’est différent, parce que c’est lui qui me plait. Je ne sais pas comment je suis sensé lui expliquer ça, il risque de me prendre pour un fou. Il me dérange un peu, c’est vrai, on ne va pas le cacher, mais je ne veux pas qu’il s’en aille pour autant. Il a l’air un peu fâché que je ne lui ai rien dit pour mon changement de prénom et là encore ce n’était pas comme ça que je voulais qu’il l’apprenne.

« Je suis désolé que l’ait appris comme ça, j’allais te le dire, j’ai juste oublié la dernière fois j’étais complètement bourré, tu te souviens ? je n’avais pas les idées très claires. »

J’ai même cru un moment que je l’avais imaginé, jusqu’à ce que je me réveille le matin chez lui et j’aurais pu lui dire là, mais j’étais agacé parce qu’il me parlait d’un autre, on est vraiment doué, ou pas.

« Ne t’en va pas, ce n’est pas ce que tu imagines. Je ne sors pas avec lui, c’est juste … »

Sexuel … ouai carrément, pourquoi j’ai autant de mal à l’avouer devant lui sans me sentir rougir et sans me sentir nul ? J’imagine que c’est parce que je suis attiré par lui et que je ne voulais pas qu’il connaisse cette partie là de moi.

Je n’arrive pas à déterminer comment je me sens. Triste de l’avoir vu avec quelqu’un d’autre ? En colère par sa réaction en me voyant ? Blessé par ses paroles ? J’en ai aucune idée. Tout ce que je sais est que je me sens assez mal pour ne plus avoir envie d’être ici et lui dire que j’ai enfin signé pour mon premier rôle principal et pour un contrat de mannequinat. Mais, je n’ai pas envie de partir comme ces filles déprimantes dans les films. Celles qui partent en courant et en larmes. Je n'ai pas envie de faire comme ces filles. Alors je m’accroche à ma colère pour éviter de sombrer dans la tristesse. Je hausse mes épaules à ses paroles. C’est vrai que j’ai vu pire. Je l’ai déjà surpris en pleine ébat avec Luis il y a longtemps. C’est même comme ça que j’ai appris qu’il était avec lui. Ou tout simplement avec quelqu’un. Pourtant, ce n’est même pas ça qui me blesse le plus. Ce sont vraiment ses paroles et sa première réaction en me voyant.

- T’en fais pas, je ne reviendrais quand même plus. Comme ça tu pourras continuer tes affaires sans te soucier que je ne débarque à nouveau à l’improviste.

Je sais qu’il a, à nouveau, affirmé que je pouvais venir quand je voulais, mais l’envie de venir passer des soirées ici pour voir Lili-, non Leeroy travailler vient de me passer tout d’un coup. S’il veut draguer et baiser qui il veut, mais que je le dérange, je préfère ne plus venir ici. Peut-être que je n’ai plus de place dans sa nouvelle vie. En fait, peut-être que je n’ai jamais eu de place dans sa vie à bien y penser. Autant dans sa vie d’avant que celle de maintenant. Et que c’est pour ça qu’il agit comme ça avec moi. Je n’étais peut-être, comme je le redoutais, qu’un simple gamin qui le suivait, donc un boulet qu’il devait se trimbaler.

- Le lendemain matin tu ne l’étais plus vraiment pourtant. Puis, quand on parlait par sms et que je t’appelais Lilian, ça ne t’a jamais passé par la tête de me le dire ? Je ne suis peut-être pas assez important pour le savoir. Après tout, je ne fais parti de ton ancienne vie. Je suis peut-être mort avec elle lorsque tu as fait croire à ta mort. Ça expliquerait tout.

Et maudit que je m’en veux de sentir les larmes me monter aux yeux. Et encore plus en commençant à voir brouiller à cause de ces derniers. Je tente même de partir pour éviter de faire comme les dramaqueen dans les séries, mais ses paroles me retiennent. Je me tourne un peu vers lui en fronçant les sourcils.

- Tu crois que c’est ça qui me dérange ? Tu peux bien baiser avec n’importe qui, je m’en fous. Même que je vais te laisser retourner avec lui. Le pauvre, il doit vraiment se sentir nul pour que tu l’ais abandonné comme ça le cul à l’air.

Je tente de toute mes forces de retenir mes larmes. Je ne veux pas lui faire se plaisir de fondre en larmes devant lui. Mais ma vision est tellement brouillée à cause de ses dernières que j’ai de plus en plus de misère à distinguer la porte parmi les néons et tout le reste. En plus, les paroles que je viens de lui balancer m’ont écorché la gorge. C’est tellement loin de la vérité, mais je veux préserver une certaine image face à la situation. Même si, visiblement il n’y a aucune chance entre nous, je ne veux pas qu’il voit en moi encore le gamin que j’étais en Espagne avant sa « mort ».

Je soupire, ce n’était pas du tout ce que je voulais dire. Je ne voulais pas qu’il le prenne mal, qu’il s’en aille aussi vite, ni qu’il me voit comme ça, à moitié nu. Je n’avais pas prévu qu’il viendrait c’est vrai, encore moins qu’il utiliserait mon ancien prénom, mais c’est ma faute je ne lui avais pas dit. Je me passe une main derrière la tête avant de lui dire ;

« Criss … je suis désolé, ne le prends pas comme ça, je n’ai pas voulu dire ça. Vraiment, j’ai été surpris c’est tout. »

Je fronce les sourcils et lève les yeux au ciel, vraiment ? Il croit vraiment ça ? Il a tort, si seulement j’arrivais à lui dire que j’ai souvent pensé à lui. Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai pas dit, peut-être parce que je ne voulais pas mentir, pas à lui alors je lui dis :

« Ce n’est pas ça, je ne voulais pas te mentir à toi aussi, tu sais tout, tu es le seul à tout savoir, il y a des choses que je n’ai jamais raconté à mon meilleur ami, je lui ai dit que récemment. Je n’aime pas être … quelqu’un d’autre, enfin je n’aime pas tellement entendre ce nouveau prénom, je me suis un peu emporté tout à l’heure parce que j’ai eu peur que ça soit … qu’on m’ait retrouvé. Il vaut mieux éviter de le prononcer quand même. Tu es le seul qui sait tout crois moi. »

Je me passe une main dans les cheveux et croise les bras, je voudrais aller vers lui et le prendre dans mes bras, mais j’ai peur de faire pire que mieux et ce qu’il me dit me met quelque peu en colère. Je ne dis rien du tout. Il ne comprends pas. Je ferme les yeux et soupire.

