TW : Tentative de suicide





Il y avait longtemps que je n’avais pas fait de courses, que je n’étais pas retournée sur un circuit, enfin longtemps … disons depuis mon accident ça fait six mois. Une demi année … mais j’ai dû y retourner, il le fallait. J’ai besoin de remonter en selle, j’ai besoin de faire autre chose. Je suis remonté plusieurs fois dans la voiture cette semaine et ça a été très difficile pour moi, mais j’ai fait avec. J’ai essayé d’oublier ce que je voyais, j’ai essayé d’oublier les flash-backs et comme ce n’était que des courses d’entraînement, j’ai pas mal bu après les entraînements. Je suis arrivé pas mal en retard, mais pour le moment j’arrive à planquer ma gueule de bois. Seulement aujourd’hui c’était la vraie course et je ne pouvais pas me permettre d’arriver ivre sur le circuit. Je n’ai donc pas bu, mais ça me manquait déjà et je le sentais. Je me suis préparé j’ai enfilé ma combinaison à la couleur de mon équipe et des sponsors. Je me suis installé au volant et je ne sais pas pourquoi ce coup-ci quand j’ai entendu le signal de départ, je suis resté incapable de démarrer pendant quelques instants. Tout est encore revenus. Des précieuses secondes. J’ai finalement démarré et j’ai tenté de rattrapé mon retard. Je suis arrivé cinquième … pas si mal pour une reprise après un accident, mais pas parfait.

J’ai eu besoin de me changer les idées. J’ai eu besoin d’aller boire un verre surtout. Il était environ vingt et une heure après la course. J’ai écumé quelques bars, j’ai fait un peu la fête, même si je n’ai rien à fêter. Je voulais juste oublier. Je suis allé dans mes endroits habituels, mais je sais que je n’y trouverais plus Aiden. Je ne pourrais plus me perdre dans ses bras, il a d’autre chose à penser lui aussi en ce moment. Je voudrais me perdre dans ceux d’Axel surtout, mais là encore ce n’est pas possible. Je ne fais pas d’illusion et puis je reprends ma voiture, la mienne, pas celle de la course qui n’est finalement pas à moi, même si je roule avec, là c’est une de mes voitures. Ça y est je reconduis, mais ce n’est pas tellement une bonne chose surtout quand on est ivre comme je le suis. Je reste un moment devant le volant avant de me décider à rouler, sans vraiment de but. Je ne veux pas rentrer à la maison.

Je sais ce qui m’attends, la solitude, même s’il y a mes sœurs, je sais que je devrais être reconnaissant, que je devrais m’occuper plus d’elles et qu’elles aussi ont perdus Charles, mais je n’arrive pas à me défaire de cette idée que j’étais le proche, est-ce que c’est égoïste ? Sans doute ou alors c’est parce que je culpabilise. Je fini par rouler un peu plus vite et de nouveau des flashs surgissent. Je le revois à côté de moi étendu. Quand je reviens à la réalité j’évite de justesse une autre voiture en faisant une embardée et je me retrouve à foncer sur le trottoir dans une barrière qui stoppe la voiture. L’air bag se déclenche. Je suis un peu sonné, mais je sors de la voiture, l’appartement n’est pas très loin à vrai dire, je reconnais l’endroit alors je fini à pied. J’erre dans la rue avant de me retrouver devant chez moi et monter dans la l’ascenseur. Je me regarde dans le miroir, je fais peur à voir, ma tête à sans doute cogné un peu plus fort que je ne pensais, mince, je sais que Clara à une trousse de secours, mais en réalité je m’en fiche un peu.

Je veux juste que ça s’arrête. Je vais dans ma chambre, je ferme la porte, l’appartement à l’air vide finalement, ou elles sont en haut dans leur chambre. Je reste un moment sur mon lit avant de me décider. J’en ai tellement assez de tout ça, je ne supporte plus ma vie. Je retiens mes larmes, à quoi bon craquer maintenant ? Je me relève, j’écris une lettre pour mes sœurs, je ne peux pas leur dire en face et j’aurais aimé que Charles nous dise pourquoi il a fait ça aussi, alors je le fais, qu’elles comprennent à quel point je me sens mal à quel point je n’en peux plus. J’envois aussi un message à Axel, le remerciant de tout ce qu’il a fait pour moi et je vais m’enfermer dans ma salle de bain.

