I keep changing
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tu es semblable à un gamin la veille de noêl. une excitation certaine s’impose à ton myocarde et à ton esprit. rien n’arrive à la anéantir au contraire, tu la ressens dans chaque bribe de ton âtmâ en ébullition, attendri. la source de ce ravissement incommensurable est une femme. pas n’importe laquelle, c’est la femme de ta vie, la prunelle de tes yeux, ta bouée salvatrice ; ta mère, la seule et unique. la femme au passé tragique. c’est vrai, elle n’a pas eu la vie facile. elle a souffert le martyr avant d’avoir un semblant de paix avec ton paternel. et puis … l’inévitable s’est produit, déclenchant de nouvelles turbulences dans sa vie qu’elle pensait enfin synonyme d’accalmie. elle a repris du poil de la bête, tu en es conscient, tu le sais. mais est-ce réellement la vérité ? a-t-elle vraiment mis une croix sur cette soirée teintée d’atrocité ? toi, malgré les années écoulées. malgré la vie ayant repris son cours accoutumé, tu n’arrives pas à oublier. la pellicule de cette nuit, dans ta mémoire est ancrée. au fer rouge elle est cautérisée. tu as grandi, tu as évolué mais le supplice reste le même, inchangé. qu’en est-il de ta mère ? maintenant que t’y penses, vous n’avez jamais parlé de ces événements, comme si vous ressentez de la peur rien qu’au simple fait de l’évoquer. peut-être que vous n’avez pas tourné la page finalement.

alors que tu finis d’enfiler un jean épousant toutes tes formes, tu te demandes si ce sujet précis ne colorerait pas votre soirée de mélodrame. tu as envie de passer un bon moment avec ta mère et tu crains que ce sujet ne vienne tout bousiller. tu te mordilles la lèvre supérieure. c’est encore tôt pour penser à toutes ces éventualités. l’important est de retrouver ta maternelle et de ressentir sa chaleur éternelle. oui le reste n’est que superficiel. un sourire se peint sur tes ourlets au moment où tu récupères tes clés et le nécessaire.

après avoir pris les transports en commun, tu arrives sain et sauf devant sa porte. tu sonnes trois fois, une façon à toi d’annoncer ta présence avant même qu’elle pose son regard sur toi. quand les portails de sa maison te sont ouverts, tu ressens un besoin immédiat de la prendre dans tes bras, après tout c’est ta mère. “ comment tu fais pour être toujours si jolie hein ? ” elle te connait. t’es pas radin sur les compliments surtout quand c’est vrai. gemma est une femme à la beauté indélebile. au visage mémorable. au cœur pur, remarquable. une fois à l’intérieur de son royaume, tu poses sur la table ses petites friandises préférées, précédemment achetées. tu enlèves tes chaussures et tu te mets à l’aise, comme à ton habitude. “ ça va ? ta semaine n’était pas trop fatigante ? ” ces questions ne sont pas débitées par banalité. tu es réellement concerné par sa santé. tu ne veux pas qu’elle s’épuise dans son commerce. “ oh et avant que tu ne dises quoi que ce soit, j’ai pris une douche, je sens pas la mort. ” dis-tu non sans esquisser un petit clin d’oeil joueur.les week-end tu exerces ta passion ; thanatopracteur, tu en es fier. mais au fond, tu as des doutes ; ta mère approuve-t-elle franchement ton choix ?

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son faciès se teinte d’une légère couleur rougeâtre et cela fait battre ton myocarde. ta mère reçoit des compliments tous les jours de différentes personnes. par pelle. mais elle rougit face à tes mots. les tiens. oui ça te fait incommensurablement plaisir priam. tu occupes une grande place dans son existence, tu le sais, tu en es conscient. mais les petites preuves témoignant ton importance, te font toujours de l’effet et ça te conforte dans l’idée d’avoir hérité de la meilleure mère qui soit. cependant, les derniers mots qui sortent de sa bouche te font écarquiller les yeux avant de te mettre à rire doucement. elle est comme ça ta mère, sans filtre. aucun. “ oh je vois, c’est donc ça ton secret ! je dois suivre ton exemple alors. ” dis-tu passablement amusé. à dire vrai, tu suis son exemple depuis l’adolescence. quand tu as atteint l’âge adulte, rien n’a réellement changé à part le fait d’avoir réussi à l’accompagner à des soirées réservées à un public adulte. certaines personnes trouveraient votre relation malsaine, toi, tu ne veux rien y changer. tu aimes le fait de n’avoir aucune barrière. tu peux lui parler de tout. absolument tout. quand tu as fait ton coming out, elle ne t’avait pas jugé, loin de là. elle t’a accepté comme tu es et toi priam, tu lui rends la pareille.

