Je dois avoir un karma vraiment pourri, comment est-ce que je me suis retrouvé dans cette merde ? Attaché à une vieille poutre d’une grange ou on allait avec mon petit frère quand on était enfant, il n’y a plus rien dedans, plus que des vieux engins qui vieillisse avec le temps, la nature à un peu repris ses droits. Le type qui m’a enlevé n’est pas commode. Je ne sais pas comment il a fait pour me trouver, ce n’est pas difficile en même temps. J’étais venu au ranch parce que j’étais énervé, j’avais besoin d’être seul, Daniel m’a encore repoussé et je l’ai assez mal pris. J’étais déjà énervé avant qu’il ne me redise les mêmes choses. Le ranch c’est mon refuge, j’ai laissé un message à mon frère pour lui dire ou j’étais et je sortais de la voiture quand il est arrivé derrière moi. Il m’a mis un mouchoir sur la bouche et je me souviens juste de m’être réveillé là. Moi qui d’habitude aime être attaché, là vraiment ce n’est pas le cas. Ce type est cinglé. J’ai finalement obtenu une réponse. Il m’a expliqué. Il connaissait mes vrais parents, il les a vu me vendre à mes parents adoptifs, il a repéré qui ils étaient, qu’ils avaient du fric et c’est ça qu’il veut, du fric. Je lui ai demandé évidement des détails, qu’est-ce qui me dit qu’il ne me baratine pas ? Je n’ai jamais connu mes parents biologiques et il m’a donné une photo. Il m’a dit qu’il l’avait prise un peu avant que ça n’arrive, avant que mes parents biologiques ne soient totalement criblés de dettes. Il y avait une fille sur la photo, une petite fille avec des cheveux presque roux, ma sœur qu’il me dit. Il dit aussi qu’elle a été vendue elle aussi. Je n’arrive pas tellement à y croire, déjà qu’on ait pu me vendre pour de l’argent que mes parents adoptifs en aient eu conscience et que mes parents biologiques aient pu le faire une première fois. J’ai demandé son prénom, il ne sait pas. Il me donne la photo, beaucoup trop gentil … il la glisse dans ma poche et me dit que quand il aura son fric il me laissera partir, mais qu’avant il veut être sur qu’il l’aura.

Je n’ai pas mon téléphone, il est tombé quand il m’a enlevé, ma voiture à du restée sur le parking du ranch, la porte était ouverte, il a du tombé en même temps et ça me frustre, comment est-ce qu’on va me retrouver ? Il n’y a que mon petit frère qui saurait reconnaitre l’endroit, mais est-ce qu’ils savent au moins que j’ai disparu ?

Ils savaient, c’est quelqu’un du ranch qui a donné l’alerte. Ce n’était pas habituel que ma voiture soit ouverte, encore moi que mes clés soient sur le contact et que mon téléphone soit à terre. Ils ont vu les traces de pas, le type m’a trainé surement jusqu’à sa voiture. Je ne m’en souviens pas vraiment. Je sais juste que maintenant il est furieux parce qu’il n’a pas ce qu’il veut, ça traine et ça fait un moment que je suis là. J’ai ma montre, mais j’ai les mains attachées et elle me fait mal d’ailleurs, les liens aussi, ça me rentre dans les poignets. L’autre s’énerve, il perd patience. Il a un couteau et il me filme, je pense qu’il est prêt à me blessé pour avoir ce qu’il veut. Il veut que mes parents n’en manquent pas une miette qu’il me dit. Taré. Ca ne lui plait pas que je l’insulte ouvertement. Il me blesse avec la lame du couteau, je sens l’entaille sur ma joue, j’admets je l’ai peut-être un peu mérité, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il me poignarde. Je lui rappelle que si je meurs il n’aura sans doute rien et il me dit de me taire.

