J’y avais cru pourtant, que tout pourrait changer, juste en participant à cette émission et ça a été le cas, du moins pendant une semaine ou deux. J’étais aux anges. Je n’avais jamais été aussi bien de voir que ce que je faisais plaisait autant. Je commençais à croire en moi. Jusqu’à ce qu’on me demande d’aller dans le bureau d’un des représentant de l’émission, qu’il me demande gentiment de ne pas faire d’esclandre et de ne pas revenir, parce qu’ils ont un dossier me concernant. Je suis tombé des nu. Je les ai regardé sans savoir quoi dire et j’ai demandé ce qu’ils me reprochaient. Ils n’ont pas été très compréhensifs et ils ont été assez dur dans leur mot, mais ils ont dit les principaux mots « drogué et prostitués ». Ils ne veulent pas de moi dans leur « show ». Je n’ai rien dit. Je suis parti. Ils m’ont dit qu’ils ne divulgueraient pas pourquoi je suis parti et je les ai cru.

Je sais qui a fait ça, je ne suis pas idiot. J’ai refusé plusieurs fois qu’il soit mon client parce qu’il avait déjà été violent et ne m’avait pas ménagé, je sais très bien qui s’est. Je voulais arrêter tout ça. Je lui avais dit. Je suis retourné chez moi et j’ai fait comme si tout allait bien. J’ai passé quelques jours chez Sadie puisqu’elle me l’avait demandé et quelque part ça m’a aidé un peu à ne pas sombrer et quand je suis revenu. J’ai eu besoin d’autre chose, d’oublier tout ça, sans compter qu’ils avaient dit qu’ils ne dévoileraient pas les raisons de mon « évincement » tu parles. Ils ont visiblement oublié de tenir leur promesse. Ou alors il a eu le culot d’en parler à d’autres.
J’admets que je n’aurais pas du mais j’ai lu les commentaires sous certaines vidéos, j’ai eu beaucoup d’abonnés en peu de temps grâce à mon premier passage et beaucoup se sont désabonné aussi. Je n’aurais pas du lire les commentaires. Je crois que c’est ça qui a été le pire. C’était un démontage public alors que je n’avais rien demandé et que je n’étais pas vraiment prés. Je ne suis pas sorti de chez moi depuis plusieurs jours, sauf la nuit pour aller chercher la fameuse drogue, ils veulent un drogué, ils en auront un. Il me reste un fond de poudre que je fini par prendre. Je regarde rapidement mon téléphone avant de tomber sur une vidéo ou je vois une de mes anciennes famille d’accueil parler de moi.. Pardon ? Mais comment ils ont fait pour savoir que j’ai été chez eux et qu’est-ce qu’il raconte ce crétin ? Je suis tellement furieux qu’il raconte n’importe quoi. C’est lui qui venait me voir. C’est lui qui a été le premier à faire ce qu’il voulait. Je suis tellement fâché que je balance mon téléphone dans le canapé et me prends une bière que j’enfile. Je fini le rail de coke que je m’étais préparé, le petit miroir sous le nez. Je déteste tout ça. Je sens les larmes rouler toutes seules sur mes joues. Ce que je peux être idiot et je fini par prendre le petit miroir le casser et me l’enfoncer un peu sur le bras, quelques entailles, pas bien grande, juste assez pour que ça me fasse mal.

J’entends finalement frapper à la porte. Je grogne quelque chose d’incompréhensible avant de finir par aller voir ce que c’est, parce que je n’ai pas envie qu’on continue de frapper à la porte ma tête va sauter. Je suis en caleçon avec un sweet-shirt et des chaussettes, mon apparence est le dernier de mes soucis. J’ai les yeux rougis, l’appart est complètement en bordel, j’ai laissé trainé des bouteilles vide de bière, des cartons de nourriture sur la table basse. Je n’ai pas vraiment pris soin de ranger. J’ouvre la porte et je la vois. Je redescend rapidement ma manche même si je sais bien qu’elle a vu.

« Asgard ? Qu’est-ce que … Tu … Qu’est-ce que tu fais là ? »

Je me doute que ce n’est pas la meilleure des façons de l’accueillir. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle vienne jusque chez moi. Je me sens tellement honteux qu’elle me vois comme ça, que je n’ose même pas ouvrir complètement la porte et la faire entrer.

