Cléo avait envie de voir son frère. Oui, comme ça, pour aucune raison particulière. En réalité c'était même son frère qui lui manquait le plus entre lui et Clara. Ce n'était pas méchant. Simplement elle avait vu sa soeur il y a quelques heures, avant qu'elle ne parte pour faire quelques courses. Non, ce qui l'embêtait, c'était de ne pas voir son frère plus de deux ou trois jours. Ce qui était possible, même s'ils habitaient ensemble et que l'un avait un traumatisme et l'autre beaucoup de boulot. C'était comme...comme si il l'évitait. Comme si ils n'avaient pas grand chose en commun ces derniers temps. Surtout depuis son accident. L'étudiante avait été dans un état pas possible. C'était impossible pour elle de se dire que c'était peut-être fini pour lui. Pour eux. Encore. Pourquoi "encore" ? Parce qu'il y avait eu la mort de leur frère avant cela. Et cela allait encore se reproduire ? Heureusement non. Heureusement Clarence c'était remis. Bien...pas sûre. Mais il s'était remis. C'était déjà pas mal.

Alors la jeune femme prit le chemin du garage après avoir rangé les quelques courses qu'elle avait faites. Elle n'aimait pas prendre l'ascenseur. Parce que si elle vivait avec Clarence et Clara, ce n'était pas une raison pour tout faire comme eux. Surtout qu'elle commença à entendre un bruit sourd. Est-ce que rester bloquer dans l'ascenseur était une bonne idée ? Non. Alors elle se dépêcha d'aller au garage, ouvrit la porte et ouvrit grand les yeux en voyant son frère en train de...bousiller la voiture ? Eclater la voiture ? En tout cas, il ne la chouchoute pas. "Clay !", fit-elle alors, inquiète. Elle voulut lui demander ce qu'il y avait, mais il la salua comme si de rien n'était.

"Je...je sais pas..." répondit-elle quand il lui demanda si elle voulait essayer. Certes, cela peut faire du bien, mais ce n'est pas une raison de...jeter des assiettes contre un mur, ok, mais...ça ? Ok, Cléo était une petite nature, parfois, et elle était légèrement choquée. Elle s'avança donc, sans faire attention aux bout de verre et s'en planta un dans la semelle, plutôt dure, de ses bottines à talons. "Zut...". Elle n'avait pas mal, mais il fallait qu'elle fasse attention à ne pas se planter le pied avec. Alors elle se recula à cloche pied pour atteindre le mur et pour s'y appuyer et enlever le bout de verre. "Tu vas te faire mal, blondinet." Elle aimait bien l'appeler ainsi, depuis qu'ils étaient adolescents. Mais jamais elle ne l'appelait ainsi devant les autres. Si, devant Clara, c'est vrai. En revanche, pas devant quelqu'un qui ne fait pas partie de la famille.

@Clarence d'Egerton

"Un bien fou !" répéta-t-elle. Cléo n'avait rien contre ce qu'il faisait, à part que, comme elle le disait : c'était dangereux. Il pouvait, à tout, moment, se prendre un bout de verre dans l'oeil, dans la jambe, dans le bras ou que sais-je. Cependant, jamais la petite blonde ne s'était dite que son frère était un bon un rien. Jamais elle ne penserait cela. Même si...Il restait toute la journée dans son lit à ne rien faire. Même si il jouait toute la journée aux jeux vidéos. Ce n'était pas pour cela qu'il fallait dénigrer sa propre famille. Du moins certains membres de sa famille. Parce qu'après tout...certains le méritent. Ou pas. Ce n'était pas du genre de Cléo de penser comme ça. Que lui arrivait-il ? Mettait-elle la faute sur ses parents ? La faute de ne pas avoir assez entouré tous leurs enfants à la mort de l'un d'eux ? C'était une autre histoire.

