Le trou noir, c’est complètement l’incompréhension pour moi, je ne sais pas ce qu’il se passe j’ai l’impression d’être hors de mon corps. Sensation étrange. J’entends tout ce qu’il se passe autour de moi, je ressens tout ce que l’on me fait, mais je n’arrive pas à parler ou à ouvrir les yeux, comme si j’étais paralysé, comme si mon corps de m’obéissait plus. J’ai compris que je m’étais fait tiré dessus mais je n’arrive pas à déterminer l’endroit. J’ai un gilet par balle alors ce n’est pas le torse, normalement en tout cas. J’ai une sensation de fourmis dans l’un de mes bras, c’est peut-être là que j’ai été touché. Je ne sais pas, je ne sais plus, j’espère juste que ce n’est pas trop grave, que je m’en sortirais sans trop de soucis majeur, que mon bras, si c’est bien lui, n’aura pas de séquelles, ou très peut. J’ai froid, de plus en plus. J’aimerais demander une couverture, mais personne ne m’entend, je n’arrive pas à bouger mes lèvres, comme si elles étaient collées entre elles. Étrange. Je ne sais pas combien de temps dur cette sensation, cette situation, j’ai l’impression que c’est très long et d’un coup, je me sens trimballé dans tous les sens, les secours sont sûrement arrivé. J’espère que personne ne va griller la couverture. Je ne suis pas en mesure de faire quoi que ça soit, je n’aime pas ne pas être maître de mon corps c’est déstabilisant. Je sens une source chaude sur ma main et quelque chose qui la serre, ça doit être elle, j’apprécie ce contact et je mets toutes mes pensées en avant pour réussir à caresser sa main elle aussi. Est-ce que j’y arrive ? Je ne sais pas, mais en tout cas j’y mets toute l’énergie qu’il me reste pour. Je pense que nous arrivons à l’hôpital, je dois probablement être rapidement pris en charge. Des heures ont dû s’écouler. Je me sens énormément fatigué, comme si un camion m’était passé sur le corps. Je ne sais toujours pas dans quel état je suis, mais j’ai l’air d’être vivant et c’est le plus important finalement. J’entends une voix inconnue autour de moi, probablement l’un des médecins.

« Bonjour Madame, je suis le chirurgien qui s’est occupé de lui, vous êtes sa femme ? »

Je n’arrive pas à bien identifier tous les mots, je dois être encore sous l’effet de l’anesthésie. L’impression d’être drogué, c’est assez étrange et en même temps un peu plaisant puisque je ne ressens plus aucune douleur dans mon corps. Sensation de bien-être peut-être ?

« Tout s’est bien passé, il est tiré d’affaire, nous avons fait le nécessaire pour stopper l’hémorragie mais il a quand même perdu mal de sang alors il risque d’être assez fatigué pendant un moment et aura sûrement besoin de rééducation. Voilà Madame … Adams. Je repasserai plus tard. »

Là, sans être là. C'était le constat de l'infirmier, l'avis du médecin à notre arrivée. J'avais affabulé donc notre échange de regards, parce que j'étais moi même sous le choc, c'est courant il parait. pas certaine que ça me rassure.. J'avais été ausculté, et lui opéré, j'avais mal interprété aussi le trou de sortie, et la balle était restée à l'intérieur. Culpabilisant, j'étais restée ) l'hôpital, j'avais enfilé sa veste de costume trouée pour éviter d'avoir froid, et après avoir été interrogé par la police, j'étais restée à son chevet. Enroulée en boule sur un fauteuil inconfortable, emmitouflée dans sa veste qui sentait un peu le sang - forcément - et une couverture d'hôpital élimée, je m'endormis à peine, écoutant tout autour et notamment les battements de son cœur.