Les derniers mois ont été horrible pour tout le système. Joëlla est au bord de l’effondrement et son deuil n’a toujours pas bougé, ce qui fait que c’est moi, Freya, qui est devenu l’hôte du système. Temporairement j’espère. Je n’ai pas les connaissances et les capacités pour jouer ce rôle. Heureusement que Frigg est là pour qu’on partage les tâches et les responsabilité. Elle souffre elle aussi, je le sais et je le sens. Elle a l’impression d’avoir perdu un enfant avec la mort d’Animkii et… c’est sûrement ça. Depuis que Jo’ et Anim avaient recommencé à se voir, depuis l’overdose d’Anim à Montréal, Frigg s’occupait encore plus de lui comme une mère le ferait avec son fils. Mais, comme toute mère, elle garde sa peine pour elle et la tête haute pour continuer à tenir le reste de la « famille » à bout de bras. Ce qu’elle fait à merveille. Il y a tellement de responsabilités que je ne comprends pas et ne sait pas comment faire que j’aurais été perdue être la seule à être apte à continuer de « vivre ». Nana et Livie sont inconsolable elles aussi. Elles voyaient, après tout, en Anim une figure paternelle. Surtout Livie. Et Nikita, pauvre Nikita. C’est après la mort d’Anim qu’on a su qu’il l’aimait lui aussi, du même amour que Jo’, mais qu’il s’est toujours tu parce qu’il était certain qu’il n’aurait aucune chance. Dépressif, anxieux et avec toutes les idées noires qui l’accablent, il ne voyait pas comment il aurait pu être intéressant aux yeux d’Anim. Puis, c’était tellement l’amour fou entre les deux qu’il ne voulait pas s’immiscer. Après tout, il ne pensait pas le mériter. Alors, oui, tout le système va mal. Même si je suis seule au front le plus clair du temps, je ressens tout de même par vague la détresse, la tristesse et la souffrance du reste du système. Mais, je tente de garder la tête hors de l’eau. Surtout depuis les dernières semaines où j’ai vraiment un peu plus le contrôle totale et où je ne quitte pratiquement pas le front, ce qui me dit que je suis devenue l’hôte du système. J’espère que ce ne sera que le temps que Joëlla s’en remette puisque j’ai l’impression de vivre sa vie et je n’aime pas ça. Trop de responsabilités, trop de boulot et pas assez de fun.

Avec l’aide du bras droit de Jo’ dans notre salon de beauté, j’ai réussi à rattraper tout le retard qui s’était accumulé depuis les derniers jours de vie d’Anim. Même chose au sein de l’entreprise familiale. Tout en est ordre partout et j’en suis épuisée. Dire que c’est le quotidien de Jo’ ça ! C’est bien trop stressant et épuisant. Comment elle fait pour aimer faire tout ça ?! Mais, je dois avouer que certains aspects du boulot qu’elle fait dans l’entreprise familiale sont plaisant. Par exemple, présentement, je suis en train de choisir les agencements de tenues pour le prochain shooting et, ça, c’est vraiment dans mes cordes et dans mes intérêts. Alors, tout en tentant d’agir comme Jo’, je prends du plaisir à faire des tests. Du moins, jusqu’à ce que j’attende deux stagiaires parler de l’émission The Voice. Jusque-là, ça ne m’intéressait pas trop bien que je sache qu’Aiden y participe. J’ai enregistré tous les épisodes depuis le début de la saison. En fait, j’ai eu le temps de regarder que les épisodes des auditions à l’aveugle. Donc, j’avais l’intention de me mettre à jour ce weekend lorsque tout le boulot sera fait. Je vais à peine sur les réseaux pour éviter de me faire spoiler ce qui se passe. Et non, ce n’est pas le fait que justement elles me spoilent ce qui se passe dans les derniers épisodes qui fait en sorte que je sois fâchée. En fait, ce n’est même pas elles qui me font fulminer. C’est le fait qu’elles disent qu’il y en a un qui s’est fait sortir parce qu’il est un drogué et un prostitué. Mais, surtout le fait qu’elles le nomment : Aiden. J’ai envie de coller un procès aux producteurs de l’émission, là à l’instant ! Je n’ose pas aller demander aux filles plus de détail alors je vais regarder sur internet pour être sûr que ce qu’elles disent soit véridique. J’annonce donc une pause pour tout le monde et je vais m’enfermer dans mon bureau pour faire mes recherches. Ce que je découvre me brise le cœur et me glace le sang. Comment on peut être aussi méchant envers quelqu’un qu’on ne connaît même pas ? Je n’ose même pas imaginer dans quel état il doit être. Et nous qui lui avons promis qu’il ne sera plus jamais seul ! On le laisse dans toute cette merde sans même prendre de ses nouvelles ! Quelle genre d’amie je fais du coup ? Non. Non. Non ! Je ne peux pas attendre de finir la journée pour aller le voir. Je dois y aller maintenant. Je pars à la recherche de la personne qui s’occupe de cette partie de l’entreprise en notre absence pour lui dire qu’elle devra finir le travail toute seule parce que j’ai une urgence. Puis, je pars sans rien attendre en retour.

