Il est vingt-heure, je suis à l’heure et déjà sur place pour la soirée qui m’attend. À partir de maintenant je ne suis plus Ezio, mais Jay. Je ne suis plus le flic Astor, mais Jay Adams le garde du corps d’un homme d’affaires qui organise une soirée ce soir dans la but de récolter des fonds pour que les enfants malades puisse avoir un Noel digne de ce nom à l'hôpital, mais surtout pour ses magouilles. C'est sûr, qu'utiliser des enfants malade pour récolter de l'argent ça marche et ça attire du beau monde, toutes ces personnes riches qui ne savent pas quoi faire de tout leur argent. En réalité je ne sais pas vraiment qui va être présent à cette soirée, je sais juste qu’il va y avoir de nombreux hommes riches à la tête des plus grosses sociétés de New-York, l’enjeu est donc énorme. Grosse pression sur mes épaules. Mes collègues flic ne sont pas très loin, il y en a un à l’intérieur qui va se faire passer pour un serveur, au cas où ça tournerait mal, et les autres sont à l’extérieur, prêt à intervenir si souci il y a, en espérant quand même que tout se passe bien, évidemment. Becca elle, est resté au bureau pour envoyer en temps réel les informations. Je souffle un bon coup prêt à être dans mon rôle alors que les invités commencent à arriver de plus en plus. De mon côté, je ne reste jamais loin de ma cible première, Monsieur Torenton, après tout je suis censé être là pour le protéger à lui, ce mec-là, il pèse lourd à New-York et nous avons fort à parier que beaucoup souhaite avoir sa tête, d’où mon but aussi de le protéger en tant que flic, il nous le faut vivant pour pouvoir l’interroger et le faire répondre de ses arnaques. La soirée commence, mais pour le moment tout se passe bien. Ce n’est que quelque temps plus tard, que la belle Madame fait son apparition à la soirée. Quelle belle femme, c’est à se demander ce qu’elle fabrique avec un homme comme lui. Physiquement, il ne c’est rien passé entre elle et moi, mais je ne pourrais pas cacher qu’il y a une forte attirance entre nous qui devient de plus en plus compliqué à dissimuler. Des échanges de regard, par moment des gestes tendre, mais toujours respectueux. Je tiens à ma vie et je dois faire attention je le sais, pourtant la tentation est là …

La musique dans mes écouteurs est forte, et j'essaie de ne pas songer à autre chose, qu'à la soirée de ce soir. C'est compliqué. Compliqué puisque depuis qu'il est arrivé au service de mon mari, ce n'était pas gagné. Son regard intensément sombre, son sourire étrange, la chaleur de sa main même effleurée... étrange sensation. Je poussais un soupir, quand je sentis la main de Sid se poser sur ma cuisse, et je tournais le visage vers lui, lui adressant un sourire de convenance.

- Il faut que tu sois parfaite ce soir, si tout se passe comme on l'a planifié, nous deviendront PDG d'une grosse firme. Tu m'entends ? Dit il.
- Oui, pardon... j'écoutais un message laissé par maman.
- Ce n'est pas le soir.
- Oui, je sais ce que je dois faire.

Il hocha la tête et retira sa main de ma cuisse, je trouve maintenant sa main à lui froide, austère et peu attrayante. De toute façon, il ne me touche plus depuis quoi... un an je crois, quelques baisers de possession, me tenir la main de temps en temps pour la parade, mais mon corps ne l'intéresse plus. D'un côté, serais-je encore intéressée par le corps d'un homme qui couche avec toutes les petites putains qui rôdent autour de lui, rêvant de la couronne ? Non.

J'ai souvent voulu partir, mais à aucun moment je ne me vois le faire éliminer, ni me précipiter pour voir la police ou le FBI... La délation très peu pour moi, et encore une fois, j'aime ma vie ou du moins, j'aime l'or des barreaux de ma cage.