Un médecin entra dans la chambre, visiblement épuisé de sa nuit de garde, qui aurait pu être pire encore sans doute, avec quelques morts et blessés en plus. J'hoche la tête quand il parle de femme, je n'allais pas tergiverser 107 ans sur la nature de notre relation, alors que j'attendais des réponses sur son état.

- Je vois. Merci.

Rééducation. Tout de suite je réalisais l'ampleur du mot, ça voudrait dire, que j'allais devoir retourner chez Sid, sans Jay dans les parages, qu'il serait en arrêt, pour une durée indéterminée. Je fouillais dans mes effets personnels retrouvés, qu'ils m'avaient mit dans un sac poubelle faute de mieux et composais un numéro de ma connaissance.

- J'ai besoin de toi.
- Sid t'a retrouvé, j'ai vu les infos.
- Non, il a refusé de payer, refuser de me récupérer, et c'est un de ses hommes de main qui est venu me libérer au péril de sa vie.
- Le fils de pute.
- Je sais. J'ai besoin de m'éloigner, rapidement.
- Tu as besoin de quoi ?
- D'un centre de rééducation paumé dans les USA, mais qualitatif, d'une maison, de mes affaires et de la garde robe d'un homme de main.
- Je crois avoir le lieu idéal. Le plus compliqué ça va être tes fringues.
- Demain, il sera normalement absent de la barraque, des contrats à signer à West NYC...
- Je te rappelle au plus tard à midi.

Je raccrochais et retournais sur le fauteuil à son chevet, caressant sa main. Je ne le forcerais à rien, s'il ne veut pas partir, je ne le kidnapperait pas, cela va de soi. Le médecin revint quelques heures plus tard et j'avais eu l'info qu'il me fallait pour organiser notre transfert.

- J'aimerais organiser le transfert de mon époux vers le centre oxygène dans les Hamptons, pensez vous que cela soit possible ? Demandais-je au médecin, dehors de la chambre.

Du coin de l'oeil, je le vis bouger, et notamment lever sa main, j'entrais dans la chambre, pour rejoindre son chevet, trop contente de le voir bouger.

- Hey... tu es vivant...

La voix près de moi, celle-ci je pourrais la reconnaître entre mille c’est la sienne. Je l’ai assez observé pour savoir de suite à qui elle est même si je ne réalise pas vraiment ce qu’il m’arrive. Petit à petit j’arrive à réentendre correctement, a comprendre ce qu’il se passe autour de moi. Dans une seule fraction de seconde je me demande où est mon équipe, j’espère qu’il n’ont pas tout fait foiré. Je crois qu’en réalité j’ai peur qu’elle apprenne qui je suis vraiment et qu’elle s’éloigne de moi, j’ai peur qu’elle finisse en prison et que je ne puisse plus la voir. J’ai peur d’un tas de choses, mais j’ai surtout peur qu’elle me raye de sa vie. Bordel j’ai pris une balle pour elle, est-ce que ça veut dire que je tombe amoureux ? En-tout-cas, une chose est sûrs, c’est que ce sentiment-là, cet effet-là, je ne l’ai jamais ressenti pour personne auparavant, c’est vraiment étrange. Je l’entends avoir une discussion avec quelqu’un, mais je n’entends personne d’autre autour de nous. Est-ce que les calmants me font entendre des choses. Je crois qu’elle est au téléphone, évidemment je ne sais pas avec qui, j’ai crois comprendre qu’elle va partir. Loin probablement pour fuir son mari peut-être ? Mais alors, je ne la referais plus, c’est impossible je ne peux pas la laisser partir. Je distingue quelques mots comme « rééducation, garde robe d’homme de main, maison. » Est-ce qu’elle souhaite me prendre avec elle ? Comme promis, le médecin revient.

