Je n’arrive pas à croire que Clay m’aime. Je n’arrive pas à croire qu’on s’est avoué nos sentiments. Il aura fallu que je le retrouve à peine en vie pour que j’aie le courage de lui dire, mais surtout que je lise noir sur blanc qu’il m’aime tout en pensant qu’il ne pourra jamais le dire tout haut. Et dire qu’on s’est avoué nos sentiments dans une chambre d’hôpital alors qu’il venait de se réveiller. Que c’est dans cette même chambre d’hôpital qu’on a échangé notre premier baiser. Et depuis, j’ai le droit à des visites alors que Cole et Clara ont forcé une internement dans un centre pour qu’il puisse guérir son addiction et ses pensées sombres. À chaque départ, j’avais l’impression d’y laisser mon cœur. Je ne voulais plus le quitter. J’avais tellement peur de le retrouver mort si je n’étais pas là pour prendre soin de lui. Et c’était de plus en plus compliquer de le quitter puisque j’avais de moins en moins de temps de visites. Au début, j’y étais chaque jours sans exceptions. Puis, je n’avais plus le droit d’y être chaque jour. Mes droits de visites étaient de plus en plus espacés. Je retrouvais toujours un Clay totalement épuisé et ça me fendait le cœur. Heureusement que Clara a toujours été là pour m’écouter me plaindre et pour me rassurer ou juste pour me prendre dans ses bras pendant que je pleurais mille et une émotions. Malgré tout ça, je faisais toujours comme si tout allait bien devant Clay. Je ne voulais pas l’inquiéter ou pire ! Je ne voulais pas qu’il se sente coupable de me mettre dans un tel état. Alors je reste là, à le serrer dans mes bras, le laissant se reposer contre moi bercer par mes caresses et mes baisers.

Aujourd’hui, c’est son anniversaire et je ne laisserais personne me dire que je n’ai pas le droit de le voir. Je me suis plié à leur règlement pour « le bien de Clay », mais ce n’est pas vrai que ça sera pour son bien qu’il ne voit pas de visage réconfortant et aimant aujourd’hui. Je suis prêt à tout affronter pour passer un moment avec Clay. Il me manque et j’ai grave besoin de le serrer dans mes bras pour m’assurer qu’il va bien. C’est donc avec une détermination sans faille que je me présente à l’accueil. Comme je m’y attendais, on me refuse toute visite. Selon eux, il a été trop agressif au courant de la journée, donc ça serait contre-productif de lui permettre une visite.

- Je m’en cogne de son attitude de la journée ! C’est son anniversaire et lui refuser toute visite aujourd’hui, c’est ça qui est contre-productif ! En fait, lui refuser toute visite pendant des jours, c’est totalement contre-productif ! Vous me répétiez tellement souvent au début que Clay semblait bien plus apaiser après mes visites et maintenant vous me refuser de passer au moins une petite heure avec lui ?! Alors que je suis le seul qui arrive à le calmer réellement ?!

Je ne suis pas du genre à m’emporter facilement, mais j’ai ce besoin viscérale de protéger Clay comme une lionne protège son lion. Je serais prêt à tout pour Clay. J’irais jusqu’à traverser l’enfer pour le protéger ! Alors ce ne sont pas des infirmiers qui vont me dire ce qui est le mieux pour lui. Je connais l’homme que j’aime, je sais ce qui est le mieux pour lui. Alors que le connard qui se trouve de l’autre côté du comptoir allait pour, surement, me menacer d’appeler des agents de sécurité si je ne me calmais pas, je vois une jeune infirmière se rapprocher et je la reconnais aussitôt. J’ai été son tuteur lors de son stage. Sera-t-elle une alliée ? Je n’ai vraiment pas envie d’utiliser le nom de mes parents pour avoir ce que je veux. Je n’ai jamais fait ça, mais si je n’ai pas le choix… je n’aurais pas le choix. Je n’en aurais même pas honte !

- Je vais rester avec eux pour m’assurer que Clarence soit sous contrôle, Bryce.

Je pourrais la serrer dans mes bras pour la remercier, mais je n’ai pas le temps pour ça. L’amour de ma vie m’attend. Je ne me fais pas prier, je n’attendais même pas qu’elle m’invite à traverser de l’autre côté que j’y suis déjà. Je suis à plusieurs pas devant elle. Je trace mon chemin comme une fusée jusqu’à la chambre de Clay. Je me sens comme si je retenais mon souffle et que mon oxygène se retrouvait en Clay. Je prends à peine la peine de toquer à sa porte avant de rentrer tellement je suis pressé de le retrouver.