Je ne sais pas combien de temps se passe encore. J’ai envie d’aller pisser, j’ai faim, j’ai froid, j’ai mal et les choses ne se déroulent pas selon son plan. Je le regarde et me moque un peu, ça l’agace, je n’en perds pas une miette, je ne m’abaisserais pas à lui donner ce qu’il veut. On entend des pas dans l’allée, quelqu’un qui court. Je relève la tête, Jim … mon petit frère. Comment il sut que j’étais là ? La vidéo, il a surement reconnu l’endroit. J’espère qu’il n’est pas venu tout seul. On dirait que non, j’entends au loin des sirènes, je lève les yeux au ciel soulagé. Mais je ne suis pas au bout de mes peines, il s’en prend à Jim et l’assomme quand il arrive à coup de pelle. Je cris, je lui demande de ne pas lui faire de mal, il n'a qu’à s’en prendre à moi. Il sent aussi qu’il n’aura pas ce qu’il veut et ça le met en rage. Il sort un bidon à l’odeur je dirais de l’essence et il m’asperge avec, il en met partout dans la grange. Il ne va pas mettre le feu ? Non ? Si ? Il ouvre son briquet. Je commence un peu à paniquer, mais quel con, pourquoi je suis venu ici ? Il y a quelques heures j’étais tranquillement dans les bras de Daniel et maintenant je vais brûler sur un bûcher, vraiment génial. Je le supplie de ne pas faire ça, mais il est trop en colère. Je ne veux pas mourir, pas comme ça, je n’ai rien fais pour une fois, ce n’est pas ma faute.

Je regarde mon frère étendu à terre, assommé, j’espère qu’il n’est pas mort, parce que je lui ferais payer à cet enfoiré s’il l’a tué en l’assommant. C’est les secours qui arrivent qui le font hésiter et il laisse tomber le briquet dans le fond de la grange qui commence à prendre feu. Il s’enfuit le lâche et nous laisse là alors j’entends que la grange prend feu.

J’ai du mal à respirer et je suis un peu dans les vapes quand je sens qu’on me détache, je demande de sortir mon frère en premier, on me dit que c’est fait et qu’il va bien, juste un peu sonné. Tant mieux je suis rassuré, ils me donnent un masque à oxygène, m’installe sur un brancard et je suis dans le camion de pompier quand je la vois finalement, ma sauveuse. Je suis surpris de reconnaître Sidonie. J’enlève mon masque pour lui parler, ils m’ont mis une couverture pour que je n’attrape pas froid, je suis encore trempé et je sens l’essence. Ils ont mis un pansement pour le moment sur ma blessure, j’imagine qu’ils attendent qu’on soit arrivé à l’hôpital pour me recoudre.

« Sidonie ? … Comment tu … Je … »

Je ne sais pas comment je suis sensé lui dire qu’on est frère et sœur. Ce n’est peut-être pas le moment. C’est carrément dingue, tellement que je me demande si je n’ai pas rêvé tout ça. Je la regarde et fini par lui donner la photo dans mon pantalon, les marques des cordes sont bien visibles sur mes poignets. Je lui tends.

« Il voulait se faire du fric, parce qu’il savait que mes parents biologiques m’ont … vendu … a… au … Sanderson. »

J’ai du mal à parler, du mal à expliquer et à intégrer tout ce qu’il vient de se passer, la nuit est tombée, je l’ai vu en sortant de la grange, les pompiers ont surement éteint le feu. Ça semble tellement irréel. Mais tant qu’on est tous les deux je préfère lui dire maintenant que je suis encore conscient.