« Oui bien sûr, à présent il est stable c’est possible. Vous avez une date ? Vous les avez déjà contactées ? »

Petit à petit je me sens revenir parmi les vivants, j’arrive à bouger petit à petit et à enfin ouvrir les yeux. J’ai l’impression de rêver, elle est là à mon chevet et visiblement elle ne m’a pas quitté. Je revois enfin ses beaux cheveux blonds, ses yeux magnifiques et son corps si joliment dessiné quoi qu’elle porte. Sa main chaude sur la mienne, je me sens revivre.

« Vous êtes là. »

Lui dis-je en souriant, sans même la quitter des yeux histoire d’être bien sûr que ça soit bien elle à mes côtés.

Il me voyait, et il n'avait pas l'air de repousser ma main, je souris, me mordillant la lèvre, plongeant mon regard dans le sien.

- Pour toujours... Murmurais-je, avant de caresser son visage d'une main tendre.
- Mr Adams... je vais vous ausculter, et on pourra organiser votre transfert. Dit alors le médecin derrière nous, contournant le lit, pour vérifier ses réflexes oculaires d'une petite lampe, sa poigne, et la réaction/sensation sous ses plantes de pieds. Tout me parait en ordre, vous avez eu de la chance... Le médecin se tourna vers moi. Je prépare les documents pour le transfert ?
- Oui s'il vous plait.

Il sortit de là, et je me tournais de nouveau vers Jay.

- J'ai... pris la liberté de trouver un centre de rééducation dans les Hamptons pour toi, avec un faux nom... j'ai... présumé qu'il serait sans doute plus opportun de s'éloigner un temps... enfin je vais m'éloigner, et connaissant mon mari, il sera tenté de mettre ta tête à prix. Il ne voulait pas payer, pas... je soupirais. Bref, mon mari a décidé de me rayer de sa vie, preuve en est, il n'est pas là, et il a du apprendre que tu as joué les héros, contre son ordre... du coup ta vie va être en danger. Alors je me doute qu'on ne pourra pas se planquer aux Hamptons toute la vie, mais il me faut 4 semaines, 6 tout au plus, pour faire le tri de tout ça.

Il pouvait complètement refuser, et je comprendrais vraiment qu'il le fasse, on ne part pas comme ça, enfin pas avec la reine de l'empire. Les Hamptons en basse saison, avec la neige omniprésente, il n'y aura pas foule... et la maison dans laquelle on sera logé, est of radar. un tout petit cottage planqué entre la mer, et la forêt... le genre à ne pas attirer le regard du tout !

- Tu as besoin d'une rééducation pour ton bras droit, et je suis disposée à te l'offrir en totalité Jay, laisse toi aider pour une fois...

Je souris, le laissant dans la chambre, tandis que je me rendis à l'accueil pour signer les documents, et retrouver Dexter... mon ami de toujours, ancien flic, ancien militaire, un père de substitution dans le genre, que j'appelle en cas de soucis. Il me donna les passeports, faux... bien sûr, la clés du cottage, les clés d'une voiture, la carte bleue de secours une grosse valise, et toutes les infos qu'il pouvait avoir sur Sid et toute la clique.

Qu’est-ce qu’elle veut dire par là ? Le médecin nous interrompt et je ne bronche pas à ses mots, je vois qu’Adaline à gérer quelque chose et je ne veux pas faire d’erreur, d’où mon silence ou je hoche simplement la tête en guise de réponse à ses questions. Je suis encore dans le brouillard, ça va mieux certes, mais je n’ai pas encore récupéré tous mes réflexes. Elle m’explique son plan et je le comprends, c’est sûr que si elle reste ici, je ne donne pas cher de sa peau et visiblement c’est de même pour moi. Outre l’idée d’être entre la vie et la mort à cause de son mari, ce n’est pas ça que je regarde, c’est l’idée de la laisser partir seule qui me terrifie. Je n'ai pas envie d’être séparé d’elle, pas comme ça, pas maintenant.

