Le soir de la saint-valentin

C’est la première saint-valentin que je passe en tant que célibataire depuis mon arrivé à New-York. J’étais avec Esme pour les quatre derniers alors je me sens un peu perdu sur ce que je vais faire de cette soirée-là. J’ai presque l’impression d’avoir oublier quelque chose tellement j’avais l’habitude d’organiser une petite soirée avec Esme. Pourtant, tout ce que j’ai sur le programme pour cette année est de passer la soirée et, surement, la nuit à coudre. Lesli va être de sortie, donc j’aurais l’appartement à moi tout seul. Je pourrais me perdre dans des mètres de tissus avec ma playlist comme simple compagnie. Du moins, c’était ce que j’avais comme plan pour le 14 février avant que ma bande d’ami, tous les célibataires de celle-ci, me propose de sortir dans un bar. Ou plutôt m’oblige à sortir avec eux dans un bar qui organise une soirée pour célibataire. Je finis par accepter, même si je n’avais pas trop le choix au final. Mais ça me ferait surement du bien. Changer le mal de place, comme on dit.

On est maintenant le 14 février et j’ai fuis les réseaux sociaux toute la journée. J’en pouvais plus de voir toutes ces storys et publications qui puaient l’amour. J’ai même fait en sorte de rentrer directement chez moi après mon dernier cours. Tous ces couples qui se faisaient de belles attentions me donnaient la rage. Pas parce que je n’étais pas avec Esme aujourd’hui. Oh non. C’est surement la meilleure décision qu’on a prise ! Se séparer, c’était la seule chose qu’on devait faire. C’est plutôt que je n’arrête pas d’imaginer que ça pourrait être Lili et moi à leur place alors que je sais maintenant que ça ne sera jamais possible. Je m’étais fait trop de film et maintenant la réalité me rattrape. Je ne suis que ce gamin qui a surgit de son passé. Où j’aurais du resté. J’ai tenté de l’oublier, mais, finalement, je ne suis pas ce genre de mecs à pouvoir coucher avec n’importe qui juste pour oublier. J’ai tenté de me donner à un gars, mais je n’ai pas réussi. J’ai cette partie de moi trop idéaliste qui veut réserver cette première fois à Lili. Alors je suis bien content que cette soirée sera que pour des célibataires. Peut-être que je pourrais oublier Lilian pour au moins une soirée ! Euh non pas Lilian, mais bien Leeroy maintenant.

Du moins, c’est ce que je pensais juste qu’à ce que je me retrouve aux portes du bar de Lee. J’ai tenté de me désister auprès de mes amis. Je ne voulais pas me retrouver ici, dans son bar, en ce soir si particulier. En plus, la dernière fois que j’ai quitté ce bar, j’étais en larme. Mais, mes amis ne l’ont pas entendu de cette oreille et m’y ont entraîné quand même. De force. Je n’ai pas eu le choix. Cependant, j’ai fait le choix d’ignorer Lili du mieux que je pouvais. Et plus que j’enchaînais les verres, plus c’était facile. Je ne suis pas exactement le genre de mec à faire la fête jusqu’à perdre la tête dans l’alcool, mais, ce soir, j’ai tellement chaud que j’ai tellement soif ! Je goûte tout ce que mes amis veulent bien me faire essayer. Et il y a même ce mec plutôt mignon qui me fourni en alcool. Euh non carrément mignon !