Je ne m’attendais clairement pas à voir autant de police au ranch quand je suis arrivée quelques heures plus tôt pour passer un peu de temps avec Spirit. Mes plans ont donc rapidement changé. J’ai prêté mains fortes aux policiers déjà présents sur place. Je n’aurais pas pu faire autrement. Surtout pas en sachant que c’était Brad qui avait été enlevé. Pas que je suis si proche de lui, on se parle, certes, lorsqu’on est au ranch en même temps, mais sans plus. Pourtant, j’ai ce besoin de m’impliquer. Je prends presque le contrôle de l’enquête tellement je ressens le besoin de m’impliquer. Pourquoi ? Je ne pourrais répondre. Et ce n’est pas parce que mes collègues ne sont pas compétents. Loin de là ! Je leur ferais confiance les yeux fermés pour me protéger. Alors, vraiment, je ne comprends pas. Mais, ça ne m’empêchera pas de faire mon boulot, même si je suis techniquement encore en congé. Brad a besoin de tout le monde possible pour l’aider. Ou juste pour empêcher son petit frère de se jeter dans la gueule du loup sans réfléchir.

Je n’ai pas besoin de regarder l’heure pour savoir que le temps avance alors qu’on piétine sur place par manque de preuves. Je n’ai qu’à regarder Jim qui est de plus en plus intenable. On tente de trouver où il pourrait être. On sait que le kidnappeur la transporter de sa voiture à la sienne si on se fit au trace qui relis la voiture de Brad à un autre espace de stationnement vide maintenant. Un analyste tente de trouver une correspondance entre les traces de pneus et une voiture, mais ça peut prendre énormément de temps. On aurait pu tenter de retracer le téléphone à Brad, mais il est tombé à côté de sa voiture. On a tenté de faire parler le ravisseur, mais il n’est pas très bavard en dehors du fait qu’il veut son argent. Et Jim n’est pas d’une grande aide. Il est trop sur les nerfs pour qu’il puisse se concentrer sur quoique ce soit pour nous aider à trouver où il pourrait être.

C’est finalement un cri désespérer de madame Sanderson qui nous met en alerte. Puis, c’est Jim qui cris qu’ils sont dans une vieille grange abandonnée pas très loin d’ici. Et c’est en remarquant la vidéo que le ravisseur a envoyé aux parents Sanderson que les ordres fusent de tous les côtés et qu’on s’équipe pour partir chercher Brad. Jim embarque avec le chef et moi qui prenons la tête des voitures se laissant guider par ce premier. On s’arrête laissant les autres nous rejoindre pour attaquer de tous les fronts cette grange. Mais, c’était sans compter sur Jim qui allait en profiter pour sortir de la voiture et courir à la grange et sur moi qui est retenu par mon chef. Il me connait assez pour savoir que j’aurais couru à la suite de Jim pour éviter qu’il y rentre seul.

- Mais lâchez-moi ! On sait pas comment il va réagir en voyant Jim entrer combiné aux sirènes de police ! Et s’il tuait les deux ?! Vous croyez que leurs parents vont être contents qu’on les ait laissés seul ?!

- Ça suffit Northwood. Je te demande juste de prendre un instant pour éviter que tu te fasses blessée ou tuée toi aussi. On ne sera pas plus avancé. Puis, je te rappelle que tu n’es même pas supposée d’être sur cette enquête alors tu vas suivre mes ordres à partir de maintenant, compris ?

Je me renfrogne et lui souffle un compris en me dégageant. Je sais pas si j’ai vu les premières flammes avant de voir les premières voitures des renforts arrivé, mais je sais que je me élancé vers la grange sans perdre une seconde de plus en appelant deux de mes collègues pour qu’ils me suivent. Je m’en fou des ordres présentement. Je ne laisserai pas Brad et Jim brûler vif. J’ordonne à mes collègues de s’occuper de Jim alors que je cours vers Brad pour le détacher au plus vite, gardant un œil sur la progression du feu. Je rassure Brad sur l’état de son frère avant de relever le regard sur mon collègue en lui disant de faire en sorte qu’il n’y ait pas de lien direct dans le sable de gaz jusqu’à Brad. J’espère que ça va me laisser un peu plus de temps pour couper ses cordes bien trop épaisses. Et je réussis enfin. Je l’aide à se relever et le sort de la grange où une civière l’attendait avec deux ambulanciers qui s’occupent de lui directement. Puis, le voilà dans l’ambulance et je m’assois à ses côtés le voyant enlever son masque en me voyant. Pourtant, je viens replacer son masque. Il a besoin d’oxygène, pas de parler.

