J’en apprends un peu plus sur sa vie, pas énormément non plus, mais assez pour savoir que visiblement elle n’a pas eu une enfance dorée comme j’aurais pu le penser il y a quelques jours de ça. Elle n’a pas non plus l’air d’être cette femme si sage, que je pensais aussi, comme quoi les apparences sont réellement trompeuse. J’aurais au moins appris ça à mon âge. Je ne sais pas si j’ai envie de la protéger ou alors si je dois m’en méfier et pourtant je meurs d’envie de la prendre dans mes bras, et de reposer mes lèvres sur les siennes comme quelques heures auparavant à l’hôpital. Plus maligne qu’elle en à l’air, c’est aussi ce que je peux rajouter à son CV. D’une seule seconde, l’envie de l’embrasser à nouveau, passe à ’n’oublie pas pour quoi tu es là’.

« Tu viens de le dire. Ancien militaire, tireur d’élite. »

Et sur ça, ce n’est pas un mensonge, c’est bien une part de ma vie. Une part que j’aurais aimé ne jamais connaître d’ailleurs, mais c’est comme ça, on ne change pas son passé. J’ai du mal à la quitter des yeux, je la trouve malgré tout si douce, je suis sûr qu’elle n’a pas été aimé correctement par son mari. Je reste à ma place, pourtant je ne peux m’empêcher de fixer ses lèvres, j’ai du mal à changer mon regard, je la trouve si parfaite. C’est complètement dingue, à la voire comme ça on lui donnerais le bon dieu sans confession, elle ressemble à un ange tombé du ciel et pourtant elle est loin d’en être un. Je l’écoute attentivement et en même temps je prends sur moi pour ne rien laisser paraître, je trouve son histoire tout simplement dingue. Je trouve ça dingue, sa vie est tout simplement dingue.

« Et … Tu l’as aimé ? »

Je ne sais pas pourquoi, mais c’est sorti tout seul, comme un besoin de savoir. Comme l’envie de lui dire que moi, je pourrais peut-être lui offrir autre chose, que ça ne sera pas tout rose c’est sûr je ne suis pas richissime, mais je peux au moins apporter la sérénité, la protection et … l’amour. J’en viens même à penser que je peux démissionner pour elle, changer de vie, d’identité. Qu’importe. Est-ce que l'alcool et médicament fait bon ménage pour raisonner ainsi ?

Un tireur d'élite, ancien militaire. Okay, j'enregistrais l'information, sans relever ce qu'il venait de me dire... je repensais à l'arme de poing sous mon four, et me dis que j'avais bien fait de ne pas le sortir. Il pouvait me tuer tellement facilement, mais le voulait il vraiment ? Je me mordis la lèvre, lorsqu'il en vint à me poser cette seule et unique question.

- Qu'est ce que l'amour ? Répondis-je évasive.

Je secouais la tête, allant poser le verre sur la table basse, je retirais ensuite mon pull pour être en débardeur blanc. Il faisait chaud.

- En réalité, l'amour n'existe pas dans un tel monde, le pouvoir par contre est beaucoup plus important. Prendre l'ascendant sur l'autre, dominer pour ne pas être dominé... Je souris en pensant à ce que j'avais accepté de Sid depuis des années maintenant. Je voulais m'en sortir du Bronx, de la pauvreté, ne plus être seule, et quelque part... avoir ce pouvoir sur l'autre, sur ceux qui m'ont écrasé. Je suis jalousée mais trompée, bafouée et sacrifiée depuis des années maintenant... je me félicite de ne jamais avoir eu d'enfants dans ces conditions.

Je glissais mes mains dans les poches arrière de mon jean, le regardant, en ayant toujours cette incroyable pulsion d'aller vers lui.

- Je vais... je vais te montrer ta chambre, et je vais aller me doucher, la nuit dernière et les dernières 48h ont été trop... j'ai besoin de laver tout ça, enfin je sais pas si tu vois ce que je veux dire.

Je montais les petits escaliers avec la grosse valise, et le fis me suivre. Il y avait deux chambres, une avec un grand lit et l'autre avec deux lits simples.

- Tu dormiras dans la grande chambre, tu as besoin de plus de place avec ton épaule... je serais en face. Et là, tu as la petite salle de bain, et en face les toilettes.

Je récupérais mes affaires dans la grosse valise, allant faire tomber à ses pieds un soutien gorge rouge en dentelle. Je le ramassais avant de traverser le petit couloir direction la chambre en face.

- Je te laisse ranger tes affaires, et je vais dans la douche, je... Je m'arrêtais de parler, papillonnant des cils un instant, avec la gorge serrée.