C’est ainsi que je quitte Manhattan pour le Bronx. Je finis par arriver chez Aiden où je cogne en m’imaginant mille et un scénario pire les uns que les autres. En un simple regard, je remarque plusieurs choses : les plais fraîches sur son bras avec qu’il ne basse sa manche, ses yeux rougis à cause de la drogue, les traces de larmes sur ses joues, sa tenue et l’état déplorable de son appartement dans le peu que je peux voir. Dans ce décor, je fais vraiment tâche avec mes Louboutin aux pieds, mon pantalon propre noir et ma veste de costume sur un déshabiller en dentelle. À sa question, je fronce les sourcils.

- On t’a promis d’être toujours là pour toi et, à la première occasion, on te laisse te débrouiller alors que tu vis l’horreur. Il faudra que tu te contentes que de moi, Freya, pour l’instant, mais je ne te laisserais pas te morfondre à cause de quelques couillons qui ont pris peur et d’une ordre de moutons ! Tu as du talent ! Tu mérites de vivre ton rêve, peu importe ce que tu as fait dans le passé. Tu es important pour nous, peu importe ce que tu as fait dans le passé, ce que tu fais présentement et ce que tu feras dans le futur. Tu pourras toujours compter sur nous. Un appel ou un texto et on arrive.

Je crois que je ne me suis jamais autant exprimée de façon aussi profonde. Est-ce que je me fiais sur le fait que Jo’ allait pouvoir le faire et que, comme justement elle ne peut pas, je prends cette place aussi ? Peut-être. Mais en tout cas, on s’en fout. Je force même un peu la porte à s’ouvrir un peu plus puisque, aussi étrange que ça puisse paraître, j’ai envie de le serrer dans mes bras pour lui montrer que mes paroles sont vraies. C’est donc ce que je fais sans plus attendre.

- Tu aurais dû nous appeler… On aurait pu faire pleins de choses pour te protéger de ce monde cruel et juste pour te soutenir, comme tu l’as fait avec nous.

Je lui murmure ses paroles contre lui, sans le lâcher pour l’instant.

Lorsque j’ouvre la porte je ne m’attendais pas à voir Asgard, j’aurais sans doute dû me douter qu’elle s’inquiéterait, elle est comme ça. Elles sont comme ça … ? J’ai encore un peu de mal à m’y faire, à me dire qu’il y a plusieurs personnalités en elle et je n’ai pas trop envie de me poser des questions pour le moment, je suppose que ça me fait passer pour un égoïste et je le suis sans doute un peu ce soir, mais vu ce qu’il m’est arrivé est-ce que je n’ai pas un peu le droit de l’être ? Je ne sais plus vraiment. Je la regarde un peu honteux, beaucoup à vrai dire. Je vois bien dans ses yeux que je la déçois, c’est du moins ce dont je me persuade et je n’arrive pas à dire grand-chose quand elle m’explique pourquoi elle est venue. Je reste planté là comme un con et je me pousse pour la laisser entrer même si j’ai honte évidement qu’elle voit mon « chez moi » comme ça, bien que ça ne soit pas vraiment chez moi ici. Ça ne l’a jamais été. Je n’aurais pas les moyens de me payer un appartement, c’est seulement que mon patron à bien voulu me laisser l’appartement quand il m’a dit qu’il ne pouvait pas me garder au magasin de musique, mais je doute qu’après ce qu’il ait entendu il veuille toujours de moi. Ça me touche qu’elle me dise qu’elle sera toujours là, que j’aurais dû appeler et je fini par accepter son étreinte et je sens des larmes couler. Je crois que je les retiens beaucoup. Je fini par me détacher et par me tourner pour ne pas qu’elle voit que j’ai pleuré, typiquement moi de ne pas montrer ce que je ressens et je fini par la regarder et lui dire :