- Enlèves pas ton masque. Quand je suis arrivée au Ranch plus tôt aujourd’hui, il y avait déjà la police. En tant que détective, j’ai pas pu m’empêché de me mêler de l’enquête. Puis, c’est Jim qui a trouvé où tu étais grâce à la vidéo.

Je tente de lui faire un rapide résumé de la situation parce qu’il a besoin de repos et pas que je lui explique tout en détail. Je fronce les sourcils lorsque je vois qu’il sort une photo. Photo qui me choque et m’ébranle énormément. C’est moi avec mes parents biologiques. Je n’avais pas pensé à eux depuis tellement longtemps. Mais, surtout, je ne les avais pas vu depuis que j’avais une dizaine d’année. Autant en vrai qu’en photo. Ma main sur ma bouche, les larmes aux yeux, j’allais pour lui demander où il avait eu cette photo lorsqu’il parle en premier.

- Mais… Mais pourquoi me montrer cette photo ? Pourquoi tu as une photo de moi avec mes parents biologiques ? Qu’est-ce que j’ai à voir avec cette histoire ?

Je sens l’hystérie, la paranoïa et la peur grandir en moi. Est-ce que mes parents m’ont retrouvé ? Ça me surprendrait. Ils ne sont bons qu’à boire et à se droguer. Alors le mec qui leur vend leur dose ? Celui a qui mon père m’a vendu contre l’effaçage de sa dette ? C’est lui qui m’a retrouvé ? Et il veut me faire payer quelque chose sur laquelle je n’avais aucun pouvoir ? Je me sens mal de le forcer à parler alors qu’il devrait garder le masque à oxygène en place sans parler, mais j’ai besoin de réponses. Je peux pas rester sans savoir pourquoi ce mec a donné une photo de moi à 5 ans avec mes parents à Brad.

Je suis encore un peu secoué, après tout ce que je viens de vivre, c’est assez logique, mais je n’arrive pas à oublier ce que ce gars à dit, ce qu’il a laissé dans ma tête et qu’elle soit là, soit plutôt une bonne chose. Je ne sais pas vraiment comment je suis sensé dire ça. Elle ne veut pas que j’enlève le masque que j’ai, mais j’ai besoin de lui dire. Il faut que je lui dise. J’acquiesce quand elle me dit que c’est mon frère qui à su ou me trouver. Je suis content qu’il ait su, qu’il soit venu, même si c’était un peu idiot de venir directement. Je lui remonterait les bretelles plus tard. J’aurais fait la même chose cela dit alors plutôt je le remercierais. Je lui tends la photo que ce gars m’a donné, on nous voit, du moins on voit plusieurs personnes dont mes parents adoptifs et mes parents biologique aussi, on voit Sidonie aussi petit j’imagine. Il n’y a pas trente six mille Sidonie, même si c’est assez incroyable qu’elle soit pile là quand j’en ai besoin. Evidement qu’elle me pose des questions et je lui dit en montrant les personnes face à ses parents, nos parents, les miens, on s’y perds un peu, mais elle verra bien.

« Ils m’ont adopté. Je l’ai su l’an passé. Je … Je ne suis pas leur fils biologique. Le … Le type les a reconnu quand il les a vu, il a dit que mes « vrai » parents avaient vendus leur deux enfants … »

Autrement dit elle et moi.