alors qu’elle ne se plaint pas de sa semaine, affirmant avoir connu pire, tu roules des yeux. ta mère est une femme forte. quelques petits problèmes à droite et à gauche ne la font pas flancher. elle est résistante seulement, tu espère qu’elle se laissera aller avec toi. si elle ressent le besoin de s’apitoyer sur son emploi du temps chargé ou les soucis quotidiens accumulés à cause de son travail, elle pourrait le faire en ta compagnie. tu ne feras preuve d’aucun préjugé, encore moins de remarque déplacée. tu tiens à le lui communiquer. “ de toute façon si t’as des soucis ou si t’as juste envie de pester contre un.e employé.e, je suis là hein. ” au moins, maintenant elle sait pouvoir compter sur ton oreille attentive. toujours. te mettant à l’aise sur le canapé, tu remarques l’absence d’une personne que tu portes aucunement dans ton cœur. tant mieux. tu veux passer une agréable journée avec la femme de ta vie. cette même femme qui commence à dire des inepties en parlant de la mort. tu ne dis rien jusqu’à ce qu’elle te confie la tâche de la faire belle le jour où la faucheuse l'emporte. tu soupires. tu n’aimes pas spécialement ce sujet. tu côtoies souvent la mort certes mais tu ne saurais comment réagir quand il s’agit d’une personne chère de ton entourage. tu joues tout de même le jeu, récupérant sa main dans la tienne. “ promis, je te rendrai toute ta beauté. anges, démons, seront sous ton charme. ” tu te mets un peu plus à l’aise sur ton siège, une jambe croisée sur sa jumelle sans pour autant lâcher son dextre du tien. tu récupères l’une des friandises ramenées pour la glisser entre tes lèvres avides de sucreries. “ cela dit, tu peux avoir n’importe qui dans ton lit et pourtant tu reste attachée à ce … ” connard ? vaurien ? les adjectifs sont divers. mais par respect à ta mère, tu ravales ta mauvaise langue et tu te contentes de murmurer “ cet homme. ” que tu n’aimes pas et ce n’est pas un secret. tu as l’impression qu’il te vole cette femme précieuse. le sujet de devon a toujours créé des petites tensions entre vous. ce n’est pas ce que tu cherche aujourd’hui. tu veux comprendre. savoir ce qu’elle lui trouve. “ vraiment maman, pourquoi lui? genre, tu peux avoir quiconque d’un seul claquement de doigt. tu es belle, tu as réussi dans tes affaires alors pourquoi ? ” tu hausses un sourcil, pensant à une énième éventualité. “ vous avez tué quelqu’un ensemble et il te fait du chantage ? ” au fond, tu sais qu’il n’est pas si mauvais. et malgré toutes tes crasses, il part pas. il la quitte pas. il tient probablement à elle et cette possibilité t’horripile. tu as peur qu’il occupe trop de place dans sa vie au point de t’évincer. oui, c’est ridicule. elle ne le fera jamais mais qui sait ?

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« Doucement papillon, trouve-toi d’abord la bonne personne et après tu pourras envisager de suivre mon conseil. » heureusement que tu n’avais pas bu de l’eau sinon tu aurais risqué de cracher le contenu de ton palais. la déclaration de ta mère te laisse à la fois hébété et cynique. la bonne personne dit-elle ? tu doutes être ce genre d’homme à vouloir te caser un de ces jours. tu aimes croquer la vie à pleine dent. tu aimes beaucoup trop cette liberté au point d’être incapable de la sacrifier pour une seule et unique personne. à vrai dire, ce sont les excuses que tu sors tout le temps. la vérité est bien plus amère. tu as peur de l’engagement vu tes activités illégales. aimer quelqu’un est synonyme à laisser tous tes trafic de côté et pour le moment, tu n’en es pas capable. “ quoi ? non, je suis encore jeune. je dois profiter de ma jeunesse, c’est évident. ” tu n’as tout bonnement pas l’envie de plomber l’ambiance en avouant tes méfaits à ta mère. c’est mieux de la laisser croire en ton innocence et la vie paisible que tu mènes. elle croit que tu es un simple étudiant avec des goûts farfelus. c’est mieux ainsi. tu ressens comme une sorte de culpabilité car tu détestes lui mentir mais que dois-tu faire ? tu n’éprouves pas le besoin de l'inquiéter surtout vu le passé de ton paternel. elle serait capable de t’imposer un ultimatum et tu n’es vraiment pas prêt à affronter ce moment fatidique. en plus, tu ressens quelque chose d’inhabituel dans le son de sa voix. comme une sorte de … regret ? elle aurait peut-être voulu être plus stricte avec toi ? être une mère plus conventionnelle ? peut-être, tu n’en sais rien. vous n’avez jamais parlé de ça ensemble et pourtant, tu ressens l’obligation de la rassurer. “ mais même si je choisis de multiplier les conquêtes saches que non seulement c’est mon choix et en plus je me protège. ” elle n’est pas responsable de tes décisions. tu es sûre que si elle t’a élevé dans la voie chrétienne, tu serais devenu l’homme que tu es aujourd’hui. rien n’aurait changé, rien.