« Ils s’en foutent pas mal que je chante bien, ce qu’ils veulent c’est de l’audimat et des téléspectateurs et visiblement certains l’ont compris. Je n’arrive pas à croire qu’ils aient été cherchés ce salaud … »

Je suis tellement en colère, comment est-ce qu’il peut se regarder dans une glace sans se demander comment je peux le prendre ? Il n’a toujours pensé qu’à lui, ça ne devrait pas m’étonner. Je tourne la tête vers elle quand elle me dit qu’elle aurait pu me protéger de ce monde cruel … mais il n’y a pas de remède miracle. Je hausse les épaules et lui réponds :

« A quoi bon ? C’est la vérité … »

Bien que tout ne le soit pas et j’ajoute :

« Juste que ce n’est pas moi qui étais le voir comme il le dit. C’était le fils d’une famille d’accueil ou je suis resté quelques temps. C’est lui qui venait, je n’avais pas tellement d’idées de ce qu’il voulait vraiment et il a vite comprit que j’étais bi … enfin pansexuel plus exactement. Il savait très bien que ma mère avait été prostitué, quand les services sociaux m’ont emmené j’avais cinq ans. Ils m’ont retiré la garde de ma mère parce qu’elle vivait dans une maison close, mais elle ne m’a jamais maltraité, je n’ai pas pu la revoir, je n’avais rien demandé. Puis une des familles ou j’étais m’a emmené ici en Amérique, avant de m’abandonner de nouveau dans un foyer. Personne n’a jamais voulu de moi. Eux, ils m’ont gardé un peu plus longtemps mais j’en ai eu marre qu’il vienne me voir, je ne pouvais pas leur dire, qui me croirait ? Je n’étais pas leur fils, lui si et il pense pouvoir parler de tout ça sans que ça ne me fasse rien ? Ce n’est même pas lui qui m’a balancé le premier. Je sais qui l’a fait … »

Je m’assois dans le canapé et je me prends la tête dans les mains. Je ne fais plus attention au désordre, non, de toute façon ça ne servirait à rien, ni même de cacher le sachet de drogue, elle sait déjà.

« Je ne voulais pas le faire avec lui, il faisait des trucs que je n’aimais pas et je lui ai dit non la seconde fois où il est revenu. Il n’était pas très content. Il a pété les plombs, il m’a menacé, comme il est dans la branche de la justice, il m’a dit qu’il pouvait très bien me dénoncer, mais il avait peur pour sa propre réputation, je vois qu’il a trouvé une astuce de le balancer anonymement pour me pourrir la vie. »

Je ne sais pas pourquoi je lui raconte tout ça, ce n’est pas tellement pour me justifier non, ça ne servirait à rien, mais je crois que j’ai juste besoin de le dire. Je fini par me lever et par m’a prendre à ce qui a sur la table, je balance d’où d’un revers de la main, je ne devrais pas faire ça et c’est pour ça qu’en général je préfère me faire du mal à moi, plutôt que de m’en prendre au objet, j’aurais trop peur de m’en prendre à quelqu’un.

Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi mal de ne pas avoir été là pour protéger quelqu’un. Est-ce parce qu’habituellement, mon rôle se résume à protéger le système des autres et de nous-mêmes ? Est-ce que je me sentais responsable de protéger Anim avant l’accident qui a tout bousiller entre Jo et lui ? Parce qu’après ça, j’avais plus de la rancœur envers lui et je voulais protéger le système des possibles blessures que Anim aurait encore pu nous infliger. Alors, si je me sens aussi mal et aussi impuissante devant le mal être d’Aiden, est-ce que parce qu’il compte réellement beaucoup pour nous ? Pour moi ? Et c’est pour ça que c’est moi qui ai le rôle d’hôte, présentement, parce que ça serait trop à gérer pour Jo’ ? En plus de son deuil, je veux dire. Et Frigg doit déjà veiller sur tous les alters qui se trouve dans l’inner, donc elle ne peut pas gérer aussi la vie à l’extérieur de notre monde intérieur. Alors, c’est moi la mieux placé pour ça étant donner que je ne suis presque pas affectée par la mort d’Anim. Faudra vraiment que j’en parle avec notre psy parce que je sens que je vais devenir folle. Je n’ai pas l’habitude de rester aussi longtemps au front et, encore moins, de devoir gérer autant la vie quotidienne.

