Marilyn se souvenaient que les examens finaux n'étaient plus tellement loin que cela. Le temps passait si vite, on avait à peine le temps de profiter de la vie que la réalité frappait difficilement. Elle s'était un peu laissé aller ces derniers jours, au point qu'elle se souvint devoir terminer son préparatif de fin d'année aussi vite que possible. Elle avait une maquette à terminer, et bien que toutes les idées étaient dans sa tête, ce n'était pas évident de leur donner un aspect réel. Pourtant, elle avait confiance en elle, elle savait qu'elle pouvait y arriver. Elle n'était pas très loin de quitter les études pour se lancer complètement dans la vie active. Elle n'allait pas aller jusqu'au diplôme le plus haut, ce n'était de toute façon pas son objectif elle qui voulait vivre de ses créations. Peut être se fera t-elle remarquer un jour? Il fallait bien y croire après tout.

En quittant l'appartement ce matin là, elle laissa un mot à Tifa pour lui dire qu'elle l'aimait et qu'elle sera de retour rapidement. Elle aurait pu prendre le repas du matin à la maison, mais ce matin là, elle souhaitait changer cette habitude là, sortir de l'ordinaire. Le nez plongé dans ses activités manuel lui avait donné envie de retrouver l'extérieur, ne serait-ce qu'un matin. Voir les gens, même si parfois son attitude misanthrope la faisait rester à la maison toute la journée s'il le fallait. Et puis, la café ne trouvait seulement au bout de la rue, elle n'avait pas à emprunter de transport pour s'y rendre. Que demander de plus?
Son sac peluche en forme de Mog sur l'épaule, elle quitta l'appartement en faisant claquer discrètement la porte pour ne pas réveiller sa colocataire. En entrant à l'intérieur du café, l'odeur de boisson chaude vint narguer ses narines. Qu'il était bon d'être là! Elle en aurait presque oublié la vie réelle à force! Le froid la faisait presque hiberner qui plus était, mais les températures remontaient doucement. Ainsi elle s'approcha du comptoir, commanda son latte et chercha à s'installer. Elle vit au loin une table avec une seule personne et s'approcha ainsi, toute guillerette. Elle était en forme, Marilyn. De toute façon, elle ne comptait pas déranger plus que cela, elle avait de quoi lire un livre et écrire un peu dans son carnet de note. Seulement, la silhouette qu'elle voyait au loin n'était pas n'importe laquelle, il s'agissait de Zara, une amie de longue date.

"Mais c'est pas vrai, tu es là!" l'acceuillit-elle en posant son petit plateau qui tenait sa tasse ainsi qu'une part de gâteau aux carottes et un sandwich aux oeufs. "Comme on se retrouve! Tu vas bien? Ca t'embête si... ?"

Elle désigna la place en face d'elle pour avoir son accord afin de s'y installer définitivement. Il y avait peu de chance qu'elle reçoive une réponse négative, mais elle souhaitait quand même obtenir le consentement de la jeune femme pour ne pas s'imposer et faire comme si tout était déjà acquis.