le sujet vire rapidement vers quelque chose d’encore plus accablant. ça te fait soupirer de lassitude ; qu’il soit présent ou qu’il soit absent, il te fait toujours chier. devon. tu hausses un sourcil d’ailleurs au nom de ta grande soeur, celle qui occupe une place tout aussi importante dans ton coeur. “ pas du tout. mais bon, je suis assez d’accord avec elle.” vous êtes rarement en désaccord avec zenia surtout en ce qui concerne ta génératrice. celle qui vient de mettre un doigt sur tes réelles réflexions ; que ce soit devon ou un autre, tu réagirais de la même manière. “ n’importe quoi ! ” ta façon de te gratter le front en dit long sur ce mensonge. tu es un bon menteur mais tu es incapable de bien tenir ce rôle face à ta mère. elle sait lire en toi comme dans un livre ouvert. elle a toujours été apte à accomplir cet exploit. quand elle se redresse, tu en profites pour te décontracter sans pour autant arrêter de l’écouter. suite à sa question, tu affirmes “ promis juré ” en mimant de zipper tes lèvres. intrigué, tu te remets correctement sur le canapé. tu ne perds pas d’une miette les propos de ta mère. elle a des doutes. et ce que tu retiens par-dessus tout c’est qu’elle a été capable d’aimer quelqu’un d’autre que ton père. intérieurement cela te rassure. au moins elle a tourné la page et elle ne partage pas son lit avec plusieurs personnes juste pour oublier mais parce qu’elle le désire réellement. la main tendue pour récupérer le cocktail gracieusement préparé par la femme de ta vie, tu trempes tes lippes dedans en poussant un son d’appréciation. “ j’adore, c’est sucré et amer à la fois. c’est ta conception ? ” demandes-tu en essayant de réfléchir aux révélations de ta mère. en lui faisant face, tu prends une bonne inspiration. “ tu sais, on a parfois la fâcheuse manie de confondre l’amour avec de l’affection ou l’attachement. ” tu prends une nouvelle gorgée de ce délicieux cocktail, appréciant sa texture unique. “ quand tu étais avec mon père, tu as délaissé ta liberté pour lui parce que tu l’aimais sincèrement. ” elle ne comprend sûrement pas où tu veux en venir alors tu essaies d’abréger. “ ce que je veux dire c’est que tu dois te poser les bonnes questions ; laquelle de ces deux personnes es-tu capable de donner ce qui compte le plus pour toi c’est à dire, ta liberté. tu sauras à ce moment de qui es-tu sérieusement amoureuse. ” oui tu connais ta mère. tu sais ce qu’elle aime et ce qu’elle déteste. elle préfère une relation libre avec devon car elle tient à sa liberté. elle tient à faire ce qu’elle veut quand elle le veut. d’ailleurs, tu as hérité de ce point de caractère. ça te fait sourire. “ et puisqu’on vient aux révélations … il y a quelqu’un que j’apprécie, un peu trop je crois. par contre je te dirai pas qui c’est tant que tu me dis pas le nom de cette demoiselle. ” donnant-donnant. ta mère sait que tu ne donnes jamais rien gratuitement. telle mère, tel fils.