Je ne sais pas quelle heure il est. J’ai perdu la notion du temps depuis bien longtemps. J’ai même perdu le fil du nombre de verres que j’ai bu. Ça doit être un nombre assez important puisque je n’ai jamais dansé aussi sensuellement avec un mec que je ne connais pas. En plus, je suis torse nu. Je sais même plus comment j’en suis arrivé là. Où est mon t-shirt ? J’en ai aucune idée. Est-ce que ça me dérange ? Aucunement. Alors je continue sans me soucier du lendemain. J’ai la tête dans du coton. Je ne me suis jamais senti aussi léger, bien et insouciant qu’à ce moment. Mon sang doit être devenu de l’alcool, j’en suis certain. Je me demande même comment je peux tenir encore début. Seulement pendant un moment fugace puisque le mec réapparaît avec deux verres, dont un qu’il me tend. Je le remercie et en prend une grosse gorgée. J’ai soif et j’ai tellement chaud. Il revient dans mon dos et je sens ses lèvres sur mon épaule qui remonte jusque sur mon cou que je tends pour lui laisser l’espace qu’il a besoin pour continuer son chemin. Un gémissement m’échappe lorsqu’il me mordille le lobe d’oreille. J’ai terriblement chaud. Je commence à ne pas me sentir bien. Je tente de repousse le gars, mais il ne me lâche pas. Je fronce les sourcils. Ça tourne autour de moi. Je vois flou. Je ne me sens vraiment pas bien. Après une dernière gorgée de mon verre, je l’abandonne sur une table et tente de marcher jusqu’au toilette les plus proches. J’ai besoin… J’ai besoin… Je ne sais pas ce dont j’ai besoin. Je veux juste m’éloigner un peu de ces lumières et cette musique. Je ne porte même plus attention au gars. Il me suit ou pas ? Je ne sais pas et c’est loin d’être ma priorité pour l’instant. Ma priorité est de me retrouver aux toilettes. Je crois que je vais être malade.

@Leeroy Montez

Je déteste la saint-Valentin. C’est le pire jour de l’année pour moi, mais l’un des meilleurs pour les affaires. J’ai donc organisé une soirée spéciale célibataire, parce que ça m’agaçait de voir tous les bars faire des offres aux couples et qu’il n’y a jamais rien pour ceux qui ne sont pas en couple. Je n’ai jamais aimé cette fête en réalité, même quand j’étais avec Luis, c’était la pire journée, parce qu’il se permettait encore plus de choses sous prétexte qu’il pensait que j’aimais ça. Crétin. Je ne suis pas vraiment allé au bar aujourd’hui, enfin si mais dans le nouveau, du moins dans le futur nouveau bar que je vais ouvrir. Il y a des travaux partout, mais ils ont insonorisé mon bureau et il est vraiment cool, j’avais des tas de choses à terminer, signer et organiser, donc je suis resté là toute la soirée presque. Je n’avais pas envie de sortir ce soir, mais je suis quand même allé voir si ça se passait bien, c’est plus fort que moi et puis les habitués aiment bien quand je suis là. Ils aiment me voir, parce qu’ils ont souvent quelques privilèges quand je suis là et que je suis un peu trop bourré, j’ai tendance à leur offrir trop de choses, mais pas ce soir. Je n’ai pas bu encore assez. J’ai pris ma moto et je suis allé déposer mon casque dans mon bureau à l’étage, ça fait comme un loft, rien que pour moi et la salle du personnel à côté, l’accès n’est pas autorisé aux clients. Il y a pourtant une très belle vue sur New-York et après avoir posé mes affaires dans le bureau, je me suis accoudé un peu pour voir la foule et je l’ai repéré évidement avec un autre, torse nu, il est là à se coller à lui et à profiter de sa soirée, visiblement il en profite et ça m’énerve tellement que je fini par retourner dans mon bureau. Je me sers un verre. Est-ce qu’il a fait exprès de venir ici pour que je le vois avec un autre ? C’était voulu ou non ? Parce que ça m’énerve royalement. Je suis tellement en colère que je pourrais aller cogner l’autre gars et peut-être lui crier dessus aussi ; lui dire que ce n’est pas sympa de faire ça, pourtant je ne fais pas mieux. Je sors avec d’autres et surtout on n’est pas ensemble. Pourtant j’aimerais, mais ça serait beaucoup trop compliqué et trop dangereux pour lui. Je me résigne donc à sortir de mon bureau et d’aller voir d’autres personnes, de dire bonjour, de montrer que je suis là, de savoir comment ça s’est passé avec mes serveurs, d’aller les voir aussi. Bred de faire mon job de patron. Je le cherche évidemment mais je ne le vois pas et j’ai une envie pressante alors je vais d’abord aux toilettes, pour finalement le voir. Il va dans cette direction là et il n’a pas l’air tellement bien. Je fronce les sourcils et je m’arrête à son niveau :

« Criss ? Tu devrais arrêter de boire, tu n’as pas l’air bien. »

C’est assez drôle que ça soit moi qui lui dise ça, parce que je bois tout le temps, mais lui n’a pas autant l’habitude que moi. Je reconnais aussi certains signes. Est-ce qu’il s’est drogué ? Je n’arrive pas à le croire … Ce n’est pas du tout son genre.