Je descendis de la voiture, aidée d'un valet, portant une grande robe en velours pourpre, recouverte d'un manteau en fausse fourrure, je montais le grand escalier, me séparant de mon manteau dans le hall, tenant ma pochette d'une main, passant le bras autour de du sien de l'autre. Ma démarche est élégante quoique chaloupée, mes talons claquent sur le marbre, et nous étions déjà salués de toutes parts.

On prit ma main, pour admirer le dernier joyau que Sid m'avait offert, les femmes  étaient en transe, et me répétant inlassablement que j'avais de la chance, que j'étais vraiment une sublime reine, que Sid était si attentionné, si fantastique et intelligent. Et moi ? Je souris voyons... parce que c'est le rôle de la potiche de service.

J'attrape une coupe de champagne, et croise son regard au milieu de cette foule si dense. Tentation quand tu nous tiens... Oscar Wilde n'avait pas une épouse mafieuse, lorsqu'il a dit : le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder. Je bus ma coupe dans un recoin de la grande salle, serrait des mains de temps en temps, avant de me déplacer inconsciemment en cercle autour de Jay, avant de me retrouver dans son dos.

- Relax Jay, c'est un gala de charité... Le seul risque serait que Sid s'étouffe avec un amuse bouche, ou avec le string de Mme la ministre de santé. Murmurais-je à son intention.

Un léger sourire en coin se dessina, me déplaçant pour être à côté de lui, le dessus de main effleurant la sienne, sans trop y faire attention.

- Que fais tu pour les fêtes Jay Adams ? De la famille à New York ?

Je suis un peu sur les nerfs ce soir, sans trop savoir pourquoi d’ailleurs parce que j’ai l’habitude de faire plus stressante, là après tout c’est seulement une soirée entre riche, présent pour se donner bonne conscience. Je sais qu’elle sera là, je sais qu’elle sera présente et c’est peut-être ça qui me stresse autant. Je sais que je suis surveillé par mes collègues et j’ai peut-être peur aussi de faire ou dire quelque chose qui pourrait compromettre mon infiltration. Si je venais à être remplacé ou écarté ça serait un véritable drame pour moi et puis pour la mission tout entière aussi d’ailleurs. Le monde arrive de plus en plus, les serveurs tournent autour des gens avec des cocktails, des amuses bouches et des coupes de champagne un peu partout. Ce monde-là, je ne l’envie pas du tout. Finalement, je suis plutôt heureux dans mon studio et je me rends compte que l’argent ça ne fait pas forcément le bonheur. Le monde s’agite autour de moi où je déambule regardant tout le monde, j’ai le droit après tout je suis censé être là pour assuré la sécurité. Je finis par m’arrêter en bas d’un escalier histoire d’avoir une vue plus ou moins d’ensemble, mais la pièce est immense et la foule commence par me faire tourner la tête.

Je pourrais la reconnaître entre mille et pourtant je n’ai aucun lien avec elle si ce n’est quelques paroles échangées rapidement de temps en temps ou quelques gestes rapidement parfois. Elle est à la fois attendrissante et surprenante, discrète et en même temps tellement maligne. Elle est là, au milieu de la salle à saluer toutes les personnes présentes autour d’elle comme si c’était une habitude. Elle est ravissante, comme toujours, les femmes peuvent être jalouse, il y a de quoi ! Mes yeux se fixent sur elle et il est impossible de m’en défaire, c’est jouer avec le feu je suis bien conscient. Elle finit par tourner autour de moi comme un requin autour de sa proie, mais pour celui là le requin, je veux bien jouer toutes les proies du monde. Je peux sentir son parfum, je pourrais presque sentir sa chaleur sur moi, mais je dois rapidement remettre mes idées en place. Sa main chaude vient effleurer la mienne toute froide. J’en perdrais presque mes mots, mais je dois rapidement me ressaisir et ne réveiller aucun soupçon, non seulement de sa part, mais aussi de mes collègues qui garde non seulement un oeil sur moi mais aussi une oreille.