« Alors vas-y si c’est ce que tu penses ! »

Oui je suis un peu en colère alors que c’est moi qui ait provoqué tout ça. Je me sens vraiment ridicule.

Je tente de contrôler mes larmes. Je n’ai pas envie de fondre en larmes devant lui. Je ne veux pas lui offrir cette victoire. Mais, mon cœur souffre tellement que c’est de plus en plus dur de garder le contrôle. Moi qui étais si heureux de le revoir, de le savoir ne vie et à New-York ! À une porte de chez moi, comme avant ! J’étais si heureux de lui annoncer que j’avais un contrat avec Prada pour une publicité ! Et, en plus, que j’avais décroché un rôle pour une série ! Un rôle principal ! J’étais certain qu’il allait être heureux pour moi et qu’on allait pouvoir fêter ça autour d’un verre. J’avais même prévu de prendre mon courage à deux mains pour lui dire que je l’aime. Encore et toujours. Que je veux être celui qui lui fera oublier les mains de Luis sur son corps. Qui lui fera découvrir ce que ça devrait être le véritable amour. Or, tout ça est réduit en miettes. Comme mon cœur. J’ai tellement mal. Je crois que je souffre plus que le jour où j’ai appris pour sa « mort ». Je n’y croyais pas ce jour-là. Cependant, aujourd’hui, je ne peux qui croire.

- Pourtant, c’est ce que tu as dit… Surpris ou pas. Justement, tu n’as pas eu le temps de réfléchir et la vérité est sortie d’elle-même.

Je croise les bras contre mon torse, comme si ça allait me protéger. Dire que j’étais sur un petit nuage en arrivant ici. La chute est rude. Très rude.

- Je sais tout simplement parce que je fais parti de ton passé. Si je n’avais pas été là, est-ce que tu m’aurais tout dit alors que tu n’as même pas pensé me dire pour ton changement d’identité ? J’en doute fortement. Mais, c’est bon, je ne suis plus un gamin, je vais m’en remettre.

Suis-je cruel avec lui ? J’en ai aucune idée. Je sais juste que je n’en peux plus de cette situation et que j’avais envie de fuir ce bar. J’ai envie de pleurer librement toute cette souffrance que je ressens. J’ai envie de voir Lesli. Je veux Lesli. J’ouvre grand les yeux à ses paroles. Alors c’est comme ça ? C’est noté.

- Parfait !

Je crache avec un dernier regard vers lui avant de tourner les talons pour sortir de cette pièce en claquant la porte. La musique du bar enterre le bruit, mais je m’en fous. Le mouvement a libéré une partie de ce que je ressens. Minime, certes mais tout de même. J’ai besoin d’air frais. J’ai besoin de sortir d’ici. À force de retenir mes larmes, j’ai réussi qu’une chose : me faire mal aux poumons à un tel point que c’est compliqué respirer. Je veux juste sortir, m’éloigner de cet endroit, de lui le plus vite possible.

Qu’est-ce que je peux être un crétin, toujours ce petit con que j’étais quand j’avais dix-sept ans, mais j’ai grandi et pourtant quand je vois comment il réagit, je me dis que non, malgré tout ce qui m’est arrivé je n’ai pas changé. Je m’assois sur le bord du lit et soupire. Je n’ai jamais voulu que ça tourne comme ça.

« J’étais ivre quand on s’est recroisé l’autre soir et le matin je ne suis jamais très bavard. Je n’y ai plus pensé, j’aurais dû te le dire. Je suis désolé, ça m’a surpris que tu m’appelle comme ça, je ne supporte plus cette ancienne vie. Tu peux le comprendre non ? Et ça ne veut pas dire que je ne suis pas content que tu sois là, au contraire. C’est juste plus difficile. »

Je ne suis pas sûr que ça le convainc vraiment, il a vraiment l’air remonté et même si je suis un peu plus calme je suis toujours agacé qu’il le prenne comme ça. Est-ce qu’il imagine une seule seconde que le fait de le voir ici me rappelle qu’il avait essayé de me prévenir et que je n’ai jamais rien écouté ? Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il me mettait en garde. Je ne voulais pas l’écouter et je l’ai souvent ignoré. Il ne sait pas que je m’en veux encore. Il n’est plus un gamin ça non. Je ne vois pas tellement ce que je peux ajouter de plus. Il semble complètement bouleversé par tout ça et je comprends, il se rend compte que j’ai été un menteur toute ma vie, que je le suis encore sans doute. Et il s’en va, me laissant là comme un idiot. Bravo Lee, tu as tout gagné, et tout perdu en même temps. Comment est-ce que je peux être aussi stupide ?
Je me laisse tomber en arriève sur le matelas et je regarde le plafond. Je prends l’oreille et l’enfonce sur ma tête pour hurler librement sans que ça ne pose trop de questions. J’ai besoin de cinq minutes encore avant de retourner voir l’homme dans la pièce à côté, enfin l’homme … le jeune homme disons, mais pour le moment j’ai besoin de souffler.

FIN