« Qu’est-ce que tu as pris ? »

Question idiote, mais vraiment je n’ai pas envie qu’il suive mes traces, ni qu’il fasse ça pour m’impressionner ou je ne sais quoi. Je ne veux pas qu’il devienne un paumé.

@Cristiano Vakos

J’ai chaud. J’ai la tête qui tourne. Je vois flou. Je ne vais vraiment pas bien. J’aurais été dehors pour prendre de l’air frais, mais c’est trop loin. Je ne sais pas si je vais tenir jusque-là. Alors je prends la direction des toilettes de peine et de misère. Autant parce que mon corps semble plus lourd qu’à l’habitude que parce que le mec ne veut pas me laisser aller aux toilettes seuls. Je suis capable d’y arriver. Puis, je veux pouvoir souffler deux minutes sans qu’il me colle. J’ai besoin de respiré un peu. Je m’appuie contre les murs pour avancer et tenter de réduire le sentiment de vertige et les étourdissements. Je pousse un léger grognement en fronçant les sourcils lorsque j’entend mon surnom. Pourquoi il ne veut pas me laisser en paix deux minutes ?

- Putain je t’ai dit de…

Attends, il ne connait pas mon nom. Puis, ce n’est pas sa voix. Ce n’est pas lui. C’est Lilian. Euh non… c’est quoi déjà ? Li… Leeroy, c’est ça ! Pourquoi il s’inquiète maintenant de mon état ? Ça ne l’a pas dérangé de me briser le cœur il y a quelques mois.

- J’ai aucun ordre à recevoir de toi. Puis, qu’est-ce que ça peut bien te faire si je me bourre la gueule ?

J’ai de la difficulté à articuler, mais je m’en fou. Je ne lui porte pas plus attention et je continue laborieusement mon chemin jusqu’aux toilettes. J’ai besoin d’eau fraîche. Finalement, je ne sais pas si c’est sa question, un vertige ou le haut le cœur que je retiens, mais je me stop en m’appuyant contre le mur. Puis, je pose sur lui un regard que j’espère noir, même si je crois plutôt qu’il pourra y voir mon cœur brisé.

- Parce que ça t’intéresse vraiment ? Tu t’intéresse à ce que je fais maintenant ? C’est parce que j’ai passé la soirée avec un autre gars, c’est ça ? Toi tu peux, mais pas moi parce que je suis ce pauvre gamin qui ne comprend rien parce qu’il est trop jeune. Ça ne t’intéressait pas ce que j’avais fait lorsque je suis venu te voir pour te dire que j’avais signé un contrat pour jouer le rôle principal dans une série tv et un pour une marque de luxe. Là, tu t’en foutais parce que monsieur a eu peur d’avoir été retrouvé parce qu’il a omis de me dire qu’il avait changé d’identité alors que moi je le pensais mort depuis des années. Ah et c’est vrai, je t’avais interrompu pendant que tu t’envoyais en l’air. Moi, je n’étais qu’une roche dans ton soulier qu’il fallait vite enlever, car trop gênant.

Je me passe les mains sur mon visage et grogne en sentant mes joues humides. Merde ! Pourquoi je n’arrive pas à contrôler mes émotions face à lui !?

- Fous moi la paix, ok ? Je ne suis pas un jouet qu’on peut prendre quand les autres sont pas disponible.

Je me surprends à avoir pu dire autant de phrases d’affilés dans mon état. Surtout que l’instant d’après, je sens que mon corps me lâche. Je me retrouve assis sur le sol avec la désagréable impression d’être dans un bateau un soir de tempête. J’attrape ma tête entre mes mains, espérant que ça aide à diminuer mes vertiges. Sans succès.

- Je vais vomir…, murmuré-je les yeux fermés.