« Madame Torenton … Effectivement oui … Quelque chose de … Simple. »

Pour être simple, effectivement ça le sera puisque je dîne avec ma famille et Becca que j’ai convié. J’aurais probablement le droit à la fameuse question des amours comme chaque année et avec un peut de chance tata Elie va se la jouer cupidon pour ‘m’arranger un coup’ avec Becca.

Je bois ma coupe en l'écoutant aligner une phrase laborieuse.

- Tant de mystères autour de vous Jay Adams... Avez vous...

Je n'ai pas le temps de terminer, que déjà je suis rappelée par le roi. J'hoche la tête et lui souris.

- Sauvé par le roi, Mr Adams... je m'en vais répondre à mes devoirs.

Je lui tendis ma coupe vide, pour qu'il la prenne, et passais devant lui, sillonnant, d'une démarche chaloupée, entre les convives pour rejoindre Sid. Des minutes entières, des heures à serrer des mains, rire à de l'humour mauvais, à tenir sur mes jambes tendues et mes pieds soulevés par des talons hauts. Mais rien, rien ne paraîtra sur mon visage, les 10 dernières années m'ont tant appris sur la haute société, les puissants, et la place à tenir en étant proche de Sid. J'ai détesté au départ, j'ai appliqué sagement, et puis... je déteste de plus en plus mais avec lassitude.

Tournant le visage vers la foule, cherchant son regard, mais sans le trouver. Sid me quitta pour aller dans un bureau plus loin avec trois hommes, et je restais là avec les épouses futiles et vénales. Alors que je cherchais son regard, sans écouter les femmes, je compris rapidement ce qu'il se passait... Les tirs de mitraillettes retentirent dans le couloir, et un homme armé jusqu'aux dents, arriva dans l'endroit où nous étions tous... Tout autour de moi, les gens si guindés et fiers s'étaient baissés de peur, et gémissaient comme des bêtes apeurés. J'étais restée debout, pour faire face à l'homme. Les armes et la violence ont été partie prenante de mon quotidien dans le Bronx...

- SILENCE ! Hurla t-il pour faire taire les apeurés, en regardant l'assistance, avant de poser ses yeux sur moi. Toi ! Pointa t-i son index sur moi. Tu viens avec nous.

Je sentis un autre homme derrière moi, pointant un canon d'arme sur mon dos. J'avançais en levant une main, suivant le mouvement, avant de me rendre compte que derrière un des sapins de Noël, se trouvait Jay, qui nous regardait.

Elle se trouve autour de moi, je le reconnais, je suis troublé. Je trouve cette femme si élégante, je me demande ce qu’elle peut trouver à ce mec qui a l’air d’être une véritable ordure. Je ne connais pas leur vie intime, j’ai juste accès au milieu du travail, mais je reconnais que lorsque je suis invité à aller chez eux pour chercher « le boss », j’ai toujours cette sensation qu’elle n’est pas heureuse. Peut-être que l’argent ne fait pas forcément le bonheur. Elle me tourne autour, cherchant à savoir ce que je fais pour Noel, a t’elle l’intention de m’inviter à son repas de Noël ?

« Je vous intrigue ? »