« Approche-toi … »

Je la laisse s’approcher de moi, avec ma main, je lui fais signe de venir près de mon visage, comme si je voulais lui murmurer quelque chose. Une fois près de moi, je passe ma main valide dans ses cheveux, la regarde droit dans les yeux et viens déposer mes lèvres contre les siennes pour baiser de quelques minutes, mais intense.

« Pardon, j’en rêvais depuis des mois … Je suis d’accord pour ton plan. »

Je sais qu’à partir de maintenant je suis un calvaire sans nom avec mon boulot, mais étrangement je suis prêt à brûler toutes les limites du moment que je suis avec elle. Je repère mes affaires sur la petite table à côté de mon lit et je la vois quitter la chambre pour aller en face, au bureau des infirmières. Je profite de se petit moment pour prendre mon téléphone et contacté mon chef.

« Bon écoute, il y a un gros changement de plan je … »

- On est au courant Ezio, on a une taupe à l’hôpital. Celui qui t’autorise à sortir, tu as mon feu vert mais attention, je veux un rapport tous les jours sur ce que tu entendras sur Sid et sa bande. Si tu juges que le danger est trop fort, contacte-moi, on intervient pour vous sortir de là.

Je ne m’attendais pas à ça, mais finalement je suis soulagé, bien que je pense à Becca … Elle comprendra si ma vie est en danger non ? Je l’espère … Je raccroche rapidement, et récupère mes affaires sur le siège, bien que couverte de sang, j’essaie de m’enfiler quelque chose sur le dos pour pouvoir sortir de là. Pas évident, avec un bras en moins et des douleurs un peut partout.

Dex était en train de me parler, mais mon index effleurant mes lèvres, je repensais à ce baiser spontané, qui me fit sourire.

- tu m'écoutes Ada ?
- Hein... oui... oui j'ai entendu, je couperais mon portable et achèterais un pré payé.
- Je le sens pas ton garde du corps sauveteur de la veuve et l'orphelin... ça fait plus flic que ripoux.
- Non... qu'est ce que tu racontes, tu serais pas venu me sauver toi ?
- Ben je suis plus tout jeune...

Je poussais un soupir, regardant Jay à la dérobée.

- Je préfère vérifier par moi même les casseroles qu'il a au cul, tu veux bien ?
- Oui si ça peut te rassurer fait.

Je récupérais le sac, et la valise à roulettes, dans ma poche les papiers de sortie de Jay et retournais à l'intérieur de la chambre, où il était en train de tenter de s'habiller.

- Attends... retire cette chemise pleine de sang.

J'ouvris le sac, pour fouiller dedans, et trouver un pull plutôt pas mal, que je lui tendis, l'aidant avec son bras droit douloureux.

- On va passer à la pharmacie sur la route, pour prendre les médicaments, et on trace la route. Dis-je en tirant sur la manche droite, pour qu'elle remonte sans s'accrocher au bandage. Je ne sais pas si tu es coutumier des fausses identités, mais tu t'appelles Jamie White... et moi Ellender White. Mes doigts glissèrent contre son cou et sa nuque, j'avais envie de l'embrasser encore, mais nous devions partir, et je devais me changer avant toute chose. Peux tu te retourner, je vais me changer, je ne peux plus encadrer cette robe.

Dans un coin reculé de la chambre, pas totalement cachée par quelque chose, je retirais la longue robe et sa veste, enfilant par dessus des dessous sexy en dentelle noire, qui mériteraient vraiment d'être changés, un jean, un sweat moulant noir et un manteau marine, avec des bottes jaunes. Je m'attachais les cheveux d'un élastique, et mis une touche de parfum légère au creux de ma nuque.

Spoiler:

- Bon, prochaine étape, une douche dans les hamptons... tu es prêt ?

Nous sortîmes de l'hôpital en tant que mari et femme du moment, masquant mon regard de grosses lunettes noires, et montant dans la mustang aux vitres sales de poussière. Je roulais sans trop parler, j'étais partagée entre la liberté nouvelle et l'appréhension de toutes les conséquences possibles. A un arrêt dans une station service, je retirais la carte sim de mon portable et l'éclatais d'un coup de talons avant de le jeter. Là encore, je ressentis une grande fierté et un profond soulagement.