Et puis je partis m'enfermer dans la salle de bain, retirant mes vêtements, et passant un long moment sous la douche. Ma main glissa sur ma peau nue, les yeux fermés en pensant à lui, l'eau chaude me recouvrant de la tête aux pieds, et mes doigts se faufilèrent plus bas, entre mes lèvres, pour me soulager d'une tension réelle dans tout mon corps. Quelques minutes plus tard, ma chair tremblota sous mes doigts, et une expiration orgasmique passa mes lèvres. Reprenant mon souffle doucement, je me rinçais les cheveux, et coupais l'eau, sortant de là en peignoir de bain noir. Je repoussais d'une main mes longs cheveux mouillés, posant mon regard sur lui...

- As tu besoin de moi, pour t'aider dans la douche ?

Je réalisais ce que je venais de prononcer et je me mordis la lèvre une nouvelle fois.

Je ne sais pas pourquoi, mais plus ça avance entre nous, plus j’ai l’impression que c’est une autre femme que j’ai en face de moi. J’ai bien compris que les apparences étaient trompeuses, mais je n’imaginais certainement pas à ce point. Je sais bien que mon information est enregistrée quelque part dans un coin de sa tête et qu’à tout moment ça va forcément ressortir. Où, quand, comment … ça je ne sais pas, mais je sais que j’y aurais droit. Au moins, sur ce coup-là, c’est réel puisque je l’ai réellement été dans ma vie, même si ce ne fut pas forcément la meilleure partie de ma vie. Puis, j’ose aborder le sujet. Est-ce qu’elle a aimé son mari. Ce mari qui finalement n’a pas bougé le petit doigt pour la sortir de la mort, ce mari qui m’a toujours donné l’impression de n’avoir une femme simplement pour ‘l’exposer’, pour faire bonne figure. Est-ce qu’il y a déjà eu réellement de l’amour entre eux ? Elle peut-être un jour, lui visiblement jamais. Femme objet, c’est probablement ce qui résume ce qu’elle a pu être pour lui. J’ai écouté attentivement ce qu’elle m’a dit, et même si tout peut nous opposer en premier plan, l’idée de ne pas avoir eu d’enfant nous rassemble. Ok, je n’ai pas eu sa vie, mais moi de par mon passé et mon boulot actuel je me félicite également de ne pas avoir déposé d’enfant quelque part. Forcément, comme pas mal d’homme j’en rêve, mais je crois bien que ce n’est pas pour tout de suite. Elle me sort de mes pensées lorsqu’elle me traîne vers la chambre. Je suis attentivement la visite et note la gentillesse au passage pour l’histoire des lits, bien que je risque de ne pas beaucoup fermer les yeux , j’apprécie le geste. Je vais devoir prendre mes marques. J’entre dans la chambre, observe rapidement avant qu’elle ne récupère ses affaires et en laisse tomber une que je n’ai pas le temps de réceptionner à temps, mais dont j’ai peut observer la finesse.

« Très jolie. »

Dis-je simplement tout bas en souriant. J’aurais bien rajouté ; Je suis sûr qu’il te va à ravir, ou bien encore ; J’ai hâte que tu le portes, mais je me suis simplement mordu la langue pour ne pas le dire. Elle est évidemment terriblement sexy habillé alors je n’ose imaginer dans son plus simple appareil. Non en fait je ne dois pas l’imaginer, je dois garder la tête froide. J’ai du mal à faire autre chose que la regarder. La regarder récupérer ses affaires, la regarder faire tomber son dessous, la regarder partir vers la salle de bain … J’aurais tellement eu l’envie de la rejoindre, mais je pense que c’est bien trop tôt, ou alors je me fais simplement des films et elle s’en fiche de moi, je ne l’attire peut-être pas du tout après tout. La voilà partie pour la douche, de mon côté je me retrouve seul dans cette chambre où j’essaie d’ordonner plus ou moins les affaires qui m’ont été attribuées. Dieu merci ça reste un petit peu dans mon style ; rien de très fou, du classique. Des jeans, des chemises, tes t-shirts, des pulls … Entre temps, j’enlève alors délicatement l’écharpe qui m’emprisonne le bras et je ressens assez rapidement la douleur. J’observe la cicatrice, elle semble bien faite, mais encore douloureuse évidemment. De l’autre côté de la porte, je trouve la douche assez longue, mais en même temps c’est une femme et il me semble qu’elle aime bien prendre leur temps surtout lorsque ça concerne leur chevelure et Adaline en a une plutôt longue, une belle chevelure dorée dont il faut sûrement prendre soin. Je m’approche de la porte, pensant entendre un bruit étrange, mais je tombe rapidement nez à nez avec elle, encore toute mouillée. Étrangement, ou pas, mon coeur se met à battre rapidement en sa présence. Je souris à sa question.