Il n'a vraiment pas l'air bien, l'air de smceux qui ont pris quelque chose et vraiment ca ne lui correspond pas du tout. J'espère qu'il n'a pas fais ça a cause de moi. Je croise les bras. L'entendre me dire putain me fait tout drôle,  je ne suis pas sur que ça s'adressait à moi. Pas de cette façon. Mais peut-être que je me plante. Je le regarde dans les yeux, je reconnais sans mal qu'il a pris quelque chose, il sait que je sais ce que ça fait, pourquoi est-ce ce qu'il a l'air de ne pas se rendre compte?

"Tu n'es pas juste bourré. Tu sais que j'essaie de ne pas faire entrer de drogue ici et c'est pas si facile. Alors tu as pris quoi?"

Je le suis parce que son comportement m'inquiète. Il n'a pas l'air de savoir ce qu'il fait. Et son discours est tellement décousu, quoi que je sais qu'il est au colère après moi et je ne pensais pas qu'il le serait autant. Il n'a pas compris que moins de gens seront au courrant mieux s'est. Autant pour lui que pour moi.

"Quoi? N'importe quoi!Je n'ai jamais dis ça. Tu fais ce que tu veux. Je te priverais jamais de faire ce quoi que se soit. Tu le sais. Et ce serait bien que tu ne parles pas de ça ouvertement. Y a des raisons pour lesquelles je n'ai rien dit. J'ai pas envie qu'on te tombe dessus a cause de moi. Tu ne comprends pas que c'est pas juste un jeu ... tu as aucune idée de ce qui se passerait ..."

J'arrive pas a croire que je parle de ça ici. C'est n'importe quoi. Il n'a pas idée de ce que ça me ferait si on s'en prend à lui. Je ne veux pas prendre ce risque. Je suis vraiment énervé qu'il puisse croire que je me fou de lui. Et j'aurais pu crier encore plus, mais il tombe a terre et forcément je me précipite vers lui. Merde. Puis je vois ce type que j'ai déjà vu et qui était avec Brad. Et je comprends. Je m'énerve forcément et j'attrape le gars par le col avant de lui demander ce qu'il a mis dans le verre de Criss. Il fait comme si de rien, mais je sais ce qu'il fait. Je demande a le faire sortir par un des vigiles et je retourne voir Criss. Il a besoin d'air et de calme. Pas d'être le centre de l attention. Je l'aide a se lever et je lui réponds :

" Viens, tu serais mieux en bas."

J'espère qu'il ne me fera pas trop galérer et qu'il ne va pas protester.

Je ne me sens vraiment pas bien. Je n’avais pas la tête à me la prendre avec Lili. Je voulais juste l’oublier le temps d’une nuit ! Et même ça, on me le refuse. Pourquoi la vie est si cruelle ? Je veux juste aller aux toilettes, pourquoi il ne me fiche pas la paix ? En plus, il doit bien savoir que je ne prends pas de drogue ! Les seules fois où j’en ai pris, c’était en Espagne avec lui lorsque j’étais à des party avec lui. Puis, je n’ai jamais aimé le buzz que ça faisait. Alors pourquoi j’en prendrais maintenant ?

- Si je le suis. J’prends pas d’drogue, moi. Puis, non je savais pas, mais qu’est-ce que tu crois ? Que je suis un dealer ou quoi ? J’ai juste bu, fou moi la paix. T’es pas mon père.

Je crois que je ne lui ai jamais parlé aussi mal de toute ma vie. Est-ce simplement parce que je suis en colère contre lui ? Parce qu’il m’a brisé le cœur que je suis aussi froid et méchant avec lui ? Et en plus il me suit alors que je tente de me rendre jusqu’aux toilettes alors que le planche tangue sous mes pieds. Pourquoi il ne veut pas me foutre la paix lui aussi ? À ses paroles, je me retourne trop vite puisque les vertiges s’intensifient un instant et l’envie de gerber augmente. Mais, ça fini par se calmer alors je peux tenter à nouveau de lui lancer un regard noir malgré mon état de mal être sous toutes ses formes.

- Pourtant, c’est pas l’impression que t’donnes. Ah oui c’est vrai. J’n’suis qu’un pauvre gamin qui comprend rien et qui pourrait tout bousiller dans ta nouvelle vie parce que trop débile pour comprendre quoique ce soit. J’vois même pas pourquoi tu t’inquiètes pour moi. Pourquoi quelqu’un me tomberait dessus quand c’est toi qui veuilles ? Moi j’suis que le pauvre gamin d’à côté. Totalement insignifiant pour eux.