- Mon amour ?

C’est tout ce qui accompagne mon entrée dans sa chambre que je balaye du regard jusqu’à ce que mes yeux se posent sur lui.

@Clarence d'Egerton

J’ai arrêté de compter les jours, je ne sais plus quel jour on est, quel date. Je perds toutes la notion du temps et je crois bien qu’ils essaient réellement de me faire devenir dingue. La plupart du temps je reste dans ma chambre, seul, il ne me laisse pas voir grand monde, je ne parle pas beaucoup, je leur ai dis deux trois trucs qui me tracassais, mais je me sens encore plus coupable. Ils essaient de me forcer à parler de choses dont je ne veux pas parler et ça m’énerve alors je fini par péter les plombs à chaque séance, à hurler et à casser des choses, donc ils finissent toujours par me ramener dans la chambre et comme je ne suis pas très compréhensif, que je n’aime toujours pas qu’on me touche non plus, je me débats, ça se fini toujours par une dose de calmant. A croire qu’ils le font exprès. Je deviendrai presque parano. La seule chose qui me tient encore c’est lui. Il m’a dit qu’il m’aimait et j’ai parfois du mal à me dire que ce n’était pas un rêve, parce qu’il ne vient plus souvent. Est-ce qu’il s’est moqué de moi ? Non il avait l’air sincère ? Alors pourquoi personne ne vient ?

J’ai cru que je rêvais encore cette nuit, mais je suis sur cette fois que ce n’en était pas un. Je ne sais pas tellement ou j’étais. Je n’ai pas tellement vu ou j’étais, j’étais à moitié dans les vapes à moitié conscient j’ai juste senti les électrodes sur ma tête. J’ai demandé ce qu’ils faisaient, j’ai eu droit à « rendormez-vous » et je n’ai pas tellement insisté, parce que j’étais épuisé. J’ai plus ou moins vu qu’ils me ramené au matin dans la chambre. Je ne me rappelle pas si j’ai mangé quelque chose après m’être réellement réveillé, mais je savais tout au fond de moi que ce n’était pas un rêve.

C’est une voix qui me fait presque revenir à la réalité et je ne sais pas si je dois lui en vouloir de me laisser là seul, de ne pas être venu plus tôt, pourquoi il a mis autant de temps ? Pourquoi il ne me sort pas de là ? Je ne comprends pas.

« Qu’est ce que tu fais là ? »

Pas de bonjour, pas de mon amour, parce que je ne sais pas faire la différence entre ce qui est réelle ou pas et je ne sais même pas si lui est réel. Tout me semble tellement flou.

J’ai le cœur qui débat d’impatience de retrouver l’homme que j’aime tout autant qu’il débat d’appréhension. Il sera dans quel état ? Est-ce qu’il sera encore tellement fatigué qu’il aura de la difficulté à rester éveiller ? Est-ce qu’il sera assez en forme pour qu’on profite du temps qu’on a ensemble ? Je ne sais pas quand on m’autorisera à nouveau à le voir. Et j’ai une stupide pensé pour la saint-valentin. Je me dis qu’on ne pourra même pas penser cette fête des amoureux ensemble pour cette première saint-valentin. C’est peut-être mon côté bien trop fleur bleu qui parle, mais j’ai envie de bien faire les choses avec Clay. J’ai envie de tout faire pour lui pour qu’il retrouve le sourire et le goût de vivre. Je veux être cette lumière dans les ténèbres qui l’entourent. Et je croyais l’être jusqu’à ce qu’il m’accueille avec cette froideur. C’est bien la première fois qu’il ne semble pas ravi de me voir.

Je jette un coup d’œil à l’infirmière grâce à qui je suis dans cette chambre et elle me fait un sourire encourageant avant de fermer la porte derrière moi. Elle nous laisse réellement seule dans cette chambre ? Alors qu’elle a dit à l’autre con qu’elle allait surveillait Clay? Il faudra vraiment que je la remercie mille fois pour ce geste merveilleux ! Je reporte toute mon attention sur Clay et tente de me reprendre en me répétant que ce n’est pas contre moi. Qu’il m’aime. Alors je lui fais un doux sourire et m’approche lentement, comme si j’approchais d’une bête qui pourrait m’attaquer au moindre mouvement brusque.

