Les jours, les semaines, et même quelques mois ont passé depuis ma mission d’infiltration. Il fallait bien que tout ça se termine un jour, je ne pouvais pas tomber amoureux d’elle, notre histoire était impossible dès le début, en tout cas pas comme ça, pas avec une rencontre comme ça, puis pas avec des activités comme ça. On peut dire que j’ai donné cher de ma peau dans cette histoire, dans cette mission. J’ai aussi fait des bêtises, et pas mal de bêtises d’ailleurs au point que ma hiérarchie m'a mis au vert quelque temps pour avoir franchi les limites. Mon chef était également fou furieux contre moi, mais m’a tout de même défendu devant ses paires. Becca elle, je la sens partager entre l’envie de me prendre dans ses bras pour me réconforter et me mettre une grosse gifle pour avoir agi ainsi. Je sais que je lui ai fait peur, je sais aussi que tout le monde à eu peur lors de la poursuite en voiture. J’ai pas assuré, et en même temps qu’est-ce que je pouvais faire, fuir du pays avec Adaline, mais pour aller où et avec quel argent, nous aurions été repérer rapidement et peut-être que les sanctions aurait été plus grave encore. J’ai peut-être pas été le héros que j’aurais voulu, mais j’ai tout même réussi à éviter la prison à Adaline et même si ça n’est peut-être pas grand chose, pour moi c’est tout de même une petite victoire de la voir en liberté.

Voilà maintenant quelques jours que j’ai mal au ventre … Non, je ne suis pas malade, je suis juste anxieux. Pourquoi ? Parce que pour la première fois depuis cette histoire, je vais retrouver Adaline. J’ai l’impression que ça fait une éternité que nous avons été séparée, je me pose mile et une question, à savoir si elle m’a pardonner, si elle m’a oublié, si elle m’a aimé, si elle m’aime encore et bien d’autres questions encore. Je ne pense qu’à elle, sans arrêt, du matin lorsque je me lève, au soir lorsque je me couche et même dans mes rêves. Je rêve de sa bouche contre la mienne, de son corps contre le mien, de sa présence tout simplement. Elle me manque. J’ai hâte de ce jour, de ce procès et en même temps j’ai peur. J’ai réussi à négocier une protection pour elle, une libération en tant qu’indic de la police et après tout c’est la vérité, sans elle son « mari » ne serait pas en prison à l’heure actuelle. Les jours approchent, les heures approchent …

Jour J, heure H, c’est maintenant ! Mon bras va mieux, j’ai enfilé un costume, classique pour ce genre d’occasion. J’arrive un peu en avance, mon équipe est là, devant le palais de justice, d’autres personnes aussi, mais je ne sais pas qui ils sont. Peut-être des amis de Sid, peut-être des journalistes, ou tout simplement des curieux. Je ne peux m’empêcher de chercher Adaline des yeux, mon coeur bat tellement fort que j’ai la sensation que tout le monde peut l’entendre. Devant mes collègues, je fais bonne figure, mais je n’en mène pas large.

@Adaline Torenton

J'ai la nausée depuis ce matin, c'est horrible cette sensation, j'ai la nausée vraiment et elle est tenace. Dans quelques heures, je foulerais de mes talons hauts de femme bafouée, le sol immaculée du tribunal de New York, pour témoigner contre Sid. L'affaire la plus médiatique depuis l'affaire weinstein. Je m'assieds, mais je n'arrive pas à rester assise, je regarde mon portable, il ne m'a pas contacté du tout, j'étais un pion de plus à avancer dans l'échiquier géant du pouvoir. ça fait mal comme constat, et puis, on ne développe pas des sentiments amoureux aussi rapidement, ce n'est pas normal... Je sais pas, je sais plus, je rêve de lui depuis des semaines, je pleure en me réveillant, et les autres nuits je reste sans sommeil devant des films et mes cours. C'est drôle de vivre ici, notre ancien appartement avec Sid, que j'ai relooké à grand renfort de peinture colorée, et de meubles chinés aux puces. C'est ma bulle, j'ai l'impression d'être étudiante toute jeune, et pas une femme presque divorcée - mais pas encore - de 36 ans, qui doit balancer tout sur son mari, pour l'enfermer pendant de longues années. Finalement je vomis dans l'évier de la cuisine, essuie ma bouche avec un torchon et prends un chewing gum.

Un pull Xlarge beige sur le dos, un legging noir et une paire de talons hauts seront le mieux. Je pose une casquette de marin sur ma tête et des lunettes de soleil pour me cacher du monde et je m'engouffre dans un long manteau chaud pour braver le froid polaire de New York.