Je lui crache ses paroles au visage. Mon cœur saigne encore de notre dernière conversation. Je voulais juste une soirée où je n’allais pas penser à lui. Je pensais réussir à atteindre ce but dans les bras de ce garçon, même si on était dans le bar de Lee, mais il a fallu qu’il débarque et joue à… je ne sais trop quoi sans vouloir me lâcher la grappe.

Et je finis par m’effondrer au sol. Fuck les toilettes, je veux juste dormir maintenant. J’en peux plus de ma tête qui tourne et de mes hauts le cœur. Et du fait que j’ai terriblement chaud ! Je porte à peine attention sur Lee qui fout dehors un gars. J’ai pas l’énergie pour lever la tête pour voir ce qu’il se passe. Lorsque je sens Lili me lever, je laisse échapper un grognement de mécontentement face au changement de position, mais je ne fais rien de plus. Je me sens trop mal pour ça. Alors je tente au mieux de ne pas le laisser supporter tout mon poids. Et je le laisse faire juste parce qu’il me dit qu’il va m’emmener ailleurs. J’espère qu’il n’y aura pas de trop grosses lumières là-bas !

- J’ai chaud… J’veux d’l’eau… J’veux dormir…

Je me plains, les yeux à moitié ouvert, tentant au mieux de supporter un max de mon poids pour ne pas me laisser trainer par Lili.

Il n’est vraisemblablement pas conscient de ce qu’il a fait, je me dis donc qu’il est sincère, mais je reconnais tellement cet air-là, paumé, hagard à l’ouest. Ce n’est pas lui du tout. Il n’a pas besoin de ça. Je ne veux pas qu’il devienne une loque comme moi.

« Je ne veux pas que tu deviennes comme moi c’est tout. Je ne suis pas un bon exemple et je ne veux pas que tu deviennes un drogué, tu mérite mieux que ça et mieux que moi aussi. Je ne suis peut-être pas ton père, mais je suis le patron ici et je ne veux pas que les flics débarquent ici. »

Je soupire agacer quand il me dit mes quatre vérités en face, oh vraiment je n’aime pas quand il est comme ça, même si y a que la vérité qui blesse.

« Ne dis pas ça, je n’ai jamais dit que tu étais débile, je ne voulais pas que tu me voies avec quelqu’un d’autres et que tu penses que je suis qu’un … dragueur … qu’un … coureur … »

C’est pourtant la vérité, je le suis tout ça, qu’un dragueur, je couche avec le premier venu, la première venue aussi, ça arrive très souvent, on me demande beaucoup sans doute parce que je suis justement le « patron », je déteste ce terme, enfin pas entièrement j’aime bien, mais pas pour ça, disons que j’ai l’impression qu’on ne me voit plus que comme ça et je n’ai pas envie d’avoir cette image là, mais c’est ce que je reflète au fond et je ne voulais pas qu’il voit ça. Je voulais qu’il pense que j’étais toujours celui qu’il avait connu. Mais ce n’est plus moi, il faut bien que je me rende à l’évidence, je ne suis plus Lilian et même si je n’aime pas qu’on m’appelle Leeroy, ce qui est évidement contradictoire, je n’ai pas envie non plus qu’on sache qui je suis vraiment. Je me cache en réalité derrière tous mes faux semblant alors oui ça m’énerve qu’il puisse penser tout ça.

C’est assez étrange de me retrouver là et de parler de ça avec lui, alors quand je vois ce type et que je le reconnais, je n’en manque pas une pour lui coller mon point dans la figure et le faire sortir. Je ne veux pas qu’il s’en prenne à mes amis. Je ne veux pas qu’il s’en prenne à Criss, mais visiblement c’est trop tard et je l’aide à se relever, l’entraînant en bas, dans une des chambres. J’arrive tant bien que mal à pousser la porte de la chambre, la lumière est douce et moins agressive que les spots du bar. Je le laisse s’assoir sur le bord du lit et je vais lui chercher de l’eau, je prends un des verres de la salle d’eau attenante et je lui remplis avant d’aller lui donner :

« Tiens, tu as mis ou ton t-shirt ? Tu vas attraper la crève. »

Je pourrais lui passer une chemise, je dois en avoir dans mon bureau, mais je ne veux pas le laisser seul.