« J’aurais peut-être besoin d’aide pour les vêtements … »

J'hoche la tête simplement, passant une main dans ma chevelure humide, je vais pour l'aider, et puis en fait je m'arrête dans ma lancée. Ne pas se laisser déborder par toutes ces envies et pulsions... ça semble trop simple, trop facile, trop naturel aussi.

- Je vais me mettre en pyjama, je reviens.

Je refermais la porte derrière moi, retirer mon peignoir de bain, pour aller enfiler un pull blanc en pilou, et un pantalon de yoga dans le genre, vêtements confortables dans lesquels j'arrêterais de penser que je lui plais, sans maquillage, les cheveux humides attachés en une tresse sur mon épaule, et avec un genre de pilou sur le dos, c'est pas ça qui fait fantasmer. Moins que ce soutien gorge rouge qui avait échoué à ses pieds, et qui avait eu l'air de plaire. Je reviens vers lui, dans la toute petite salle de bain, et relevant mes manches pour l'aider au mieux, et dans un silence total, je retirais les couches de vêtements avec le plus grand soin. Grimaçant par moment quand je sentais qu'il pourrait avoir mal.

Il avait un torse tellement parfait, que je me perdis un moment, les doigts effleurant sa peau, ses pectoraux et son ventre, comme s'il m'offrait ce moment d'intimité pour le découvrir autrement. Trop proche et trop loin à la fois, mais consciente qu'il pourrait me faire sauter la cervelle aussi dans la nuit... Je me mordis la lèvre, troublée par sa proximité et je me hasardais à lui poser cette question qui me brûlait les lèvres.

- Comment je peux être certaine que tu n'es pas loyal à Sid... au point de me tuer dans mon sommeil ? soufflais-je, tout en posant mes mains sur sa peau.

Plongeant mon regard dans le sien, encerclant ses épaules de mes bras, me collant contre lui, je finis par effleurer sa bouche de la mienne, ajoutant un petit détail piquant avant de l'embrasser.

- Je te préviens que je sais où sont toutes les armes dans cette maison...

La vue était très agréable, bien trop courte malheureusement puisque la jolie blonde décide d’aller se changer. Est-ce qu’elle a eu peur que l’on se saute dessus ? Parce que si c’est ce dont je rêve depuis des semaines maintenant, voir des mois, je sais qu’elle aussi ressent une attirance pour moi, il suffit de regarder ses yeux, puis les quelques gestes que nous avons eu par-ci par-là, ça ne trompe pas. C’est une attraction mutuelle, comme deux aimants qui s’attirent l’un l’autre mais avec une impossibilité d’aller plus loin. A la fois frustrant et excitant. Je la regarde partir, bêtement, me dirigeant alors dans la salle de bain où je commence tout seul à enlever mon haut, très compliqué, puis très douloureux. J’ai encore du mal à regarder ma cicatrice, je peine à bouger mon bras et pourtant je n’ai pas réellement le choix. Elle arrive à mon secours, je me surprends à avoir les frissons à chaque passage de ses doigts sur ma peau. J’aimerais que ce moment ne s’arrête jamais. Je sens mon corps tout entier la désiré et c’est une réelle torture de lui résister, encore plus douloureux que ma blessure.

« Je pensais que m’être pris une balle pour t’avoir sauvé aurait suffit, mais demande moi ce que tu veux et je le ferrais. »

Je ne sais pas quoi lui dire de mieux, de plus. Je ne peux pas encore lui dire la vérité, mais une chose est sûr c’est que bien évidemment, je suis prêt à tout pour la protéger et non lui faire du mal. Je ne peux m’empêcher de regarder ses lèvres, d’être comme hypnotiser par ses lèvres et ses yeux, elle pourrait me dire ou me demander n’importe quoi, je dirais oui sans hésitation. Son soufre sur le mien, je sens que je peux flancher à tout moment. Je dépose alors mon front contre le sien avant de lui murmurer quelques mots.

« Alors accore moi un dernier baiser si tu comptes me descendre. »

Il devient de plus en plus compliqué pour moi de gérer la tension dans l’ensemble de mon corps. Soit elle me laisse sous l’eau froide, soit elle m’aide a calmer tout ça, mais une chose est sûr, je risque de ne plus tenir longtemps dans cet état.