Quand Clay m’a appris qu’il allait reprendre la course et que ça allait être rapidement, j’ai cru mal entendre. Lui qui n’arrivait même pas à conduire il y a encore peu, il va faire une course ! N’est-ce pas trop rapide ? C’est bien la première question qui m’est venu. En discutant avec Clara, je me suis rendu compte rapidement qu’elle aussi le pensait. Mais, on n’a rien dit. Si Clay se sentait prêt, qui sommes nous pour lui dire qu’il ne peut pas ? C’est bien pour ça que je me retrouve dans les gradins, comme à chacune des courses de Clay – dans un rayon pas trop éloigné de New-York – pour le voir courser. Pourtant, aujourd’hui, je n’étais pas aussi serein que toutes les autres fois. J’avais cette boule au ventre qui ne voulait pas me quitter et je savais très bien pourquoi : les images de son accidents me hantent. Si je me retrouve dans cet état, comment Clay se sent ? Ça me tue de ne pas pouvoir être à ses côtés dans ce moment important. Qu’est-ce que j’aimerais être la dernière personne à lui parler avant qu’il ne commence sa course et la première lorsqu’il l’aura fini. Mais je n’ai pas ma place en bas. Ma place est ici, dans les estrades. Les coureurs placent leur voiture sur la ligne d’arrivée et, comme dans un réflexe, j’attrape la main tremblante de Clara pour la soutenir. Je l’avoue, c’est aussi pour pouvoir me retenir à quelque chose. Mon souffle se coupe lorsque je vois tous les participants s’élancer sur la piste, mais pas Clay. Est-ce qu’il va bien ? Qu’est-ce que j’aimerais être à ses côtés pour le rassurer. C’est seulement lorsqu’il démarre à son tour que je sens une partie de notre stress, à Clara et moi, s’échapper dans un long soupire. Voilà. Le moment crucial est arrivé. Il ne reste plus qu’à croire en Clay maintenant.

Il est arrivé cinquième ! Mon Clay a fini cinquième pour sa course de retour. Qu’est-ce que je suis fier de lui! Si fier ! J’aurais voulu lui dire en face et le serrer dans mes bras pour fêter ça, même si je sais qu’il n’est pas trop câlin, mais je n’ai pas pu rester bien plus longtemps que quelques minutes après ma course. J’avais déjà promis de passer la soirée avec ma sœur et mon frère. Ils ont déjà été très gentil d’accepter que je les rejoignes plus tard pour que je puisse assister à la course de Clay. Ils savent pour l’amour que je lui porte. Ça ne fait pas longtemps qu’ils ont arrêté de tout faire pour que je finisse par avouer mes sentiments à Clay. Ils ont compris que je ne voulais pas prendre ce risque. En fin bref, j’ai demandé à Clara de me tenir au courant de comment était Clay après sa course ou sur n’importe quel sujet qui concerne Clay. Puis, je suis parti l’esprit un peu plus en paix retrouver ma sœur et mon frère.

La soirée se passe bien. On rigole beaucoup. Ils m’avaient manqué mine de rien. Je m’étais tellement plongé dans le travail pour tenter d’oublier l’absence de Charles que j’avais fini par les négliger aussi. On passait pratiquement plus aucun temps ensemble et, ce soir, je me rends compte à quel point ils m’avaient manqué. Mais, comme rien ne pouvait se passer totalement parfaitement, un mauvais présentiment a fini par me prendre plus tard dans la nuit. Mon frère dormait déjà, la tête sur les jambes de notre sœur et, elle et moi en profitions pour parler de choses un peu plus sérieuses. Peu de temps après l’apparition du présentiment, mon téléphone à sonner mon m’alerter d’un nouveau message. En le regardant, j’ai vu que c’était Clara qui me disait qu’elle n’avait pas vu son frère depuis que la course était terminée et qu’elle vient de retrouver sa voiture accidentée. Comme elle ne voulait pas prendre le risque que Cléo tombe sur une scène traumatisante, elle voulait que j’aille chez eux pour m’assurer que Clay était correct. Et s’il n’y était pas, de lui dire puisqu’elle allait continuer à le chercher dans les rues de New-York. Surement que mon visage s’est décomposé en lisant son message puisque ma sœur m’a dit d’y aller avant même que je n’ouvre la bouche. Après un gros bisous sur sa joue, je file à l’entrée pour mettre mon manteau et mes bottes, puis je sors de chez moi pour rejoindre le domicile de Clay en croisant les doigts pour qu’il y soit et qu’il soit correct. À peine sorti, je reçois un sms de ce dernier qui me remercie de tout ce que j’ai fait pour lui. Et voilà que mon présentiment se transforme en certitude. Ça ne va pas avec Clay et je dois vraiment me dépêcher pour le retrouver. En espérant qu’il soit chez lui et qu’il n’ait pas fait de connerie.

