Encore une fois, tu t'es laissé aller dans cette spirale infernale que sont tes émotions. Ton instabilité n'est pas une nouveauté, tu n'es pas convenablement contrôlé et ça paraît. Laissé à toi-même, tu as tendance à boire un peu trop et parfois consommer ce que tu ne devrais pas toucher. Et ça, c'est pas ce qu'il y a de mieux pour ta santé mentale, mais t'es comme ça, quand tu es dans une phase maniaque, tu a tendance à juger ne pas avoir besoin de ta médication. Alors t'arrêtes de la prendre et t'en soufre les conséquences par après. Car bien-sûr, quand t'es en rechute, ça va trop vite pour que t'aie le temps de te reprendre en main. Comme ça a été le cas dans ces derniers jours. T'as rechuté comme pas possible et encore une fois, tu es tombé bien profond. Une autre fois où t'as tenté de mettre fin à tes jours. Encore une fois qui n'a pas fonctionné, car t'as été pris en charge trop vite à ton goût. T'as simplement eu droit à un séjour à l'hôpital et un sacré mal de gorge. L'intubation, c'est peut-être pas la première fois que t'en as besoin, mais ça en pas moins désagréable. Mais bon, c'est sûrement le prix à payer pour avoir fait une telle connerie.

Après ces quelques jours d'hospitalisation, tu peux enfin sortir. De base, tes parents voulaient absolument que tu ailles vivre chez eux, ne serait-ce le temps que tu reprennes contrôle de ta personne, que tu recommences à prendre ta médication régulièrement et qu'ils soient certains que tu es stable. Heureusement pour toi, ton frère a réussi à les convaincre de te laisser retourner vivre au campus. Certes, tu ne seras pas seul, tu as convenu avec Dion que tu vas vivre avec lui un petit moment. Bien-sûr, tu vas t'arranger pour ne pas le déranger trop longtemps, peut-être que tu verras pour avoir Adão avec toi un moment. Lui, ça te dérange moins de l'avoir pris avec toi. Donc te voilà ramené jusqu'à la chambre de ce Dion, ton père à tes côtés, car il refuse de te laisser seul ne serait-ce que deux secondes. De toute façon, vu ton état de fatigue et ton air d'homme prêt à sauter du haut d'un immeuble, qui accepterait de te laisser seul ? Personne. Donc ce merveilleux Diamantino cogne à la porte du Zaïmis et attend à tes côtés, la main posée sur ta nuque. T'as tant l'impression de sentir le poids de toutes ses attentes qui pèse sur toi, simplement avec la paume de sa main et ça te fait sentir encore moins bien. T'as juste hâte qu'il vienne ouvrir pour te libérer de lui.

Ta vie en ce moment est comme une montagne russe. Ta joie, ton bonheur monte graduellement et lorsque tu crois que tout est à ta portée de main, la chute est brutale, douloureuse, fulgurante. Tu ne croyais pas ressentir cette peine après seulement deux jours de couple avec Tulio, lorsqu’il t’as finalement laissé. Et tu ne croyais pas non plus avoir la peur de ta vie, lorsqu’il ne répondait pas à tes messages. La panique s’était emparée de toi sans avertir, l’impuissante te tenais par la gorge. Que devais-tu faire d’autre qu’appeler le doyen pour lui parler de tes soupçons, de ta peur qui planait. De tes doutes, face aux faits et gestes de Tulio. Évidemment, qu’il devait vérifier si quelque chose était arriver et évidemment que ton ex petit-ami, si tu peux l’appeler ainsi, doit te détester de l’avoir sauver. Mais tu n’en as rien à faire. Il est saint et sauve et c’est ce qui compte à tes yeux. Et encore plus depuis que tu sais que son père accepte de le laisser entre tes mains pour le surveiller. Ce n’est pas rien, tu en as su des informations à son propos et tu te demandes même comment réagiras-tu en sa présence, sachant qu’il a osé lever la main sur celui que tu souhaites gagné l’amitié malgré ses fréquents refus.

En réfléchissant à ça, les coups à la porte d’entrée de ta chambre se sont fait entendre. Tu as passé tout ton avant-midi à faire le ménage complet afin que Monsieur Oliveira se dit qu’il ne fasse pas une erreur en laissant son fils chez toi. T’as tout de même le désir, malgré ta haine envers cet homme, de faire une bonne première impression. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Prenant le contrôle de ton corps, tu laisses échapper un soupire en te relevant pour aller leur ouvrir. Un homme d’une carrure imposante se tenait devant toi. Il n’a pas du tout l’air de vouloir plaisanter. « Bonjour Monsieur Oliveira, je suis Dionysos Zaïmis. Enchanté de faire votre connaître et merci de vouloir me confier votre fils. Je veillerai personnellement à ce qu’il respect les conditions fixés pour qu’il reste à mes côtés. » Dis-tu, leur faisant signe d’entrer à l’intérieur, avant de lui tendre la main pour la lui serrer. Tu regardes Tulio avec un air de chien battu, te prouvant une fois de plus comment tu as eu peur de le perdre. « Est-ce que je peux vous offrir quelque chose à boire? Avez-vous des questions? Des choses à clarifier? » Tu essayes d’être le plus sérieux possible à ses yeux, sans trop en mettre non plus.