Dire que je voulais passer une soirée où Lili ne sera pas tout le temps dans mes pensées. Mais, amis ont dû choisir son bar ! Et maintenant je me retrouve avec lui qui me fait la moral sur le fait de prendre de la drogue alors que je n’ai juste bu ! Il doit bien savoir que les uniques fois où j’en ai pris, c’était avec lui en Espagne et que je n’ai vraiment pas aimé mon expérience ! Même l’alcool, c’est rare que j’en bois autant ! Ce soir, je voulais juste oublier et profiter de la soirée. Et même s’il était un peu collant, le mec était vraiment sexy et j’aurais bien aimé finir la nuit avec… surement. Mais, là, c’est mort. Je ne me sens vraiment pas bien et je sens que Lili ne me lâchera pas facilement.

- Mieux que toi ? Pourquoi faut toujours que tu te rabaisses comme ça Lili ? Tu es un bon exemple ! Tu as su échapper à l’emprise de Luis. Tu as fui le pays pour refaire une vie seul dans un pays que tu ne connaissais même pas. Tu as monté une entreprise qui cartonne. En quoi tu n’es pas un bon exemple ? Tu as su te reconstruire malgré les démons qui te collaient à ta peau. Je t’ai toujours admiré pour ta force, Lili.

Clairement j’ai beaucoup trop bu puisque j’ai perdu mon filtre et ma logique. L’instant d’avant, j’étais en colère contre lui et voilà que maintenant je tente de lui remonter le moral. Mais, je suis fondamentalement comme ça. Et c’est encore plus intense avec Lee puisque je suis éperdument amoureux de lui depuis toujours.

Je le regarde en fronçant les sourcils. Depuis quand ça le dérange que je le surprenne avec quelqu’un d’autre ? Est-ce que c’est l’alcool qui fait en sorte que je ne comprends rien de la logique de Lilian ou c’est lui ? Je m’embrouille tout seul. Je passe mes mains sur mon visage essayant de reprendre le contrôle de mon esprit et de mon corps. Je me sens vraiment mal. J’ai la tête dans du coton et j’ai chaud et j’ai la nausée.

- Pourquoi ça te dérange maintenant..? Je sais que tu ne te prives pas pour te faire plaisir… Oui je le suis parce que j’arrive pas à me dire que tu t’appelles Leeroy maintenant, mais ce qui fait de moi le plus grand débile s’est que… Laisses tomber…

Je secoue la tête. Je ne peux pas lui dire. Je ne peux pas parce que ça ne changera rien. Je serais toujours ce gamin, ce voisin un peu trop collant. Après tout, il n’a fait que me contredire sur le fait que j’étais débile, pas sur le fait que je ne suis qu’un pauvre gamin, que son voisin. Il faut vraiment que je me le sorte de la tête, mais surtout de mon cœur. En le voyant chez moi il y a quelques mois, l’espoir de pouvoir l’aimer au grand jour a retrouvé la force de briller, mais je sais que c’était totalement naïf. Je ne serais que son voisin, le gamin d’à côté. Jamais rien de plus. La preuve : nous sommes toujours voisins.

Alors qu’il a le dos tourné pour mettre ce gars avec qui j’étais il y a encore quelques instants, je tente de fuir, mais je n’y arrive pas. Mon corps a du mal à répondre à mes ordres. Sans parler des vertiges qui ne me lâche pas. J’ai juste envie de vomir. Tant bien que mal, on arrive dans une espèce de chambre. Une qui ressemble à celle où je l’ai surpris avec un autre gars alors que je voulais lui annoncer en premier pour les deux contrats que j’avais signé. Je suis content de voir que la lumière est bien moins forte que dans le bar. Ça m’aide à avoir légèrement moins mal à la tête, mais surtout à faire en sorte que mes yeux brûlent moins. En voyant Lee disparaître, je tente de rester assis sur le lit alors que je n’ai qu’une seule envie : me laisser tomber sur le matelas pour dormir. Je me passe les mains à nouveau sur mon visage et vois finalement un verre d’eau devant moi. Je l’attrape rapidement – du moins, je crois que c’est rapidement – et l’apporte à ma bouche pour le boire en entier. Je suis assoiffé, c’est complètement fou ! À sa question sur mon t-shirt, je hausse les épaules et une fois que j’ai fini de boire, je lui réponds.

