Cour petite brebis, cour. La course, ça devait bien être un truc dans lequel Nyx excelle. Il avait beaucoup trop l'habitude de fuir, que ce soit la police ou des types plus louches. Ce foutre dans la merde, c'était un grand talent pour lui. Qu'a-t-il fait cette fois ? Se retrouver dans un crack-house au moment où la police a décidé d'y faire une descente. Ça ne serait pas la première fois qu'il se fait prendre pour ça, mais s'il pouvait éviter de devoir appeler son père du poste de police, ça serait bien. Donc son réflexe ? Passer par la fenêtre pour s'enfuir, les portes étant déjà bloquées. Est-ce qu'il s'est coupé le bras au passage ? Totalement, mais c'est un problème pour le futur lui. Pour l'instant, le but premier est de perdre ce foutu flic qu'il ne connaît que trop bien. La suite, il y réfléchira plus tard.

Après un certain moment, lorsqu'il est enfin certain d'avoir le temps de souffler, il s'arrête pour observer son environnement. Un sourire se trace sur ses lèvres lorsqu'il réalise qu'il est juste à côté du campus de son cher frère. Il regarde donc autour pour s'assurer qu'il n'y a pas d'agent de sécurité proche et grimpe donc la clôture. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? De toute façon, il n'a pas le droit d'être là, alors passer par la porte principale n'est pas vraiment une bonne option. Il prit un moment pour écrire à Éon, l'avisant de son arrivé espérant qu'il le laisse entrer. Un coup fait, il s'est donc dirigé vers le dortoir de ce dernier et y entre comme s'il était chez lui. Il offre un magnifique sourire à son frère et ouvre les bras pour une étreinte.

Éon, mon cher frère préféré!~

Un soupir s'était échappé d'entre les lèvres du plus jeune. La tête posée contre l'épaule de son frère, il était bien comme ça, contrairement au blond, semblerait-il. C'est en marmonant son mécontentement qu'il avait tourné de façon se retrouver dos contre le matelas, libérant Éon du poids qu'il était. Nyx tourna la tête, observant son aîné un moment, une certaine culpabilisation dans le regard. Encore une fois, il dérangeait un membre de sa fratrie avec ses problèmes à la con. À croire qu'il était indomptable, incapable de réfléchir et agir normalement. Bon après, qu'est-ce qu'était la normalité pour cet énergumène ? Définitivement pas la même chose que pour la société normale.

Désolé. Je te dérange encore, je devrais pas, t'as mieux à faire que de devoir gérer mes problèmes.

Sur le coup, venir à cet endroit lui avait semblé être l'idéal, mais avec du recul, il doutait de son choix. Comme la majorité de sa vie en fait. Le doute était ancré en lui depuis si longtemps qu'il ne savait même plus vivre sans. Il agissait et ensuite réfléchissait, mais bien souvent, il était trop tard pour y réfléchir. Malgré cela, un sourire restait bien installé sur ses lèvres. À ce moment précis, c'était dur de se sentir triste plus de trente secondes. Il s'était rapidement redressé en position assise, non pas sans ressentir un vertige à cette action, mais que passager. Il s'était ensuite levé pour se promener dans la chambre, observant la décoration, limite fasciné par la disposition des meubles. Pour ne pas faire changement, Nyx était intoxiqué, cette fois sous l'influence du crack. Il était si énergique, si bien, au point où il en avait oublié cette entaille qu'il s'était fait au bras. La manche de son chandail commençait à bien s'imbiber de sang, rendant le rouge du tissus plus foncé à cet endroit en particulier. Allait il s'en rendre compte prochainement ? Probablement pas. Son cerveau allait trop dans tout le sens pour s'arrêter à ça. Son sourire s'agrandissant, le brun se tourna vers Éon.

Tu sais que je t'aime toi ?~ T'es tellement parfait et aimable avec moi.!

Les compliments, il était bon pour en balancer tout plein. Il l'aimait son frère, bien plus qu'il ne pouvait le démontrer et il ne se retenait jamais de le partager. Surtout lorsqu'il avait besoin de quelque chose ou simplement de se sortir du pétrin. Son amour était traître.

Le mot je t'aime, à force de le répéter, ça perd de son sens. Pourtant, toute les fois qu'il le dit, Nyx le pense totalement. Il est si plein d'amour, il en déborde. Pourtant, il ne l'exprime pas nécessairement au bon moment. Bien souvent, quand il a besoin d'aide ou qu'il a merdé. Cette fois-ci, parce qu'il est trop intoxiqué et qu'il a fait le con. Faisant les cent pas, il se voit arrêté dans son élan par Éon qui lui agrippe le menton. Il se voit donc forcé de lever les yeux vers son aîné, ceux-ci trahissant clairement son état. Il mord légèrement sa lèvre, sachant bien ce que son frère en pense de tout ça. Il frotte son menton alors qu'un rire lui échappe à la question d'Éon. Monstre. Pour Nyx, c'est à peu près ce que la police est pour lui.

Un policier. Ya eu une descente où j'étais, il n'était pas question que je me fasse prendre.