Tenue :

La berline de mon avocat nous conduit devant le palais de justice, et au sortir de la voiture, ça crépite de partout de flashs, c'est aveuglant, et je me cache du mieux que je peux, me frayant un chemin à travers la marée humaine de journalistes, et une fois dans le hall, l'avocat s'adresse à moi. Je quitte mes lunettes de soleil, et tourne le visage vers un groupe de personnes plus loin. Au milieu de ce groupe, se trouve Ezio. Le temps semble s'arrêter, tandis que nos regards se croisent, et pourtant je dois entrer dans la salle d'audience, pas le temps de nous parler. Je reste assise là, à écouter tous les chefs d'accusation, assise du côté des attaquants, des gentils donc, et tente de ne pas croiser le regard de Sid.

Au bout de 30 minutes à la pause, je sors pour aller me chercher un café, et bouscule un homme, qui n'est autre qu'Ezio.

- Mr Astor. Dis-je simplement.

Le divorce n'étant pas encore prononcé, je suis toujours Mme Torenton, et non Mme Bennington de mon nom de jeune fille. Je pousse un soupir, en regardant dans mon gobelet de café, avant de lever le regard vers lui.

- Comment va ton épaule ? Dis-je pour meubler, après tout, que puis-je demander d'autres ? Ah si je sais... mais est ce vraiment l'endroit pour ça ? Je t'ai croisé à la soirée Blind Date, enfin de loin, tout semblait d'aller bien... comment s'appelle le nouveau parfum du mois ?

Je me rends compte que, peut-être je n’ai jamais aimé avant, avant elle. Je dis ça parce que c’est la première fois que je ressens ces sentiments-là, aussi fort, aussi puissant même. J’ai la sensation d’avoir perdu une partie de moi depuis qu’elle n’est plus là, avec moi, de manquer d’air, c’est comme-ci j’étais présent physiquement, mais qu’en réalité j’étais ailleurs, loin, probablement avec elle, dans mes pensées en tout cas puisque c’est tout ce qu’il me reste. Je crève d’envie d’aller la voir, de lui écrire, de la toucher. J’apprends ce qu’est réellement la souffrance, physique et psychologique. Ça ne se voit sûrement pas, mais depuis cette histoire je me suis à boire, moi qui refusait plus ou moins toutes alcool s’il n’y avait pas d’événement à fêter, depuis cette histoire, pas un soir ne se passe sans que quelques verres d’alcool ne passent par mon appartement. Lorsque qu’elle apparaît, comme un miracle venu du tout-puissant, je ne peux m’empêcher de la quitter du regard. Toujours aussi belle, toujours aussi attirante. Je rêverais de venir l’embrasser, la prendre par la main et l’entraîner loin de tout ça, dans un endroit paradisiaque où tout le monde nous ficherais la paix. Après tout, on l’aurait bien mérité non. La première partie se déroule sans que mes yeux ne la quittent. Je constate tout de même que mes demandes ont été respecter, elle est protégée et elle ne craindra pas la prison, ni même un casier judiciaire, elle partira libre, lavé de tout soupçon. De mon côté, ça sera sûrement différent, mais qu’importe.

Lorsque la première pause sonne, j’ai besoin de me rendre de toute urgence dehors, j’ai besoin d’air frais et surtout besoin d’être seul. Ou presque. Peut-être qu’on ne peut pas lutter contre son destin, peut-être que les choses arrivent pour de bonnes raisons, peut-être qu’il faut accepter tout simplement. Je me retrouve face à elle, un peu désarmer étrangement. Ses lèvres me manquent et j’ai l’impression qu’elles m’appellent. Mon corps tout entier la désir et mon cœur est tellement heureux de la retrouver. Malgré tout, je dois de nouveau résister à tout ça. La raison doit prendre le dessus, en tout cas actuellement.

« Adaline … » Murmurais-je. « Oui, ça va mieux je te remercie. »

‘Et tu me manques, tu me manques tellement que j’en crève. Tu me manque tellement que je rêve de nous tous les soirs à tel point que mes draps s’en souviennent. Reviens-moi.’ C’est évident ce que je rêverais de lui dire, mais je me tais. Écoutant ce qu’elle a à me dire, puis riant bêtement.