- C’est ton anniversaire et je ne voulais pas te laisser seul aujourd’hui. J’ai du forcé pour pouvoir te voir puisqu’il ne me laissait pas te voir encore aujourd’hui. Mais tu me manquais trop. Je ne supportais pas de ne pas pouvoir te voir depuis aussi longtemps. Tu n’as pas reçu mon sms ?

Je m’arrête à quelques pas de son lit où il se trouve. Je brûle d’envie de lui donner la partie de son cadeau que j’ai pu glisser dans mes poches. Le reste, il pourra l’avoir à sa sortie.

Il avance et même si je suis coincé dans mon lit, j’ai un mouvement de recul, je me méfie de tout le monde, qui me dit qu’il ne va pas se passer quelque chose de bizarre et qu’il ne va pas me dire des choses que je n’ai pas envie d’entendre ? Qui me dit que tout ça n’est pas qu’un rêve ou un cauchemar comme j’en fais si souvent ? Comment est-ce que je peux être certain que ça soit réellement lui et pas mon imagination ou des hallucinations ? Je ne sais plus tellement ce qui est réaliste ou non. Il me dit que c’est mon anniversaire et je reste là à le regarder avancer, sans vraiment dire quoi que se soit. Mon anniversaire ? Mais on est quel jour ? Je ne sais plus du tout me repérer dans le temps, ni depuis quand je suis là et je le regarde avant de dire :

« Mon anniversaire ? Non … ce n’est pas possible on n’est pas … »

Pas déjà en février, ça ferait presque trois mois que je suis ici ? même plus que ça ? Comment c’est possible ? Je n’arrive pas à me rappeler d’hier, tout se bouscule dans ma tête. Je fais non de la tête à sa question sur son message et je lui dis :

« Je n’ai pas le droit d’avoir mon téléphone, ils disent que c’est le règlement et ils … Ils disaient aussi que tu ne voulais pas me voir. »

D’où le fait que je réagisse de cette façon, ils disent finalement ce qu’ils leur vont le mieux. Je le regarde et je lui dis :

« C’est vraiment toi ? »

Question idiote, mais j’ai tellement peur que ça ne soit pas lui, qu’on me fasse une blague, ça serait de mauvais goût. J’ai l’impression de réellement devenir dingue.

Le voir reculer à mon approche me brise le cœur. Et même si je ne rêve que de le serrer dans mes bras, je me contente d’arrêter d’avancer à quelques pas de son lit. Je ne veux pas le forcer. Peut-être que finalement il ne veut plus qu’on soit plus que meilleur ami. Et je respecterais sa décision, même si elle me briserait le cœur à un petit feu chaque jour. Comprendre qu’il a perdu toute notion d’espace temps me fait monter les larmes aux yeux. Ce n’est pas normal. Son état et ses réactions ne sont pas normal. Je veux qu’il sorte d’ici. J’en peux plus de le voir dans cet état. Peu importe ce que Clara et Cole vont dire, je vais tout faire pour qu’il sorte d’ici. Je suis prêt à prendre des vacances sans solde pour rester h24 avec lui pour m’assurer qu’il ne rechute pas et qu’il continue son processus de guérison. Du moins, s’il a pu avancer dans ce processus, ce que je doute fort vu l’état dans lequel il est. Je me retiens au moins pour ne pas fondre en larmes en serrant Clay dans mes bras lorsqu’il ne croit pas qu’on soit rendu le jour de son anniversaire.

- Je suis désolé Clay…

C’est tout ce que j’arrive à répondre. Lorsqu’il me dit que le téléphone est interdit alors qu’il y avait droit au début, me coupe toute envie de pleurer. Mais, ce qui me met dans un état de colère est le fait qu’ils ont osé dire à Clay que je ne voulais plus le voir. Je serre les poings en ayant envie de frapper le responsable de cet horrible mensonge alors que je suis contre toute forme de violence ! Mais, comme j’ai dit, je suis prêt à défendre Clay comme une lionne défendrait son lion. Comme j’allais répliquer à ce mensonge, il me demande si c’est vraiment moi. Je franchis les quelques pas qui me séparent de lui, descend cette barrière de merde et m’agenouille devant lui. J’attrape son visage entre mes deux mains et picorent son visage de doux baisers.

- Bien sûr que c’est moi. Si tu savais à quel point ça me tuait à petit feu toutes ces journées où je n’avais pas le droit de te voir pour des conneries. Soit parce que tu dormais ou tu étais puni de visites puisque tu avais été trop violent.