- Il doit être quelque part dans le bar. J’sais pas. Mais, j’m’en fou, j’ai trop chaud de toute façon… Puis je veux juste dormir…

Je lui redonne le verre et me laisse tomber contre le matelas, la tête contre l’oreiller. J’ai de moins en moins le contrôle sur mon corps. J’ai juste envie de me laisser aller. Lutter, c’est rendu trop dur. Trop épuisant.

Je suis touché qu’il me dise que je suis quelqu’un de bien, mais il y a une chose qu’il ne sait pas, personne le sait, je n’en ai jamais parlé à qui que ce soit et je n’ai pas envie de lui dire là, pas comme ça. Je fais non de la tête. Ce serait plus simple s’il savait finalement, mais il se doute quand même que je me drogue, que je ne vais pas aussi bien que j’en ai l’air non ? Non je cache bien mon jeu c’est vrai. Je lui réponds donc :

« Je voudrais que tu ais raison, mais non … regarde-moi … ce ne sont que des apparences tout ça, au fond je suis toujours Lilian, je suis en mille morceau et je ne fais plus confiance à qui que se soit, à part à toi, puis … y a autre chose dont j’ai jamais parlé, mais j’ai pas envie de te dire ça là comme ça, tu t’en souviendrait pas … puis je suis jamais sobre, je me drogue, je bois, je couche avec qui veut … tu vois je ne suis pas du tout comme tu le penses. Je ne suis pas quelqu’un de bien. »

J’en suis persuadé, on a peut-être chacun une part de vrai, mais il me voit toujours sous un meilleur jour alors que je ne suis pas le meilleur. Je fini par lui dire :

« Je ne suis pas fort … »

Oh non je ne le suis pas, s’il savait, je fais encore des cauchemars de ma séance de torture, mais ça il ne peut pas savoir, je me drogue pour oublier tout ça, mais ça ne fonctionne pas, je n’arrive pas à simplement oublier ce qui est arrivé. Je ne peux pas et mon overdose de l’autre jour le prouve bien, je n’ai aucun contrôle sur ce que je fais. C’est triste à dire, mais c’est la vérité.
Pourquoi ça me dérange ? Je devrais lui dire parce que je t’aime crétin … mais je n’arrive pas à lui dire parce que je ne veux pas qu’il souffre à cause de moi. Je hausse les épaules et lui dit :

« Parce que tu es le seul qui croit toujours que je suis quelqu’un de bien, je ne voulais pas t’entendre dire le contraire, ça me laisse dire aussi que je ne le suis pas … »

Vive la contradiction. Il ne faut pas chercher à comprendre. Je fronce les sourcils parce qu’il n’a pas tout dit, il n’a pas terminé sa phrase et je demande :

« que quoi ? »

Je veux savoir maintenant.

Je l’ai emmené dans une des chambres ou il sera au calme et je lui donne un verre d’eau. Il me dit qu’il ne sait pas ou est passé son t-shirt alors je vais lui en chercher un, bon y a le nom du club, mais au moins il n’aura pas trop froid.

« Tiens si tu veux, repose-toi, je reste là. »

Il a besoin de dormir, mais je ne le laisserais pas tout seul, on ne sait jamais s’il fait un malaise. Puis je n’ai rien d’autre à faire de toute manière, ils peuvent se débrouiller sans moi.

Un long et profond soupire franchi mes lèvres lorsqu’il me contredit et se rabaisse encore. Je me frotte les tempes espérant que ça fasse disparaître le mal de tête. Pourtant, je sais que c’est peine perdu d’avance. Je ne me sens vraiment pas bien. Je n’ai pas l’énergie ni les capacités cognitives pour avoir ce genre de conversation. Je ne sais même pas comment je fais pour en tenir une tout court. Après tout, je me suis effondré sur le sol il y a peu sans être capable de me remettre sur les pieds tout seul.

- Et Lilian est fort pour être toujours debout malgré qu’il soit en mille morceau à cause d’un fils de pute. Tu es fort parce que tu aurais pu te tuer pour vrai pour échapper à tout ça et pourtant tu es toujours là. On a tous nos démons qui nous suivent, Lili.