« Je t’ai vue aussi en charmante compagnie et pour tout te dire, je ne me souviens même plus de son prénom tellement j’étais focus sur toi. La pauvre, elle a dû se sentir tellement mal. Comment … Comment vas-tu ? »

Il me dit qu'il m'a vu, qu'il n'a eu d'yeux que pour moi et je pince les lèvres en baissant le regard.

- J'ai... je me suis installée à Brooklyn dans un tout petit appartement, et j'ai le temps de fouler les couloirs de la faculté de droit. C'est... un monde nouveau pour moi. Merci d'avoir tenu parole, la liberté n'a pas de prix. Avouais-je en poussant un soupir.

La cloche sonna, rompant notre instant timide de retrouvailles. L'avocat arriva derrière Ezio dans le couloir, pour m'indiquer de revenir.

- Il est l'heure de passer à la barre... Peut être... je sais pas... après... on pourrait... J'aimerais te voir.

Je mordillais ma lèvre en levant le regard vers lui, il était absolument hypnotique. Je partis en direction de l'avocat, ma main effleurant la sienne avant de finir le premier jour d'audience. Eprouvant, ça avait été éprouvant, et dehors il pleuvait. Je posais une main à plat sur mon ventre, me sentant barbouillée, ça n'avait été facile, Sid avait hurlé dans la salle d'audience, qu'une putain perfide comme moi, finirait 6 pieds sous terre avant lui. Charmant.

Je voulais qu'il arrive derrière moi, qu'il passe un bras autour de ma taille, qu'il me prête son épaule pour y poser ma tête, que sa main effleure mon menton pour poser sa bouche contre la mienne, effacer de sa seule présence des années de solitude.

Mais je suis devant le tribunal, et les journalistes sont là eux aussi. Ce n'est pas le moment des effusions sentimentales, j'ai été durement traité pendant cette première audience, et demain serait encore compliqué. Si ça se trouve le procès va durer une semaine entière. Je me retournais en sentant un regard sur moi, et je le vis sur les marches.

Je me mordis la lèvre, lui envoyant un texto : 113 wilson avenue à 21h ? Puis je montais dans la berline qui me fit quitter le tribunal.

(appartement d'Adaline :

Spoiler:

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Elle à l’air d’avoir repris sa vie en main et j’en suis heureux, sourire au lèvre je l’écoute m’expliquer qu’elle à repris le chemin des cours, pour des études de droit. Mon sourire ne peut pas quitter mon visage, même si j’ai un pincement au coeur, me disant que je ne suis pas avec elle pour la soutenir si jamais elle flanche. Mais tout de même, je suis fier, je ne sais pas pourquoi mais je me dis que je ferai tout pour la retrouver, maintenant ou plus tard, je sais que notre histoire n’est pas terminée, ce n’est pas possible, pas comme ça. Je sais que c’est elle, je sais que c’est elle qui manque à ma vie, à mon existence, j’ai besoin d’elle pour être moi, je sais qu’elle est la mère de mes enfants, c’est une certitude. Étrange, mais une certitude.

« Je suis heureux pour toi, tu le mérites. Ce sont de très bonnes nouvelles. »

Je ne regrette rien, ni ma filature, ni comment elle s’est déroulé et encore moins ce que j’ai sacrifié pour qu’elle soit libre. Si ça ne tenais qu’à moi, son mari ne serait plus là à l’heure actuelle, mais dans une rivière ou sous un tas de terre ou de gravier avec une balle entre les deux yeux. Je compte sur la justice pour le traiter comme il se doit, sinon, je pense que je serai capable du pire pour lui assurer, à elle, sa liberté jusqu’à la fin de sa vie. Je la trouve toujours aussi parfaite, peut-être un peu pâle, mais c’est sûrement le stress de cette journée. Tout ira bien. Mon coeur reprend vie lorsqu’elle m’annonce vouloir me revoir et que de sa main elle effleure la mienne.

« Avec plaisir. »

La fin de cette première audience est insupportable à entendre, mes yeux ne la quittent pas, comme s’ils pouvaient la protéger, seulement de mon regard. Je mords les lèvres presque à sang tellement j’ai du mal à rester calme, mais je le dois, je n’ai pas d’autre choix cette fois-ci. Je me répète en boucle dans ma tête qu’elle est en sécurité, que ce ne sont que des mots. Des mots certes, mais tout de même violent, Dieu merci Adaline est une personne forte. Lorsque donne la fin de cette première journée, tout le monde quitte le tribunal. Je suis entouré de mon équipe, et de mes hauts supérieurs qui me tienne presque en laisse. A nouveau, mes yeux ne la quittent pas. Mon chef fait signe à l’équipe de se rendre au bureau, même moi, et surtout moi d’ailleurs. Peut-être qu’il à vu où mes yeux se posaient et qu’il essaie tant bien que mal de me mettre en sécurité. Si seulement il savait … Dans ma poche, mon téléphone fait vibrer ma cuisse, lorsque je vois son nom, un sourire incontrôlé arrive sur mes lèvres.

