J’ai encore du mal à me faire à ma grossesse, je ne veux pas qu’elle devienne encore plus réelle. Et pourtant, cela va bientôt commencer à se voir. Enfin à se voir réellement malgré mes pulls plus larges et mes blouses plus amples. Je commence à avoir du mal à rentrer dans mes pantalons. J’ai un petit bidon qui commence à se remplir. Je n’en ai parlé à strictement personne jusqu’à aujourd’hui, le jour de mes quatre mois de grossesse. Là, il est temps que je l’annonce à la seule personne qui m’importe. A la seule et unique personne à qui j’aimerais l’annoncer, qui en est digne, mon ami Aiden. En plus, vu ses réponses à mes messages, c’est le bon moment pour lui changer les idées ! Il semblait vraiment aller mal ! Je suis en bas de jogging et avec un tee shirt appartenant à un de mes exs amants. Faut bien que je trouve des vêtements dans lesquels je me sens à mon aise non ? Je n’ai rien acheté à manger, mais je compte bien appeler tous les traiteurs que nous voudrions pour nous engouffrer ce que nous désirons manger. Ça dépendra de ses envies ! J’ai mis des bougies à l’odeur de vanille, la seule odeur que je supporte encore sans avoir envie de cracher mes tripes. On m’avait dit que les nausées arrêteraient avec le deuxième trimestre, mais chez moi, c’est encore pire. Enfin soit, je vais devoir subir encore quelques mois les nausées, les seins qui gonflent et puis je vais bientôt ressembler à une montgolfière humaine.

Je prépare juste avant qu’il n’arrive les draps et les nouveaux coussins que j’ai acheté pour l’occasion, pour qu’on puisse faire son lit dès qu’on aura envie de s’écrouler. Puis j’ai sorti trois grands plaids tout doux pour s’y glisser en regardant la télévision, car malgré le chauffage qui fonctionne bien, j’aime être à mon aise et dans des couvertures toutes douces pour la soirée chill. Oui oui, je sais que je n’ai rien de quelqu’un de matérialiste, mais j’aime mon confort tout de même ! Mais j’ai à peine fini de tout installer que j’entends frapper à la porte. Je cours alors pour aller lui ouvrir et je le prends dans mes bras dès qu’il passe la porte. Et je lui réponds en relâchant ma pression « On s’en fout des pop corn, l’important est que tu sois là ! » Je lui présente mon studio style industriel. Il est grand et la seule pièce qui est cloisonnée c’est une salle de bain. Le reste est totalement dans une pièce unique et immense. J’ai adoré cet endroit car j’ai tout de suite flashé, il ressemblait au loft qu’avait le personnage féminin principal dans Flashdance. Le film original bien entendu ! J’aime pas les remakes ! Je referme derrière lui et je lui dis « Tu es ici chez toi,tu fais comme tu le désires et tu ne te gênes de rien ! » Je vois qu’il a des tous petits yeux, je ressens qu’il n’a pas la même joie de vivre qu’à chaque fois qu’on se voie et encore moins par rapport à la dernière fois. Je lui montre alors le divan et je lui demande « Tu veux boire quoi ? Bière, soda, whisky, café peut être ? » Je vais dans mon frigo pour me prendre un jus d’orange et je lui prends ce qu’il désire. Je reviens au salon et je lui demande « Explique moi, c’est quoi cette petite tête ? »

Je peux me passer des popcorns, mais pas de sa présence. Je crois sincèrement que Aiden est mon seul véritable ami. Il ne sait pas, je crois, à quel point, il est important pour moi. Il a été un des premiers à me parler, à passer du temps avec moi, à être présent sans poser de questions indiscrètes. Et puis, on a la musique en commun. On aime la musique, on aime la jouer, on aime l’entendre et surtout on aime la créer. Notre imagination est sans aucune limite sur ce sujet-là ! Et j’en sais quelque chose ! Je n’ai pas grand chose de très personnel dans mon loft, mais j’ai un piano dans un coin, face à une fenêtre. C’est mon seul bien important ! Le seul qui est pour moi comme un trésor, tout le reste peut être dérobé ou brisé, j’en ai rien à foutre, mais pas mon piano. La même marque, le même style que celui sur lequel j’ai appris à jouer avec ma grand-mère. Je le prends dans mes bras et puis je le laisse entrer chez moi. Enfin chez lui aussi pour quelques jours ! Je lui propose alors de boire quelque chose et il se prend une bière. Je lui fais un sourire en allant vers la cuisine et je nous prends de quoi boire en discutant. Je crois qu’on va avoir de quoi parler, vu sa petite tête, je ne suis pas la seule à avoir des soucis. Dans mon frigo, je n’ai pour lui que de la blonde, bien fraîche, mais j’espère que ça lui conviendra.

Je reviens alors avec mon jus de fruits et sa bière que je lui tends en m'asseyant sur le divan. Mais quand il me dit qu’il n’y a rien qui le travaille, je ne lui poserai pas plus de questions, parce que c’est pas mon style, mais j’espère qu’il m’en parlera par la suite, car je ne suis pas dupe, je vois très bien qu’il ne va pas bien du tout. Il ne faut pas être devin pour le remarquer. Je plie mes jambes sur le côté et je lui dis après avoir bu une petite gorgée de mon verre qui me donne encore la nausée. Parlez moi de nausées matinales en soirée, merde ! Je prends une grande respiration, je pose mon verre sur la table basse et je lui dis « Quand je t’aurai annoncé la nouvelle, tu vas tellement comprendre que ça me travaille, que tu oseras peut-être me dire ce qui te travaille toi ! » Je le regarde dans les yeux et puis, même sans courage faut bien que je me lance « Je suis enceinte de quatre mois et j’ai décidé de le garder ! » Et voilà, ça parait totalement réel maintenant. Tellement que je sens la nausée me monter, mais je ne cours pas aux toilettes, car je ne veux pas être coupée toutes les cinq minutes dans mes phrases. Je me mets alors à rigoler et je lui dis « Tu trouves pas que ça commence comme une mauvaise blague ? Moi ? Enceinte ? » Il me connait assez pour savoir que je tiens à ma liberté et que je ne veux pas de réelles attaches et hop, je vais m’en faire moi-même en gardant cet enfant !