Se prenant, finalement, un bout de verre dans le pied, ou du moins dans la semelle épaisse et dure de sa bottine, l'étudiante regarda Clarence en essayant de le rassurer. "C'est rien, ne t'inquiète pas. Je crois que c'est un bout qui est allé uniquement dans ma semelle. Ce n'est rien.". Souriant, pour le rassurer un peu plus, elle s'assit sur une chaise qui était là, dans le coin. Enlevant précautionneusement sa chaussure, elle remarqua une toute petite tâche de sang sur sa chaussette blanche. Mais elle était vraiment minuscule. Elle ne s'était donc pas empalé dans le bout de verre. "C'est rien.", continua-t-elle en voyant l'air inquiet du blond. Elle enleva sa chaussette et fit une petite perle de sang s'écouler de son pied. Les pieds sont très sensibles et, heureusement, encore une fois, elle n'avait rien.

"Je vais quand même aller désinfecter ça.". Faisant une moue de réflexion, elle se demanda comment elle allait monter. Puis, sourire malicieux comme elle sait si bien les faire sur le visage, elle regarda son frère. "Tu me porte ?". Tout était un prétexte pour se faire porter comme une princesse. Même par celui qui était son frère. Puis elle n'était pas bien lourde, au contraire. A moins que...était-elle à l'abris de la prise en sac à patates ? Non parce qu'être portée comme un sac à patates, ce n'était pas la plus agréable des sensations.

@Clarence d'Egerton

Quand Clarence s'excuse, la jolie blonde ne peut s'empêcher de se dire qu'il s'excuse tout le temps. Que ça l'agace également un peu. Mais elle ne peut rien y faire. Il ne changera pas tout de suite. Il se sent responsable et Cléo essaie de comprendre ça, même si c'est compliqué. Elle aime son frère plus que tout, mais parfois elle ne le comprend pas. Encore une fois elle essaie, mais ce n'est pas toujours facile quand nous n'avons pas la même expérience. Bien qu'elle soit similaire. Elle tenta tout de même :

"J'aimerais que tu arrêtes de tout le temps t'excuser. Parce que certes parfois c'est nécessaire, mais souvent ça ne l'est pas.". C'était vrai. Enfin...à moitié vrai. Cléo ne savait jamais quand il fallait ou non s'excuser. Alors elle aussi elle avait tendance à le faire régulièrement, mais souvent elle évitait quand quelqu'un lui disait que ça allait ou que la personne souriait de toutes ses dents. Même si, il est vrai, que cela peut être une réaction vicieuse. Dans le sens où on peut sourire sans pour autant être souriant dans le fond. Faire semblant, en somme.

Cléo poussa un léger crie de victoire quand Clarence accepta de la porter, avant de rire. Ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt était déjà passé. Justement. Même si, oui, il fallait absolument qu'ils parlent un peu de la souffrance mentale du jeune blond. Celui-ci ne pouvait pas continuer comme cela bien longtemps. Mais comment faire ? Sûrement que l'étudiante allait demander conseils à sa soeur. Sa soeur étant une petite vicieuse, mais étant également une très bonne professionnelle de santé.

La jeune femme alla dans les bras de son frère avant de se faire porter dans sa chambre où trônait toujours (toujours) une trousse de secours sur son bureau. Pourquoi ? Parce qu'il lui arrivait souvent de se faire mal. Se brûler avec une plaque, se couper avec un couteau de cuisine en coupant des rondelles de courgettes (ça fait mal). Ou, pire, se couper avec le bord d'une feuille de papier. "Je peux ?" fit-elle en indiquant la trousse de secours alors qu'elle même était assise sur son lit. En retirant ses chaussures et ses chaussettes, elle regarda son pied.

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"Merci blondinet." fit Cléo avec un sourire. Il faut dire qu'il a bien le droit à des remerciements en ce moment. Ça peut lui faire du bien. Tout simplement parce qu'un "merci" c'est agréable de temps en temps. Alors celui qu'avait lancé la jeune femme ne voulait pas forcément dire qu'elle le remerciait de faire des efforts pour ne plus s'excuser tout le temps. Mais également parce qu'il semblait, même si personne ne le remarquait, faire des efforts surhumains pour ne pas sombrer plus bas que terre. Bien sûr, il ne va pas bien. Cléo n'est pas bête, elle le voit, mais elle ne pense pas qu'il est prêt à prendre sa propre vie. Du moins elle l'espère. Cette pensée commence à la faire paniquer intérieurement. Pourtant elle ne dit rien. Elle ne veut pas l'embêter ou même lui donner l'idée. Il n'en est pas à ce point, quand même ?

