Je n'avais plus l'habitude d'être seule chez moi. Pourtant, j'allais devoir m'y faire. Divorcée. J'étais divorcée. Comment on en était arrivé là ? C'était ma faute . J'avais couchée avec April. Je ne m'en souvenait pas, mais je l'avais fait et évidemment j'avais tout de suite dit la vérité à ma femme. Le résultat était là. J'étais seule. Hanna était devenue folle, je crois que le pire dans tout ça, c'était qu'on parlait d'April, peut être qu'avec une autre, on aurait pu arranger les choses. Mais pas avec April. Alors j'étais seule. Et mes filles étaient avec Hanna, nous avions optés pour la garde partagés, le mieux pour tout le monde. Mais c'était déprimant. Je n'avais plus l'habitude d'être seule, que la maison soit si calme. Alors comme toujours, la télé tournait, pour m'offrir un peu de bruit et me donner l'illusion que j'étais encore dans une maison pleine de vie, alors que mon appartement était désespérément vide. Devant une émission nulle, je terminait ma glace à la rose. C'était sacrément cliché, la fille célibataire qui descend son pot de glace devant la télé, il ne me manquait plus que les larmes, qui ne tarderait surement pas à venir alors que mon portable sonnait. Hanna, oh je savais que ce n'était pas vraiment elle, c'était plutôt Nala qui m'appelait comme tout les soirs pour que je lui souhaite bonne nuit et que je chante une berceuse à ses petites sœurs. Je tentait de moduler ma voix. J'étais heureuse d'entendre la voix de ma fille, mais c'était toujours compliqué de me dire qu'elles étaient loin de moi pour une semaine, j'avais peur de perdre des moments précieux avec elles. J'embrassais Nala, lui souhaitait de faire de beaux rêves. Puis je chantais pour les filles, je changeais chaque soir. Aujourd'hui je fredonnais doucement « Moi je n'étais rien Et voilà qu'aujourd'hui Je suis le gardien Du sommeil de ses nuits Je l'aime à mourir » Je continuais la chanson de Cabrel, le français étant l'une de mes langues maternelles, je maitrisais parfaitement cette chanson que j'avais apprise petite, je savais même la jouer au piano. Mais là je me contentais de la chanter, pour que les jumelles entendent ma voix avant de s'endormir. J'entends brièvement la voix de mon ex qui m'indique qu'elles dorment, et puis le silence. Elle a raccroché. Je suis de nouveau plongé dans le silence angoissant de mon appartement. Alors je rallume le son de la télévision. Et je tente de me replonger dans mon émission, en vain. Je repense aux filles, je suis un peu inquiète, la santé d'Ambre est fragile en ce moment, j'aimerais l'avoir près de moi. Oh je sais qu'Hanna est capable de prendre soin d'elle, mais je ne peux pas m'empêcher de m'angoisser. Soudain, mon portable sonne de nouveau, j'ai peur que ce soit Hanna, qu'Ambre soit de nouveau aux urgences, mais non. C'est un numéro que je n'ai pas enregistré, j'hésite un peu, mais me disant que ça peut être n'importe qui, genre un médecin, je décroche. Je plisse le front en reconnaissant la voix de Santiago et en entendant ce qu'il me raconte. « Oui bien sûr, j'arrive » J'enfile une veste, j'hésite à prendre ma moto, je serais plus rapide, mais s'il n'est pas très en forme, il seras mieux dans ma voiture. Alors j'attrape les clés de la voiture et je ferme mon appartement. Je roule assez vite, pour rejoindre Santiago. Enfin, j'arrive là où il me l'a indiqué, je le repère assez rapidement. Je sors de ma voiture et me précipite vers lui. Je le fixe « Bordel, Santiago, ils t'ont pas loupé ... » Tu aides vachement Aria. Je me mord la lèvre, parfois il faut vraiment que j'apprenne à tenir ma langue. Je sors de mon sac un mouchoir et lui tend pour essuyer le sang qui a laissé des tâches rouges sur son t-shirt « Désolé ... Je t'emmène chez moi, j'ai de quoi te soigner, et tu pourras dormir dans la chambre de Nala si tu veux, les filles sont avec Hanna » Bon il doit s'en douter, sinon je n'aurais pas pu venir si rapidement. Je l'aide à se lever et l'emmène dans ma voiture. Une fois installés, je demande « Comment tu te sens? Tu ne veux pas que je t'emmène à l'hôpital ? » Bon je suis pas loin d'être médecin, je pense que je saurais faire, il n'as pas l'air d'être gravement blessé, mais je préfère lui demander. En attendant, je démarre, plus doucement qu'a l'allée, je vais éviter de le blesser encore plus. On se prend un feu rouge, je soupire en voyant un couple qui traverse main dans la main devant nous « Pff ça m'écœure » Bon, je devrais éviter de râler, Hanna et moi étions comme ça avant. Mais c'est fini et je crois que je ne supporte plus l'idée de voir du monde heureux.