Ça faisait tellement longtemps qu’elle ne s’était pas posée là. En temps normal, c’était son habitude post-examens ou alors le temps de prendre un repas rapide entre quelques cours, rendez-vous ou le temps de sa pause du midi lorsqu’elle travaille. Dans tous les cas, lointaine était l’époque où elle avait pris son temps ici, entourée de parfaits inconnus, bercée par les odeurs des diverses boissons chaudes et de l’alimentation. Elle se jura de venir ici plus souvent, pour se ressourcer de ces bruits, de ces odeurs, de ces mille et unes couleurs.
Après avoir avalé sa gorgée, Zara sentait la chaleur du café descendre le long de son œsophage, lui brûler l’entrée de l’estomac et prendre possession de tout son être. Ses parents ne comprenaient pas son obsession pour cette boisson le matin venu. Ils n’en boivent qu’en de certaines occasions et seulement du café aromatisé vanille ou caramel. L’amertume du café les dégoûte, l’odeur âpre les rebute. Mélangé à quelque chose de sucré, de radicalement différent… Zara n’a jamais vraiment aimé ce mélange avec le café. Elle l’a toujours aimé brut, sans lait, avec une légère dose de sucre. Quelque chose de brut de décoffrage, capable de réveiller un mort. C’est ça qu’elle aimait, le café qui était capable de réveiller les âmes les plus endormies. Quelque chose qui vient titiller le cerveau, jouer avec les neurones et mouvoir un corps. Et c’était ce qu’elle recherchait, la jolie rousse. Une boisson capable de retourner l’âme et de faire bouillir la moindre parcelle de son corps. Quelque chose qui permettrait de sembler un minimum en vie au cours de la journée. Une chose était sûre, la jeune femme savourait tellement cette gorgée salvatrice qu’elle s’était abandonnée à la rêverie et n’avait plus spécialement conscience du temps qui s’écoulait autour d’elle.
Elle se redressa lorsqu’une voix la tira de sa torpeur. Une voix qu’elle sembla connaître, une voix d’autrefois. Elle ouvrit un oeil puis l’autre, étouffa un étirement et un bâillement et esquissa un sourire. Elle dévisagea l’arrivante, quelqu’un qu’elle a connu autrefois et qu’elle ne connaît que trop bien et pourtant sur laquelle elle n’arrivait pas à remettre un prénom.
« Même si je suis absolument ravie de te revoir, et que ça te semblera totalement dingue, je dois avouer que j’ai un peu oublié comment tu t’appelles. Pourtant, j’ai l’étrange impression que je n’aurais pas dû l’oublier… »
Zara ramena son plateau vers elle afin de faire de la place à l’arrivante et poussa doucement du pied une chaise vers elle. Quand soudainement, la lumière se fit dans sa tête.
« Attends, mon cerveau me dit que t’es quelqu’un que j’ai connu autrefois qui s’appelait Marilyn. Mais j’ai du mal à reconnaître les traits de celle d’autrefois sur toi… Mais sinon, vas-y, assieds-toi, cette chaise et cette table ne m’appartiennent pas ! »
Elle prit sa pâtisserie, une espèce de kouign amman revisité, bien gras à souhait et beaucoup trop sucré. Mais elle s’en moquait éperdument, ça lui ferait un bien fou au moral.

Le temps passait à une allure folle. Marilyn s'en rendait compte en recroisant Zara Novacik, qu'elle n'avait pas revue depuis une éternité, du moins, c'était ce qui lui semblait sur le coup. Même si cela faisait un moment, elle gardait un bon souvenir de cette fille et regrettait de ne pas avoir donné plus de nouvelles que cela. En tout cas, en s'approchant d'elle, Marilyn se sentit à l'aise. Même lorsque cette dernière tentait de mettre un nom sur sa tête. Un nom qu'elle ne tarda pas à retrouver, mais sans qu'elle n'ait vraiment plus de souvenir que cela. Marilyn échappa un petit rire sourd alors qu'elle s'installait face à Zara étant donné que cette dernière le lui avait permis.

"Je ne peux pas te blâmer, il faut dire que quelques années ont passées depuis!" renchérit-elle d'une voix agréable. "On était ensemble dans les mêmes établissements scolaires. Et il faut croire que, d'une manière comme d'une autre, tu m'as beaucoup marquée. La couleur de tes cheveux doit y être pour quelque chose, ils sont toujours aussi flamboyants!"

Contrairement aux apparences, Marilyn ne flirtait pas. Elle souhaitait avant tout être agréable et amicale face à ces retrouvailles. La jeune femme détailla son amie de longue date plus en détail, d'un coup rapide de l'oeil avant de s'animer à nouveau :

"Qu'est ce que tu deviens?"

Question fatidique et généralement, il y avait beaucoup de chose et rien à dire à la fois. Enfin... si, tout de même. Parce que Marilyn avait bien évolué depuis. De nombreux évènements s'étaient invités dans sa vie, parfois de façon malvenue, comme le décès de sa mère. Un sujet encore sensible pour elle, n'ayant pas tout à fait terminé de faire son deuil. Mais, outre cela, elle avait une vie qu'elle ne regrettait pas. Ses études se passaient pour le mieux, sa vie sociale aussi... elle ne se plaignait pas... du moins, pas trop. Forcément, si elle pouvait rendre la vie meilleure , ce serait encore mieux. Seulement, elle n'était pas magicienne et cela était bien dommage!