Pourtant, là, maintenant, je me concentre sur Aiden. Il a besoin de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un. Je serais prête à tout pour le protéger. Je préfère ne pas me question sur le pourquoi du comment présentement. Alors je le serre fort dans mes bras, surtout lorsque je sens des larmes humidifier mon cou. Je ne dis pourtant rien sur ce fait puisque je comprends qu’il ne veut pas que je sache qu’il a pleuré par le simple fait qu’il se soit tourné dos à moi. À ses paroles, je fronce mes sourcils.

- Mais en s’en torche de ces connards ! Il n’a pas qu’un seul chemin pour atteindre son rêve. S’il le faut, je vais payer pour que tu puisses produire ton premier album et après tous les labels vont vouloir t’avoir parmi leurs membres !

Et la colère monte encore plus en moi lorsqu’il réplique que c’est la vérité, donc que ça n’aurait servi à rien que je le protège de ce monde cruel. Je serre les poings et encore plus les sourcils.

- Ah quoi bon ? T’es sérieux ? Pour éviter que tu te retrouves dans cet état ! Que tu t’ouvres encore le poignet ! Qu’ils fichent par terre tous les efforts que tu as fait pour t’en sortir ! Oui, c’est vrai que tu as vendu ton corps, mais tu l’as fait dans quel but ? Dans le simple but d’essayer de t’en sortir ! De survivre tout simplement ! Ils n’ont pas le droit de te juger et de te dire où est ta place alors qu’ils ne connaissent rien de toi !

Je ne suis clairement pas douce. Je suis même peut-être un peu trop dure dans mes paroles, mais je ne suis pas reconnue pour ma douceur. Je suis crue et je vais directement dans le vif du sujet. Ça ne plait pas à tout le monde alors j’espère que je ne vais pas en rajouter sur l’état d’Aiden. Je veux juste l’aider et lui montrer qu’il n’a pas à subir tout ça sans rien faire. Puis, voilà que ma colère se change en choc à mesure que Aiden se confi. Comment la vie peut continuer à être aussi cruelle avec lui ? Il n’a pas assez souffert comme ça ? J’ai à peine le temps d’ouvrir la bouche pour parler que Aiden fait valser tout le contenu de sa table de salon d’un revers de la main. Je fais un bond vers l’arrière avant de poser mes yeux sur lui. Je ne sais pas quoi faire pour le calmer. J’ai peur qu’il finisse par se faire mal. Alors je fais la seule chose qui me passe par la tête : je m’approche de lui et je viens l’embrasser. Je ne pense même pas au fait qu’on a déjà abuser de lui. Le baiser ne dure pas longtemps. Que quelques secondes avant que je ne me recule en plongeant mon regard dans le sien.

- J’ai les contacts et l’argent, on peut faire des procès à tous ceux qui t’ont roulé dans la boue et qu’ils portent des propos diffamatoires sur toi.

Je lui murmure ces paroles en lâchant son visage tendrement. Tout se bouscule dans ma tête. Je ne sais plus quoi pensé. J’ai envie de goûter ses lèvres à nouveau tout comme j’ai envie de faire brûler vif tous ceux qui lui ont fait du mal.

Je sais qu’au fond elle n’a pas tout à fait tort sur le fait que je peux réussir sans eux, mais ça fait mal quand même. Ca fait foutrement mal qu’ils m’aient affiché comme ça, j’ai rien demandé. Ils ne connaissent pas toute l’histoire, comme si ils en avaient quelque chose à faire. J’ai croisé les bras sur moi, j’ai très envie de me faire du mal, mais je l’écoute et je lui raconte un peu. Je ne sais pas tellement pourquoi d’ailleurs en général je suis plutôt celui qui écoute. On me parle souvent, surtout après la baise, comme si j’étais la solution à tout les problèmes de la terre, on vient me voir pour oublier et comment je fais pour oublier moi ?

Elle à l’air de comprendre, je suis même surpris qu’elle me dise clairement ce que je pense. Je ne sais pas tellement comment je suis sensé faire. Je voudrais juste que les choses soient différentes, qu’on ne m’ait pas collé cette image, que tout ça ne soit jamais arriver et je fini par dire :

« Mais ils ont raison, je … J’ai recommencé et je … qu’on me l’affiche en pleine figure … j’étais pas … »

J’étais pas préparé à ce qu’on me fasse ce coup tordu. Et forcément tout ça m’énerve et je préfère m’en prendre au mobilier, plutôt qu’à moi-même, en temps normal je n’aurais pas fait ça. Je suis tellement en colère, depuis trop longtemps alors ça fait du bien de sortir un peu toute cette colère et je suis carrément surpris quand je la vois s’approcher de moi, qu’elle pose ses lèvres sur les miennes. Je suis tellement surpris que je ne sais pas quoi dire. Je reste là comme un dit et je fini par avoir un petit sourire et je demande :