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Une recette d’un ami. Tes lèvres restent scellées mais ton regard en dit long sur tes pensées. Un ami ou un ex-amant ? Les doutes s’installent et pourtant, tu ne lui fais part d’aucune réflexion. Tu apprécies tout simplement le goût de la préparation et de la compagnie de ta mère. Tu ne sais comment tu t’es mis à étaler ta science. En réalité, tu es loin d’être un expert dans les relations amoureuses. Tu es même novice dans les couples durables. Les tiens ne durent jamais longtemps et au fond, tu le sais, c’est de ta faute. Quand tu couches une première fois avec la personne, elle perd de son charme. Plus elle essaie de te connaître et de se rapprocher de toi, plus tu fuis par tous les moyens. Tu sais que tu te protèges. Un peu trop peut-être mais c’est la seule façon que tu connaisses. Quand on te pose des questions sur tes relations et leur durée minimale, tu sors toujours la même excuse ; tu es jeune. Tu profites de ta vie. Au plus profond de ton être, tu sais que ce n’est qu’un énième mensonge. Tu as vu ce que l’amour a fait à ta mère. Elle en a souffert avec ton père et toi Priam, tu n’as aucune envie de passer par là. Alors tu continues de papillonner, d’une chair à une autre, sans te poser de questions, sans éprouver l’envie de changer tes mauvaises habitudes ou de dépasser tes craintes.

Quand elle fait preuve de sarcasme, tu lèves les yeux au ciel non sans émettre un petit rire.
“ J’ai toujours su que mon sens du sarcasme, je le tiens de toi. ” Telle mère, tel fils. Tu te penches pour récupérer une friandise mais tu t’arrête net suite à la question de ta mère. Tu tournes doucement la tête vers elle en fronçant un peu les sourcils. Rendre visite à ton père ? D’où elle sort cette question ? Avant de te renfermer comme huitre comme toutes les fois où on évoque ton père, tu soupires longuement. C’est un sujet sensible pour toi. Tu as toujours refusé d’en parler. Quand on te pose des questions sur lui, tu restes évasif, vague, ne donnant jamais de réponses précises. Là, c’est différent. Il s’agit de ta mère. Elle sait tout. Elle a vécu ce que tu as vécu, peut-être en pire. Elle a dû payer les pots cassés. Elle a dû assumer le rôle de la mère mais aussi celui du père avec toi. Tu n’as manqué de rien. Elle t’a donné tout son amour et tu la remercieras jamais assez. Tu trouves que la moindre des choses est de t’ouvrir à ce sujet. “ Si. Je pense que j’vais l’faire prochainement.” Tu veux juste choisir le bon moment. Et maintenant que le sujet est lancé, tu t’embarques dans les confidences. “ Il a essayé de me contacter à plusieurs reprises mais j’n’ai jamais accepté ses coups d’téléphone. J’n’ai pas lu ses lettres non plus. J’me demande comment il a eu mon adresse et mon numéro. ” Tu hausses les épaules et tu poses pas la question à ta mère. Jamais elle ne te trahira et lui donnera tout ça contre ton insu n’est-ce pas ? Elle a toujours respecté tes choix et tes décisions. Alvaro, ton père, a sûrement dépensé de l’argent pour te rejoindre …. du moins, c’est ce que tu espères. Tu n’as aucune envie de lui poser directement la question. Heureusement que vous changez de sujet car tu commences à ressentir cette boule au ventre. Celle que tu ressens quand on te parle de ton géniteur. Là, tu te mets à rire doucement après avoir bu une petite gorgée de ton cocktail. “ Attends, il y a quelqu’un qui m’plait certes mais ça veut dire que j’vais m’marier avec elle. Elle est mignonne c’est tout. ” Jusqu’à ce qu’elle perde tout son intérêt au moment où tu l’auras consommé. Telle est la règle. “ T’es pas obligé de m’en parler maman si t’en as pas envie. Saches juste que ton fils unique t’aime et t’écoutera toujours quand t’en as besoin.” Dis-tu cela par bonté de cœur ? Pas du tout. C’est ta manière à toi de la faire culpabiliser de te mettre ainsi à l’écart de sa vie privée.