« Il a dit qu’il voulait de l’argent, qu’il n’avait jamais retrouvé la petite fille qui est sur la photo, alors quand il a vu mes parents il s’est dit qu’il allait touché le gros lot. »

Il n’avait pas tort, mes parents sont riche et par conséquent je le suis aussi, mais il savait très bien ce qu’il faisait, c’est une chance qu’il n’ait jamais croisé Sidonie, quoi qu’il en soit, il ne nous causera plus de soucis.

« Je … Je crois qu’on est frère et sœur. »

Je tousse un peu, j’ai avalé pas mal de fumé, je prends conscience que j’ai échappé de peu à la mort et qu’il serait grand temps que j’assume un peu tout ce que je suis, tout ce que je fais. Il faudra que j’ai une conversation avec mes parents et avec … Daniel. Je n’arrête pas de penser à lui, mais ce n’est pas le moment de vraiment y penser.

Plus je l’écoute et plus je me dis que c’est impossible. Si mes parents biologies avaient eu un deuxième enfant, je m’en souviendrais non ? Je me souviendrais de la grossesse de ma mère. De son accouchement. De mon petit frère. Moi qui ai toujours rêvé d’avoir une petite sœur ou un petit frère ! Je vois bien que c’est moi sur la photo. J’étais jeune, peut-être 5 ans. Mais c’est bien moi, je me reconnais. Et je reconnais mes parents biologiques. C’est toujours avec ce visage que je me souviens d’eux : le visage creusé par l’abus d’alcool et de drogue. Mais comment savoir si ce bébé que ma « mère » tient est bel et bien Brad ? Il aurait quoi à gagner de toute façon à me dire qu’on est frère et sœur ? Ce n’est pas moi qui viens d’une famille riche. Qui a été adopté par une famille riche en fait. Je suis trop sous le choc pour réussir à réfléchir correctement. Mon esprit logique et rationnel est trop ébranlé pour fonctionner. Il aurait été vendu en premier pour payer la dette de mes parents ? Mais ça n’aurait pas été suffisant, donc ils m’ont échangé contre l’effaçage de leur dette ? Et maintenant, le voilà de retour après nous pour avoir à nouveau de l’argent. Donc, mes parents sont toujours en vie et n’ont rien changé à leur mode de vie. Sauf peut-être qu’ils utilisent plus souvent de condoms. Après tout, « des enfants ça ne sert à rien, c’est encombrant, faut s’en occuper et ça vole notre argent », ce sont leurs dires. Ceux qui me répétaient toujours.

Je secoue la tête, tentant de reprendre le contrôle de moi-même. Je ne peux pas les laisser encore me détruire alors qu’ils ne sont plus là. J’ai mis trop d’énergie et de temps à me reconstruire pour les laisser gagner si facilement. Il y a bien une explication logique sur le pourquoi je ne me souviens plus du petit frère que j’ai eu. Surtout qu’il semblait à peine âgé de quelques semaines, quelques mois tout au plus sur la photo. Je sèche mes joues, ce qui me fait réaliser que ça ne sert pas à grand-chose puisque je pleure silencieusement. Je reporte mon attention sur lui en fronçant les sourcils lorsqu’il me dit qu’il croit qu’on est frère et sœur.

- C’étaient des drogues et alcooliques violents, abuseurs et accros au jeu d’argent. Ils ne se protégeaient pas réellement quand… tu vois… Ils ne voulaient pas d’enfants. Ils trouvaient que c’était des nuisances. J’ai vécu environ 5 ans avec eux avant qu’il ne m’échange au gars à qui ils devaient de l’argent pour effacer leurs dettes.

Je prends une pause pour prendre une grande inspiration. Je tente de chasser loin les mauvais souvenirs qui tentent de revenir me hanter. Puis, je reprends la parole l’instant d’après.

- Je n’ai pas de souvenir d’avoir eu un petit frère ou une petite sœur. Et… c’est surement tant mieux puisque ça voudrait dire, que si c’est vrai que tu es mon petit frère, tu n’as pas dû rester longtemps avec eux. Je suis contente que tu ais trouvé une vraie famille directement.