Tu as tant envie, non besoin de t'évader, de fuir et ne jamais revenir. Ils ont peut-être jugé que tu étais prêt à sortir, mais clairement, tu ne te sens pas mieux pour autant. Tu ne sais pas comment tu réussis à rester aussi calme, silencieux et neutre alors que tout ce que tu ressens, c'est cette envie de disparaitre. Tu as ce nœud dans l'estomac qui te fait un mal pas possible accompagné de cette boule dans la gorge qui menace de pousser et te faire craquer. Non, tu ne vas pas bien, tu n'iras pas bien avant un petit moment, le temps de réajuster. T'en as malheureusement l'habitude. Tu sais comment c'est, de se sentir si désemparé, sans espoir. Tu sais que ça finira par remonter, que tu iras mieux, mais ça en pas moins difficile chaque fois pour autant. Et le fait de sentir la pression de ton père, par sa simple présence, ne t'aide aucunement. Le mieux que tu arrives à faire, c'est la dépersonnalisation, dissocier de ta personne, de tes émotions, éviter de les ressentir pour éviter de craquer. Est-ce sain ? Aucunement, car quand tu reviendras totalement à toi, tu vas être submergé par les émotions en question, mais pour l'instant, c'est ta meilleure option.

Lorsqu'il ouvre la porte, ton regard se pose sur Dion. Tes yeux montrent beaucoup de fatigue, mais aussi trop peu de vie, comme si tu étais complètement vide. Ton père, quant à lui, laisse bien paraître qu'il n'est pas là pour le plaisir de faire des rencontres. Bonjour Dionysos. Tu as intérêt à bien le surveiller. Tu n'as qu'une chance pour faire bonne impression dans la vie. Il vient serrer la main de ce Zaïmis avant de te pousser presque délicatement dans la chambre. Lui, il n'a pas l'intention de rentrer. Il est simplement venu te porter et clarifier deux ou trois choses. Tu vas donc t'asseoir sur le lit de ton ami, observant simplement ton père et lui parler à la porte. Non merci, je ne resterai pas. Adão m'a déjà dit ce que j'avais à savoir sur toi. Quant aux choses à clarifier, tu dois t'assurer qu'il prenne sa médication, chaque soir à 20 heures. Aucune alcool n'est permis. Tu ne le laisses pas sortir seul et si tu as à le laisser seul dans cette chambre, tu t'assures qu'il je soit pas en possibilité de faire une autre connerie. Il veut tellement d'attention que je ne serais pas surpris qu'il recommence. Sur ces paroles, il ne laisse pas vraiment le temps à Dion de répondre qu'il part. C'est bien ton père, aller droit au but, imposer ses conditions et ne laisser aucune chance d'opposition. Lorsqu'il disparaitre de ton champ de vision, tu pousses un long soupir alors que tes épaules s'affaissent. T'en peux plus de cet homme, mais t'as pas le choix de faire bonne figure, autant que possible, avec lui. Même si t'as l'impression que peu importe l'effort que tu fais, ça ne vaut rien à ses yeux. Tu reportés ton attention sur l'aîné, le regardant avec une certaine incertitudes sur comment agir avec lui.