« Pour … pourquoi tu as fait ça ? »

Je demande parce que je suis surpris et même si ce n’était pas désagréable, je ne voudrais pas qu’elle le fasse juste pour me calmer. A ses propres suivant je lui réponds :

« C’est gentil, mais je ne veux pas que tu dépense quoi que se soit, je dois y arriver tout seul. Tu comprends ? »

Je pense qu’elle se doutait de ma réponse, je suis touché qu’elle me le propose, mais je ne veux pas tout acheter avec son argent, je veux qu’on s’intéresse à ce que je fais parce qu’on aime bien, pas parce que j’ai eu les moyens de le faire.

@Asgard Lehkonen-Aslund

Je suis vraiment surprise par tout ce qu’il me raconte. Et même peut-être un peu mal à l’aise puisque je ne suis pas celle qui reçoit ce genre de confidences habituellement. En plus, j’ai tellement peur d’être trop brusque avec lui. Il n’a pas besoin qu’on lui rajoute du poids sur les épaules. Il a besoin d’être soutenu. Or, je ne suis pas certaine d’être celle qui est la mieux placé pour ça. Je ne suis pas reconnue par ma douceur. C’est bien pour ça que je me mordille la lèvres nerveusement à ses paroles. Est-ce que j’ai été trop brusque avec lui ? Trop direct ? Je me dis que ça ne devait pas être si pire puisqu’il est encore là et qu’il ne m’a pas jeté dehors de son appartement. Alors… est-ce que je peux continuer ? Est-ce, finalement, de ça qu’il a besoin ? Je se faire secouer un peu ?

Je n’ai pas la peine de répliquer qu’il s’en prend à tout ce qui se trouve sur sa table. Je reste un instant surprise, sans savoir quoi faire. Puis, je fais la seule chose qui me vient en tête : l’embrasser. Oui, d’un côté, c’était pour le calmer et le ramener à l’instant présent, mais c’était surtout, je l’avoue, parce que j’en avais envie et ça faisait un moment déjà. Son petit sourire entraîne mon propre sourire. Puis, à sa question, un petit rire timide franchit mes lèvres et c’est assez rare pour le noter. Je hausse les épaules avant de reprendre la parole.

- Parce que j’en avais envie de un et de deux c’est un moyen efficace pour se reconcentrer sur le moment présent je trouve…

Puis, je me pince les lèvres en hochant la tête. Je comprends qu’il veut y arriver seul et c’est tout à son honneur. Mais je veux tellement l’aider. Ça me tue de le voir tenter de s’en sortir sans jamais réellement réussir. J’ai toute cette argent qui attend d’être dépensé dans mon compte en banque et je sais que ça pourrait tellement aider Aiden !

- Je comprends, t’en fais pas. Seulement, je ne peux pas rester là sans rien faire alors qu’ils détruisent ta réputation. Alors, je suis prête à abandonner de payer une session d’enregistrement, mais pas des procès à ces enculés. Tu ne peux pas les laisser gagner…

Et malgré tout, je ne suis pas surprise de sa réponse. Depuis ma naissance que j’ai accès à tout l’argent que je veux alors je ne vois pas de frein à mes rêves. Cependant, j’ai fini par comprendre que ceux qui n’ont pas grandi comme moi préfère y arriver avec leurs propres moyens. Sans avoir besoin des autres. Je pourrais donner l’impression d’être accro à l’argent alors que pas du tout. C’est bien pour ça que je veux aider tout le monde avec l’argent que je possède. Au moins, le point positif des refus constant d’utiliser mon argent par Aiden montre que s’il est ami avec nous ce n’est pas pour notre argent et ça, ça fait du bien. Ça fait changement.

