°° Toi et moi, pour l'éternité °°

Je me souviens de ces moments, de cette passion clandestine qui brûlait en nous. Malgré son mariage, nous avons choisi de poursuivre cette liaison interdite. Depuis notre enfance, nous étions liées par un lien intense bien avant qu'elle ne prononce ses vœux avec Berto et devienne mère.

Nos rendez-vous étaient furtifs, nos baisers volés. Nous nous retrouvions dans l'ombre, nos cœurs battant à l'unisson. Elle avait été  mon premier véritable amour et je savais que j'étais le sien, également. Mais le monde extérieur ne pouvait pas comprendre ni accepter notre relation.

Lorsque Berto a découvert la vérité, sa colère a éclaté comme un orage foudroyant. Ses yeux étaient comme des éclairs, sa voix un tonnerre. Il ne pouvait pas supporter que sa femme l'ait trompé depuis si longtemps, presque depuis toujours. Bien sûr, nous avions été raisonnables. Nos retrouvailles n'étaient pas fréquentes ; elles étaient occasionnelles. Quand l'un de nous était triste ou avait besoin de réconfort, souvent, nous cherchions du réconfort dans les bras de l'autre - cela a toujours été ainsi et cela ne changera jamais. Même quand on aura atteint le bel âge de 80 ans, on sera toujours des petites coquines. Des mamies cochonnes!

Les mots qu'il avait prononcés ont été comme un éclair qui transperce tout votre être et vous brûle de l'intérieur. Et cela avait le cas pour moi! Quelle douleur ! Il avait juré de nous séparer, de briser ce lien qui nous unissait. Mais il était foutrement mal tombé avec moi, je n'avais pas cédé. Je m'étais battue comme une lionne en cage pour protéger ce qui était le plus cher à mes yeux!

Alors que j'étais dans ses bras, ma tête nichée contre sa poitrine, nos souffles s'entremêlaient. J'avais légèrement relevé la tête pour contempler son magnifique visage. Son regard, intense et doux à la fois, me captivait. Un simple sourire s'est échangé entre nous, un langage silencieux qui disait tout. Nous étions si bien ensemble que je préférais le silence plutôt que de parler de nos malheurs, de nos peines, et même de la mort de Berto.

Nous étions deux âmes perdues en quête d'un refuge, d'une nouvelle étape dans notre vie.

Elle me parlait des règles à respecter à la maison, notamment du sujet le plus important et tabou : le sexe. Bien sûr, je savais me comporter en présence des enfants. Je crois même n'avoir jamais déçu Zenia quant à ma façon d'être avec eux, de les garder parfois. Oui, il était inévitable qu'elle ne connaisse pas tout - Jules et moi avions nos petits secrets. Elle adorait faire le défiler dans le salon digne d'une vraie petite déesse.  Les maquillages, les rires, les confidences – tout cela faisait partie de notre complicité -  notre relation privilégiée.

Cependant, un point a attiré toute mon attention au point d'en oublier les deux autres règles.

"Attends une seconde... Le troisième point là, je pense n'avoir pas tout compris.  Que veux tu dire par, Gordon, tu ne le baises pas sous notre toit...??" Avec tendresse, j'ai pris son visage entre mes mains pour qu'elle me regarde droit dans les yeux. "Ma chérie, si jamais je devais recoucher avec Gordon, ce serait avec toi ! Maintenant que nous vivons ensemble, nous devons tout partager, n'est-ce pas ? Être honnêtes l'une envers l'autre et aussi envers lui." Envers lui, envers Jules également. Elle avait peut-être une chance de connaître un autre amour, un autre père pour ses enfants. Certes, nous parlions de Gordon, qui n'avait jamais réussi à maintenir une relation amoureuse plus d'une semaine, mais les gens peuvent changer. Regardez-moi avec Louisa.

Je la libérais pour qu'elle puisse nous couvrir d'une couverture qui instantanément me réchauffait. J'ai toujours été très frileuse. Écouter Zenia parler de famille faisait naître en moi un sentiment d'amour si profond. "Je t'aime Zenia et je t'aimerai toujours, tu le sais." Cette fois, j'avais fermé les yeux, épuisée par les événements. "Louisa pense que c'est une petite fille... Imagine ça, une petite Gemma !" Je riais de bon cœur. "Je crois que la fin du monde est proche"

°° Toi et moi, pour l'éternité °°

Nous étions lovés l’une contre l’autre, commençant à nous projeter dans notre future vie à deux, c’est tellement drôle de se dire qu’il a fallu attendre tant d’année avant que nous vivions enfin ensemble. C’est comme une évidence pour l’une comme pour l’autre, cette colocation, bien sûr, je sais que si Gemma et Louisa se remette ensemble, ma meilleure amie finira par délaisser l’appartement mais ce n’est pas grave. Nous aurons ce point de refuge pour nous deux mais aussi pour nos enfants, notre cocon où nous passerons nos moments en famille.

Connaissant Gemma, je ne peux m’empêcher de commencer à établir des règles. SI je laisse faire la brune, notre appartement sera un baisodrome ou un lieu pour toute soirée en tous genre et ça je ne l’accepte pas. Notre appartement doit être un zone de paix, de calme où nous élevons mes filles et ce petit être à venir, les histoires de cul ou toutes autres histoires d’ailleurs je les veux hors de là.

Je fais notamment part à Gemma, de Gordon, je sais que je n’ai pas le droit de lui imposer cela mais je suis rancunière, je n’y peux rien et son geste, ben il ne passe pas, du moins pour l’instant. Gemma se retourne vers moi, étonné de ma règle numéro 3. Elle me saisit le visage afin que nos regards plongent l’un dans l’autre. « Honnêtement je ne suis prête à rien du tout par rapport à lui pour le moment. J’ai trop de chose à gérer pour gérer le point Gordon. » J’étais assez froide, voulant me cacher derrière mes émotions. Certes Gordon avait le droit de savoir pour Jules mais pas tout de suite, j’avais besoin de temps et d’espace pour me reprendre en main. Je devais penser à mes filles, elles avaient assez souffert, une pause dans tous ce malheur ne serait pas de trop. Le chapitre Berto n’est toujours pas encaissé alors celui de Gordon attendra un peu, me laissant encore ruminer mon mécontentement.

Je nous recouvrai d’une couverture, nous préparant à nous laisser border par le sommeil. Nous continuons toutefois à parler de nous et de notre famille non conventionnelle. « Moi aussi je t’aime G. » Je déposais un baiser sur son crâne avant de commençais à caresser son ventre de geste tendre pour l’endormir. « Prions pour que cette petite ne sois pas comme sa mère alors sinon nous sommes foutus, il faudra la mettre au couvent dès sa naissance. » Je ris aussi. « Non que ça soit une fille ou un garçon, cet enfant sera parfait. »