Après un trajet qui m’a semblé durer des heures, j’arrive enfin en bas de son immeuble. Je ne prends même pas la peine de faire semblant de vouloir prendre l’ascenseur puisque je me dirige aussitôt dans la cage d’escalier que je monte par deux. En temps normal, je serais à bout de souffle une fois arrivé à sa porte, mais faut croire qu’à cet instant, j’ai beaucoup trop d’adrénaline dans mon système pour l’être. J’entre dans l’appartement sans me poser plus de question que ça sur le fait qu’elle soit débarré et j’appelle aussitôt Clay. Je regarde dans les pièces que je croise s’il est là jusqu’à ce que je me retrouve devant sa chambre. Mon instinct me dit qu’il est là alors je n’attends pas plus et rentre pour me rendre finalement dans sa salle de bain où je fige un instant en le retrouvant inconscient dans sa baignoire remplie. Ressaisi-toi Axel ! Ce n’est pas le temps de perdre ses moyens ! J’enlève rapidement mon manteau que je laisse tomber je ne sais où, puis je sors Clay du bain rapidement pour le déposer sur son lit. Je m’en fous si son lit fini détrempé. Je regarde rapidement ses signes vitaux pour trouver son cœur qui bat faiblement et lentement tout comme sa respiration. Je retourne rapidement à la salle de bain et y trouve ce que je cherchais : les somnifères et une bouteille d’alcool. Putain ! Clara m’a dit qu’elle avait mis où déjà le naloxone ? Ah oui ! Avec la trousse de premier soin dans la cuisine. Au pas de course, je vais la chercher et revient au côté de Clay. J’attrape le naloxone dans la trousse et l’injecte à Clay priant pour que ça fasse effet rapidement. Ok. Je dois appeler les secours maintenant. J'aurais du le faire dès que j'ai vu que Clay avait les signes d'une overdose d'opioïdes, mais mes réflexes d'infirmier ont pris le dessus. Je ne suis pas équipé pour faire face à des complications. J’ai les connaissances, mais pas les outils. Alors j’attrape mon téléphone, compose le 911 et demande d’urgence une ambulance à l’adresse où je suis en donnant tous les détails que je peux à la répartitrice. Puis, après je me concentre sur Clay en lui caressant le visage et les cheveux. Je vérifie régulièrement ses signes vitaux ne voulant pas avoir de mauvaises surprises. C’est alors qu’une lettre attire mon regard. Elle est adressée à ses sœurs, mais je l’ouvre quand même. Je ne sais pas si je vais la laisser aux filles pour qu’elles puissent la lire, mais je veux quand même savoir quoi leur dire avant d’être sûr à 100% qu’il va s’en sortir. Et il le faut ! Clara et Cléo ne méritent tellement pas de perdre leur deuxième frère en si peu de temps. Pas après tout ce qu’elles ont traversé. Je fige une seconde fois en peu de temps en lisant que Clay m’aime, mais qu’il ne veut pas me l’avouer puisque je suis sorti avec Charles. J’ai pas le temps d’analyser et de digérer cette nouvelle que les ambulanciers arrivent. Je leur explique en détails la situation pendant qu'ils fassent leur travail, puis je les suis dans l'ambulance. Aucune chance que je laisse Clay seul deux instants. Il m'aime comme je l'aime. Alors, c'est vrai maintenant qu'il ne pourra plus se débarrasser de moi. Depuis le premier jour que mon coeur bat pour lui alors je ne le quittera plus.

La preuve : je suis sur une chaise inconfortable, sa main dans la mienne, depuis je ne sais plus combien de temps. Depuis qu'on a embarqué dans l'ambulance, j'ai perdu la notion du temps. Je sais juste que Clay a eu un lavage d'estomac pour lui enlever les médicaments et l'alcool présent et qu'il est maintenant dans sa chambre que je n'ai pas quitté. J'attends son réveil avec tellement d'impatience.

Je ne me souviens pas de grand-chose, si ce n’est que j’ai ressenti la présence d’Axel alors qu’il me sortait de la baignoire. J’ai eu comme l’impression de sortir quelque peu de mon corps, c’était bizarre et ça n’a duré qu’une toute petite seconde, bien sur c’est comme si c’était un rêve pour moi. J’étais là sans être là. J’ouvre doucement les yeux, sans comprendre réellement ce que je fiche ici. Mes doigts serrent ceux d’Axel, instinctivement, c’est presque un réflexe. Je tourne la tête vers lui, endormi, il est resté là combien de temps ? Et moi ? Pourquoi je suis là ? Pourquoi je suis encore là ? C’est le brouillard dans ma tête. Je vois la perfusion, je comprends que j’ai du faire une overdose. J’ai vraiment tout oublié, un peu comme si on venait de me réinitialiser.