T’écoutes ce que Monsieur Oliveira a à te dire et plus il parle, plus il te fait un effet de gerbe. Oui, t’as envie de gerber. Tu n’es même pas capable d’en placer une qu’il est déjà parti. À peine a-t-il fait quelques pas dans le corridor, que tu sors la tête à l’extérieur pour lui dire : « Au revoir, comptez sur moi. » Rentrant à l’intérieur, tu fermes la porte, la verrouille et dit à haute voix, alors que ce n’est pas ce que tu voulais faire en premier lieu : « La vache! Mais quel connard! » Tu secoues la tête et lève le regard vers Tulio, t’avançant vers lui. Dès que tu es à quelques centimètres, tu lui donne donne un coup de poing sur l’épaule. « Tu me fais encore ce coup-là... » Ton regard est dure, sans aucune forme de tendresse. Tout ça avant que tu l’attrapes par la nuque pour le coller contre toi, le serrant aussi fortement que possible sans lui faire de mal. Puis, ensuite,tu te recule et t’éloigne pour aller t’asseoir sur le lit de ton frère. Ce sentiment d’être dans la même pièce que lui, te rends mal à l’aise. Vous étiez tellement proche il y a peu et désormais si loin que ça te blesse. Tu ne sais même pas ce qu’il pense réellement de toi, ce qu’il attends de toi. T’aimerais tellement qu’il te raconte les raisons pour lesquelles il a voulu passer à l’acte. Est-ce que tu fais partie de ces raisons? Dans tes pensées, tu te surprends à secouer la tête et le regarde. « Tu vas prendre mon lit! Je t’ai également libéré un tiroir, alors si tu veux on peut aller chercher des trucs dans ta chambre. » Non, tu ne veux pas lui parler de sa tentative. T’essayes de penser à autre chose et tu préfères te concentrer sur le présent et peut-être l’avenir. « Pourquoi aussi t’as décidé de venir me trouver au lieu de partager ta chambre avec ton frère? » C’est une question que tu te poses, parce que mine de rien, en venant ici, il te montre en quelque chose qu’il te fait confiance ou qu’il veut le faire. Peut-être même que c’est parce qu’il veut parler, se livrer à toi? Tu n’as toujours pas changé d’avis, t’as réellement envie de le comprendre et être là pour lui…

Toi qui a pris l'habitude de remettre quiconque te manquait de respect à leur place, tu es loin de le faire avec ton père. Il n'y a rien de bien surprenant là. La dernière fois que tu lui as tenu tête et que tu t'es affirmé face à lui, c'est son poing dans la figure que t'as récolté, donc tu n'oses plus vraiment parler en sa présence. Tu le détestes tellement, mais surtout, tu te détestes d'être comme tu es. Tu détestes ton incapacité à te défendre comme ça. Tu détestes cette colère et cette violence dont tu peux faire preuve. Tu détestes cette peur vive de te retrouver complètement seul, mais tu es frappé par une crainte de t'attacher, sachant pertinemment que tu finiras par foutre la merde et le faire fuir. Parfois, t'as besoin de réfléchir longtemps pour trouver ne serait-ce qu'une chose que tu aime de toi. Un très faible sourire se trace au coin de tes lèvres lorsque Dion s'exclame sur ton père. Au moins, t'es pas seul à le penser. Il était doux pour une fois... C'est vrai qu'il a été dur dans ses paroles, mais avec cet homme, t'en as connu des bien pires. Tu regardes ton aîné s'approcher et fronce les sourcils dans un mélange de confusion et de curiosité quand il te frappe sur sur l'épaule. C'était mérité, te dis-tu. Après tout ce que tu viens de lui faire vivre, tu mériterais bien lire encore. À la vue de son regard trop intense posé sur toi, tu baisses la tête. T'as pas la force de confronter ce regard dans l'immédiat. C'est plus fort que toi, tu figes lorsqu'il t'attire contre lui. Ça te prend toute ta force pour ne pas éclater en sanglots dans ses bras. Tu ne vas vraiment pas bien et ça paraît, pour que ce simple contact te fase un tel effet. T'as envie de t'accrocher à lui, de l'empêcher de s'éloigner de toi et de rester dans ses bras pour l'éternité. Alors pourquoi n'arrives tu pas à le verbaliser ? Parce que tu te laisses diriger par tes peurs. Lorsqu'il s'éloigne, se détachant de toi, tu ressens une sorte de détresse dans ce vide qu'il impose. La tête toujours baissée, tu regardes tes mains alors que tu joues nerveusement avec la manche de ton pull. Pourquoi autant de stress ? D'accord.. On peut y aller là, tantôt, demain, peu importe.. Qu'il ne te demande pas de décider, car tu n'arriverais à prendre aucune décision. À son questionnement bien légitime, tu hausses les épaules. T'en es pas trop certain en fait. En réalité, tu sais maintenant que ton frère est simplement pas dans le coin, mais avant même de le savoir, venir là avec Dion t'est passé par la tête avant même de penser à ton jumeau. Je suppose que ça doit être lié au fait que je t'ai dit que j'allais m'ouvrir à toi..? Je sais pas... T'es la première personne qui m'est venu en tête, la première option dont j'ai eu envie.. J'espère que ça ne te dérange pas trop d'ailleurs... Tu es tellement incertain et insécure que t'en regrette déjà ta décision. Peut être aurais-tu mieux fait de rester chez tes parents ?