‘J’y serai.’ C’est ce que j’ai répondu à son message de suite après. L’heure approche, et j’ai réussi à me défaire de mes collègues. Je n’ai pas le temps de repasser chez moi pour me changer, tant pis je resterais comme ça. Lorsque le GPS de ma moto indique que je suis arrivé, je repère le 475 assez vite, hasard ou pas, ma moto c’est arrêté devant. J’enlève mon casque que je garde sur mon bras, pour aller chez elle. Prenant une grande inspiration avant que la porte ne s’ouvre.

Je n'ai plus réellement d'amie, qui m'auraient soit encouragé, soit fait la morale pour cette invitation, du coup je n'ai pu compter que sur moi, et sur mon envie de me blottir dans ses bras. Je lui en veux oui, mais je m'en veux encore plus à moi de tout ce merdier qu'à été ma vie ! Je ne pense pas que je serais en sécurité toute ma vie, Sid finira par sortir un jour, et ma tête aura un prix, celui du sang. Mais malgré ça, je veux vivre un peu pour moi. J'entends la moto en bas, grimpe sur le lit et regarde par la fenêtre, c'est lui... sur son destrier. Je descends rapidement, passe les mains dans mes cheveux, et ouvre la porte pour voir son visage.

J'aurais voulu parler, mais les mots s'échappent et mon corps fond sur le sien, comme une sirène qui attire un marin à elle, et je l'attire d'ailleurs à l'intérieur de chez moi. Une toute petite pièce carrée ouvrant sur un grand escalier. Mes mains s'agrippent à ses vêtements, ses cheveux, et mes lèvres enflamment nos esprits. J'y ai pensé depuis tant de temps ! Et si notre histoire n'est qu'un feu de paille, alors qu'elle flambe pour mieux nous réchauffer. à moitié assise, ou collée contre l'escalier, je ris de notre empressement contre sa bouche gourmande.

- Tu veux monter... ? Je lui souffle, frottant mon nez contre le sien. je n'aurais pas la marche d'escalier dans le dos...

Je m'agrippe à la rambarde et grimpe l'escalier, ouvrant la porte, et le laissant entrer dans cet espace étrange, un peu urbain, complètement tarabiscoté, 38m2 au sol (3x moins que mon ancien appartement) et pourtant mon cocon de quiétude depuis des semaines. Je referme la porte à clé derrière lui, et vais lui retirer sa veste de costume, pour qu'il soit à l'aise, puis retirer sa cravate non sans la lui coincer dans la bouche en tentant de la lui retirer par le haut - encore attachée - Je pouffe de rire, et m'excuse, une main devant la bouche.

Je le laisse m'enlacer, et je le regarde vraiment, mordillant ma lèvre.

- Je te présente mon tout petit chez moi... Je l'attirais dans le salon avec canapés en cuir, lui montrais la cuisine derrière moi, et l'attirais ensuite dans la chambre. Petite oui, mais l'immense baie vitrée fait toute la différence. Il faut que tu me déshabilles, toutes ces nuits à rêver de toi, de ton corps, de ton odeur, de tes mains... je ne vois que ça, pour passer du rêve à la réalité... fais moi l'amour Ezio...

(appartement d'Adaline :

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J’ai l’impression d’être dans ce rêve que je fais toutes les nuits. Celui où elle est là, face à moi, et que nos corps se retrouvent enfin. Comme s’ils étaient attirés comme un aimant, qu’ils avaient besoin l’un de l’autre pour vivre, c’est assez étrange comme sensation. Lorsqu’elle ouvre la porte, aucun mot ne sort que ça soit de sa bouche comme de la mienne, impossible de trouver ma voix, et visiblement elle aussi, ce sont plutôt nos corps qui parlent. Rapidement, ses mains se pose sur moi pour m’attirer vers elle. Je retrouve son odeur, sa peau, et je ne peut qu’être heureux, comme si tout ce qui s’était passé avant n’avait pas existé, comme si juste le « nous » était important, et c’est le cas à cet instant précis. Son souffle sur ma peau, je pourrais rester comme ça des heures et des heures, sans bouger, juste collé à elle, à la regarder. J’affiche un sourire en coin sur mes lèvres, avant de la suivre. Nos yeux sont plongés dans ceux de l’autre. Mes bras l’entourent et n’ont pas envie de se défaire. Je lui vole des baisers, que ça soit sur sa bouche, sur ses joues, sur son front et même dans son cou, un peu partout finalement, comme si je voulais y laisser mon ADN pour ne pas qu’elle m’oublie.

