Hey Bro’… Long time, no see.

Lelio est en hyperventilation. Lelio a mal au ventre. Lelio a froid. Lelio a chaud. Lelio ne va pas bien. Il ne va pas bien du tout. Il frissonne des pieds à la tête. Malgré la veste de cuir zippée jusqu’au col, il a froid. Il tremble. Le sol se dérobe sous ses pieds, ses genoux sont en guimauve. Il a besoin du mur à côté pour se retenir. Et éviter de tomber. Il a besoin d’une clope. Il a terriblement d’une clope. Non, il a besoin de plus. Il tient le sachet qu’il vient juste d’acheter dans le poing de sa main gauche. Il serre tellement fort que la jointure de ses doigts est devenue blanche. Il retient difficilement un haut-le-cœur. Il a horreur de faire ça.

Son dernier client était une cliente. Pourtant, il l’a dit cent mille fois à Silho. Il ne veut pas de femme. Mais quand Silho a décidé, on doit lui obéir. C’est pour ça qu’il ne va pas bien. Il a envie de vomir. Il voit flou. Il marche, comme un automate et les passants décrivent des grands arcs de cercle pour l’éviter. Il entre dans un batiment. Lelio n’est pas dans un état présentable. Il fait même peur à la petite vieille qui sort son chien, un Yorkmouth moche. Mais le jeune homme ne fait même pas attention. Il ne sait même pas où il se trouve. Pourtant, ses pas l’ont mené jusqu’ici. Comme s’ils avaient été branché sur le générateur de secours et qu’il les laissait totalement faire.

Devant une porte, son cœur rate un battement. Il est arrivé. Il le sait. Il ne se rappelle plus qui habite là. Sa tête est embuée par l’alcool, c’est peut-être pour cela qu’il doit se tenir au mur. Pour avancer droit, depuis tout à l’heure. Ou bien est-ce le petit sachet planqué au creux de son poing gauche. Le droit d’ailleurs, frappe contre le battant de la porte. Il frappe trois fois. Puis quatre, puis cinq. Un nouveau haut-le-cœur le prend et il a toutes les peines du monde à ne pas vomir sur la carpette par terre qui a du couté une fortune. Il se courbe quelques secondes avant de frapper contre le bois une fois de plus.

- Ouvre ! Put*in, ouvre ! Il gueule fort dans le couloir, s’acharne sur la porte. Et après quelques longues et interminable seconde, il s’effondre à moitié. A genoux. Le poing gauche contre le ventre, le droit en appui sur la porte. Il frappe une dernière fois, bien moins fortement. Tout comme sa voix, qui se fait presque supplique implorante. J’t’en prie… ouvre-moi…

Combien de temps il reste là ? Aucune idée. Est-ce deux secondes ou trois heures ? Il ne sait pas, mais finalement, devant ses yeux embués, il y a une silhouette familière qui apparait. Ca y est… Il sait où il est. Chez son frère. Qu’il n’a pas vu depuis presque 5 ans. Son grand frère. Il n’a pas changé. Par contre, Lelio, lui… il a changé. S’il avait déjà l’oiseau tatoué dans son cou, le frère peut voir des nouveaux tatouages, plein, dont un minuscule, une croix inversée non loin de l’œil gauche. Et encore, il n’a pas tout vu, il y en a tout autant sous son blouson. Il tremble de plus belle. En manque ? Totalement. Mais aussi pour d’autre raison.

- Hey, Lo… Ca faisait longtemps… J’ai besoin de toi…