Je l’embrasse rapidement mais avec amour sur les lèvres un court instant avant de reprendre la parole.

- Je te promets de tout faire pour te sortir de cet enfer. Tu n’y as pas ta place. Ça t’éteint à la place de t’élever. Alors peu importe ce que Clara et Cole pourront dire, tu vas sortir d’ici rapidement. Je te le promets. Je ne supporte plus de te voir comme ça et de ne plus pouvoir te voir chaque jour. Tu étais supposé guérir ici, pas te créer de nouveaux traumas. Je suis désolé mon amour…

Dès que je sors d’ici, je vais voir Clara pour lui dire qu’il faut absolument le sortir de là. J’étais déjà en train de la convaincre lors de nos dernières conversations alors juste un peu plus et je suis certaine que je vais l’avoir. Et je pourrais serrer Clay dans un lit qui sent l’un de nos deux et nos l’hôpital pour une fois.

Je le regarde et je demande pourquoi il est désolé ? Je me redresse un peu, je veux sortir de là, mais ces foutus barreau m’en empêche, j’ai l’impression qu’ils font tout pour me rendre coupable, mais je ne suis pas dingue pas encore. ET j’ai un premier sourire lorsqu’il m’embrasse le visage, là je reconnais que c’est lui, parce que dans mes rêves ou mes cauchemars jamais il ne ferait ça et je le prend dans mes bras. Je pose ma tête contre son épaule, il m’a manqué.

« Ben … c’est de leur faute si je m’énerve, ils ne veulent jamais me laisser tranquille. Ils me force à parler de trucs dont j’ai pas envie … Ils sont là tout le temps ...»

J’admet que je ne suis pas le meilleur de leur patient, mais je ne pensais pas que ça en arriverait jusque-là, surtout qu’ils me disent des mensonges et qu’ils en disent à Axel aussi et je lui dis après l’avoir lâché:

« Je croyais que je rêvais parce que ce n’était pas ici … je crois que c’est ailleurs dans le centre … ils font des testes, je me suis réveillé et ils étaient là, ils disaient que c’était pas la réalité, j’ai pas rêvé … »

Je commence à comprendre que je sers sans doute de cobaye pour certains de leur test psychologique, peut-être que c’est pour ça qu’ils ne veulent pas que d’autres personnes me voient. Je commence réellement à devenir parano.

« Ce n’est pas ta faute … Je n’aurais pas dû … enfin … »

Il sait de quoi je parle, je n’aurais pas du faire ça, il était là et il l’est toujours, c’est tout ce qui compte aujourd’hui.

Toute la douleur, la colère et l’inquiétude s’apaisent lorsque je vois enfin un sourire éclairé les traits de Clay lorsque je le noies sous une pluie de baisers. Lâchant son visage pour le laisser poser sa tête contre mon épaule, je l’entoure de mes bras pour le serrer contre mon corps. Puis, je lui attrape les cuisses dans le but qu’il les entoure autour de mes hanches et me lève du lit. Pas question de le laisser encore sur ce matelas. Depuis combien de temps il y est coincé ? Je suis prêt à m’allonger sur le sol avec lui sur moi pour le sortir du lit, même si ça sera inconfortable pour moi. Quoique, tant que je l’ai entre mes bras, je ne serai jamais inconfortable. Je finis par m’assoir sur un chaise sans jamais le lâcher. J’ai besoin de le sentir contre moi. De le serrer contre mon corps. De sentir sa chaleur me réchauffer. De le toucher. De lui embrasser les cheveux. Est-ce que c’est plus pour moi que je fais ça ? Pour me rassurer ? Ou plus pour le rassurer lui ? Peut-être un peu des deux au final.

- Tente de faire profil bas alors. Je vais tout faire pour te sortir d’ici rapidement. Je ne veux plus te voir sous l’effet des calmants… J’ai peur que tu finisses blessé par accident ou par leur faute…

J’accompagne mes paroles de douces caresses sur son dos et d’un baiser sur sa tempe. Je pourrais presque grogner de frustration lorsqu’il se recule. Je ne veux pas le lâcher moi. J’ai encore besoin de me gorger de sa présence. Pourtant, je le laisse faire. Je vois à son regard que ce qu’il va me dire est important et sérieux. Je fronce les sourcils à mesure qu’il parle. À la fin, j’ai les poings serrés. Je n’ai qu’une envie : ramasser les quelques affaires que Clay a eu le droit de garder et de sortir d’ici avec lui là, maintenant. Pas question qu’il reste une nuit de plus ici. Malheureusement, je suis impuissant. Je ne peux rien faire. Il n’y a que sa sœur et son frère qui peuvent faire quelque chose. Ce sont eux qui ont signé pour qu’il puisse être soigné dans ce centre. Ce sont eux les membres de sa famille. En plus, Clara, avec la notoriété qu’elle a, elle pourrait surement faire fermer ce centre ! Et je vais la pousser vers cette idée. Ils ne peuvent utiliser des patients comme cobayes sans leur consentement et rester impunis !