« Axel ? »

J’espère ne pas le réveiller vraiment, mais je ne sais plus pourquoi je suis là. Ni ce qu’il s’est passé. Enfin plus totalement. Je me rappelle de la course, je me rappelle de mon faux départ et d’avoir été dans des bars ensuite puis … c’est le flou. Je me sentais mal. Ca faisait plusieurs jours que je me sentais mal, plusieurs année même. Je fronce les sourcils et je le regarde me demandant ce que je fou là et je demande :

« J’ai refais une overdose c’est ça ? »

Ce n’est pas la première, loin de là, la dernière c’était avec Cole, enfin c’est lui qui m’a autorisé à sortir, c’est comme ça que j’ai su qu’il était de retour et je l’avais assez mal pris. Je suis un peu confus, beaucoup tout est embrouillé dans mon esprit et c’est assez bizarre. J’ai le sentiment que ce n’est pas qu’une overdose. Je me pose beaucoup de questions, pourquoi est-ce qu’il a l’air si fatigué et si … je ne sais pas je dirais triste. Je me souviens qu’il était là avec Clara et que je suis parti comme un voleur, je ne voulais pas parler aux journalistes, je ne voulais pas avoir à fait à eu et j’avais besoin de … boire. Ca je m’en rappelle, la suite est floue. Beaucoup trop pour que je sache ce qui m’est arrivé.

« Je suis là depuis longtemps ? »

Je demande. Parce que j’ai un peu perdu la notion du temps.

J’ai clairement fini par m’endormir sur cette chaise inconfortable attendant que Clay se réveille de cette overdose. Pourquoi j’en suis sûr ? Simplement par le fait que je crois que la pression que Clay fait sur mes doigts est dans mon rêve où je vis une belle vie à ses côtés. Où nous sommes amoureux et heureux comme jamais. Je doute aucun instant qu’un léger sourire se retrouve sur mes lèvres. C’est finalement sa voix qui me fait papillonner des paupières et je finis par poser sur lui mes yeux où la fatigue et les marques de larmes doivent se trouver encore. Pourtant, en le voyant enfin réveiller, un sourire un peu plus franc se dessine sur mes lèvres alors que je me redresse pour me rapprocher de son lit, donc de lui, en serrant un peu plus sa main dans la mienne. Je finis même par entrelacer ses doigts avec les miens que je recouvre de mon autre main.

- Hey…

Que je murmure avant de déposer un baiser appuyé et long sur sa main. Faut vraiment croire que le simple fait de savoir que mes sentiments envers lui sont réciproques pour que je n’arrive plus à me contrôler face à lui. Quoique j’arrive à résister à l’envie de me coucher à ses côtés dans ce petit lit et ainsi le serrer dans mes bras où je pourrais le protéger du reste du monde. Mais, je me retiens puisque je connais Clay et je ne veux pas lui faire peur et qu’il s’éloigne. J’ai tellement eu peur de le perdre que je refuse de le voir ériger encore un mur entre nous. À sa question, je sens les larmes me brouiller à nouveau les yeux. Je le revois presque sans vie dans la baignoire et juste cette image pourrait me faire fondre en larme à nouveau. Mais, je prends une grande inspiration, en serrant un peu plus sa main entre les miennes, tout en hochant la tête.

- Je suis arrivé juste à temps pour te sauver…

Une petite voix accompagne mes paroles où on entend toute sorte d’émotions qui m’étranglent. Je ferme les yeux fortement le temps de me reprendre avec une grande respiration. Puis, je me redresse ne voulant pas le laisser voir toute la détresse qui m’habite depuis que Clara m’a dit qu’elle n’arrivait pas à le retrouver. Qu’elle avait simplement retrouver sa voiture accidentée. Cependant, j’arrive pas à me retenir de lui caresser sa joue et ses cheveux, tenant toujours l’une de ses mains dans la mienne où je dépose un nouveau baiser.

- Une vingtaine d’heures surement. Je t’avoue que j’ai perdu la notion du temps un peu. Je vais pouvoir avertir tes sœurs que tu es réveillé maintenant…

Et pourtant je ne fais aucun geste pour faire ce que j’ai dit. Oh non. Il y a bien quelque chose de bien plus important qui veut sortir d’entre mes lèvres. Je le laisse alors sortir. Tant pis si ce n’est pas le bon moment.

