Capturer l'instant

Noé & Damiano

Le boulot était intense pour le moment. Shooting en soirée, tôt le matin, on ne pouvait pas dire que mon horaire était normal. Chez moi, pas de huit heures, seize heures. En plus j’avais envie de me faire marquer, alors je suivais mon mentor qui organise des soirées où il invite la crème de la crème. Des stylistes, d’autres photographes et des mannequins, ça m’a permis d’avoir plus de contacts et ça m’aide bien ! Grâce à certaines collaborations, j’ai augmenté ma notoriété et j’ai surtout plus de vues. Donc même si je ne suis pas toujours à l’aise lors de ces soirées, qui était trop tout. Là-bas, je ne disais pas non à un verre, mais je restais bien soft tout de même. Je préférais ne jamais perdre mes moyens ou dire des conneries. Mais j’en dirai pas plus car ces soirées étaient un secret. Tout ce qui se passe chez Dany reste chez Dany.

D’où le fait que ce matin, j’avais la tête dans le cul. Faudra vraiment que je pense à prendre des vacances ! Le soleil n’était pas encore levé et avant de démarrer une journée qui s’annonce difficile pour mes yeux. D’ailleurs là, pour le moment, mon obsession après la douche que j’allais prendre, c’était de me boire une ou deux tasses de café. Ca c’était ma vraie drogue. Une fois tout cela fait, je sors de l’ancien appartement de ma soeur. Ici, dans le quartier, j’étais bien placé et ce bâtiment avait en plus un garage attenant, ce qui me sauve souvent la vie. Et puis, avec ma nouvelle voiture, c’était mieux. J’avais pas envie qu’on me l’abîme, mais il y a toujours un troll dans le lot.

Dans les rues de Brooklyn, je profite de la fraîcheur pour prendre une bonne bouffée d’air. Bien que le soleil commence seulement à se lever, il y a déjà du monde et la fourmilière est déjà en marche. Quand je regarde tout ça, je pense à un film que j’ai vu sur Netflix où à la fin tout est parti en couille et où il valait mieux ne pas être en ville. J’avais le matos pour faire des photos, car j’étais toujours à l’affût de la perle rare; je vois que je n’étais pas le seul. Sa silhouette me disait un truc ! Je dis ça, car je connais beaucoup de monde. Je m’avance et je n'ai pas calculé que la personne allait se décaler et on s’est gentiment percuté. Ajoutez à ça, la tête dans le cul et c’était peut-être inévitable. A moins que je ne saute sur le côté !

La personne s’excuse, mais je le reconnais assez vite « Et ouais, c’est moi ! Comment va Noé ? » Je lui fais un sourire sincère et écoute ce qu’il a à me dire « Oui, c’était dans mes idées, mais j’aime bien les rushs du matin. Les gens sont tellement concentrés pour aller au boulot qu’on est invisible. » et je rigole « Après le lever du soleil, tu comptes photographier quoi ? » J’étais vraiment content de le revoir, ça faisait un bail.

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Noé & Damiano

Je pense, sans être objectif, que Brooklyn est le meilleur quartier de New York. Ici, j’ai tout à portée de main. Ma famille, les amis et surtout une boutique où je vais me fournir pour tout ce qui est en rapport à la photographie. Mais pour être franc, c’est un gouffre financier, une bonne partie de mon salaire par là-bas. D’où le fait que le gérant m’adore ! Mais pour vivre de ma passion, j’ai aucune limite. Faudra juste que je prenne mon courage à deux mains et que je fasse une jolie exposition de mes photos. Un projet qui date d’il y a deux ans. J’ai souvent tendance à reporter mes affaires et de me laisser submerger par le boulot. Après c’est peut-être que des excuses et que je ne me sens pas encore prêt à franchir cette étape. Et puis, même si j’aime être vue et que j’aimerais être reconnu dans mon domaine de prédilection. Je suis assez mal à l’aise d’être le centre du monde et de l’intérêt. Car le but de ce que je fais, c’est pousser les gens à réfléchir, à se poser des questions. Tout ça avec une touche de provocation, car pour le moment, l’un de mes plus gros kiffs, c’est de photographier des gens avec une clope au bec. Surtout des jolies jeunes femmes. Après, je sais que fumer tue et que c’est pas la meilleure chose à faire, mais je pense que chacun est libre de faire ce qu’il veut et de suivre ses propres choix !