Lui demandais-je tout en souriant en coin, avant que notre courte conversation soit interrompue par son mari, une nouvelle fois. Je suis incroyablement admiratif de cette jeune femme que je vois comme quelqu’un de fort, de tenace, qui à l’air de savoir ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas et en même temps j’ai l’impression de sentir une petite faille, une petite fragilité qui donne envie de prendre soin d’elle. J’ai pour mission de base de faire tomber son mari et tout son réseau, je sais que forcément elle risque d’être liée à tout ça, que ça soit sous la contrainte ou non. Je sais que je vais forcément devoir la voir avec des menottes aux poignets et cette idée ne m’enchante pas. J’ai l’impression de me retrouver petit à petit dans la situation que je ne voulais surtout pas connaître ; celle de tomber sous le charme. Elle s’éloigne de moi et je ne peux m’empêcher de la quitter du regard. Je la perds quelques minutes lors d’un mouvement de foule après de tire. Je comprends sans comprendre, dans mon oreillette ça s’agite. J’indique rapidement qu’il n’est pas nécessaire d’intervenir pour l’instant ne sachant pas ce qu’il se passe. Je me rapproche, discrètement, où en tout cas j’essaie de l’être. Rapidement je remarque qu’elle est prise en otage, je dégaine mon arme, que son mari ma fourni pour assurer sa surveillance d’ailleurs et je lui fais signe de ne rien dire. Mon but, va être de la suivre et de tiré dès que possible sur l’homme qui la menace, mais pour l’instant, il y’a trop de monde autour et je ne peux pas lancer de balle perdue.

Deux solutions s'offraient à nous, la première il me tirait dans les genoux, l'un ou l'autre, pour ralentir la progression et fasse en sorte que les assaillants ne partent pas avec un otage blessé. Concrètement, peu de salopards aiment violer un corps mort, ni même torturé un otage déjà blessé. Solution numéro deux, réussir à tirer dans la tête d'un des assaillants, mais comme ils sont deux, et probablement pas que deux à avoir fait irruption, ça risque de blesser ou tuer même d'autres gens.

Du coup, je le regarde profondément, et secoue la tète en signe de négation, ça ne sert à rien, je suis la cible privilégiée de ces hommes, Sid doit être mis en joux certainement, par le boss de cette opération, qui tente probablement de lui soutirer de l'argent, des biens matériels ou autres, mais l'épouse, c'est une garantie de rançon. Du moins, quand c'est encore un être cher. Je connais les chiffres, les bilans comptables, mais je ne suis pas certaine que ces hommes le sachent... après tout je n'ai pas une carte de visite avec marqué : Adaline Torenton, comptable de STA.

Celui qui m'a hélé, pose le canon de son arme sur ma tempe et pendant une fraction de seconde, je ferme les yeux pour réaliser la chose. Et puis, on entend encore des tirs à l'autre bout de la salle, la négociation avec mon mari, ne s'est pas passée comme prévue on dirait. Je suis poussée vers l'ascenseur et la dernière chose positive que je vois ce sont ses yeux à lui, Jay Adams.

Au dehors, je suis emmenée de force dans un SUV aux vitres teintées, comme il en existe beaucoup. mais seule à l'arrière, on m'attache les poignets, et la voiture démarre pour quitter Manhattan. J'ai une puce, il faut le savoir j'ai une puce dans l'avant bras, de traceur, qu'il faudrait que j'active avec mon portable pour que Sid sache où l'on m'emmène. j'avais détesté l'idée il y a 6 ans, quand il m'a forcé de l'avoir.

- Donc tu vas être très gentille toi, et puis si ton mari lâche les affaires et l'argent, on te ramènera.

Je ris. Non pas parce que c'était particulièrement drôle mais bien particulièrement stupide.

- Il ne vous donnera rien.
- Alors prépare toi à mourir.
- Que c'est original.

J’ai mal au ventre de la voir dans cette situation et en même temps, plus je l’observe, plus je la trouve bien sereine dans cette situation. Fait-elle semblant pour n’inquiéter personne ou est-elle réellement sûre d’elle ? Quoi qu’il en soit, elle m’impressionne un peu plus chaque jour où je la découvre. Rapidement des pensées se bousculent dans ma tête, toutes plus folles les unes que les autres. Et si c’est elle qui avait tout organisé pour faire tomber son mari ? Et si au final c’était elle qui était à la tête de tout ça et non l’inverse. En acceptant cette mission d’infiltration j’étais partie pour faire tomber son mari, mais plus les jours passent plus je me demande jusqu’où va ce trafic et si Adaline n’est pas plus impliqué que je le pensais. Malgré tout ça, malgré tout ces doutes et ces questions, je ne peux m’empêcher de tomber amoureux d’elle, à tel point que cette vision, celle de la voir menacer me met la boule au ventre et me donne l’adrénaline nécessaire pour descendre tous ces mecs.