Je constate qu’elle a créé son petit univers, ça me permet de la découvrir un peu plus, parce que finalement c’est vrai, je ne la connais pas, je ne connais pas ses goûts, sa couleur préférée, son film préféré ou encore sa musique favorite par exemple. Est-ce qu’elle aime les fleurs ? Est-ce qu’elle aime les balades à moto ? Plutôt mer ou plutôt montagne ? Plutôt planche de surf ou paire de ski ? J’ai hâte de connaître tous ces petits détails sur elle puisque c’est vrai, notre rencontre est atypique, nous ne pouvons pas dire le contraire. Dans mes rêves, que dirons nous à nos enfants sur notre rencontre ; ‘Papa à sauvé maman de son méchant premier mari ?’ J’observe attentivement sa déco, c’est certain ça n’a rien à avoir avec mon intérieur très basique, sans vraiment de couleurs. Je souris, simplement, heureux de voir qu’elle va bien, qu’elle rebondit et qu’elle ne se laisse pas aller. C’est une femme forte, j’en ai jamais douté.

« J’aime beaucoup ta décoration. Tu as très bon goût. »

Lui dis-je en souriant, alors qu’elle m’entraîne dans sa chambre. Là encore, une très jolie décoration, mais un petit extérieur intéressant, ainsi que la vue. Elle a su se construire son cocon de protection, je me sens rassuré de la savoir ici. Puis nous nous retrouvons face à face, je me retrouve aussi face à une sorte de déclaration qui fait battre mon coeur encore plus fort. Je me rends compte qu’elle ressent pareil. Je me sens rassuré.

« J’ai tant rêvé de ce moment aussi … »

Je colle à nouveau mon front contre le sien, mes lèvres viennent capturer les siennes, mes mains quant à elles sont déjà sur son corps pour enlever tout ce qu’elle possède sur elle. Je retrouve enfin ce corps qui m’a tant manqué. Mes mains se baladent sur l’ensemble de son corps entièrement nu à présent sous mes yeux, et sous mes mains.

Une bulle folle de passion et de tendresse, saupoudrée d'un désir certain l'un pour l'autre. Après avoir jouit pour la énième fois de cette nuit, enveloppée à moitié dans le drap, regardant le plafond, mes jambes mêlées aux siennes, je reprends conscience à la réalité. Un sourire béat sur les lèvres et le regard certainement baigné de mille étoiles.

- j'ai faim. De nourriture surtout. Dis-je avec le sourire bright de la nana qui a reçu tant et tant d'attention.

Je tournais la tête vers lui.

- Tu aimes la nourriture chinoise ?

Je ne sais pas grand chose de lui au final, et la question me semble à propos. Je m'extirpe du lit, enfilant sa chemise sur mon corps nu et accessoirement une petite culotte. Et je file sur la pointe des pieds, dans la cuisine pas loin, pour préparer un repas, la poêle allumée, je faisais revenir des légumes, du poulet et des nouilles, dansant sur la musique que j'avais allumé.

(https://www.youtube.com/watch?v=bd-MRcTbx7k)

Je bougeais les bras, et les hanches en rythme, terminant le repas, je l'invitais à prendre une bouteille de vin pas cher pris à l'épicerie du coin, et à s'asseoir sur le coin de table dans ma cuisine minuscule. Je mentirais si je disais que je n'aimais pas retrouver cette liberté de mouvement, d'achat, de vie aussi. Moi et mon cocon, mes petites courses, mes repas et choix, c'est nouveau et grisant.

- Alors ? Lui demandais-je en mangeant mon assiette avec des baguettes, une jambe repliée contre mon torse.

Je lui demandais s'il aimait l'assiette, le plat que j'avais préparé comme ça, à la va vite pour nous sustenter un peu. On avait pas parlé de son travail, du procès, on s'était aimé à en faire trembler les murs de la chambre, et maintenant à table, on ne parlait pas forcément non plus. Avions nous peur de ce qui pourrait ou ne pourrait pas se passer ? Aucune idée.

Je le regardais, lui et sa barbe hirsute, son regard bleu noir d'encre, et ses cheveux courts.