Je ris légèrement à sa dernière réponse et n'y tenant plus, mes lèvres vont chercher les siennes. Un baiser timide, qui se mue doucement en un brasier ardent. Je l'attire étroitement à moi, en veillant à ne pas heurter sa blessure, et puis on atterrit tous les deux sous la douche... Moi toute habillée et lui à moitié, mais l'eau qui dégouline sur nos têtes, léchant notre front, abreuvant nos bouches se dévorant, c'était parfait. Une parfaite fin pour une fin de journée compliquée, et un début de cavale, mes bras autour de son cou, sentant le poids de mes vêtements sur moi, je m'abandonnais à sa langue contre la mienne, me surprenant à mordiller sa lèvre par moment.

Je manque de boire la tasse dans le process, et me séparant de sa bouche, je ris comme une gamine. Je regarde son visage, un large sourire béat, baignée d'endorphines. Je ne veux pas lui poser de questions, ce n'est plus le moment, et l'attirance que je ressens pour lui, cette tension depuis de nombreuses heures, ne va pas s'en aller avec des baisers...

.

Je remonte vers son visage, son bras atour de ma taille, et je me blottis contre lui.

- Je vais te laver d'abord, et après tu pourras me montrer tes talents de tireur d'élite... Soufflais-je doucement, souriant, heureuse de mon jeu de mots débile.

Je posais ma bouche sur la sienne, avant de de prendre une éponge dans ma main, et mettre du savon dessus. L'éponge glissa sur son dos, en évitant son épaule, puis sur ses bras, sur son torse, tout en collant mon corps à son dos. Embrassant sa nuque doucement, titillant un peu plus ses nerfs et sa détermination aussi. Je le rinçais doucement, et nous sortîmes de la douche, je passais un peignoir, et lui en passait un aussi, sans faire passer son bras blessé. Un baiser plus tard, et je me rendis dans la chambre qu'il devait avoir pour lui tout seul, laissant glisser l'éponge du peignoir des mes épaules, allant m'asseoir sur le rebord du grand lit, en le guidant pour me rejoindre. Je caressais de mes doigts les traits si particulier de son visage, effleurant de la pulpe de mes doigts sa bouche, sa barbe, son menton... ne le quittant pas du regard.

- J'en ai rêvé ces derniers mois. Dis-je dans un murmure. Je sentais ton regard sur moi souvent... Tes yeux trop sombres pour être bleus, et trop clairs pour être noirs. Des yeux couleur de l'orage... répondant à la tempête sous ma peau... Jay...

Posant une main de chaque côté de son visage, je déposais mes lèvres sur les siennes une nouvelle fois.

- Il faut que je refasse ton pansement... me coupais-je un moment.

Le rêve est bien réalité, j’ai beau me pincer, c’est toujours vrai, elle est toujours là tout près de moi et c’est bien elle et pas une autre. J’ai encore du mal à réaliser et pourtant. Tout semble parfait, comme une bulle de douceur qui j’espère va durer encore un peu. Je sais que malheureusement ça prendra fin à un moment ou un autre, mais j’espère pas trop vite non plus, je suis tellement bien comme ça. Je frissonne sous ses doigts, c’est la première fois que je vis ce genre de chose, en tout cas sous la douche, et de cette façon là et pourtant je dois reconnaître que c’est pas si mal, j’apprécie réellement. Je souris à sa phrase, mes talents de tireur d’élite, je sais bien que c’est un sous-entendu et il me fait bien rire à moi aussi d’ailleurs, mais dans le sens concret, j’espère ne pas avoir à m’en servir, en tout cas pas ici et pas maintenant et surtout pas en sa présence. Je me retrouve dans cette chambre avec elle, complètement vulnérable puisque je ne porte rien, tout comme elle d’ailleurs. J’ai dû mal à la regarder dans les yeux, tant les miens se perdent sur son corps. Elle est tellement belle, j’aurais tellement aimé la rencontrer dans un autre contexte et ne pas avoir peur pour elle, pour moi, pour nous, à chaque seconde. J’écoute ce qu’elle à a me dire et je suis touché par ses mots. Des mots qui résonnent tout de même en moi puisque moi aussi, j’ai longtemps rêvé de ce moment et longuement fantasmé sur elle.