- Je suis tellement désolé Clay ! C’était supposé être un excellent centre. C’est bientôt fini, je te le promets !

La colère peut s’entendre à travers mes paroles. Une colère face à ce que Clay subit et face à quoi je ne peux rien faire. Mais aussi, une grande tristesse et souffrance en apprenant ce que Clay vit depuis un peu plus de trois mois. Après tout ce qu’il a vécu, voilà qu’on l’a envoyé vivre l’enfer ! Je me sens terriblement coupable.

- Eh… Eh. Clay. Mon amour. Tu n’as pas le droit de culpabiliser pour ce que tu as fait, d’accord ? Je ne t’en veux pas. Tu allais mal et c’était la seule solution que tu voyais pour arrêter de souffrir dans l’état où tu étais. Tu aurais dû être en sécurité ici. Tu aurais dû pouvoir guérir ici en tout sécurité. C’est pour ça que je suis désolé. J’aurais dû être plus présent pour toi. J’aurais dû prendre mon courage et t’avouer mes sentiments bien avant.

Dès mes premières paroles, j’ai pris en coupe le visage de Clay pour qu’il me regarde et qu’il voit à quel point je suis sincère. Puis, pour cacher mes yeux embrouillés de larmes, je fond sur ses lèvres que j’embrasse avec tout l’amour que je ressens pour lui.

Ça me fait du bien de le voir et de savoir qu’il voulait venir. J’avais peur qu’il ne veuille pas réellement de moi à cause de tout ce que j’ai fait, que c’était peut-être trop. Je le regarde sans savoir quoi dire parce qu’ils ont les mots pour me mettre en colère, comme si c’était ça qu’ils testaient.

« Ce n’est pas si facile … »

Je me doute qu’il le sait. Il connait mon tempérament, je monte vite en pression. Je ne peux pas dire le contraire, surtout quand je buvais. Je parle au passé parce que malgré tout je n’ai pas bu depuis trois mois et c’est toujours compliqué pour moi, parce que j’y pense encore et que j’ai souvent encore envie de boire, mais ici je n’ai pas tellement grand-chose d’autre que de l’eau ou des jus de fruit, voir sodas, ce n’est pas ce que je préfère, c’était le but aussi. Mais ça ne s’est pas vraiment passé comme il le fallait et je ne suis pas le seul ici, il y a d’autres types comme moi.

Ce n’est pas de sa faute, je commence à comprendre pourquoi Cléo n’aime pas quand je m’excuse et que je n’y suis pour rien. Je n’aime pas qu’il le fasse non plus. L’entendre m’appeler mon amour me fait doucement sourire, ça c’est un mot que j’aime entendre et j’ai presque envie qu’il me le redise pour être sûr de bien avoir entendu. Je ne pensais pas qu’il comprendrait autant, j’ai les mots de Cléo en tête, mais passer à autre chose n’est pas si simple.

« Tu ne pouvais pas faire grand-chose, je ne voulais pas être aidé … »

Je ne sais pas si je le veux maintenant, mais ce qui est sûr c’est que je voudrais avancer et sortir d’ici, ça c’est évident. Je suis un peu surpris lorsqu’il m’embrasse et je le laisse m’embrasser, c’est bien la première fois que je me sens plutôt bien, parce qu’il est là.

Mon cœur s’apaise au contact de Clay. Pouvoir voir de mes propres yeux qu’il va bien – du moins aussi bien qu’il peut l’être ici – me calme, même si j’ai encore cette furieuse envie de fuir loin d’ici avec lui pour ne plus jamais le quitter. J’ai tellement peur que cette place le brise encore plus qu’il l’est déjà. Comment je pourrais l’aider à se relever s’il est encore plus bas que terre ? Et ses paroles ne font que grossir cette crainte. Je viens caresser tendrement sa joue d’une main tandis que l’autre le maintient toujours contre moi. Je ne veux pas lui laisser la chance de trop s’éloigner de moi pour l’instant encore.