Non. Tu as esquivé trop rapidement le sujet de ton père. Tu brûles de l’intérieur. Tu bouillonnes. Tu as des questions et tu ne peux pas t’arrêter là. “ Maman, c’est pas toi qui lui a donné mes coordonnés n’est-ce pas ? Et toi, t’es allée l’voir ? ”

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« Si, elle est juste mignonne, tire ton coup et passe à une autre» Tu aurais pu jouer au surpris voire prendre un air choqué mais tu ne fais rien de tout ça. Tu te contentes de hocher la tête doucement non sans la regarder avec affection. Ta mère est ainsi. Elle va droit au but. Elle ne fait pas non plus dans la dentelle. Elle dit ce qu’elle pense. Son franc-parler t’as aidé dans plusieurs situations. Ta sexualité s’est épanouie grâce à elle et à ses conseils. Tu n’as jamais eu du mal à parler de préservatifs avec elle. Tu n’as pas agis comme tous les enfants du monde. Toi, tu n’étais pas contre une séance d’éducation parce qu’elle était la seule à pouvoir te la donner. Ton père ? Il a tout raté. Il n’était pas là ta remise de diplôme. Il n’était pas là quand ton premier crush n’était pas intéressé par toi. Dans tous les moments importants de ta vie, il y avait cette femme à tes côtés. Pour te féliciter ou pour t’offrir une épaule réconfortante. Alors oui, tu acquiesces à ses mots, conscient de leur véracité ; cette fille, tu ne tomberas pas amoureux d’elle. Elle ne sera pas l’exception à la règle. Personne ne le sera. Et le fait de ne plus penser à cette fille est la preuve de tes réflexions. Des réflexions qui se tournent vers ton père et surtout à savoir comment il a obtenu des coordonnées. La réponse de ta mère te réconforte. Au fond, tu le savais. Elle ne ferait jamais quelque chose contre ton gré. Mais l’entendre de sa bouche a un effet salvateur. Cependant, sa réaction ne passe pas inaperçue. Elle est passablement agitée. Est-elle contrariée car ton père a essayé d’entrer en contact avec toi ? Possible. Mais en même temps, c’est ton père. Tu es son fils. Il a le droit de chercher à te joindre non ? Tu frottes le haut de ton crâne. Soudainement, l’air est devenu oppressant. Ta mère reprend la parole. Tu la regardes quand elle se met à se confesser à toi. Ses mots te touchent car tu as vécu cette même situation. Tu l’aimais, ton père. Il était une bonne figure paternelle pour toi. Avec ton père, il était ton tout et puis d’un jour au lendemain, tout a basculé. Tu revis la scène où la police est entrée chez vous. Armé.es jusqu’au dent, criant sur vous, créant un vacarme traumatisant. Et tu es resté traumatisé par cet épisode, c’est certain.

“ J’sais maman. ” Tu sais qu’elle lui pardonnera pas. Tu sais qu’elle lui en veut de vous avoir mis en danger. Tu le sais, car tu ressens exactement la même chose. Et tout cela constitue une raison supplémentaire pour ne pas aller le voir. “ J’oublierai jamais ce jour-là. J’ai encore du mal à accepter le fait qu’il n’a pas du tout pensé à moi. Quand on a un gosse, on essaie de s’éloigner du monde illégal non ? Lui, il était plein dedans, il s’en foutait de savoir si je pouvais être en danger ou pas. ” Bien évidemment, tu ignores que ta mère a repris le flambeau tout comme elle ignore que toi aussi, tu baignes dans ce monde de drogue. Une boule se forme dans ton ventre et sa demande n’arrange pas les choses. Certes, tu as suivi les traces de ton père mais ça ne fait pas de toi un monstre n’est-ce pas ? Après tout, tu n’as pas de gosse et le jour où tu en auras - chose qui n’arrivera probablement jamais - tu arrêteras net tout trafic illégal. Être père a son lot de responsabilités. Protéger son gamin de tout et de rien, en fait partie. Tu te lèves à ton tour, allant vers ta mère. “ J’te le promets maman. J’ai beaucoup de défauts oui mais j’serai jamais comme lui. ” Du moins, tu vas essayer. Tu en profites pour poser un baiser sur sa tempe. C’est fou comme tu as grandi, tu la dépasse de plusieurs centimètres et ça te donne l’impression de pouvoir la protéger. C’est absurde tu le sais, vu que ce bout de femme, n’a besoin de personne pour se défendre. Ça te fait sourire. “ T’me prépares un autre cocktail s’il te plait ? ” Demandes-tu sûrement pour atténuer les tensions. Mais en même temps, tu as encore des questions. Elles sont moins accablantes que les précédentes et tu connais ta mère ; si elle en a marre, tu te le diras. “ Dis maman, pourquoi vous ne vous êtes jamais mariée à mon père ? Et … ” Tu retrousses tes lèvres, comme pour chercher à bien formuler ton interrogation. “ Il t’a jamais trompé ? Genre, t’penses que j’peux avoir un demi-frère ou une demi-soeur quelque part dans la nature ? ”