- Tu sais… Je… Je t’aime… Mais, genre vraiment. Depuis le premier jour où je t’ai vu. Je sais, j’ai fréquenté Charles, mais on avait aucun sentiment l’un pour l’autre. C’est en le fréquentant que j’ai réalisé que je t’ai toujours aimé. Il m’encourageait de te le dire, mais j’ai toujours eu peur de te perdre si je te le disais. Mais… Mais je sais maintenant que c’est réciproque. Mais je comprendrais que tu ne veuilles qu’il ne se passe rien de plus avec moi pour ne pas rompre ta promesse avec Charles. Je… Je te promets de rester le même meilleur ami que je suis présentement si c’est ce que tu veux.

Ça me déchire le cœur ces dernières paroles, mais elles sont tellement vraies. Je préfère le garder comme simple meilleur ami que de ne plus l’avoir dans ma vie. Je sens les larmes humidifier mes joues au fur et à mesure que je parle et encore plus avec ces dernières paroles justement. Et, même si je sais qu’il m’aime aussi, j’ai tellement peur de sa réaction.

J’ai du mal à comprendre ce que je fiche ici et pourquoi il a l’air si triste et à la fois si soulagé de voir que je suis réveillé. J’ai du avoir une vraie cuite ce coup-ci. Cole et Clara risquent de me faire la morale beaucoup. Je suis étonné quand je sens ses lèvres sur ma main, ses doigts entre les miens, je ne suis pas bien sur de comprendre, mais je ne dis rien, parce que j’aime cette sensation. Je fronce les sourcils quand il me dit qu’il est arrivé à temps pour me sauver.

« Me sauver ? … de quoi ? »

Evidement ça semble logique, pourtant je ne me rappelle pas vraiment ce que j’ai fait, sans doute que le déni est là et que je n’ai pas encore retrouvé tout à fait tout mes esprits. J’ai juste conscience d’avoir bu beaucoup mais le reste est très flou, comme un trou noir alors c’est assez étrange et je suis assez surpris qu’il me dise que ça fait une vingtaine d’heure. Je ne comprends toujours pas. Enfin si je crois que ça commence à venir.

« Mes sœurs ? … Mais je … »

Je ne comprends pas. Je ne sais pas du tout ce qu’il se passe mais visiblement j’ai du faire quelque chose de grave, plus que je l’imagine. J’ai juste l’impression d’avoir dormi longtemps. Je sens mon cœur s’emballer un peu quand il me dit qu’il m’aime. Wouah, je ne m’attendais pas à ça, mais comment est-ce qu’il sait qu’on avait une sorte de pacte avec mon frère ? Et comment il sait que je l’aime aussi ? C’est beaucoup d’informations en peu de temps.

« Comment tu … Comment tu sais que je t’aime aussi ? Je n’ai jamais réussis à te le dire. »

Je me rends compte que les choses auraient sans doute étés plus simple si on s’était parlé.

« Je ne veux pas que tu ne sois que mon meilleur ami … »

Je glisse ma main sur son visage pour qu’il me regarde, je veux qu’il soit plus que ça, bien sur que je le veux, même si je me pose bien trop de questions encore.

Je suis si soulagé de le voir enfin ouvrir les yeux. Les dernières heures ont été un vrai calvaire. Attendre qu’il revienne du lavage d’estomac pour lui tenir la main dans son lit le temps qu’il se réveille. Je craignais tellement d’être arrivé trop tard et qu’il ne se réveille jamais. Les heures défilaient et ma peur grandissait. La simple raison qui m’a fait dormir était le fait que j’étais à bout de force. Alors comprendre qu’il ne se souvenait pas de ce qu’il l’a amené dans cette chambre d’hôpital n’a fait que raviver ma peur. Et comme lui, je fronce les sourcils ne lâchant jamais sa main.

- Tu… tu ne t’en souviens pas ? Vraiment pas ?

Et le fait qu’il ne s’en souvient pas m’inquiète énormément. Est-ce qu’il était sous l’eau depuis trop longtemps et le manque d’oxygène lui a amené des séquelles irréversibles ? Comme la perte de mémoire ? Ou c’est l’accident de voiture qui est en cause ? Est-ce que les médecins ont vérifié l’état de sa tête pendant qu’ils l’examinaient ? Je n’ai pas pensé à demander !

- Ta sœur… Clara a retrouvé ta voiture accidentée, puis je… je t’ai retrouvé inconscient dans ton bain… Tu avais fait une overdose Clay..!