Tu as cette impression que Tulio ne veut pas décider par lui-même en ce moment. Et étrangement, bien que tu ne sois pas ainsi dans la vie de tous les jours, ça te plaît bien. C’est comme si tu as sa vie entre les mains et ce n’est pas tout à fait tort. Évidemment, tu sais qu’il s’agit plus de sa sécurité et de son bien-être que sa vie en général, mais s’il décide de refaire la connerie qu’il a voulu commettre, tu ne répondras plus de toi-même… Heureusement, il ne fait pas une montagne lorsque tu le frappes, mais semble désespéré lorsque tu le prends dans tes bras. Tu ne peux faire autrement. C’est bien une façon pour toi de le savoir en vie, de savoir qu’il est près de toi et qu’il est désormais impossible que tu le quittes, bien que vous ne soyez pas en couple. Tu as ce besoin incompréhensible de le protéger, d’être là pour lui, de l’écouter et surtout, oui surtout, de le comprendre. Tu as ce besoin qu’il se confie, qu’il te fasse confiance et tu sais que ça ne sera pas aisé pour lui. Tu as tout ton temps, qu’il le fasse lorsqu’il sera prêt. Une chose certaine, tu seras là pour l’écouter et apaiser ses craintes, lui donner tout l’amour dont il a besoin. Et pour ça, il faut commencer par aller chercher ses choses, ses objets personnels dont il aura besoin le temps qu’il soit à tes côtés. « On n’a qu’à y aller toute suite, ça sera fait et ensuite tu pourras décompresser. » Tu te relèves du lit de ton frère et attends qu’il fasse de même pour sortir à l’extérieur de la chambre, dans le couloir, afin de se rendre dans la sienne. « Et non… tu ne me déranges pas du tout, au contraire. Je suis heureux que tu aies pensé à moi directement. » S’il ne l’avait pas fait, tu lui aurais proposé. Tu peux le dire encore, t’as ce besoin d’être à ses côtés. N'ayant pas les clés de sa chambre, tu attends patiemment, sans le quitter du regard, qu'il ouvre la porte. Tu n'aimes pas le voir dans cet état d'esprit. « Et si j'te dis qu'on fait ce que tu as envie. ce qui te ferait plaisir, ce qui te passe en premier dans la tête, ça serait quoi ?  » N'importe quoi, tout ce qui pourrait lui faire plaisir, tu te plierais en quatre. De ton côté, t'as bien une tonne de question à lui poser. Tu veux le comprendre, tu ne lui diras jamais assez, mais loin de toi l'idée de vouloir le presser, alors tu attends qu'il soit prêt et qu'il le décide par lui-même. En attendant, tu es là pour toi, entièrement à lui.

Tu n'es plus là mentalement. Depuis ton overdose, tu n'as pas réussi à reprendre le dessus sur ta personne. Tu es en pilot automatique, complètement dissocié, c'est ça ton mécanisme de défense. Tu te détaches de tes émotions pour ne pas te faire ramasser par ceux-ci. Parfois, ça essaie de revenir à la surface, mais tu tente de ton mieux de les garder enfouis. C'est totalement malsain, tu le sais, mais c'est ta façon de fonctionner. Alors qu'il ne te demande pas de prendre des décisions, car tu n'y arriverais pas. Tu hoches simplement la tête quand il propose et aller tout de suite et tu te lèves après lui. Tu te retiens pour ne pas le prendre par le bras et t'accrocher à lui. T'as vraiment besoin te tenir à quelqu'un, à lui, mais t'arrives pas à te pousser à le faire. Alors tu ne fais que le suivre jusqu'à ta chambre et en sors la clé pour déverrouiller la porte. T'es sûr.? T'as tellement envie de le déranger que tu regrettes presque de lui avoir demandé d'aller à sa chambre. Tu soupires et ouvre la porte pour rentrer dans ta chambre. Tu laisses d'abord ton regard se promener dans la pièce, constatant ainsi que ton frère est passé faire le ménage comme il avait dit qu'il ferait. Bien que tu aies envie de te laisser tomber dans ton lit et te rouler en boule, tu t'en retiens pour plutôt aller sortir d'abord tes médocs puis des vêtements. Tes mouvements sont au ralenti, t'es amorphe et quelque peu encore sous l'effet des calmants. Tes capacités de réflexion sont si basses que ça te prend tout ce temps avant de réussir à répondre à sa question. Tu tourne la tête vers Dion pour l'observer un moment. Je sais pas ce que je veux faire... C'est le vide total dans ma tête.. Ils disent que j'en ai pour encore une heure ou deux avant que les effet des calmants de dissipent. Tu soupires, encore, longuement et décides simplement d'aller contre lui, passant les bras autour de sa taille alors que tu niches ton visage dans son cou. Tu te sens bien, en sécurité dans ses bras. Être contre lui réussit à ta rassurer.