« C’est réciproque. Dès la première seconde où mes yeux se sont posé sur toi, j’ai eu l’envie de t’avoir rien que pour moi. La tentation à été immense et résister à été une torture. »

Je dois tout de même faire attention à mes mots. Oui, je sais que je suis tombé amoureux d’elle, mais je ne peux pas lui dire, pas maintenant et pas comme ça. Et si ça n’était pas réciproque, et si c’était simplement physique pour elle. Je ne l'espère pas, évidemment … J’ai du mal à lui résister et ses lèvres sur les miennes, font battre mon coeur encore plus fort. Évidemment, je profite et prolonge ce baiser le plus possible. Alors que nous sommes plongées dans un baiser, la voilà qui coupe tout pour jouer l’infirmière. Aurait-elle peur de tomber amoureuse elle aussi ?

C'est dans une multitude de soupirs et de gémissements, que tout prend fin. épuisés mais heureux, on s'endort l'un contre l'autre, avant même que minuit ne sonne sur la grande horloge de la cuisine. Bercée contre lui, par les battements de son cœur, je m'abandonne au sommeil et une nuit sans rêve, sans couleur et de repos parfait m'étreignit alors. Au matin, c'est la nature qui me réveille, et je me glisse hors du lit, enfile un de ses pulls trop grands pour moi et une culotte que je vais prendre dans ma chambre, ainsi qu'une grosse paire de chaussettes en laine. Je regarde par la fenêtre, la neige est épaisse dehors, mais quelques rayons de soleil paraissent au loin. Levé de soleil timide, mais tellement parfait. je le regarde dormir encore, ferme la porte pour le laisser se reposer, et je descends mon portable en main, pour me faire couler un café, repensant à cette nuit.

Je pose le portable sur un plan de travail, et verse le café, alors qu'un texto m'est envoyé de Dexter.

*Ezio Astor ça te dit quelque chose?*
*Non, le devrais-je?*

Je bois mon café en regardant dehors, et Dexter m'envoie alors une photo d'un profil de réseau social et je tique.

*C'est Jay.*
*Non c'est un certain Ezio Astor, son instagram dit qu'il est Flic...*

Je me fige sur place, éteins mon portable quand j'entends que ça bouge en haut. Et dans ma tête, je me refais la conversation, c'est un flic... Je pourrais largement tomber avec Sid, j'ai tenu les comptes de sa société pendant des années, c'est même moi qui avait eu l'idée de monter un business plus grand. Les mâchoires se contractent, alors qu'il entre dans la cuisine, et j'essaie de garder le calme en moi, de ne pas exploser, de ne pas l'attaquer non plus. La confiance ne peut pas se fier au désir ou à des sentiments amoureux, ça ne veut rien dire, c'est juste chimique... Et tellement rapidement trahissable, quand la réalité nous rattrape. Je souris, échange un baiser avec lui.

- Je vais m'habiller, et ensuite je t'aide... je vais t'emmener au centre de rééducation, et puis pendant ce temps j'irais faire des courses, qu'on ne meure pas de faim non plus.

Je me levais, l'embrassais encore en plongeant mon regard dans le sien, cherchant le mensonge dans ses prunelles. J'enfilais un jean slim noir, les bottes à talons jaunes, un col roulé et un poncho chaud en laine. Je l'aide à s'habiller avec le même soin, et avant de sortir, je lui pose un bonnet sur la tête, et j'en fais de même. Dehors, tout est comme figé dans le temps, et c'est sans doute mieux comme ça. Je dois regarder cette page instagram justement, je dois y regarder de plus près, si ça se trouve c'est pas lui... j'essaie de ne pas me confronter à la réalité. Je le dépose au centre, souriante, mais distance quelque part. Quand je suis toute seule, je vais m'arrêter à quelques kilomètres, pour regarder cette histoire... Et je lis les informations de son profil... Ez', 41 ans, Flic, avec des followers, des photos de femmes magnifiques, une photo d'un chien, une partie de twister, j'arrête là et je fonds en larmes. Tapant sur le volant de la voiture, je m'en veux d'avoir été aussi conne ! Je suis tombée dans un énième panneau et j'éructe, en pleurant encore, en repensant à la nuit dernière.

Je reste de longues minutes sur ce parking, face à la mer, et puis je me décide à aller faire des courses, les dernières du condamné... Si ça se trouve, la cavalerie viendrait m'arrêter dans la soirée, autant sortir le grand jeu à mon corps. Pour terminer, 2heures plus tard, j'allais le récupérer sur le parking du centre de rééducation, dehors, adossée au cul de la voiture en fumant une cigarette, ne sachant pas trop comment faire avec cette possible information. Je n'arrivais toujours pas à me confronter à oui ou non la réalité...

- C'était bien ? Tu as l'air crevé...