Quand elle entend un petit début d'excuses, Cléo tourne la tête rapidement vers son frère et lui jette un faux regard noir avant de ricaner. Puis, quand Clarence lui explique qu'il avait besoin de se défouler, elle secoue la tête, légèrement, de droite à gauche. "Ce n'est pas ta faute. En soit ce n'est pas toi qui m'as "blessé" comme tu dis. Je suis juste pas douée. Mais c'est vrai que c'était dangereux.".

Réfléchissant, la petite blonde eu une idée absolument géniale. "Et si on allait casser des assiettes ? Ou lancer des haches ?". Bon, étant donné la carrure de Cléo, celle-ci ferait sans aucun doute tomber la hache derrière elle. Et elle tomberait avec. Mais le lancer d'assiette était une bonne idée. "Je crois que c'est isolé. Tu pourras même crier si tu veux. Avec casque anti-bruit pour moi parce que t'es fort pour gueuler. Genre...très fort.". Elle rie. Quand il s'énervait il criait fort, mais quand il criait vraiment pour crier, c'était encore pire. Ça faisait presque peur à sa petite soeur.

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Bon, il fallait qu'elle s'accroche, la petite blonde, elle le sentait. Elle s'apprêtait à dire quelque chose quand son frère s'assit à un bout du lit. Elle le regarda, interloquée, et l'écouta attentivement. Ca lui faisait mal, d'entendre ça. Parce que non seulement elle le savait, au fond, mais en plus il le lui disait à voix haute. Elle savait qu'elle ne comprenait pas complètement et qu'elle ne savait pas tout. En revanche elle ne savait pas qu'il était encore à ce point rongé par la culpabilité. Pourtant c'était évident. Tellement évident.

"Tu as raison. Je ne comprends pas. Du moins pas tout. Je savais que ça allait pas. Je sais aussi que tu cache des bouteilles..." elle s'arrêta, mais ne le laissa pas parler pour autant, lui lançant un regard qui voulait tout dire. Qu'elle l'aimait, mais qu'il devait se taire parce qu'elle cherchait ses mots. "Je t'aime, Clay, je t'aime plus que tout au monde et j'ai peur...Ouais j'ai peur de te perdre. Comme on a perdu Charles. Mais on ne peut plus rien y faire. C'est peut-être ta faute ou ça l'est peut-être pas. Au pire on s'en fiche, enfin...oui et non. Je veux que tu remonte la pente, que tu sois mieux. Même si ça prend du temps." Elle s'arrête encore une seconde avant de reprendre : "Je sais, c'est pas dans tes projets. Du moins j'en ai pas l'impression. Mais merde, Clay, je suis là. On est là, avec Clara. On sera toujours là. Ou pas. Peut-être qu'on finira par partir avant toi, tu mourras à 110 ans tandis que nous on mourra à 95. Ouais je suis horrible de parler de mort comme ça, mais c'est la vie. La vie est merdique parfois. La vie fait bien les choses aussi. Parce que tu n'es pas tout seul. Clay, je t'aime. Tu es mon frère et je suis là. Profite des gens qui t'entourent. Profite de chaque moments passés avec eux. Ils sont bien là, eux. Je vais pas te sortir que Charles sera toujours dans ton coeur, même si c'est pas faux, mais nous on est là et on a besoin de toi. On veut te retrouver...c'est peut-être égoïste parce que là je prends pas ce que tu veux en compte, mais j'en ai assez de penser tout le temps aux autres. J'aimerais penser un peu à moi. Et au fait que, oui, à plus de vingt ans, j'ai besoin de mon grand frère comme il était avant. Un peu con, mais génial.". Elle s'arrêta alors, les larmes aux yeux. Cléo voulait tellement retrouver son frère. Elle voulait aussi tellement qu'il aille mieux. Pas seulement pour elle, mais surtout pour lui.

@Clarence d'Egerton