Au soir, nous arrivâmes donc devant ce tout petit cottage, qui ne paie pas de mine.

*Le cottage en question*

Spoiler:

Dehors une épaisse neige poudreuse et un froid de canard. J'allais aider Jay, ou du moins Jamie ici, à sortir de la voiture, allant ouvrir, pour qu'il puisse entrer. Et la valise fut déchargée, ainsi que les sacs divers et variés.

- Quel froid polaire... Il doit y avoir des grains ou du bois dans un coin... Je tirais les rideaux qui donnaient sur la rue, voilages idéales pour garder notre anonymat et intimité.

Je ne sais pas qui est ce mec avec qui elle discute, mais au vu des regards qu’il me lance j’ai peut-être intérêt de me méfier. Je ne sais pas dans quoi je m’embarque encore, mais je vois qu’elle n’est peut-être pas la femme si craintive, timide et soumise que je pensais. Je découvre aujourd’hui une Adaline qui prend les choses en main, qui ne se laisse pas démonter et j’aime l’idée, je sais au moins qu’elle arrive à surmonter tout ça ou en tout cas elle essaie, elle ne se laisse pas couler bien au contraire elle prend sa vie en main, et un peu la mienne par la même occasion. J’ai l’impression d’être un poids pour l’instant, avec un bras en moins c’est pas évident. Elle à l’air d’avoir prévu, j’en suis scotché. Quelle femme forte, finalement, j’ai peut-être plus à m’en faire pour elle, elle sait rebondir. Elle m’aide à m’habiller, je n'aime pas me voir comme ça, mais j’apprécie l’aide. Je grimace de temps en temps selon les gestes effectué, c’est douloureux. Une fois terminé je lâche un ;

« Merci »

Tout souriant. J’aurais évidemment préféré une autre situation. J’aurais aimé la connaître autrement, dans d’autres circonstances. En dehors de tout ça, en dehors de mon boulot en dehors de ses histoires. Faire connaissance normalement, tomber amoureux normalement. Je sais que là tout est voué à l’échec, ou alors peut-être pas, mais combien de chance pour que ça fonctionne avec toutes ces histoires. Elle me demande alors de me tourner pour qu’elle puisse se changer. Je souris puis m’exécute. Je reconnais que je ne dirais pas non pour franchir l’interdit, mais pas là. Qui sait, peut être plus tard … Lorsque je peux enfin me retourner, je pense que je dois avoir les yeux en coeur. Quoi que porte cette femme, elle reste sublime.

« Tu es très belle … »

Pas le temps de se poser des tonnes de questions il faut partir. Je suis péniblement la jolie blonde jusqu’à une voiture. Tout, elle à vraiment tout prévu. En route, nous restons quand même encore un peu timide tous les deux, peut être même que j’ai dû m’endormir quelques minutes, ou quelques heures ? Je ne sais pas. En route, nous restons quand même encore un peu timide tous les deux, peut être même que j’ai dû m’endormir quelques minutes, ou quelques heures ? Nous arrivons. L’endroit qu’elle nous a prévu est incroyable.

« C’est très joli ici, c’est chez toi ? »

Après tout je ne connais pas grand-chose de sa vie, voir même rien du tout finalement. Je compte sur ces quelque temps passé ici pour essayer d’en savoir davantage, mais pas en tant que flic, en tant qu’homme, tout simplement.

« Je peux me charger du feu si tu veux. Je ne vais pas être rapide, mais je peux essayer, j’ai été scout dans mon enfance. »

- C'est pas chez moi non... C'est euh...