Tout à basculé en tellement peu de temps, je n’arrive pas à comprendre pourquoi ils s’acharnent comme ça, pourquoi moi ? Qu’est-ce que je leur ai fait ? Je ne mérite pas d’être connu parce que j’étais prostitué ? C’est ça qu’ils pensent ? Et tout ces foutu politique qui se drogue et qui font pire, eux ça ne les dérange pas qu’ils soient connus, ils auraient étouffé l’affaire pour ce genre de choses, mais moi par contre ils ont le droit de me mettre ça en pleine gueule, de m’afficher et de me faire croire que je suis qu’un bon à rien, qu’une merde et que je ne mérite pas tout d’être un chanteur et je fini par le croire, je fini par croire que c’est tout ce que je mérite finalement. Je m’en prends aux meubles plutôt qu’à moi. J’ai tout déballé à Asgard, qui doit de demander avec quel fou elle est tombée. Puis elle fait quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas, elle m’embrasse, tendrement. Pendant un moment je me suis retrouvé avec ma petite amie de l’époque, elle aurait fait pareil, elle savait comme me canaliser et je suis tellement paumé que je regarde la jolie rousse avant de demande pourquoi elle a fait ça et sa réponse me fait doucement sourire.

« Ça marche plutôt bien, c’était très agréable … »

Je me mords la lèvre, je ne sais pas quoi dire d’autre et je n’ose pas encore faire le second pas, je l’aime beaucoup c’est évident, mais je ne veux pas profiter de ce moment. Je sais c’est un peu bizarre, mais j’ai trop de choses en tête. Je fais non de la tête quand elle me parle de procès et je lui dit :

« Ça ne servirait à rien, ils ont raisons, c’est à moi de prouver que je ne suis pas que ça … ils finiront par lâcher l’affaire. »

Ils finissent toujours par lâcher, par s’intéresser à d’autre personnes, mais ce sont des rapaces et je n’ai pas tellement envie qu’on me mette en premier plan en disant que c’est injuste. Oui ça l’est, mais je ne veux pas d’un procès.

C’est dans ce genre de moment que j’aimerais que Joëlla ou Frigg soit là à ma place. Que je ne sois pas l’hôte parce que le décès d’Anim ne m’affecte pas autant que les autres. Je ne sais pas gérer ce genre de situation. Je sais quoi faire lorsqu’il est question de protéger le système ou nos proches. Prendre la défense de quelqu’un, ça je suis experte dans l’art. Mais, réconforter quelqu’un ? Ça non. Je n’ai pas l’instinct maternelle de Frigg ou la douceur de Joëlla ou l’innocence enfantine de Livie ou l’optimisme de Nana. Moi, je suis franche, direct et je fonce dans le tas. Pourtant, ça ne semble pas trop brusquer Aiden. Ça me rassure, tant que c’est réel et qu’il ne cache pas ses émotions. Finalement, ne sachant vraiment plus quoi faire pour le calmer après qu’il ait tout balayer sur sa table, je l’embrasse. J’en ai envie depuis un moment. Même Joëlla en a envie, mais elle refoulait cette envie par respect pour Anim. Au début, il était toujours en vie alors elle ne voulait pas penser à un autre garçon de cette façon, même si Anim lui a fait promettre de ne pas se laisser abattre par son départ. Puis, il venait de mourir alors malgré sa promesse, elle se refusait de voir Aiden de cette façon. Et c’est le cas encore aujourd’hui. Bon, c’est vrai qu’elle ne front plus vraiment depuis cette journée alors autant que je fasse avancer les choses un peu. En espérant que Aiden soit sur la même longueur d’onde ! Et ses paroles me rassurent beaucoup parce que si ça marche plutôt bien et que c’était très agréable alors ça veut dire qu’il en avait envie aussi, non ? Je laisse mon regard s’attarder sur sa lèvre qu’il mordille avant de relever les yeux vers les siens. Je sens que je vais devoir faire les premiers pas pour que ça avance si on veut que ça avance.

- Je peux recommencer pour que ça fonctionne parfaitement si tu veux…

Oui, bien sûr, c’est une excuse pour l’embrasser à nouveau parce que j’en ai envie et que visiblement lui aussi. Mais je ne veux pas aller trop vite pour lui non plus. Il a perdu un être cher lui aussi alors je ne veux pas le brusquer. Même si ce n’est pas aussi récent que nous. Après tout, il semble être si seul depuis si longtemps ! Je suis presque déçue lorsqu’il me dit qu’il ne veut pas de procès. Il ne peut pas rester là sans rien faire en les laissant gagner. Pourtant, même si j’ai cette fureur qui me pousse à vouloir faire un procès à toutes ces langues sales pour laver l’honneur d’Aiden, je finis par soupire et me ranger de son côté.

- Mais, s’ils ne lâchent pas l’affaire, je ne pourrais pas rester là sans rien faire. Tu pourras compter sur nous pour leur montrer ce qu’ils ont perdu.