Il sait bien que quelqu'un le sortirait du post d'une façon ou d'une autre, mais son instinct reste de fuir ce genre de situation. Il fronce un peu les sourcils, se demandant de quoi parle le blond. Blessé ? De quoi parle-t-il ? Il ne fait qu'observer le plus vieux qui semble chercher quelque chose sur lui, mais quoi ? Trop dopé pour comprendre ce qu'il s'est fait en passant cette foutue fenêtre. Il suit ses mouvements du regard et hausse le sourcil en voyant cette entaille dans son bras. Oh... Nyx va sagement s'asseoir sur le lit, laissant son frère lui retirer son chandail sans même s'y opposer. Il a appris à faire aveuglément confiance à sa famille donc, il ne pose même plus de question. Il éclate de rire en entendant les paroles de son frère. Il pose sa main sur son chandail en le tenant bien fort.

Ça donne envie de fuir juste pour te voir faire. Mais je fais me tenir sage. Je crois que je me fais ça en passant par la fenêtre.

Bien sagement, Nyx attendait sur place. l'envie de se pousser, explorer l'endroit, elle était bien présente. Nyx était de nature beaucoup trop curieuse pour son propre bien. Ça avait le mérite de lui apporter énormément de problème et il savait que s'il bougeait de cette chambre, c'était son frère qu'il allait mette dans la merde. C'était la seule raison pour laquelle il se tenait tranquille. Il avait déjà assez de déranger sa famille pour n'importe quelle connerie, il était pas pour en rajouter. Il s'en voulait bien trop pour tout ce qu'il faisait subir à ses frères et sœurs et bien souvent, il se demandait pourquoi ils continuaient de l'endurer, il continuait de se dire qu'ils devraient le laisser tomber. Un soupir s'échappe d'entre les lèvres du plus jeune en voyant son frère revenir, mais il lui adressa quand-même un sourire. Il observa Éon s'affairer sur son bras, qu'il avait assez bien endommagé.

Je vais faire de mon mieux. Et désolé d'encore te déranger pour une de mes conneries comme ça..

Avec l'aide de son frère, le jeune Zaïmis se lève pour le suivre à la salle de bain. L'envie n'y est pas, mais pas du tout, mais il savait bien qu'il le faut. Et puis, clairement, il en avait besoin, à courir comme ça, sans compter le sang qui avait bien couvert son bras. Après avoir allumé l'eau, il avait fini de se déshabiller pour aller sous l'eau. Se laver avait été assez rapide, mais sortir de la douche, c'était différent. Le désavantage avec le crack, c'était que le high était beaucoup trop court pour son propre bien. Appuyé contre la paroi, Nyx se laisse lentement glisser jusqu'à ce retrouver assis par terre. Comme toujours, quand venait la redescente, son moral en prenait un sacré coup. Le fait qu'il refusait de suivre son traitement adéquatement ne l'aidait pas du tout. Il se trouvait à valser entre ses sautes d'humeur et la constante denigration qui raisonnait dans ses oreilles. Tu n'es qu'un bon à rien. Jamais tu réussiras dans la vie. Tu es un fardeau pour ta famille. Tu serais mieux mort que vivant. Sans qu'il puisse les retenir, les larmes venaient troubler sa vision alors que sa respiration se faisait tremblante. Il essayait de garder son calme, de se ressaisir, mais c'était peine perdue. Il était juste là, tel un cliché à pleurer sous la douche. Lorsque son aîné avait ouvert la porte, Nyx avait tourné la tête vers lui. Il avait beau essayer aussi fort qu'il voulait, coller un faux et faible sourire sur ses lèvres, c'était bien difficile de nier l'évidence. Il répondit d'abord d'un haussement d'épaules avant d'opter pour une réponse verbale.

Ça va... Pas besoin de t'inquièter pour moi Éon...

Ils avaient beau te répéter que tu es aimé, qu'ils seront toujours là pour toi, leurs paroles se mêlent et se perdent avec celles des voix résonnant dans ta tête. Le problème, c'est que ces dernieres te crient dans les oreilles, font tout pour que ce soit la seule chose que tu entends. Elle veulent s'assurer que tu te rappelles la place que tu as dans ce monde. Tu ne dois jamais oublier que tu ne vaux absolument rien. T'as beau essayer de focusser sur les paroles positives, mais t'y arrives pas. Bon, le fait que tu ne suives pas ton traitement adéquatement et que tu te détruis le cerveau avec toutes ces drogues, ça ne t'aide pas du tout. T'en as conscience, c'est ça le pire. Tu sais que tu te nuis, mais tu changes pas tes habitudes pour autant. Une énième raison pour laquelle t'aider est une perte de temps. Malgré que tu te forces pour les apparences, ton frère voit assez bien que ça va pas. Il n'est pas con, il te connait. Tu baisses la tête en le voyant s'approcher et soupire.

Tu frissonnes alors que tu es tiré hors de la douche, à l'air frais. Tu prends place sur la toilette sans t'y opposer et tu laisses Éon te sécher comme possible. Cela dit, tes joues refusent de rester sèches puisque les larmes continuent de s'imposer. Tu fermes les yeux en soupirant et écoute ce qu'Éon a à te dire. J'essaie de me le rentrer dans la tête, mais c'est difficile... J'ai tout le temps l'impression de déranger, d'être de trop... Tu m'arrive pas à en faire autrement, c'est comme ça. Lorsque tu es sec, tu te lèves pour enfiler les vêtements d'Éon et tu traines les pattes jusqu'au lit sur lequel tu t'assis. Que vas-tu faire de ta peau, telle est ton questionnement.