- Que va t-il t'arriver dans cette affaire du coup ? Tu as été mis à pied ?

Nos corps s’entremêlent à la perfection, nous sommes faits l’un pour l’autre, c’est une certitude, en tout cas physiquement, mais je ne doute pas que nous ayons des points en communs. Le lien ne s’explique pas, c’est comme ça, c’est le destin probablement. J’ai envie d’y croire, j’ai envie de croire que moi aussi je peux être heureux, qu’on peut être heureux tous les deux ensemble. Pour l’instant je ne pense pas à tout ça, je ne me pose pas toutes ces questions, j’ai juste envie de vivre mon moment présent, ce soir, avec elle dans mes bras, à l’abri, heureux, vivre l’instant présent. La voilà qui à faim, et ça me tire un petit rire, je suis un peu pareil, je n’osais pas le dire, après tout je ne suis pas chez moi.

« Je dois t’avouer que je ne sais pas, j’ai jamais goûté. »

Est-ce que je dois rappeler que je suis un mec célibataire ? Ce n’est pas une excuse je le sais, mais je me nourris plutôt mal, je vais toujours au plus simple, et surtout au plus rapide. Encore pire lorsque je suis au boulot puisque nous n’avons pas beaucoup de temps pour avaler un petit quelque chose, alors c’est très souvent de la mal bouffe. Je dois aussi reconnaître que je suis mauvais cuisinier, mais surtout que je n’ai pas la patience pour ça. Elle a l’air déterminé et heureux de partager un repas avec moi. Une scène ordinaire qui pour moi, me donne l’envie de la vivre pour le reste de ma vie. Vivre avec la femme de ses rêves, quoi de mieux ? Les mots de mon amie quelques mois auparavant, avant toute cette histoire, cette infiltration, me raisonne encore.  ‘Je te souhaite de trouver la femme de tes rêves, mais je n’en doute pas, toi aussi tu connaîtras le bonheur.’ Je suis certain que ce bonheur porte son prénom. Je regarde la scène, comme si j’étais dans un rêve, mon propre rêve. A mon tour, je me lève quelques minutes après elle, enfilant mon boxer et mon jean puisque c’est tout ce qu’il me reste, restant torse-nu. A mon tour je la suis dans la cuisine, m’adossant au mur, la regardant comme-si c’était irréel pour moi. C’est donc ça le bonheur ? Bras croisé sur mon torse, j’observe la scène, souriant de toutes mes dents. Au moment de passer à table, c’est une première pour moi. Première bouchée, je suis conquis.

« Et bien c’est très bon. Merci de me faire découvrir. »

Vient le temps des réponses, en tout cas ce que je sais. C’est normal qu’elle souhaite savoir et je vais essayer d’y répondre au mieux. Je me retrouve en face d’elle, nous continuons de manger. Je marque tout de même un temps de pause, puis je réponds.

« Et bien le procès peut prendre une semaine, il va sûrement prendre une lourde peine de prison, je pense aussi qu’avoir tiré sur un flic va alourdir la peine. Quant à moi … Disons que j’ai été mis au vert pendant un moment. »

- De rien... répondis-je doucement, non sans couler un regard de miel à Ezio à côté de moi.

J'aime bien nous trouver là, j'aimerais bien cuisiner pour lui, j'aimerais tout mais c'est peut être juste un peu trop normal et fou cette histoire, non ?

Il me parle de sa situation, de cette mise au vert, du procès qui va durer une bonne semaine, et je me mordille la lèvre, posant ma fourchette dans mon assiette.

- On a... des choses à régler de notre côté, j'en ai bien conscience, et je sais que ma situation n'est pas seule de ton fait, comme ta situation n'est pas de mon seul fait. Mais.

Le mais est important, parce qu'il va jouer tout le reste de cette chose entre nous, et ce mais, n'est pas un mais de rien.

- Mais... répétais-je. J'aimerais que tu m'invites à sortir, j'aimerais me préparer pour un rendez vous romantique avec toi.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine, est ce que je me suis trompée en pensant que ce serait possible ? Est ce que lui est disposé à m'apporter ça ? Je crains un peu le vent, le râteau et tout ce qui pourrait mettre fin à mes rêveries d'autre chose que du sexe.

Je me mordille la lèvre de nouveau et plonge mon regard azur dans le sien pour lire des mots dans ses yeux, avant que sa bouche ne me libère du poids sur mon coeur et mon être. J'ai besoin d'amour, et d'amour avec lui.