Je sais reconnaitre lorsque c’est le moment de lâcher prise alors je lâche prise. Pourtant, l’idée restera toujours dans un coin de mon esprit.

Je ne m’attendais pas à ce qu’elle vienne me voir, je ne me sentais pas bien depuis quelque jours et je ne voulais pas qu’elle voit ça, je ne voulais pas qu’elle se rende compte à quel point j’allais mal, je préfère rester dans mon coin, ne pas faire de vagues, ça leur ferait trop plaisir, ils pourraient encore m’achever derrière. Je n’ai pas envie qu’ils en profitent encore plus. Je suis surpris qu’elle m’embrasse, je ne m’y attendais pas du tout et je la regarde surpris. Je souris lorsqu’elle me dit qu’elle peut recommencer pour que ça refonctionne et ce coup-ci c’est moi qui avance pour venir l’embrasser. Je ne sais pas trop pourquoi je le fais, sans doute parce que ça me fait du bien. J’acquiesce, je trouve ça adorable qu’elle prenne autant ma défense.

« Ils finiront pas se lasser je suppose, il y aura un autre scandale, ils s’en prendront à quelqu’un d’autres, mais je n’avais pas envie de voir ma vie étaler de cette manière et qu’ils aient pu faire appeler à ce … »

Je serre mes points, ce n’était même pas mon frère, ni un demi-frère, juste un des fils d’une des famille d’accueil. Je suis donc extrêmement fâché qu’il ose retourner la situation, qu’il me fasse revivre ça sans aucun remords. J’avais vite compris que je ne resterais pas longtemps là-bas et ça a été le cas, j’y suis resté les deux mois d’étés, ils m’ont remis au foyer ensuite. Ce n’est pas une période de ma vie dont j’aime parler. On ne m’a jamais cru. J’étais coupable pour eux, même pour le foyer. Je savais que mes chances de trouver une famille seraient nulles, personnes ne voulait déjà de moi avant.

« Je ne comprends pas comment on peut faire ça … »

Je ne comprends vraiment pas, je n’avais rien demandé, depuis le début de ma naissance, je n’ai pas choisi cette vie-là alors je me demande comment certains peuvent encore en rajouter.

C’est à mon tour d’être surprise lorsqu’il s’avance pour m’embrasser à son tour. Je ne m’attendais à ce qu’il le fasse, mais ça me fait réellement plaisir. J’aurais voulu que ça dur plus longtemps. Qu’il prolonge le baiser. Que ça finisse par s’échauffer et que ça devienne plus intense comme baiser. J’ai envie de plus. J’ai envie de tout lui faire oublier, au moins pendant quelques instants. Mais, je ne force rien et je le laisse reculer alors que ma main passe de son épaule à son bras pour finir allonger à côté de mon corps, comme son jumeau de l’autre côté.

- Je trouve que ce n’est pas assez vite à mon goût. J’ai envie de dire à mon frère d’organiser une grosse soirée juste pour que les médias parlent de ça plutôt que de toi. J’ai pas de patience pour attendre un prochain scandale. En plus, je déteste l’idée de t’associer à un scandale. Si tu voyais tout ce qui me passe par la tête pour leur faire ravaler leurs langues à tous ceux qui crachent sur toi, tu aurais surement peur.

Je croise les bras sous ma poitrine parce que, vraiment, j’ai des envie de meurtre. Ou presque. Surtout envers ce fils de pute et l’autre vieux croûtons. Comment on peut être aussi cruel envers quelqu’un ? Après, c’est aux victimes de se reconstruire alors que les connards n’ont pratiquement jamais à vivre les conséquences de leurs actes. À ses paroles, je lui prends les mains dans les miennes que je serre tendrement.

- Je sais… Je ne comprends pas non plus. Mais l’important, c’est de s’entourer de personnes qui te soutiennent et te poussent vers le haut.

Je suis très bien placer pour savoir qu’il n’y a rien à comprendre du comportement horrible de certaines personnes. À cause d’une poignée de ses personnes, j’ai développé le TDI, des TCA et tellement d’autres troubles pour le restant de ma vie. Je ne veux pas que Aiden reste dans cet état d’esprit alors je viens lui caresser la joue tendrement.

- Et si tu allais prendre une douche. Je vais commander de la pizza qu’on pourra manger devant un film, question de se changer les idées un peu.

Je lui fais cette proposition avec un doux sourire sur les lèvres. L’idée de lui proposer une douche en duo m’a traversé la tête, mais… j’ai peur de sauter des étapes trop vite si je fais ça.