C'était dingue quand même, ce qu'il se passait. Quoique, pas impossible après tout. Il s'était rendu dans un endroit où sa femme et lui se rendaient autrefois, et visiblement, Elizabeth avait poursuivit cette habitude là. C'était touchant quand on y pensait bien, et ça l'émouvait beaucoup. Mais ce qui le rendait au pic des émotions, c'était de se rendre compte à quel point le temps avait défilé. Elizabeth était toujours une magnifique femme, mais lorsqu'il était parti sur le terrain, elle était différente, tout comme lui l'était. Elle avait toujours ce timbre doux et adorable, celui qui l'avait fait autrefois craqué pour elle. Il avait presque envie de lui caresser la joue, toucher une mèche de cheveux, poser ses mains sur ses lèvres, la palper. Bien sûr, on ne pouvait pas se permettre des choses lorsqu'on refaisait surface plus de vingt ans après mais... c'était comme la redécouvrir. Et son coeur se serrait, d'une façon comme d'une autre.
Ils avaient parlé de Melody, du fait qu'il l'avait vue, comme si le destin avait voulu lui montrer quelque chose. Elizabeth s'attrista qu'il l'ait appris ainsi, mais Hazel n'y voyait pas là quelque chose de mal. Il eut un sourire dans le coin de sa bouche et se montra docile.

"Ce n'est pas un drame, vraiment. C'est une chose que je comprend tout à fait d'ailleurs. Et je... même si j'aurais aimé être présent bien sûr... Je.. crois que ça me rend heureux."

Cela faisait plusieurs jours déjà depuis la rencontre avec la jeune femme et il avait eut tout le loisir de méditer là dessus. Il avait envie de se rapprocher de sa fille et de la découvrir sans qu'elle voit en lui comme un fantôme surgissant du passé. Simplement d'établir peu à peu la relation qu'il aurait dû avoir avec elle, sans le fait qu'il ait participé à son éducation. Car, bien sûr, s'il avait su qu'il serait futur père, il aurait fait des pieds et des mains pour rentrer en Amérique, voir même tout plaquer pour se concentrer sur son rôle de père. Changer de vie du tout au tout, se sacrifier pour son enfant... A présent, la vie semblait lui avoir tout pris, ou presque.
Il eut un petit rire de sursaut lorsqu'Elizabeth appuya sur le fait que Mel tenait beaucoup à lui. Il avait du mal à ne pas céder à ses émotions, parce que c'était quelque chose qui le touchait fortement. "Tu as dû être une mère merveilleuse, Elizabeth."
Il se pinça les lèvres sous le compliment de sa femme, puis il arqua un sourcil quand elle lui demanda si elle pouvait lui poser une question. Il plissa légèrement des yeux, puis : "Je t'écoute."
Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre quand elle disait cela. Ca ne présageait pas toujours du bon en général, mais qui savait?