Je réalisais alors que nous étions là, tous les deux, que je ne connaissais pas cet homme, et pourtant je m'étais lancée comme ça, m'éloignant de NYC, de Sid, de tout, avec mon sauveur... dont je ne connaissais que le regard protecteur sur moi depuis quelques mois tout au plus, et qui m'avait embrassé à l'hôpital. Posant les mains sur mon manteau, je le retirais allant le poser au porte manteau près de la porte.

- C'est la maison de ma mère. Mais elle n'y est jamais venue.

Je frottais mes mains sur mes cuisses, un peu gênée. Devrais-je me livrer à lui ? Si ça se trouve il était aussi louche que Sid, qu'une diversion pour mieux me tuer ! Sid avait tenté un message, et je ne l'avais pas vraiment lu, j'avais juste éclater mon portable sur le macadam, comme pour broyer ma cage dorée et partir dans un ailleurs différent.

- Scout... et bien, je te laisse faire, je vais voir ce qu'il reste dans les placards, je pense qu'il va falloir faire les courses demain, j'irais après t'avoir déposé au centre de rééducation.

Je le laissais dans le salon, et me rendis dans la petite cuisine au bout du salon/bibliothèque. J'ouvris les placards, pour trouver des conserves encore bonnes, et des pâtes, et même une bouteille de gin que je dévissais pour en boire une gorgée à la dérobée. Je l'entendais s'atteler à sa tâche dans le salon, et je songeais au fait qu'il puisse être de mèche avec Sid et si c'était le cas ? Mon regard se posa sur les couteaux de cuisine, mais juste mon regard... dans le tiroir sous le four, il devait y avoir encore mon arme de poing, chargée. Je me glissais vers là, pour vérifier au cas où.

- Il reste des pâtes, et des conserves de sauce tomate. Et une bouteille de Gin, mais je ne pense pas que tu aies le droit d'en boire avec les anti douleurs... Dis-je assez fort pour masquer mon action.

L'arme était là encore et je refermais le tiroir rapidement, me relevant, pour retourner dans le salon avec la bouteille et deux verres.

- Quoique vu la nuit, et cette journée... que dirais tu d'un anesthésiant naturel ?

Je posais la bouteille sur la table, repoussant ma nervosité toute nouvelle en sa présence, et l'attirance indéniable de sa proximité. Je devais avoir des réponses, et quoi de mieux que de boire un peu pour ça ? Je lui souris, alors que le feu démarrait dans l'âtre, je m'assis en face sur le canapé en retirant mes bottes. J'avais besoin d'une douche aussi, et de dormir ailleurs que sur un fauteuil d'hôpital, mais ça attendra encore un peu.

- Comment en es tu arrivé à travailler pour Sid ?

Je lui demande si c’est chez elle, ou peut-être une maison de vacances que sais-je après tout. Elle me répond que c’est tout simplement la maison de sa mère. Je veux bien la croire, en tout cas pour l’instant j’ai toujours pas vu de photo d’elle petite, c’est dommage parce que j’aurais bien aimé voir à quoi elle ressemblait enfant. Je suis sûr qu’elle était tout aussi mignonne que maintenant, c’est une certitude. Enfin, elle m’annonce que sa mère n’y a jamais mis les pieds, je ne sais pas trop ce que je dois comprendre, alors je ne cherche pas à comprendre justement. Je décide de faire confiance, tout simplement, après tout elle est un peu en train de me sauver la vie non ? Ou alors elle me tend un piège ? Je ne sais pas, mais je ne vais plus me poser de question ça sera plus simple.

« C’est dommage, elle est très jolie. »

J’ai l’impression que tout est un peu programmé, je ne sais toujours pas dans quoi je me suis embarqué, mais étrangement j’ai l’impression que je ne risque rien. Juste une impression ? Bref, je lui avoue qu’ayant été scout enfant, j’ai quelques restes en matière de feu et je décide de voir si je n'ai pas perdu la main. C’est sûr que c’est un peu galère avec une seule main, mais bon j’ai l’impression que je m’en sors quand même puisqu’il suffit d’une étincelle pour que ça flambe. Je suis fier de moi.