Et voilà que les larmes font leur retour. L’imagine de lui inconscient sous l’eau va me hanter toute ma vie, j’en ai bien peur. Puis, je lui déballe tout sur mes sentiments. Ce n’est clairement pas le bon moment puisqu’il n’a visiblement pas de souvenirs de ses dernières heures avant qu’il ne fasse une overdose alors ça fera clairement trop d’informations pour lui en peu de temps, mais tant pis. Je baisse les yeux légèrement honteux à sa question.

- J’ai lu ta lettre pour tes sœurs… Je voulais comprendre pourquoi tu as fait ce que tu as fait… Je suis désolé…

Bien que j’évite son regard, je n’arrive aucunement à lâcher sa main. J’ai besoin de cet ancrage pour être sur qu’il va bien. Du moins, qu’il est réveillé. Ses paroles, mais surtout sa main me fait relever le regard pour plonger dans ses merveilleux yeux vairons. Ses mots me provoquent un doux sourire avant que je ne me penche tendrement vers lui pour embrasser ses lèvres que je rêve d’embrasser depuis si longtemps. Au début, je ne voulais que goûter ses lèvres, mais comment réussir à lâcher ce qu’on a toujours voulu goûter ? Pourtant, de peine et de misère, j’arrive à me reculer pour le laisser respirer tout en passant ma langue sur mes lèvres. J’arrive pas à croire que je viens d’embrasser Clay.

Je me pince un peu la lèvre, gêné, j’ai du boire bien plus que je ne l’avais imaginé pour avoir autant un trou noir. Je ne sais plus tellement quand j’ai arrêté de me souvenir, après les premiers verres, j’ai dû en prendre d’autres. Je ne me souviens pas du reste, mais ça ne m’étonne pas finalement. Puis il me dit qu’il m’a retrouvé dans mon bain inconscient … je crois que je commence à comprendre que j’ai eu envie de me suicider. Et merde, j’ai vraiment fait ça ce coup-ci. J’ai vraiment tenté. Je ferme les yeux, confus et désolé qu’il ait eu à subir ça, que mes sœurs aussi doivent m’en vouloir. Je leur avais dit que je ne le ferais pas.

« Je … je ne sais pas quoi dire, je suis un idiot … je pensais que … »

Que je ne méritais pas de vivre, que je n’en arriverais pas à ce point là à être malheureux, sauf que cette course à tout changé. Je me souviens très bien du flash que j’ai eu, que j’ai à chaque fois que je prends la voiture, je vois Charles à côté de moi ou dans le rétroviseur et je panique, parce que pendant un quart de seconde je me retrouve encore avec lui et que je le vois, alors qu’il est mort. Je n’ai pas démarré pour ça, puis j’ai fini par reprendre le dessus, le mal était fait. J’essaie donc d’expliquer à Axel ce qu’il s’est passé :

« Quand j’ai démarré la voiture, je … je l’ai vu … j’ai tout le temps des flashs quand je suis au volant, ça m’a pris de court, je pensais que je pouvais recommencer et faire … comme si ça allait. J’en avais marre de ne plus conduire, mais je n’ai pas réussi et j’ai paniqué. Puis j’ai appuyé sur l’accélérateur et j’ai su faire cette course, mais je ne me sentais pas bien après. Je n’avais pas envie de parler aux journalistes, je n’avais pas envie qu’ils m’emmerdent avec leurs questions et je suis parti. J’avais envie de … boire. Je suis désolé, je suis … je suis accroc … j’étais en manque et je ne sais plus combien de bar j’ai fait, je ne me souviens de rien, j’ai un gros trou noir. »

C’est courant finalement d’en avoir après avoir bu, ça me reviendra j’imagine, mais je n’ai pas forcément envie que ça me revienne. C’est bien la première fois que j’avoue être alcoolique. Je me sens tellement idiot de le faire souffrir à ce point, je vois bien qu’il a du mal à me regarder et quand il m’explique qu’il le sait parce qu’il a lu les lettres, je comprends aussi que j’étais déterminé, mais au moins il sait ce que je ressens. Il sait que je l’aime et mieux il m’aime aussi. Et quand il s’approche pour m’embrasser je sens mon cœur s’emballer, mais c’est une bonne chose pour une fois et je le laisse m’embrasser avant d’en faire autant. Depuis le temps que je rêve de faire ça.