Dans mon oreillette ça s’agite. A l’extérieur mes coéquipiers entendent les coups de feu et je les rassure rapidement sur la situation. Petit à petit la grande salle se vide de ses invités et moi je ne quitte pas des yeux la jolie blonde, hors de question de la perdre. Rapidement, je prends en photo celui qui détient Adaline pour l’envoyer à Becca en lui demandant de bien vouloir passer la photo dans notre logiciel afin de savoir si on peut trouver un nom. J’indique en temps réel ce qu’il se passe à la voiture qui est à l’extérieur en leur disant de me préparer une voiture, je vais probablement partir en filature. Lorsque je vois les ravisseurs partir à l’extérieur je sais déjà ce qu’il se passe, j’avais vue juste et Dieu merci mon équipe m’a écouter et a mis une voiture à ma disposition. Évidemment, un traceur GPS est installé sur cette dernière et je pars en direction de la première voiture que je ne quitte pas des yeux tout en me rappelant d’être discret. Rapidement, je passe un coup de téléphone à Becca.

« Alors tu as pu trouver quelque chose ? »

- Pas encore, mais c’est en cours. Ezio … Fait attention à toi s’il te plaît.

« Bien sûr, tu me connais je fais simplement mon travail, ne t’inquiète pas. Envoie-moi ce que tu trouves par message et je t’enverrais ma position GPS dès que je sais où il l’entraîne. »

Je ne sais pas où tout ça va me mener, mais je crois bien que c’est la toute première fois que j’ai peur. Pas pour moi non, mais pour quelqu’un.

En réalité, je ne m'attendais pas du tout, à ce qui avait suivit. Je m'étais attendue, aux attouchements, aux gifles, à être attachée sur une chaise devant une camera de mauvaise qualité, je m'attendais à la tentative de viol, mais clairement pas à ça. Je suis descendue de la voiture, dans une gare de train, le genre désaffectée, j'ai été attaché par les mains à une chaine, quasiment ne touchant plus le sol de ma pointe de pieds. Me rendant compte que la tenue était un frein à ce délire torture et pendue par les mains. En réalité, je ne plaisante pas autant, en vrai, je suis terrorisée, et jamais je n'ai encore vécu cette situation là... très dérangeante soyons clairs. J'ai mal aux mains, les poignets aussi me font mal, et les bras encore plus. Devant moi, je tente de me concentrer sur les 5 hommes, non attendez, 4 hommes et une femme... de mieux en mieux. Ils parlent au téléphone avec Sid, il semblerait, mais je n'en ai pas la confirmation.

Ils me filment, je le réalise quand je vois la caméra à droite, et celle à gauche, je ne sais pas à quoi ils jouent mais ça me déplait beaucoup, et mon corps subit le choc d'être accroché en l'air... Je grimace, je gigote un peu pour tenter de me soulager, mais je n'y arrive pas, du coup je me mets à pleurer. Sans doute préféreraient ils que je me mette à crier, à supplier, mais je ne suis pas ce genre de femmes. Bien au contraire. Du coup je lève la tête et j'essaie de voir comment je suis attachée, si je peux me mettre à me balancer pour me détacher ou autre. Alors que je tente la chose, quelqu'un entre dans mon espace de la terreur.

- Vous aviez raison Adaline.
- A quel sujet ?
- Que votre mari ne fera rien... pour vous sauver, vous êtes rien pour lui, ou alors un joli vase.
- Je sais ce que vous essayez de faire, ça ne marchera pas.
- Je fais quoi ?
- Vous essayez de me faire douter de Sid, pour que je me retourne contre lui.
- Même pas. voici ce qu'il a répondu.