Est-ce parce que je suis fou amoureux de lui que je le vois d’une façon aussi positive ? Ou c’est juste parce que, justement, il est fort pour être encore debout malgré tout ce qu’il a vécu ? Comme j’aimerais qu’il puisse se voir à travers mes yeux ! Il verrait à quel point il est une personne merveilleuse ! Une partie de moi voudrait savoir ce qu’il n’a jamais dit, mais une encore plus grande partie veut juste se laisser tomber sur le sol dégoûtant pour dormir et arrêter de lutter. Mais je continue à combattre cette envie parce que Lili est là. Parce qu’il me parle et semble réellement porter attention à moi alors je profite de ce moment et de ce sentiment d’importance à ses yeux le temps que ça passe.

- Ça n’a jamais changé mon regard sur toi, ça ne commencera pas aujourd’hui…

Je lui réplique en haussant les épaules. Puis, je me prends la tête entre les mains cherchant comment me sortir de la merde dans laquelle je me suis mis. J’ai trop parlé. Maudite alcool!

- Je sais plus, j’ai oublié…

Est-ce qu’il va y croire ? Je sais pas, mais j’espère. Après tout, il semblait vraiment inquiet de mon état quelques instants plus tôt. Il pensait que je m’étais drogué en plus d’avoir bu alors il pourra croire que c’est pour ça non ?

Je finis par me retrouver, enfin, dans une pièce un peu plus silencieuse et moins lumineuse. Déjà, je sens mes yeux s’apaiser comme le mal de tête. Le verre d’eau aide à calmer la nausée, mais je reste quand même dans le mal. Je prends le t-shirt qu’il me donne dans mes mains, mais je n’ai plus la force de le mettre. Je suis allongé sur le lit et je n’arrive plus à changer de position. Tant pis, je vais rester de travers. Ce n’est pas plus mal. Un petit sourire se dessine sur mes lèvres lorsque je l’entends me dire qu’il reste là. Ça me rassure. Avec toutes les peines du monde, j’arrive à tendre ma main un peu plus vers lui.

- Promis…?

J’arrive à souffler ce mot avant de tomber endormi n’ayant plus aucun contrôle de mon corps. Enfin j’arrête de lutter. Qu’est-ce qu’on est bien.

Je me pince les lèvres quand il me dit que je suis fort, il ne sait pas tout, je ne l’ai pas dit qu’on m’a torturé, je ne l’ai ai pas dit pour le gang et je sens mon cœur se serrer parce qu’au fond je lui mens, mais je n’ai pas envie qu’il s’inquiète encore plus. Je me pince la lèvre mais ne dit rien et lui dit :

« Ouai … aller repose-toi. »

Je lui fais un sourire quand il me dit que ça n’a jamais changé son regard et pourtant il devrait peut-être, il sait très bien que je ne suis pas ce qu’il croit. Tout ce qu’on a toujours dit sur moi est vrai, je ne comprends pas pourquoi il continue de s’acharner a vouloir être mon ami, peut-être parce que justement c’est un ami. Je sais que j’ai toujours pu compter sur lui, même si j’ai foiré en ne lui disant pas que j’étais en vie. Il ne m’en a pas voulu, mais si je lui dit que j’étais dans un gang, que je le suis toujours plus ou moins, comment il le prendrais ?

Je fronce les sourcils quand il me dit qu’il a oublié ce qu’il voulait dire. Je pose ma main sur son front, il a vraiment besoin de dormir alors je l’aide à accéder au lit.

« Allez au dodo. »

Je lui dis que je reste là et il a l’air rassuré alors j’acquiesce et je lui dit :

« Bien sûr, je n’ai rien d’autre à faire de toute manière. »

Je le regarde s’endormir ; Si je retrouve celui qui a fait ça, je lui règle son compte, il ne remettra plus jamais les pieds ici. Je ne laisserais pas un potentiel dealer venir ici, hors de question que ça devienne une plaque tournante. Je ne veux pas de ça pour mon bar, on pourrait me retrouver encore plus facilement et il n’est pas question que tout s’effondre à cause de mon passé.