Je lui fais un petit sourire pour accompagner mes dernières paroles. Je suis sincère puisque j’ai passé quelques temps en foyer avant d’être adopté par les Northwood. Et ça n’a vraiment pas été facile au début ! J’étais bien trop méfiante. Je lui redonne la photo. Je ne veux pas la garder. Ça me ramener à une autre mauvaise période de ma vie.

C’est un peu étrange, de devoir dire qu’on est de la même famille, réellement de la même famille, elle connait mes parents biologiques et apparemment ils n’étaient pas de bon parents. Quand elle me dit qu’ils étaient violents, qu’ils ne voulaient pas de nous, ça me fait mal de l’entendre et je me dis que peut-être ce n’était pas si mal que j’ai été dans une autre famille. Au moins mes parents adoptifs on toujours voulu le meilleur pour moi, pour leur enfants. Je comprends que ça n’a pas dû être facile pour elle.

« Je suis désolé … je ne savais pas. »

Non bien sûr, je ne le savais pas. Je ne savais pas tout ça et je me demande pourquoi ils ne m’ont rien dit, mes parents adoptifs je veux dire, est-ce qu’ils le savaient ? ou est-ce que quand ils m’ont achetés ils ne se sont pas posés de questions. Je la regarde et je lui dis :

« Mes parents adoptifs m’ont dit que j’avais quelques jours quand ils m’ont adoptés, ils ne savent pas ma vrai date d’anniversaire, enfin je l’ai su y a pas si longtemps, parce qu’ils n’avaient rien dit jusque-là. Ils ont mentis sur beaucoup de choses, mais c’est vrai que j’ai eu de la chance. Je suis sincèrement désolé, je ne sais pas quoi en penser non plus, peut-être qu’on devrait … faire des tests pour confirmer tout ça ? Si tu es d’accord. »

Ca serait dommage de se donner de faux espoirs. Autant être sur de tout ça, même si ce n’est pas maintenant qu’on doit y penser, j’ai encore un peu de mal à comprendre tout ce qui vient d’arriver, je suis resté longtemps coincé dans cette grange, j’ai faillit y rester et mon petit frère a été assommé, il y a beaucoup trop de choses ici et j’aurais aimé que Daniel soit là. J’aurais aimé qu’il me rassure et qu’il me dise que ça va aller, il a toujours eu le don pour me rassurer, du moins il avait, parce que maintenant je me sens juste encore plus perdu et je ne peux pas lui en parler.

Je ne pensais jamais qu’on allait m’annoncer un jour que j’avais un frère ou une sœur biologique. J’ai mes frères et sœurs de ma famille d’adoption et ça me convenait parfaitement. Après tout, pour moi, ma famille est les Northwood. Alors entre cette photo et cette annonce, je ne sais clairement pas comment réagir. Trop d’émotions se bousculent dans ma tête. Ça ravive des souvenirs que je pensais bien enfouit. Sans parler de l’adrénaline de cette opération policière qui circule encore dans mon corps ! Je tente de contrôler mes pleurs, mais surtout de les arrêter. Ils ne méritent plus aucune larme de ma part. Surtout lorsque j’entends Brad me dire qu’il est désolé. Je lui fais un petit sourire du mieux que je peux.

- Tu n’as pas à être désolé. Tu n’y es pour rien. Tu as eu de la chance et c’est tout ce qui compte, Brad.

Je veux toujours protéger les autres, ce n’est pas pour rien que je suis dans la police maintenant. Le contraire ne commencera pas maintenant. Je crois que mon côté rationnel aurait bien besoin de tests pour confirmer qu’il soit bien mon frère. J’ai besoin de preuves tangibles avant de chambouler toute ma vie et toutes mes croyances. J’ai mis tellement de temps et d’énergie pour construire ma vie que je ne peux pas prendre le risque de tout détruire pour de fausses paroles.