L'enregistrement se mit en route, et là, je restais complètement sur le cul, si j'étais pas attachée par les mains, j'en serais tombée. Il le disait, que si je mourrais, il arriverait à retrouver une reine du jour au lendemain, qu'il en avait d'autres en tête, et qu'il ne donnerait aucun argent ou info pour me sauver... L'enregistrement s'arrêta. Et je serrais les mâchoires.

- Donc ?
- Donc on va vous laisser mourir ma foi.

Il ne plaisantait pas pour le coup, et au bout de quelques longues minutes, ils simulèrent leur départ des lieux, enclenchant la panique en moi.

La voiture devant moi s’arrête enfin, évidemment c’est endroit loin de tout, un de ces lieux que nous connaissons bien dans la police, très souvent le point de ralliement des trafiquants en tout genre. J’envoie donc rapidement le point GPS à mon équipe et Becca m’envoie par message la fiche de l’homme que je lui ai envoyé en photo. Je comprends rapidement que ce ne sont pas des enfants de coeur, ce ne sont pas des amateurs. Je réponds donc au SMS de Becca en lui disant de m’envoyer l’équipe pour encercler au cas où, mais de n’intervenir que si je le demande. Ma mission n’est pas fini, c’est son mari que je dois arrêter et je me dois d’être toujours Jay jusqu’à nouvel ordre. Je sors de la voiture pour aller dans le coffre où j’enfile un gilet par balle sous ma veste. Je charme mon arme et laisse mon téléphone dans la poche de mon jean.

J’entre dans ce hangar, froid et désert. A première vue tout semble calme, mon arme en avant dans mes mains en guise de protection. Mon équipe arrive de manière discrète placée un peu partout avec arme au poing prêt à intervenir si jamais je le décide. Soudains, j’entends un bruit, ce qui m’indique où ils se trouvent. Je m’approche tel un chat, me cachant derrière tout ce que je trouve jusqu’au moment où je tombe enfin sur elle. Attaché et visiblement terroriser je dois me dépêcher de la sortir de là. C’est après quelques minutes sans entendre ce qu’ils lui disent qu’ils disparaissent. J’envoie un message à l’équipe pour savoir s’ils ont quitté les lieux, mais la réponse est rapide. « Personne à l’extérieur, ils sont toujours à l’intérieur. » Je ne sais pas où exactement, mais c’est probablement maintenant ou jamais que je dois intervenir. J’approche d’elle.

« Bonjour beauté, je viens à votre secours. »

Je dois faire vite, je sais que le temps est compté et qu’ils vont probablement rapidement revenir sur les lieux. Je coupe les liens qui l’entour, tout en la soutenant avec l’un de mes bras libre, avant de tout enlever et de la reposer délicatement par terre.

« Ils vous ont blessé quelque part ? Nous n’avons pas beaucoup de temps, rester derrière moi, on va sortir de là. »

Je ressors mon arme, nous ne sommes pas tranquilles. J’envoie le rapide signal à l’équipe que tout va bien et que nous sortons dans quelques minutes. L’équipe sait qu’elle doit se replier rapidement, je dois garder ma couverture encore quelques semaines/mois le temps de rassembler toutes les preuves nécessaires. Adaline est derrière moi, nous approchons discrètement de la sortie lorsque l’un des hommes se retrouve nez à nez avec nous. Ce dernier brandit son arme en direction d’Adaline qui s’est légèrement décalé de moi, sans hésitation je brandis mon arme sur lui, prêt à tirer, sauf que nous tirons tous les deux en même temps, je le touche à la tête, alors que lui voulant viser Adaline sans se douter que je me décale pour la protéger. La balle se loge dans mon épaule, je tombe à terre.

