J’ai du mal à accepter ce qu’il me dit. Je ne suis pas convaincu, mais je pense qu’il s’en doute, parce que je ne sais pas quoi ajouter de plus. Je ne sais pas ce que j’aurais pu faire de plus, mais j’aurais du être là pour lui, j’aurais du faire en sorte qu’il ne sombre pas, me rendre compte qu’il allait mal. Je vivais avec lui tous les jours, comment j’ai pu laisser faire ça ? Je me laisse tout le poids du monde sur les épaules, c’est dingue. Mais ce qu’il me dit me touche, qu’il était heureux à mes côtés, qu’il souriait, c’est vrai, il était comme ça. Il souriait tout le temps alors qu’il était au plus bas. Je ne sais pas comment il faisait. Je ne sais plus faire semblant de mon côté, sourire deviens difficile. Je ne suis pourtant pas tout seul, je suis bien entouré, mais ma peine est bien trop grande pour qu’on puisse la combler. Ça me fait bizarre qu’il me prenne par les mains et qu’il me regarde dans les yeux. Est-ce qu’il voit un peu de Charles en moi ? Est- ce que ça le dérange ? Je sais que je me pose de drôle de questions mais je me demande s’il n’est pas ami avec moi simplement parce que mon frère lui aurait demander de veiller sur moi. Il en aurait été capable.

« J’espère, je ne veux pas le décevoir. »

Pourtant je sais que s’il serait là il me botterait le cul parce que je me morfonds et pourtant ce n’est pas si facile. Je suis tout autant surpris quand il me dépose un baiser sur le front. Peu habitué à ce genre de gestes, ce n’est pas tellement désagréable quand ça vient de lui, bien au contraire.
On en vient à parler de moi dans le bain, comment on en est arrivé là ? Les bleus, les contusions, mon genou qui s’est encore déplacé. Il veut m’aider et me sentir mieux et m’a proposé de me faire couler un bain. Je lui ai demandé si ça le gênait de me voir nu, il me dit non, mais je sens bien qu’il ne me dit pas la vérité alors je lui dis :

« T’inquiète je garderais mon boxer, tu n’auras qu’à m’en filer un autre si ça ne t’embête pas. Je me vois mal rester sans rien sous mon jean, ce ne serait pas très agréable. »

Non ça ne le serait pas et un sous vêtement trempé non plus. Je ne veux pas le mettre mal à l’aise, mais je crois que c’est bien ce que je fais. J’acquiesce quand il me dit qu’il vaut mieux que je garde l’attelle au moins jusqu’à demain. Il sait ce qu’il dit, c’est lui l’infirmier. J’ai une légère grimace quand il me dit qu’il est désolé si j’ai eu mal et je lui réponds :

« Ce n’est pas de ta faute, ce n’est pas toi qui m’as tapé dessus et je n’ai pas fais exprès de l’énerver. Il a dit des choses … je ne pouvais pas rester là sans rien dire. »

Je ne sais pas comment il a su tout ça sur moi, mais je vais devoir me méfier. J’ai un sourire quand il me dit qu’il ne veut pas de patient récurent mais qu’il a des patients privilégiés. Est-ce que j’en fais partis ? J’imagine que oui. Je le laisse faire ce qu’il doit faire et j’ai une grimace, ce n’est vraiment pas agréable de se faire replacer un nez, ça fait mal.

« Je m’attendais à pire, ça fait mal, mais ça ira. »

Je ne vais pas lui dire que ça ne me fait rien alors que c’est faux, il saurait que je mens et je n’aime pas lui mentir. Il n’est de toute manière plus à ça près et de mon côté j’ai vu pire aussi.

Je me sens si impuissant face au mal être de Clay que ça me fait mal à l’intérieur. C’est si dur de l’aimer en étant simplement son meilleur ami. Mais, je suis certain que c’est moins dur que de vivre sans lui. Je supporterais encore moins de le perdre et de devoir continuer à vivre sans lui. C’est bien pour ça que je trouve si dur de ne pas pouvoir faire réellement quelque chose pour l’aider à aller mieux, sauf d’être là pour lui lorsqu’il le demande. Et je serais toujours là pour lui. Je serais prêt à traverser la Terre entière pour le retrouver s’il en faisait la demande. C’est bien pour ça que j’ai un petit sourire à ses paroles. Tout espoir n’est pas perdu.

- Tu le décevrais qu’en abandonnant. Il te dirait qu’il faut que tu avances maintenant. Que tu l’as assez pleuré. Qu’il ne mérite pas autant de larmes, pas alors que tu as une si belle carrière dans le Nascar devant toi ni que tu es si bien entouré. Il te dirait que tant que tu fais tout pour être heureux, sans jamais l’oublier, il ne pourra qu’être fier de toi.

Après le baiser sur le front que j’ai laissé sur le front de Clay, sans réellement le réaliser avant que mes lèvres y soit posé, je me demande si ça serait réellement ce que Charles lui aurait dit ou si ça vient plutôt de mon cœur. Mais, ça Clay n’a pas besoin de le savoir.

Viens la conversation sur le bain et la réalisation que je vais voir nu Clay, qui met mes hormones dans tous ces états par la même occasion. Mais, que Clay prend pour du malaise. Je fronce les sourcils à sa proposition de solution.

- Même comme ça, je vais te voir nu. Puis, pas besoin de trouver une solution, ça ne me dérange pas. Si pour toi le fait que je t’aide à te laver te convient alors tout est beau.

Assis sur le bord du lit, je tente de cacher ce que je ressens face à l’éventualité de le voir nu pour qu’il arrête de penser que ça me rend mal à l’aise. Il faut que je me reprenne ! Et vite, ce serait le mieux.

- Je sais bien, mais je n’aime pas te voir souffrir comme ça. Tout court même. Je te comprends, mais s’il te plait, si tu le recroises ne dit rien… J’ai trop peur de ce qu’il pourrait te faire sinon…

Je suis infirmier, mais pas sorcier après tout. Je peux le soigner s’il a des blessures mineurs, mais mes connaissances ont des limites. Je ne pourrais pas faire une potion magique pour le guérir. Alors comme je ne peux qu’utiliser la médecine du monde réel pour le soigner, je lui replace le nez. Et aussitôt, je m’en veux pour la douleur que ça lui a provoqué.

- Ok… Mais je vais tout de même te donner un anti-douleur, ça va être mieux.

Je dis quelque peu perdu dans mes pensées. Je prend le pot de pilules que j’ouvre pour lui en donner un avec un verre d’eau. Je le laisse prend le médoc, puis me redresse.

- Tu veux que je t’aide à de déshabiller ici ou dans la salle de bain ?

Je lui demande tout d’un coup alors que j’allais le prendre dans mes bras pour le porter jusqu’à la pièce d’à côté.