- Je suis d’accord pour le test. Autant en être parfaitement sûr… Et… pas besoin d’être désolé pour tout ça, tu n’y es pour rien, puis je ne t’en veux aucunement. J’ai fini par être adopter par une merveilleuse famille aussi.

Je lui fais un petit sourire à nouveau avant d’essuyer mes joues puisque j’ai enfin arrêté de pleurer.

- Maintenant, tu devrais remettre ton masque à oxygène, on va partir pour l’hôpital dans les secondes qui vont suivre.

Parce que, oui, la nouvelle chamboule tout, mais la raison du pourquoi on est tous là est encore présent : Brad a été kidnappé et il a besoin d’aller à l’hôpital pour s’assurer que tout va bien pour lui après cette épreuve.

Je la regarde en me disant que je ne suis pas autant convaincu qu’elle d’avoir eu de la chance, enfin si, j’ai eu une famille, si c’est ça qu’elle entend, mais ils m’ont menti … est-ce qu’on fait ça en famille ? Est-ce qu’on ment autant à ses enfants ? Visiblement oui. Je ne sais plus vraiment quoi penser et je me suis fait enlever à cause de leur mensonge. S’ils avaient tout dit, peut-être que ça ne serait pas arrivé. Je ne me serais pas retrouvé enfermé presque vingt-quatre heures sans savoir pourquoi. Je me suis senti à la merci de ce type et je n’ai pas aimé ça, parce que ce n’était pas un jeu, c’était réel. Il a voulu me tuer. Comment je suis sensé le prendre ?

« Je ne suis pas sûr que ça soit de la chance … quoi que … je ne serais surement pas là si je n’en avais pas eu aujourd’hui. »

C’est évident, ça j’ai eu de la chance aujourd’hui que la police soit arrivée à temps, que mon frère n’ait rien de grave et qu’il soit juste sonné et que je n’ai pas été finalement enflammé. Je ne sais pas combien il me faudra de douche pour enlever cette odeur d’essence, sans doute beaucoup. Je n’ai même pas encore prêté attention à la plaie que j’ai, l’adrénaline, tout ça, au moins maintenant je sais que je vais m’en sortir. Je n’ai plus peur d’y rester et de ne plus jamais revoir Daniel, d’ailleurs … faudrait peut-être que je le prévienne.
J’acquiesce quand elle me dit qu’elle est d’accord pour qu’on se renseigne encore plus, je sais que c’est autant difficile pour elle que pour moi. On pensait avoir une vie toute tracé. Je souris quand elle me dit qu’elle a fini par être adopté par une famille et je lui dis :

« Je suis content pour toi, j’espère qu’ils sont fiers de toi, que tu sois une super héroïne, ils doivent être ravis … »

Je ne sais pas trop pourquoi je lui dis ça, mais peut-être que j’aurais aimé que mes parents soient autant fier de moi, mais je sais qu’ils ne le sont pas. Je la regarde quand elle me dit que je devrais remettre mon masque à oxygène c’est ce que je fais, mais je l’enlève encore pour lui demander une dernière chose :

« Est-ce que tu pourrais prévenir mon … quelqu’un que j’apprécie … Je ne voudrais pas qu’il apprenne ça dans les journaux. Tu pourrais prévenir Daniel, y a son numéro dans mon téléphone, dis-lui juste que je vais bien. Je sais qu’il va s’inquiéter, même s’il dirait le contraire, mais ne préviens pas mes parents que je l’ai contacté … c’est un peu … compliqué … »

Pas qu’un peu, beaucoup même, mais c’est comme ça, c’est lui que j’aime, quoi qu’il arrive et il a le droit d’être au courant, je voudrais l’être aussi s’il lui arrive quelque chose, même si on se dispute la plupart du temps, surtout en ce moment et qu’il m’a fait clairement comprendre qu’il n’y avait plus rien, je continue de m’accrocher.