- Alors penses à moi. Pense à tout ce qu’on pourra faire ensemble lorsque tu sortiras d’ici. À tout l’amour que je te porte. Imagine-toi avec moi alors que je te serre dans mes bras et que je te murmure que je t’aime en t’appeler « mon amour », corazon, mi vida, mi amor. Quand la colère monte, pense à tout ça pour rester calme. Ils ne pourront rien te faire si tu restes calme. Et oublie pas : je t’aime et je ne pourrais jamais arrêter de t’aimer. Je voudrais te voir à chaque seconde que la vie m’amener.

Je connais Clay. Je sais qu’il a un tempérament de feu et qu’il peut vite monter en pression. J’espère juste que penser à l’amour que je lui porte et à moi pourra l’aider à garder le volcan un peu plus calme. Si je peux être cette mer calme qui permet à la lave d’arrêter de couler, ça me ferait plaisir.

Le voir sourire me fait si plaisir, même si ce n’est pas ce sourire grand et grand qu’il avait avant la mort de Charles. Au moins, à travers ces doux sourires, je perçois le Clay que j’ai connu et qui m’a fait tomber amoureux. Et je crois savoir c’est quoi qui le fait sourire comme ça. Je pense bien que c’est le surnom que je lui donne. Si c’est bien pour ça, je vais continuer encore et encore. Surtout pour qu’il ne croit plus aucun des mensonges qu’ils lui racontent. Je ne veux plus qu’il doute de mon amour pour lui.

- Peut-être mais… j’ai ce sentiment de culpabilité de ne pas en avoir fait assez pour t’aider… Te voir dans ce bain, c’était… c’était mon pire cauchemar qui venait de se réaliser et je ne pouvais pas l’accepter…

Et je l’embrasse parce que je ne supporte pas les images qui me reviennent en mémoire. Alors je tente de me perdre dans ce baiser qui finit par avoir un léger goût de salé à cause de la larme qui m’a échappé. Je veux profiter de chaque seconde avec lui parce que j’ai peur qu’à tout instant l’infirmière vienne m’arracher de ses bras une nouvelle fois. Je ne veux plus le quitter. Plus jamais. Et ça se ressent dans mes bras qui se resserrent autour de lui pour le coller encore plus contre moi et dans mon baiser qui devient plus intense. Je l’aime. Je l’aime tellement.

TW: évocation TS

J’acquiesce, mais c’est plus difficile que ça en a l’air. Je ne sais tellement plus si c’est réel ou non et penser à lui ça fait parti des deux, je veux dire même avant quand je pensais, c’était à lui alors ça ne changera pas de d’habitude. Ça me fait sourire qu’il me dise qu’il me dit « mon amour » dans toutes les langues qu’il connaisse, je n’en connais pas autant et je lui réponds :

« Tu as appris à le dire dans toutes les langues ou tu sais vraiment les parler ? »

Ça m’intéresse vraiment, parce que je n’ai jamais réellement fait l’effort d’apprendre d’autres langues, après tout beaucoup de monde parle anglais, je me suis dis que ça suffisait et que j’avais eu de la chance finalement d’être anglais. J’ai beau habité ici depuis longtemps et ne plus avoir été en Angleterre, je garde un tout petit accent presque invisible, mais je n’ai pas eu de mal à parler ici, c’est ça aussi qui m’a poussé à venir rejoindre mon frère. Je fini aussi par lui dire :

« Moi aussi. »

Je l’aime aussi, c’est ce que ça veut dire. J’ai du mal à le dire alors je dis ça, ce n’est pas grand-chose, mais c’est un début. Je sens ma gorge se serrer légèrement lorsqu’il me dit qu’il culpabilise et que me voir inerte a été un choc, je n’imagine pas à quel point. J’ai été égoïste, je le sais. Cléo n’a pas tout à fait tort, mais je n’arrive pas à tourner la page.  Ce n’est pas aussi simple que de tourner une page d’un livre. Je sais qu’elle le sait. Je lui avais promis … je ne tiens visiblement pas mes promesses.

« Je n’ai pas tenu ma promesse … je voulais juste … »

Je sais qu’il sait, mais je n’ai pas su l’expliquer, ni même encore maintenant, je n’arrive pas tellement à le faire. C’est bien plus complexe que ça en à l’air et ce n’est sans doute pas une que la mort de mon frère qui m’a mis dans cet état-là, c’est plein de choses.