« Et bien ça tombe bien, je ne bois pas vraiment d’alcool. Juste pour les grandes occasions on va dire. »

Oui de temps en temps comme tout le monde, mais toujours avec modération, je sais me tenir et je sais bien boire. Je me relève pour venir tourner autour du canapé, puis approché légèrement de la fenêtre. La vue est jolie, bien que je ne sois pas un adepte de la neige, ayant toujours froid, je trouve ça quand même très beau.

« C’est une grande occasion alors … oui allons-y ! »

Lui dis-je cette fois-ci en souriant. Il ne faut pas que je prenne trop la confiance tout de même, après tout je ne sais pas réellement qui elle est, j’ai l’impression qu’elle n’est pas celle que je pensais être, mais étrangement, je suis toujours sous le charme. On attaque les questions, et je suis prêt à répondre.

« Et bien, j’avais besoin d’argent pour ne pas me retrouver à la rue. C’est un de mes amis qui m’a fait rencontrer ton mari, il a trouvé que j’avais la carrure pour le protéger alors il m’a engagé. Et toi … Comment l’as-tu rencontré ? »

Il accepte de boire avec moi, et je trouve ça plus rassurant... mais qu'il ne se dise pas que je vais être étalée en deux shots, dans le Bronx on a l'habitude de boire, et autre chose que de la bière. Je bus mon premier shot en trinquant sur le sien.

- J'avais 16 ans, quelque chose dans ce goût là, à l'époque, je devais aller en cours et travailler pour aider ma mère. Elle est handicapée depuis pas mal d'années, mon père je l'ai pas connu...bref, j'ai rencontré Sid au collège, il avait tout du beau parleur, le côté bad boy quand on est dans le Bronx, c'est super sexy. Me confiais-je à lui.

Je changeais de place, allant glisser mes pieds sous mes fesses, me tournant vers lui.

- On n'en vient pas vers Sid que du bouche à oreille, Sid veille à tout contrôler, l'histoire de l'ami qui te rencarde, c'est léger... Tu dois avoir des spécificités... tireur pro, ancien militaire, pilote de voiture, pro du kung fu... ? C'est quoi ton talent secret ?

Je fis glisser mes ongles sur mes lèvres, tout en l'écoutant parler, tentant de percer sa carapace, qui semblait faite en kevlar. Je me penchais vers la table, pour lui resservir son verre et le mien, et je laissais glisser le bord fin du verre, sur mes lèvres, plongeant mon regard dans le sien. Il avait un regard étrange, noir et à la fois vitreux, mais pas le côté moche, non... il n'y avait rien de moche chez lui, ce qui était un problème clairement.

- ça a commencé doucement, quand il m'a rencontré, j'avais remplacé au pied levé, un petit dealer du bronx qui s'était fait dézingué. Jo la trouille on l'appelait, et j'avais besoin de blé. Je consommais pas, jamais... mais j'avais besoin de payer les soins médicaux de maman. Donc... et puis Sid a voulu chercher plus, plus grand, plus gros, plus dangereux.

Rien que pour m'épancher sur ce sujet, il pourrait m'éliminer là, s'il était pour Sid, il pourrait m'éliminer juste pour cette vérité. Jamais de ma vie, je n'avais raconté ma vie incroyable à personne. Et pour une fois, même si ça devait être la première et dernière fois que je parlais de ma vie, alors ça en valait le coup. J'avais faillit mourir il y a un peu plus de 48h, et ma vie ne tenait que par un fil depuis trop longtemps.

- C'est un ponte de la mafia locale, qui l'a pris sous son aile, j'ai jamais compris pourquoi... mais c'est comme ça, qu'on est arrivé dans cette tour dorée... Ma cage dorée... celle que j'ai jamais réussi à quitter.