Le voir arriver à mon niveau, fait renaître l'espoir et la seule et unique larme qui a coulé sur ma joue, me semble déjà bien loin. Je n'ai jamais voulu mourir, ou alors seulement dans un élan de désespoir lié à la déception, et à la tromperie de Sid, mais j'aime la vie. Et je me suis faite peur, ils m'ont fait peur, alors voir Jay arriver comme ça, de je ne sais où, me détacher avec humour et concernement, j'en perds mes mots, je souris pour la forme, secoue la tête en signe de négation en frottant mes poignets endoloris. Mon amour propre en a pris un coup, et le peu de respect et considération qu'il me restait pour Sid aussi, mais ce n'était pas le lieu ni le moment d'évoquer tout ça. Je le suivis de près, pieds nus marchant sur ma robe légèrement... j'aurais tué pour un jean basket en cet instant précis, et je m'en voulais d'avoir fait importer cette robe ridicule en velours italien, d'un grand couturier, tout ça pour paraître forte et séduisante aux yeux d'une audience qui n'en a rien à faire... et qui pour la grande majorité me jalouse, et l'autre partie m'ignore.

Lorsque l'homme avec qui j'avais parlé se présente devant nous, en pointant son arme, je me décale de Jay. Pour tout l'or du monde, je ne supporterais qu'il prenne une balle pour moi, j'étais après tout responsable aussi de cette situation, autant que Sid. Les deux coups partirent avant que je ne réalise, les mains remontées vers le visage pour me protéger, instinct de survie bien humain - comme si mes mains pouvaient arrêter les balles... Et j'attendis quelques secondes, réalisant que j'étais debout... moi, l'homme en face était mort et se vidait de son sang par la tête. A mes pieds, le corps de Jay, il était blessé et je tombais à genoux à son côté.

- Oh non... non... non... Jay...

Je touchais son épaule, caressais son torse, réalisant qu'il semblait plus massif qu'à l'accoutumée... un gilet par balles, dommage la balle était elle entrée dans l'épaule. Mes mains tâtèrent les poches de son pantalon à la recherche de son portable, et je pris son doigt pour déverrouiller son écran, mettant du sang sur l'écran au passage. Je tombais sur un texto.

Becca :
" Tu es encore debout Ez'?"

Mais je ne réalisais pas vraiment, composant ensuite le 911.

- Police secours j'écoute ?
- Il faut envoyer une ambulance, euh... je ne sais pas où nous sommes... pouvez vous nous tracer ?
- J'ai votre adresse, que se passe t-il.
- Un homme blessé par balle à l'épaule gauche euh droite... demi conscient, l'autre... assaillant est mort, c'était un kidnapping. L'homme touché est mon garde du corps... je compresse la plaie, mais le sang... y'en a partout...
- Restez calme mme...
- Adaline Torenton.
- Mme Torenton, le samu et la police, vont arriver, garder bien la pression sur la plaie... savez vous si la balle est ressortie ?
- Comment je peux savoir ?
- Il faut tourner le corps pour voir si dans le dos, il y a un trou de sortie.

Le plus délicatement possible, je le tournais sur son bras valide, pour aller regarder dans le dos, il grinça des dents.

- Je suis désolée Jay, il faut que je regarde...

Je posais une main sur sa joue pour le rassurer, y laissant de son sang sur sa peau.

- Il y a un trou net.
- C'est bien...

Les sirènes se firent entendre, et je gardais la tête de Jay sur mes genoux, son corps sur le côté tourné vers moi, compressant sa plaie pour aider. Nous fûmes pris en charge rapidement, j'étais couverte de sang, de transpiration, de poussière aussi. Sous le choc de ce que je venais de vivre... Aucune trace de Sid dans les arrivés de sauveteurs et autres, c'est emmitouflée dans une couverture de survie, et portant de nouveau mes talons aiguilles, que j'entrais dans l'ambulance avec Jay. Je posais ma main sur la sienne, plongeant mon regard dans le sien, en silence. J'aurais voulu lui dire, merci, je t'aime, ou autre parole de réconfort moins lourde de sens, mais rien ne fut prononcé en mots...