J’étais content de tomber sur Noé, cela faisait un bout de temps qu’on ne s’était pas vu et c’était bien dommage. J’aimais bien passer du temps avec lui, à parler de notre passion commune. Après j’avais beau trouver ça dommage, je me dis qu’il devait y avoir des raisons ! La vie nous réserve à tous des surprises qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Le truc que je me dis c’est qu' autant profiter qu’il soit là pour taper un peu la discute avec lui. J’étais heureux que celui-ci aille bien. Enfin vaux mieux ça non ? Donc avec un large sourire, je lui réponds « Ah tant mieux ! Pareil, je vais bien ! Que demandez de plus ? » Pour moi, il n’y avait rien à ajouter là-dessus. J’étais pas le genre de mec compliqué. Il en faut peu pour être heureux ! Je lui ai aussi demandé quels étaient ses objectifs et il ne savait pas trop. J’ai un léger sourire qui arrive au bord des lèvres quand il me dit qu’il espère que son appareil n’aurait pas rendu l’âme ! Alors je lui dis presque du tac au tac « Ça serait moche, mais dans le pire des cas, on est à deux minutes de chez moi, je pourrais t’en prêter un d’appareil photos ! » Etant photographe, avoir un appareil défectueux me ferait royalement chier et pour une fois que je ne suis pas sorti accompagné de plusieurs objectifs … La conversation continue et non, je n’avais aucun plan de prévu, mais ça ne me dérangerait pas d’avoir de la compagnie. « J’ai pas vraiment de plan, j’allais descendre la rue et peut-être me prendre un café, mais je suis chaud pour que tu te joignes à moi. Ca m’évitera de rester bloqué dans mes pensées trop longtemps ! » Mon cerveau fonctionne a du mille à l’heure et des fois, les gens pensent que je suis totalement taré. Alors j’ajoute une autre petite question « Et sinon, quoi de neuf ? Depuis le temps, tu dois avoir des trucs à me raconter non ? » Question totalement innocente. Oui et non ! J’ai beau être une personne sympa, je suis quand même très curieux !

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Noé & Damiano

Moi, j’étais pas le genre de personne à vouloir me prendre la tête. J’étais pas du genre à chercher les problèmes non plus, mais ce qui me manquait c’était d’avoir une confiance en moi, aveugle ! J’avais toujours beaucoup de doutes, c’est ce qui retarde énormément l’évolution de mes projets et puis, je ne sais pas dire non. Mais malgré tout, tout va bien pour moi quand même. Je ne meurs pas de faim. L’argent rentre comme il se doit et j’ai beaucoup de potes, mais les meilleurs se comptent sur les doigts d’une main. La chose sûre c’est que tomber sur Noé était vraiment top. Je n’aimais pas voir les gens tristes ou déçus. J’aimais vraiment aider les autres et si jamais son appareil photos n’allait pas, j’étais prêt à lui en prêter un des miens, car dans un sens, si cela devait m’arriver, j’aimerais qu’on me donne un coup de main, car rater un superbe cliché m’aurait frustré pendant des jours. Prendre des photos, c’est comme respirer. J’attrape un énorme sourire quand je remarque que Noé est content que son appareil démarre. Alors je lui dis « C’est parfait ! » La bonne nouvelle, c’est qu’on peut continuer cette journée sans devoir faire un détour par chez moi…

La première chose à faire maintenant que tout est rentré dans l’ordre, c’est de se prendre un café. Une autre chose dont je suis totalement accro et ça depuis que j’ai l’âge d’en boire. Alors c’est ce que j’ai proposé au jeune homme « Ok, va pour un bon café, car sans ça, d’ici une petite heure, je m’endors sur place ! » Faut dire que pour le moment, mon boulot prend beaucoup trop de temps. Sans oublier mes soirées urbex avec les autres. Quand on commence à se diriger vers un endroit où ils vendent du café et vu que je n’aime pas les longs silences, je finis par lui demander des nouvelles, surtout que ça fait un certain temps qu’on ne s’était plus vu lui et moi. Puis, qui n’est pas un tant soit peu curieux dans la vie ? J’écoute attentivement ce qu’il me dit « Souvent on m’a dit que l’informatique, c’était l’avenir. Tu répares les ordis alors ? » Mon ancien est mort, mais j’ai des données à récupérer dedans, raison pour laquelle il n’est pas encore parti pour les déchets « Je suis content pour toi. Du moment que le job te plaise, c’est le principal ! » Je ne pourrais pas faire un job que je n’aime pas, ça c’est sûr ! A la fin de sa phrase, comme quoi 24 heure, ce n’est pas assez, je le comprends à 100%, car il faudrait au moins des journées de 48 heures « A qui le dis tu ! » Et puis son sourire étant très communicatif, je lui sourie à mon tour.

On continue et l’odeur du café commence à apparaître. J’étais pas du genre à me vanter, mais cela me fait vraiment plaisir que Noé ait remarqué ça, car étant un véritable artiste, mon but premier était de le partager et le deuxième est de vivre de ce même art. Non, l’argent n’est pas mon but principal, malgré le fait que tout le monde en ait besoin. A quand ? Bonne question ! » et je rigole. j’étais un peu mal à l’aise si on pouvait dire ça comme ça, mais je continue « C’est cool que je ne sois pas passé inaperçu !» Après, j’arrive à m’entourer des bonnes personnes. « Pour te dire la vérité, exposer, je ne me sens pas encore prêt. j’ai encore peur du regard des gens sur mon travail. Sur insta ou sur les autres réseaux sociaux, c’est facile, ça va. Ceux qui ont des propos haineux, je les bloque, mais je pense que je vais pas tarder à franchir le cap ! » C’était une envie, voire une obsession.

Nous voilà devant le Starbuck du coin. Je viens ici très souvent, j’ouvre la porte et laisse passer Noé en premier « Allez, c’est moi qui offre. Je t’invite dans ma troisième maison ! » Oui, la deuxième c’est l’endroit où j’achète tout mon matériel pour développer mes photos !