« Tu n’as pas à être désolé, c’est moi qui ne suis qu’un crétin. J’avais peur que tu aimes toujours mon frère et … je n’osais pas te le dire, j’étais persuadé que tu ne m’aimais que comme un ami, même si les autres me disaient que non. »

Je sais que Clara à essayé plusieurs fois de me faire comprendre qu’il m’aimait, mais je n’écoutais pas, parce que j’avais la trouille et je l’ai toujours, mais je suis content qu’il soit là et je ne veux pas qu’il s’en aille.

Je tente de retrouver le contrôle de moi-même lorsque je sens ses paroles me briser le cœur. Je ne veux pas qu’il pense que je lui en veux pour ce qu’il a fait. Je ne veux pas qu’il se croit idiot. Mais, surtout, je ne veux plus qu’il croit qu’il ne méritait pas de vivre. L’idée de vivre sans lui met insupportable. Perdre Charles a été vraiment douloureux. Le départ de Nick pour retourner dans sa ville natale puisque New-York lui rappelait trop Charles a été difficile. Mais, perdre Clay ? Juste l’imaginer je sens tout mon monde s’effondrer sous mes pieds.

- Si c’est pour dire que tu ne mérites pas de vivre et que tu es un idiot, je préfère que tu ne dises rien parce que c’est complètement faux. Tu mérites de vivre autant que n’importe qui. Puis, t’es loin d’être idiot. Tu souffres, c’est tout.

Je tente d’être ferme dans mes paroles, mais pas trop non plus. Je ne veux pas le brusquer ou le culpabiliser pour ce qu’il a fait. Je veux juste lui montrer qu’il a encore sa place dans ce monde. Et si cette place se résume à être qu’à mes côtés pour l’instant alors je vais lui faire une place toute chaude et douillette pour qu’il y soit confortable le temps qu’il reprenne goût à sortir un peu plus loin de cette place.

Ses explications me serrent le cœur. J’ai tellement l’impression d’avoir été aveugle sur certains points. De ne pas avoir été assez présent pour lui. Je lui serre la main un peu plus et lui caresse la joue tendrement.

- Clara m’a dit pour l’alcool… Je suis désolé de n’avoir rien vu. Tu es en sécurité maintenant. Je… Je crois qu’il est le moment que tu vois un professionnel pour t’aider à traverser ton deuil. Il commence à t’handicaper beaucoup trop pour ta sécurité Clay…

Je parle d’une voix douce puisque j’ai peur de sa réaction. Je sais qu’il est très réfracteur à voir un spécialiste pour l’aider, mais je ne peux plus rester là sans rien faire. J’ai failli le perdre pour de bons et je ne me le serais jamais pardonné. Alors je ne peux plus ne rien faire maintenant.

L’embrasser, c’est l’une des meilleures choses que j’ai fait dans ma vie. J’ai envie de recommencer encore et encore tellement c’est bon !

- Tu n’es pas un crétin Clay ou, bien, on est les deux des crétins, car moi j’avais peur de te dire mes sentiments pour toi et de perdre notre amitié. C’est Clara, hein ? Elle arrêtait pas de tenter de me pousser à te l’avouer. Sacré Clara!

Je laisse un petit rire m’échapper avant de me redresser en lâchant sa main.

- Laisses moi une petite place, je veux te serrer dans mes bras.

Un doux sourire se dessine sur mes lèvres alors que je viens m’allonger à ses côtés le laissant venir se blottir contre moi. Du moins, autant qu’il peut le faire avec tous les fils qui le relient à des machines. Une fois fait, je dépose un baiser sur le haut de son crâne en murmurant un simple « je t’aime ».

Je ne sais pas comment il fait pour me regarder encore en face, même moi je n’arrive pas à me regarder dans un miroir, alors pourquoi est-ce que lui y arrive et pourquoi il me défend toujours ? Je crois que je commence à comprendre, mais je m’en veux quand même et je crois qu’il est trop gentil pour me dire que je ne suis pas un idiot, même s’il a raison, je souffre, oui, ça c’est une évidence, je m’en rends compte. Je ne me rendais pas tellement compte de tout ça, maintenant que j’ai pu plus ou moins exprimer tout ça … de cette façon, pas la meilleure je me conçois, qu’il me dise que je mérite de vivre … c’est encore un peu douloureux et je ne préfère ne rien répondre, je sens juste des larmes couler le long de mes joues, je ne suis pas d’accord avec ça, mais peut-être que ça changera.

Je lui raconte ce qu’il s’est passé, je crois que c’est le seul à qui j’arrive à lui dire, il encaisse beaucoup lui aussi, peut-être trop. Je ne devrais pas autant tout lui dire, mais je ne peux pas faire autrement, je lui fais confiance, je sais qu’il ne me jugera pas. Je lui raconte pourquoi je n’ai pas démarré tout de suite, pourquoi je me sens mal tout le temps et pourquoi j’ai été boire, puis je ne me rappelle pas tellement du reste. Je ne reviens pas là-dessus. Je ne suis pas surpris que Clara ait deviné que je buvais, elle est psy après tout et quand il me parle de me faire aider je fini par acquiescer, oui je crois qu’il est temps, parce que je n’en peux plus alors je réponds :

« Ouai … d’accord. »

Et puis il fini par m’embrasser, enfin, je ne sais pas pourquoi on a entendu si longtemps, c’est fou cette histoire. On s’aimait depuis le début, on ne voulait sans doute blesser personne. Je suis content qu’il soit là. J’acquiesce quand il me demande si c’est Clara qui me disait qu’il y avait sans doute autre chose, qu’il m’aimait, je ne voulais pas le voir, je ne voulais pas l’entendre. Elle n’était pas la seule :

« Elle et d’autres amis oui, elle devine tout et j’ai été nul avec mes sœurs, elles m’en veulent beaucoup tu crois ? »

J’avais promis à Cléo de ne pas faire ça … je n’ai pas tenu ma promesse à croire que je ne les tiens jamais. Je me pousse un peu parce qu’il veut venir près de moi, je souris quand il me dit doucement qu’il m’aime, je le laisse me faire un câlin, c’est rare, mais j’aime ses câlins, j’aime être dans ses bras. J’aurais aimé que ça soit ailleurs qu’ici.

Je suis soulagé. En fait, ces trois mots ne sont pas assez puissants pour exprimer à quel point je suis soulagé lorsqu’il accepte enfin d’aller voir un professionnel pour l’aider. J’ai tellement eu peur de le perdre que je pourrais presque pleurer de soulagement face aux deux mots qu’il me souffle. Et c’est peut-être un peu ce que je fais. À mes larmes de mon cœur brisé face au récit de Clay se rajoutent celle du soulagement. Je l’embrasse pour lui transmettre tout mon amour. Toute ma reconnaissance qu’il soit encore en vie. Qu’il soit encore là pour que je puisse lui dire à quel point je l’aime. Que je vais pouvoir continuer à le lui dire puisqu’il est en vie et qu’il m’aime aussi.

Je lui essui les larmes qui humidifie ses joues tendrement. Je voudrais tellement qu’il ne souffre plus. Il mérite de retrouver le sourire et pas celui où la douleur se camoufle derrière. Mais bien son beau sourire qui éclaire mes journées et qui remonte jusqu’à ses yeux. Ce sourire qui m’a fait craquer dès qu’on s’est rencontré. Pour l’instant, je me contente de son petit sourire avec un grand plaisir parce que je vois à quel point il est sincère alors ça me convient.

- Merci.

C’est tout ce que je souffle lorsqu’il accepte avant de l’embrasser. Enfin. J’arrive pas à croire qu’on ait pu être aussi idiot à avoir peur de s’avouer nos sentiments alors qu’on s’aimait depuis si longtemps.

- Elle va être si contente d’apprendre qu’on s’est enfin tout dit. Je suis certain qu’elles ne t’en voudront aucunement lorsqu’elles vont savoir que tu vas bien et que tu acceptes de recevoir de l’aider. Ton bien-être, c’est tout ce qui compte pour elles.

Je tente de le rassurer au mieux. Je connais Clara, donc je sais qu’elle ne lui en voudra pas. Pour Cléo… Je ne peux pas être aussi sûr puisque je ne la connais pas vraiment. Mais je refuse de l’inquiéter encore plus avec ça. Dès qu’il se pousse un peu, je viens me caler contre lui en l’enveloppant de mes bras. J’espère que comme ça, il va se sentir en sécurité. Qu’est-ce que je suis heureux lorsque je sens qu’il ne semble pas mal à l’aise alors que je lui fais un câlin. Est-ce que ça veut dire qu’il aime mes câlins ? J’espère que oui parce que je passerais mon temps à lui faire des câlins en lui murmurant que je l’aime. Encore plus si c’est pour le voir sourire comme ça.

- Bientôt, on pourra se faire des câlins comme ça dans mon lit ou dans le tien, on sera tellement plus confortable.

Je lui murmure ses paroles contre sa tête avant de lui faire un bisous sur le haut de son crâne. Je me retiens pour ne pas lui dire une nouvelle fois que je l’aime parce que ces trois petits mots me brûlent les lèvres tellement j’ai envie de les lui dire encore et encore tout simplement parce que je les ai retenu depuis si longtemps.